Inévitable, le match Occident-reste du monde

Inévitable, le match Occident-reste du monde

Par Samuel Huntington 

Samuel Huntington est professeur à l’Université de Harvard, où il dirige le John M. Olin Institute for Strategic Studies. Il est le fondateur et l’un des directeurs de la revue « Foreign Policy ». Ce texte, autorisé par l’auteur, est adapté de son ouvrage: Le choc des civilisations (Paris, Odile Jacob, 1997).

Le Temps stratégique, No 82L’histoire des hommes, c’est l’histoire des civilisations, depuis les anciennes civilisations sumérienne et égyptienne jusqu’aux civilisations chrétienne et musulmane, en passant par les différentes formes des civilisations chinoise et hindoue.

On distingue généralement la « civilisation » au singulier des « civilisations » au pluriel. L’idée de civilisation au singulier a été introduite au XVIIIe siècle par les penseurs français, qui l’opposaient au concept de « barbarie ». Selon eux, la société civilisée diffère de la société primitive parce ce qu’elle repose sur des institutions, se développe dans des villes, et se fonde sur un degré plus ou moins grand d’éducation. Dans cette perspective, être civilisé serait donc bien, et ne pas l’être serait mal. Les Européens ont déployé durant tout le XIXe siècle une énergie intellectuelle, diplomatique et politique considérable pour concevoir des critères leur permettant de dire quelles sociétés non occidentales sont assez « civilisées » pour être acceptées comme membres du système international, lequel était alors dominé par eux.

En même temps, on se mit à parler aussi de civilisations au pluriel, ce qui impliquait de « renoncer à définir la civilisation comme un idéal ou plutôt comme l’idéal » et donc de rompre avec l’idée qu’il n’existe qu’une seule norme de civilisation, « restreinte à un petit nombre de peuples ou de groupes constituant l’élite de l’humanité », selon la formule de Braudel. Dans cette perspective, il y aurait donc plusieurs civilisations, toutes civilisées à leur façon.

Dans son sens pluriel, la civilisation représente l’entité culturelle la plus large que l’on puisse envisager. Le niveau le plus vaste auquel un individu ou une collectivité puisse s’dentifier. Les civilisations sont les plus vastes « nous », qui s’opposent à tous les autres « eux »

Valéry dit que les civilisations sont « mortelles ». C’est vrai. Il n’empêche qu’elles sont « des réalités d’une extrême longue durée ». Leur « essence unique et particulière » réside dans leur « continuité historique ». Les empires naissent et meurent, les gouvernements vont et viennent, mais les civilisations restent et « survivent aux aléas politiques, sociaux, économiques et même idéologiques ». (Toutes citations de Braudel). « Les systèmes politiques, conclut Bozeman, ne sont que des expédients transitoires à la surface des civilisations. » Preuve en est que les civilisations majeures du XXe siècle existent toutes depuis plus d’un millénaire ou sont, comme en Amérique latine, le produit direct d’autres civilisations ancestrales.

Si les civilisations durent, elles évoluent aussi, naissent, fusionnent, se divisent, et se perdent parfois dans les sables du temps. Pour Quigley, les civilisations connaissent sept phases: le mélange, la gestation, l’expansion, le conflit, la domination universelle, le déclin, et enfin l’invasion par des tiers. Pour Toynbee, une civilisation s’épanouit lorsqu’elle répond à des défis et entre alors dans une période de croissance qui implique le contrôle accru de son environnement par une minorité créative; suit alors une époque de troubles, qui fait émerger un État universel; lequel finit par se désintégrer.

Mais quelles sont les relations des civilisations entre elles?

Pendant plus de trois mille ans, leurs contacts ont été, à quelques exceptions près, inexistants, restreints, ou alors intermittents et intenses. Les civilisations se trouvaient en effet séparées par le temps: à une même époque il n’en existait qu’un petit nombre. Et par l’espace: jusqu’en 1500, les civilisations andine et méso-américaine n’ont eu aucun contact avec d’autres civilisations, et même pas entre elles; les civilisations antiques des vallées du Nil, du Tigre et de l’Euphrate, de l’Indus et du fleuve Jaune, n’ont pas davantage interagi. Certes des contacts se sont parfois noués entre civilisations de l’est de la Méditerranée, du sud- ouest de l’Asie et de l’Afrique du Nord; mais les communications et les échanges commerciaux restaient limités par les distances à franchir et le manque de moyens de transport adéquats. Même si le commerce maritime se pratiquait en Méditerranée et dans l’océan Indien, « les grandes civilisations du monde d’avant 1500 après J.-C. étaient bien davantage liées entre elles pour autant qu’elles le fussent par les chevaux parcourant la steppe, que par les vaisseaux traversant les océans » (Toynbee). Les idées et les technologies pouvaient passer ainsi d’une civilisation à l’autre, mais il y fallait souvent des siècles.

En fait, les contacts les plus spectaculaires entre civilisations se sont produits lorsque des peuples appartenant à l’une d’elles ont conquis et éliminé des peuples appartenant à une autre. Ces contacts étaient violents, brefs et intermittents: ainsi, à partir du VIIe siècle après J.-C., entre l’islam et l’Occident, et entre l’islam et l’Inde.

La plupart des interactions commerciales, culturelles et militaires ont cependant eu lieu à l’intérieur même de chaque civilisation. L’Inde et la Chine ont sans doute été envahies et soumises par les Huns et les Mongols, mais leurs civilisations ont également connu de longs « états de guerre » internes. Les Grecs se sont battus entre eux et ont fait du commerce entre eux bien plus souvent qu’ils ne l’ont fait avec les Perses ou d’autres non-Grecs.

La chrétienté occidentale, elle, n’a émergé comme civilisation distincte qu’aux VIIIe et IXe siècles, son niveau stagnant pendant plusieurs centaines d’années loin derrière celui d’autres civilisations. La richesse, l’extension géographique, la puissance militaire, la production artistique, littéraire et scientifique de la Chine des dynasties T’ang, Sung et Ming, de l’islam du VIIIe au XIIe siècles, de la Byzance du VIIIe au XIe siècles, surpassaient de loin celles de l’Europe.

Entre le XIe et le XIIIe siècle, cependant, la culture européenne a commencé à se développer par « emprunts systématiques aux cultures musulmane et byzantine, et adaptation de cet héritage au contexte particulier et aux besoins de l’Occident ». Pendant la même période, la Hongrie, la Pologne, la Scandinavie et la côte baltique se sont converties au christianisme et ont adopté le droit romain. Les frontières orientales de l’Occident, ainsi fixées, n’ont plus guère connu de changements par la suite.

Aux XIIe et XIIIe siècles, les Occidentaux ont étendu par la force leur mainmise sur l’Espagne et acquis une hégémonie de fait en Méditerranée. La montée en puissance de la Turquie a certes ébranlé « le premier empire européen » (McNeill), mais en 1500, la renaissance de la culture européenne jetait les bases d’une nouvelle politique mondiale.

En effet, aux rencontres multidirectionnelles intermittentes ou limitées entre civilisations, succéda l’influence soutenue, puissante et unidirectionnelle de l’Occident sur les autres civilisations. La fin du XVe siècle vit se produire la reconquête complète de la péninsule ibérique reprise aux Maures, les débuts de la pénétration portugaise en Asie et espagnole aux Amériques. Durant les deux cent cinquante ans qui suivirent, l’hémisphère occidental tout entier et une partie importante de l’Asie se trouvèrent dominés par l’Europe.

Certes, à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les États-Unis d’abord, puis Haïti, et enfin une bonne partie de l’Amérique latine, se révoltèrent contre la domination de l’Europe, puis s’en libérèrent, la mainmise du Vieux-Continent régressa quelque peu. Mais pendant la dernière partie du XIXe siècle, la renaissance de son impérialisme permit à l’Europe d’étendre sa tutelle sur la quasi-totalité de l’Afrique, de consolider sa mainmise sur le sous-continent indien et d’autres parties de l’Asie, puis, au début du XXe siècle, de soumettre à son pouvoir direct ou indirect tout le Moyen-Orient, Turquie exceptée. Alors qu’en 1800, les Européens et les anciennes colonies européennes d’Amérique dominaient 35 % de la surface du globe, elles en dominaient 67 % en 1878 et 84 % en 1914. Ce pourcentage s’accrut encore dans les années 1920, lorsque la Grande-Bretagne, la France et l’Italie se partagèrent les dépouilles de l’empire turc.

Au cours du XXe siècle, l’expansion européenne avait donc éliminé de facto les civilisations andine et méso-américaine, soumis les civilisations indienne, musulmane et africaine, et marqué de son influence la civilisation chinoise. Seules les civilisations russe, japonaise et éthiopienne, gouvernées par des autorités impériales centralisées, avaient résisté à ses assauts et préservé une certaine indépendance.

C’est dire que, pendant quatre cents ans, les relations entre civilisations se sont donc résumées à un processus de subordination des autres sociétés à l’Occident.

Cette longue prédominance de la civilisation occidentale est la conséquence, notamment, des structures sociales et des relations de classes qui se sont développées en son sein; à la manière dont le pouvoir y a été peu ou prou partagé entre nobles et monarques, entre clergé et laïcs; à la montée des villes et du commerce; au sentiment croissant de conscience nationale qui s’y fit jour; au développement des bureaucraties étatiques.

Mais le moteur premier de l’expansion occidentale fut technologique. Les Européens ont inventé en effet la navigation transocéanique et fait atteindre à leur puissance militaire un niveau jusque là inégalé, grâce à quoi ils établirent, entre 1500 et 1750, le premier véritable empire mondial, appuyé sur la supériorité de leur organisation, de leur discipline, de leurs troupes, de leurs armes, de leurs moyens de transport, de leur logistique et de leur soins médicaux.

Ainsi l’Occident a-t-il vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures à celles des autres civilisations, mais parce qu’il sut mieux qu’elles utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent. Les non-Occidentaux jamais.

Au XXe siècle, cependant, « l’expansion de l’Occident » s’est arrêtée. « La révolte contre l’Occident » a commencé, dont la puissance relative s’est mise à décliner par à-coups. A telle enseigne qu’aujourd’hui, la carte du monde aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle de 1920. Certes, l’Occident continue à avoir sur les autres civilisations une forte influence, mais plutôt que d’agir sur elles, de plus en plus il se contente de réagir à la manière dont elles évoluent. Les sociétés non occidentales ne sont plus des marionnettes dont l’Occident tirait seul les fils, mais déterminent désormais leur propre histoire et celle de l’Occident!

On peut donner aujourd’hui de la puissance relative de l’Occident deux images.

La première met en évidence le triomphe presque total de l’Occident: ne façonne-t-il point le monde, depuis la désintégration de l’Union soviétique, en fonction des objectifs, des priorités et des intérêts des principales nations qui le composent avec l’assistance occasionnelle du Japon? Les États-Unis, désormais la seule superpuissance, ne déterminent-ils point avec la Grande-Bretagne et la France les grandes orientations politiques et militaires de la planète, et avec l’Allemagne et le Japon ses grandes orientations économiques? C’est bien la preuve qu’aujourd’hui la civilisation occidentale est la seule capable d’influer sur la politique, l’économie et la sécurité de toutes les autres civilisations ou régions du monde.

Comme le dit bien Barnett: les nations occidentales possèdent aujourd’hui et animent le système bancaire international; contrôlent les monnaies fortes; représentent les principaux pays consommateurs; produisent la majorité des produits finis; dominent le marché international des capitaux; exercent une autorité morale considérable; contrôlent les voies maritimes; conduisent les recherches techniques les plus avancées; dominent la transmission du savoir technique de pointe; dominent l’accès à l’espace; dominent l’industrie aéronautique; dominent les communications internationales; dominent le secteur des armements sophistiqués.

La seconde image est en revanche d’un Occident déclinant, dont l’influence relative sur la politique, l’économie et et l’équilibre militaire mondiaux ne cesse de se réduire. Sa victoire dans la Guerre froide, loin d’annoncer son triomphe, annonce son épuisement. Ses problèmes internes le minent: la faible croissance de son économie, la stagnation de sa démographie, son chômage, ses déficits budgétaires, la corruption de ses affaires, la faiblesse de son taux d’épargne et, en maints pays, aux États-Unis notamment, la désintégration sociale, la drogue, la criminalité.

Selon cette seconde image, la puissance économique se déplace vers l’Extrême-Orient, dont l’influence politique et la puissance militaire vont croissant. L’Inde est en passe de décoller. L’hostilité du monde musulman va croissant envers l’Occident, dont les sociétés non occidentales n’acceptent plus comme jadis les diktats et les sermons. Peu à peu, l’Occident perd sa confiance en soi et sa volonté de dominer.

Laquelle de ces deux images est conforme à la réalité? L’une et l’autre, bien sûr. L’Occident, aujourd’hui dominant, restera numéro un mondial pendant le XXIe siècle. Des changements graduels, inexorables et fondamentaux se produisent qui modifient cependant l’équilibre entre les civilisations, et la puissance relative de l’Occident continuera à décliner. Sa prépondérance finira par disparaître, et ce jour-là son ancienne influence ira à d’autres civilisations et à leurs États phares.

Dans ce monde qui naît, les relations entre États et groupes appartenant à différentes civilisations ne seront guère étroites. Certaines seront même carrément antagonistes. Au niveau régional, entre l’islam et ses voisins orthodoxes, hindous, africains et chrétiens d’Occident. Au niveau planétaire, entre l’Occident et le reste du monde. Les chocs les plus dangereux risquent de venir de l’interaction entre l’arrogance occidentale, l’intolérance islamique et l’affirmation de soi chinoise

Le problème central des relations entre l’Occident et le reste tient désormais à la discordance croissante entre les efforts missionnaires de l’Occident pour promouvoir une culture occidentale universelle, et son aptitude déclinante à le faire. L’Occident a cru voir dans la chute du communisme la preuve que son idéologie démocrate libérale a valeur universelle. Il entend donc que les non-Occidentaux l’adoptent, avec tout ce qu’elle comporte de démocratie, de libre-échange, de séparation des pouvoirs, de droits de l’homme, d’individualisme et d’État de droit.

Or, dans les faits, la culture occidentale perd de son attrait à mesure que les civilisations non-occidentales accroissent leur puissance et prennent confiance dans leurs cultures indigènes. Certes, au sein des civilisations non-occidentales, des minorités embrassent les valeurs occidentales et les défendent, mais l’attitude générale de ces civilisations est plutôt de scepticisme et de rejet. Là où l’Occident voit des valeurs universelles, les autres civilisations voient volontiers de l’impérialisme occidental.

L’Occident s’efforce bien sûr de maintenir sa position aujourd’hui encore dominante dans le monde. Il le fait en présentant ses intérêts comme ceux de la « communauté mondiale ». En s’efforçant d’intégrer les économies non occidentales dans un système économique mondial dominé par lui. En s’efforçant d’imposer aux autres nations les politiques économiques qui lui conviennent à lui, par le biais du Fonds Monétaire International et d’autres institutions économiques internationales.

Les non-Occidentaux ont cependant beau jeu de montrer combien les Occidentaux, malgré les principes d’universalité qu’ils évoquent sans cesse, pratiquent l’hypocrisie, le double langage, les exceptions qui les arrangent. Les Occidentaux défendent la démocratie sauf si elle porte au pouvoir des fondamentalistes islamistes. Ils prêchent la non-prolifération nucléaire pour l’Iran et l’Irak mais pas pour Israël. Ils disent que le libre-échange est l’élixir qui garantit la croissance économique sauf pour l’agriculture. Ils exigent de la Chine qu’elle respecte les droits de l’homme mais pas de l’Arabie Saoudite. Ils partent en guerre lorsque le Koweït riche en pétrole est agressé mais laissent sans défense les Bosniaques qui n’ont pas de pétrole.

L’affrontement est programmé.

© ÉDITIONS ODILE JACOB 1997.

ADDENDA

Deux ans avant Samuel Huntington

Mahdi Elmandjra annonçait la « Première guerre civilisationnelle »…

En août 1991, Mahdi Elmandjra, professeur d’économie à l’université de Rabat (Maroc), écrivait, dans son ouvrage en arabe intitulé Première guerre civilisationnelle: « la guerre du Golfe n’est que le premier épisode d’un conflit Nord-Sud [qui sera] dominé dorénavant par des considérations d’ordre essentiellement culturel ». Pour lui, si la période coloniale a été caractérisée par des enjeux d’ordre économique, la période néocoloniale par des enjeux d’ordre politique, le post-colonialisme sera déterminé par des enjeux culturels, d’où le risque de « guerres civilisationnelles ».

Mahdi Elmandjra stigmatise également, dans son ouvrage, « les trois grandes peurs de l’Occident »: « la peur de la démographie », « la peur de l’Islam » et « la peur de l’Asie », « menaces » qui figurent en bonne place dans l’article détonnant de Samuel Huntington, The Clash of civilizations , publié en été 1993 par la revue « Foreign Affairs ». L’économiste marocain préfère cependant au « clash » des civilisations, la diversité culturelle. Affirmant que l’expérience historique du Japon « montre à l’évidence que modernisation ne veut pas dire occidentalisation », Mahdi Elmandjra cite Atsushi Shimokoube, président de l’Institut Nippon pour l’Avancement de la Recherche (NIRA), pour qui le « nouvel ordre mondial pourrait être (…) l’âge de la coexistence des civilisations multiples ».

Sources: « La Crise du Golfe, prélude à l’affrontement Nord-Sud », par Mahdi Elmandjra, in: « Futuribles », Paris, octobre 1990, et Première guerre civilisationnelle, texte disponible sur la homepage internet du même auteur.

Poursuivre la confrontation des idées

Première guerre civilisationnelle, par Mahdi Elmandjra. Casablanca, Toubkal, 1992.

Jihad vs. McWorld. How Globalism and Tribalism Are Re-Shaping the World, par Benjamin R. Barber. New York, Ballantine, 1996.

The Islamic Threat : Myth or Reality, par John L. Esposito. New York, Oxford University Press, 1992.

« Conflit entre civilisations ou enrichement mutuel? » par Sato Seizaburo. In: « Cahiers du Japon », Tokyo, No 75, printemps 1998.

« Asia: Skepticism About Optimism », par Barry Buzan et Gerald Segal. In: « National Interest », No 39, printemps 1995.

Cultural Forces in World Politics
, par Ali al-Amin Mazrui. Londres, James Currey, 1990.

Ethnic Conflict in World Politics, par Ted Robert Gurr et Barbara Harff. Boulder, Westview Press, 1994.

Ethnic and Religious Conflict: Emerging Threat to U.S. Security, par Richard H. Shultz, Jr. et William J. Olson. Washington, D.C., National Strategy Information Center.

The Challenge of Ethnic Conflict to National and International Order in the 1990’s: Geographic Perspective, ouvrage collectif publié par la Central Intelligence Agency (CIA). Washington, D.C., Central Intelligence Agency, RTT 95-10039, octobre 1995.

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