Religion et Etat : logiques de la sécularisation et de la citoyenneté en islam

Collque international coorganisé par Réda Benkirane et prof. Riccardo Bocco, Graduate Institute (IHEID), Geneva

ASDEAMiheid

UN Geneva Broken Chair

RELIGION ET ETAT: LOGIQUES DE LA SECULARISATION ET DE LA CITOYENNETE EN ISLAM

6, 7 et 8 Juin 2013 à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)

Argumentaire / Abstract in English / Participants / Interventions et débats ]

Colloque organisé par le Centre on Conflict, Development and Peacebuilding (CCDP) et l'Association suisse pour le dialogue euro-arabo-musulman (ASDEAM), en collaboration avec le Centre de politique de sécurité Genève (GCSP) et le Centre Jacques Berque, Maroc.

gcsp  cjb


Religion et Etat : logiques de la sécularisation et de la citoyenneté en islam Organisateurs : Réda Benkirane (chercheur, ASDEAM, CJB) et Riccardo Bocco (professeur à IHEID)

 

L’objectif de ce colloque est de fournir des clés de compréhension des transformations des sociétés arabo-musulmanes qui correspondent à maints égards à des formes alternatives et endogènes de sécularisation et de citoyenneté. Autrement dit, de nombreux observateurs sont actuellement confrontés à une réalité empirique – notamment les bouleversements sociopolitiques survenus en 2011 dans le monde arabe – face à laquelle ils constatent un déficit d’énoncés théoriques et de concepts opératoires. La finalité de ce colloque est de regrouper sous une thématique commune, celle des logiques de la sécularisation et de la citoyenneté, un certain nombre d’hypothèses et de travaux exploratoires.

Depuis l’ère des indépendances et au fur et à mesure du durcissement des régimes au pouvoir, le religieux est devenu une sorte d’asile politique pour toutes sortes de revendications citoyennes. Là où la liberté de parole et d’opinion s’est progressivement restreinte, le recours au religieux a crû telle une valeur refuge en attente d’un droit social et politique qui a assumé une vocation d’autant plus messianique qu’il reste le maillon faible ou la pièce manquante de l’État postcolonial. C’est en ce sens que nous pouvons entrevoir des logiques de sécularisation et de citoyenneté au sein même du fait religieux contemporain.

En porte-à-faux avec les prédicats de nombreux politologues occidentaux, mais aussi d’intellectuels et autres clercs médiatiques euro-arabes qui ont essentialisé l’islam et ses manifestations, l’évolution récente des sociétés du Maghreb et du Machreq révèle en pointillés une rationalisation à l’œuvre au sein des sociétés. Les conséquences de cette rationalisation pourraient être plus significatives qu’un (ré)enchantementreligieux dont se réclament parfois ces sociétés. C’est cette rationalisation derrière le phénomène d’apparence religieuse que nous voudrions sonder, pour les droits civils qu’elle est susceptible de faire avancer dans l’actuelle vague de libéralisation politique, voire de démocratisation. La plupart des « spécialistes » et des « représentants » de l’islam n’ont voulu observer que cette visibilité du religieux, sa sphère discursive, alors que nous cherchons à saisir les infra-logiques qui l’animent.

A l’orée des révolutions sociales arabes et de la nature areligieuse de leurs motivations et revendications (pour l’essentiel : « liberté, justice, dignité », « le peuple veut la chute du régime »), les relations entre religion et politique s’avèrent donc plus subtiles qu’elles ne paraissent même si en même temps une différentiation est en train de s’opérer. La radicalité des manifestations populaires, leur émancipation vis-à-vis du pouvoir politique et leur affranchissement de toute autorité religieuse, mais aussi l’accès au gouvernement de partis politiques islamistes sont en train de fluidifier des repositionnements idéologiques au sein d’un paysage politico-religieux de plus en plus nuancé. Ce colloque ambitionne de mieux discerner ces relations dans une vision qui se veut à la fois critique et prospective : il s’agit de proposer une grille de lecture d’un islam du XXIe siècle qui doit impérativement répondre au défi de bouleversements mentaux, d’une complexification croissante de sociétés jeunes et dynamiques, d’une redéfinition du rapport au pouvoir politique et économique, ainsi que d’une reconfiguration géopolitique majeure au Maghreb et au Machreq.

D’une certaine manière, les logiques actuelles de la sécularisation s’articulent autour de la question lancinante de l’islam et des fondements du pouvoir telle qu’elle fut évoquée en 1925 de manière critique et clinique par le théologien égyptien Ali Abderrazik. Comment penser des États dont le système politique doit dorénavant affirmer la prééminence du peuple, la primauté de sa souveraineté en lieu et place des figures mythiques ou plutôt mythifiées du Calife, du Sultan, de l’Émir, du Cheikh et de l’Imam ? Comment passer du modèle théologique de la masse (‘amma) obéissante au Représentant de Dieu sur terre, au gouvernement issu de la volonté du plus grand nombre ?

Si depuis plus d’une trentaine d’années, l’islam a représenté un étendard politique pour toutes sortes de mouvements visant à transformer l’État et la société, la question qui se pose désormais est de savoir si la réislamisation effectuée n’a pas abouti paradoxalement à une sécularisation et à une citoyenneté aux logiques plurales et complexes. De plus, toutes sortes de processus tels que la désacralisation du pouvoir et du savoir, le libéralisme économique et la globalisation des échanges, la géopolitique du pétrole, la communication ubiquitaire des nouveaux médias, l’émergence des sociétés civiles et la démocratisation de la vie politique concourent à redéfinir les champs respectifs du religieux et du politique. Durant les trois dernières décennies, la plupart des sociétés arabo-musulmanes ont connu une transformation démographique qui s’est traduite par une urbanisation et une alphabétisation de masse dont les effets se traduisent aujourd’hui par des revendications citoyennes autour d’un État de droit. La nouveauté est que ces revendications semblent ne s’accompagner d’aucune connotation métaphysique. Jusqu’où pourrait donc aller la dynamique de ces sociétés qui opposent des logiques horizontales à la transcendance dont se réclament et se parent depuis des siècles le pouvoir politique et l’autorité religieuse en islam ?

Comme pour éloigner le spectre de la militarisation ou de la confessionnalisation de l’État, une notion semble émerger des débats issus de la vague actuelle de démocratisation ; celle d’un « État civil » (dawlamadaniya). Il est aussi instructif d’observer le rôle particulier – souvent pondérateur – et la rationalité de partis islamistes engagés dans des réformes politiques d’États à forte légitimité religieuse ou d’essence théocratique (royaumes du Maroc, de Jordanie et d’Arabie Saoudite). Est-ce là seulement un moment tactique du redéploiement de l’islam politique dans la vie sociale et démocratique du plus grand nombre ou bien un mouvement de fond ? A cet égard, l’évolution de la Turquie est souvent posée en modèle : il y a eu indubitablement ouverture culturelle, démocratisation politique, élargissement économique, promotion sociale au sein d’un régime d’essence laïque avec un gouvernement d’inspiration islamiste qui dirige le pays depuis une dizaine d’années. Toutefois, rien n’est définitivement acquis au vu de certaines crispations actuelles vis-à-vis de la différence culturelle ou des atteintes de plus en plus perceptibles à la liberté d’expression et d’opinion.

Quelles vont être les conséquences des révolutions sociales arabes sur les relations entre religion et politique en islam? Comment va-t-on concrètement répondre aux questions pressantes de la citoyenneté (et son indifférence par rapport à la confession religieuse, à l’origine ethnique), de l’évolution du code du statut personnel ou de la famille, à la liberté de conscience et d’opinion ? Quels vont être les principes et les valeurs adoptés dans les nouvelles assemblées constituantes des pays libérés de la dictature ? En quoi l’évolution de l’islam politique ou de l’islamisme – en clair son exercice du pouvoir – peut-elle conduire à différencier les sphères de la Religion (Din) et de l’Etat (Dawla)? Dans quelle mesure la notion de « démocratie islamique » est-elle comparable à celle de la démocratie chrétienne et à son rôle social et politique dans nombre de pays européens tout au long du siècle dernier ? La démocratisation en cours dans le monde arabe peut-elle faire l’économie d’une critique du discours théologico-politique en islam ? Une autre rationalité islamique, ouverte et pluraliste, peut-elle voir le jour à la faveur de l’esprit libertaire et subversif du « Printemps » arabe ? Comment penser un islam en phase avec les sociétés et les contingences du XXIe siècle ? Enfin, comment la communauté internationale – et les bailleurs de fonds occidentaux en particulier – se (re)positionne-t-elle face à ces logiques de sécularisation et de citoyenneté en islam ? Peut-on entrevoir une déconstruction des paradigmes orientalistes et sécuritaires qui ont marqué plusieurs décennies de « coopération » ? Et si, au bout du compte, les partis islamistes au pouvoir devenaientdes forces de renouveau démocratique dans les pays arabo-musulmans?

Telles sont quelques-unes des questions, objet d’intenses débats au sein des sociétés arabo-musulmanes, mais occidentales aussi, que ce colloque se propose de traiter.

Ce colloque international consacré aux logiques de la sécularisation et de la citoyenneté en cours dans l’islam contemporain devrait offrir la possibilité d’opérer une percée théorique importante, en abordant frontalement un sujet majeur dont il est temps d’articuler les potentialités conceptuelles. Ce sujet sera traité à travers des éclairages multidisciplinaires convoquant l’histoire des religions, l’anthropologie et la sociologie religieuses, la philosophie et la sociologie politiques, et enfin la théologie islamique contemporaine. Les logiques de la sécularisation dont il sera question expriment des enjeux cruciaux étroitement liés au devenir de l’islam aussi bien dans le monde arabe que dans l’espace européen.


International Symposium

‘Religion and the State : Logics of Secularization and Citizenship in Islam’,

at the Graduate Institute, Geneva, 6-8 June 2013 initiated by ASDEAM in partnership with GCSP, Centre Jacques Berque

 

Over the past two decades, many political scientists have set a framework for the understanding of contemporary Islam, which has become prevalent among not only academics, but also among political decision-makers and opinion-leaders, and the mass media. Since September 11, 2001, political Islam for example has been inextricably linked to the debate about political violence, (inter)national security and terrorism, and has become an unavoidable topic in all conflict studies.

While Islam has undeniably been a central issue to international politics since the end of the Cold War, perhaps the time has come to consider a paradigm shift needed to cope with changes induced by the “Arab Springs”, the emergence of regional powers in the Middle East, the extension of the Europe Union’s membership, the development of its relations with Africa and Asia, and the changes among civil societies in the South. It is therefore important to ask questions such as: what kind of secularization and citizenship is shaping upwithin Muslim societies? Could we rethink the theological-political complex in the light of contemporary societal changes? Should we consider Islamism merely as a pathological aspect of radical and Jihadist political action? Or is it likely that, as happened in Europe with the Christian democracy, Islamism may lead to the political emergence of Muslim democrats?

More and more observers have come to think that the time is ripe to renew our understanding of contemporary Islam and its diverse expressions by attempting to evaluate its role and its own evolution in the democratization process taking place in a number of countries in the South.

In this perspective, under the initiative of the Swiss Association for Euro-Arab-Muslim Dialogue (ASDEAM), the Graduate Institute of International and Development Studies (IHEID) in partnership with the Geneva Centre for Security Policy (GCSP), the Centre Jacques Berque (Rabat) are organizing an international symposium on ‘Religion and the State. Logics of secularization and citizenship in Islam’, which will be held on 6-8 June 2013 in Geneva. It will bring together an international working group of philosophers, historians, political scientists, sociologists, anthropologists, theologians and social activists. The conference panels will aim at debating specific themes relating to critical questions and orientation maps (contemporary Islam's diversity, its relationship with secularization and power democratization, its relationship with political violence, its future lines of evolution). The conference proceedings will be published in a collective three-lingual book (Arabic, French, English).

We think it is high time to draw some fundamental conclusions regarding contemporary Islam and the way it is thought, monitored, analyzed, perceived and represented.

The objective of our meeting is to provide a critical grid for our approach of contemporary Islam and to think about possible new conceptual frameworks that could help us renewing our gaze towards a movement which has become a significant phenomenon of social dynamics in the Arab-Islamic world.


 Participants 

 

Abbès, Makram  est philosophe, maître de conférences à l’École Normale Supérieure de Lyon et membre junior de l'Institut Universitaire de France (IUF). Spécialiste de la philosophie arabe, il a consacré de nombreux travaux à la pensée politique des lettrés et des juristes de l’époque médiévale ainsi qu’à la philosophie politique de penseurs musulmans comme Fârâbî, Avempace et Averroès. Ses recherches les plus récentes concernent la théorie de la guerre en Islam. Il est l’auteur de Islam et politique à l’âge classique (PUF, 2009) et coauteur de Trésors dévoilés. Anthologie de l'islam spirituel (Seuil, 2009). Page personnelle : http://triangle.ens-lyon.fr/spip.php?article191    email : makram.abbes@ens-lyon.fr

Abdelouahed, Houria est psychanalyste, maître de conférences à l’université Paris Denis Diderot. Sa recherche confronte la psychanalyse à d’autres disciplines et champs de réflexion tels que l’anthropologie, la mystique, la théologie et la philosophie… Elle s’est notamment penchée sur les questions du visuel et du langage, de l’identité et de l’altérité ainsi que sur la question de la féminité en islam. Elle est l’auteur de Figures du féminin en islam (PUF, 2012), La langue et le miroir (éditions DârBidâyât, Syrie, 2006) et coauteure de Le regard d’Orphée (Fayard, 2009) et de Cliniques méditerranéennes, N° 85, 2012 : La pensée magique (Erès, 2012). Elle a traduit en français quatre ouvrages du poète Adonis. Page personnelle : http://www.cepp.shc.univ-paris-diderot.fr/spip.php?article182          email : houria.abdelouahed@yahoo.fr 

Al Banna, Jamal, 1920-2013 (hommage, montage d'extraits vidéo), fut un syndicaliste et un théologien égyptien, frère du fondateur de l’Association des Frères musulmans. Ses travaux portent sur une réflexion critique de la raison religieuse dominante et s’attellent à une réforme de la théologie en islam. Il intervint dans des analyses éditoriales sur des questions religieuses touchant au plus grand nombre et est connu pour défendre des positions progressistes et  en rupture avec la raison religieuse dominante. Marginalisée jusqu’à l’avènement du printemps arabe, son œuvre connaît un regain d’intérêt et se compose d’une cinquantaine d’ouvrages sur la réforme théologico-politique de l’islam dont notamment Nahwa Fiqh-in Gadîd – Vers une nouvelle jurisprudence islamique (vol.1, Le Caire, Dâr al-fikr al-islâmî, 1996). Site web: http://www.islamiccall.org 

AnNaim, Abdullahi A. (communication vidéo) est juriste et professeur de droit à Emory University, Atlanta. Disciple du penseur soudanais Mohamed Taha, dont il a traduit en anglais un de ses ouvrages, il a quitté son pays en 1985 et enseigne depuis lors aux États-Unis. Il poursuit le travail de réforme de la pensée en islam engagé par son mentor en axant ses travaux sur la question des droits de l’homme appréhendés selon différentes traditions culturelles et perspectives religieuses. Cette recherche l’a conduit à poursuivre une réflexion sur les dimensions juridiques en œuvrant ainsi à une modernisation du droit islamique et à une compréhension culturelle de l’universalité des droits de l’homme. Il est l’auteur entre autres de Islam and the Secular State. Negotiating the future of Shari’a (Harvard University Press, 2008), Muslims and Global Justice (University of Pennsylvania Press, 2011). Page personnelle:  http://www.law.emory.edu/aannaim/   email: aannaim@emory.edu 

 Baylocq, Cédric est un anthropologue, chercheur post doctorant au Centre Jacques Berque de Rabat où il est notamment responsable du pôle de recherche « Islam et religions au Maghreb ». Il privilégie l’anthropologie à la science politique dans l’approche de l’islam et des sociétés du monde arabo-musulman. Cet anthropologue est à la fois un chercheur de terrain (sa thèse a été consacrée à l’islam de France tel que le vivent des jeunes) et un observateur attentif des débats épistémologiques sur la pensée théologique. Il a notamment suivi depuis une dizaine d’années l’évolution du théologien franco-marocain et imam de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou. Il s’intéresse actuellement aux changements induits par le « printemps arabe » et l’évolution de l’islamisme et du "sécularisme" dans ce contexte. Cédric Baylocq prépare un ouvrage tiré de sa thèse intitulé  Autorité religieuse et normes islamiques en contexte laïque. L’imâm, les fidèles et l’islam de France (Presses de l’Université Catholique de Louvain, Louvain La Neuve, à paraître 2013) après avoir co-écrit Profession Imâm (Albin Michel, coll. Spiritualités 2009). Page personnelle: http://www.cjb.ma/32-recherche/33-equipe/111-cedric-baylocq.html     email : cedric.baylocq@cjb.ma 

Belal, Youssef est politologue et anthropologue, actuellement professeur assistant à Columbia University, New York. Ses premiers travaux œuvrent à penser le phénomène religieux et la sécularisation au Maroc et plus généralement à se saisir de la question religieuse et de son intelligibilité en se démarquant des approches politiste et culturalistes ayant prévalu depuis une décennie dans les milieux académiques. Engagé récemment dans une réflexion sur le Fiqh, il prépare également un prochain ouvrage sur la généalogie du théologico-politique en Occident et ses effets sur les communautés musulmanes. Engagé dans le débat public au Maroc, il a été élu membre du Bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme (2010-2012), a coordonné la campagne de communication pour les élections législatives de 2007 et a été initiateur d’un dialogue entre le mouvement islamique et la gauche au Maroc. Il est l’auteur de  l’ouvrage Le cheikh et le calife, sociologie religieuse de l’islam politique au Maroc (Lyon, ENS, 2011, Tarik Editions, Casablanca, 2012) et d’une vingtaine de rapports pour les Nations-Unies sur les questions de développement. Blog : youssefbelal.blogspot.com   email : yb2256@columbia.edu 

 Benkirane, Réda est un sociologue, chercheur associé au Centre Jacques Berque, Rabat. Expert international à Genève, il a notamment été secrétaire de l’ancien Président algérien Ahmed Ben Bella, responsable de l’information au sein du Conseil Œcuménique des Eglises basé à Genève, chercheur au Musée d’Ethnographie de Genève, chercheur et membre fondateur du Centre d’Etudes d’Al Jazira à Doha, Qatar. Il est l’auteur de Le Désarroi identitaire. Jeunesse, islamité et arabité contemporaines (Paris, Cerf, 2004, Casablanca, La Croisée des Chemins, 2012), La Complexité, vertiges et promesses. Dix-huit histoires de sciences (Pommier, 2002, 2006) et a édité l’ouvrage posthume de Jacques Berque, Quel islam ? (Paris, Sinbad-Actes Sud, 2003) et codirigé l’ouvrage collectif Culture & cultures, les chantiers de l’ethno (Gollion : Infolio éditions / Genève: Musée d'ethnographie, 2007). Il vient de lancer, avec le soutien de l’ASDEAM, l’atelier et carnet de recherche Iqbal (http://iqbal.hypotheses.org/) consacré à la pensée critique dans l’islam contemporain. Page personnelle : www.archipress.org/reda   email : rb@archipress.org 

 Besson, Yves, Historien et docteur ès sciences politiques (HEI). Ancien diplomate suisse au Moyen-Orient et arabisant. Diplômé de la Fletcher School of Law and Diplomacy (Tufts, Boston) et du Middle East Centre for Arabic Studies, (MECAS, British Foreign Office). Ancien directeur de l'UNRWA à Jérusalem et Conseiller spécial du Commissaire général de l'UNRWA, Chargé du Processus de Paix dit "d'Oslo" (groupe multilatéral sur les réfugiés). Chargé de cours à l'Université de Fribourg sur le Moyen-Orient (1982 – 2005). Entre autres articles et contributions, deux ouvrages : Ibn Sa'ûd,  roi bédouin, La naissance d'Arabie saoudite (Trois Continents, Lausanne, 1980), Identités et conflits au Proche-Orient, (Paris, l'Harmattan, 1990). email : yvesmbesson@gmail.com 

Bocco, Riccardo, professeur de sociologie politique à IHEID et membre du comité de pilotage du CCDP, a été directeur du Centre de recherche sur le Moyen Orient contemporain à Amman, directeur de recherche à l’IUED), et directeur des études de master à l’IHEID. Il a dirigé de nombreux projets de recherche consacrés à l’impact de l’aide internationale et aux conditions de vie des réfugiés palestiniens assistés par les Nations Unies. Il travaille actuellement sur la mémoire de la violence et la construction de la paix au Proche  Orient, en particulier en Israël-Palestine et au Liban. Il a dirigé plusieurs ouvrages, dont : Writing the Modern History of Irak : hisoriographical and political challenges (Singapore, World Scientific Press, 2012), UNRWA and the Palestinian Refugees (special issue of Refugee Survey Quarterly, Oxford University Press, 2009) La Palestine et les conflits du Moyen-Orient (Antipodes, Publications Universitaires Romandes, 2008). Page personnelle : http://graduateinstitute.ch/faculty/directory/bocco    email : riccardo.bocco@graduateinstitute.ch 

 Challand, Benoît est historien et sociologue, actuellement professeur assistant auprès du Kevorkian Center for Near East Studies, New York University et chercheur associé au CCDP. Il  a été professeur invité  auprès du département de sciences politiques de la New School for Social Research (New York) et a également enseigné à Bologne, Pavie, Bethlehem et Fribourg. Il vient de publier un numéro spécial de la revue ConstellationsAn International Journal of Critical and Democratic Theory Constellations (Volume 20, No 2, juin 2013) traitant de théorie politique et des révoltes arabes. Il est aussi co-auteur de The Myth of the Clash of Civilizations (Routledge UK, 2010) et a codirigé The Politics of Imagination (Routledge, Birkbeck Law Series, London. 2011), et Le développement, une affaire d’ONG ? Associations, Etats et bailleurs dans le monde arabe (Karthala-IREMAM, 2011). Page personnelle : http://www.benoitchalland.net    email : benoit.challand@nyu.edu 

 de Pury, Albert est théologien, professeur honoraire de l’université de Genève et membre du comité directeur de l’Association suisse pour le dialogue euro-arabo-musulman (ASDEAM). Il est l’auteur de très nombreux articles et ouvrages dont Homme et animal Dieu les créa  (Labor et Fides, 1993) et a notamment dirigé l'ouvrage collectif Juifs, chrétiens, musulmans. Que pensent les uns des autres?  (Labor & Fides, 2004). Page personnelle : http://www.unige.ch/theologie/faculte/collaborateurs/professeurs-honoraires/depury.html   email : albert.depury@unige.ch 

 Ghaziri, Hassan est chercheur en  intelligence artificielle, président de l’Association Suisse pour le Dialogue Euro-Arabo-Musulman (ASDEAM). Spécialiste des systèmes d’information et de connaissances, il a été notamment professeur à l’Université Américaine de Beyrouth et professeur invité   à  l'Université de Kyoto, l'INSEAD (Fontainebleau) et l’EPFL. Il dirige actuellement  le  Beirut Research and Innovation Center (BRIC), un centre de recherche/action pluridisciplinaire, monté en partenariat avec plusieurs universités et institutions internationales. Engagé au travers  l’ASDEAM, dans des initiatives de résolution de conflit au Liban et au Moyen Orient, il a développé plusieurs actions en partenariat avec le Département fédéral des Affaires Étrangères (DFAE) notamment sur la question du gaz découvert au sud de la Méditerranée et sur le dialogue inter-libanais. Il promeut en parallèle, des activités de recherche visant à une réforme de la pensée en Islam dont notamment l’atelier et carnet de recherche Iqbal (http://iqbal.hypotheses.org).  Il est notamment co-auteur de Knowledge Management (Pearson Education Inc., Prentice Hall (2004). Site de l’ASDEAM : http://www.asdeam.org    Site du BRIC : http://bric.lebcsr.org    email: hassan.ghaziri@epfl.ch 

 Hanafi, Hassan est un philosophe égyptien et professeur émérite à l’université du Caire. Figure intellectuelle renommée dans le monde arabe, il est connu pour avoir développé de nombreux travaux théoriques sur l’islamisme en tant qu’idéologie de substitution de l’arabisme. Il a promu un mouvement de « gauche islamique » qui cherchait à opérer une synthèse entre l’islamisme et les mouvements progressistes. Diplômé de l’université de la Sorbonne, grand connaisseur de la philosophie allemande et des philosophies occidentales, il est l’auteur de très nombreux ouvrages sur la pensée philosophique de l’islam. Son seul ouvrage traduit en français : Les Méthodes d'exégèse : Essai sur la science des fondements de la compréhension, IlmUsul al-Fiqh (Publications du Conseil des arts, des lettres et des sciences sociales, Le Caire, 1965). CV : http://www.ispionline.it/it/documents/CV_Hanafi.pdf   email : dr_h_hanafi@yahoo.com 

 Khosrokhavar, Farhad est directeur d'études à l'EHESS et chercheur au Centre d'Analyse et d'Intervention Sociologiques (CADIS: EHESS-CNRS). Ses travaux se concentrent sur la sociologie de l'Iran contemporain, sur les problèmes sociaux et anthropologiques de l'islam en France mais également sur la philosophie des sciences. Depuis deux ans, il se concentre sur les nouveaux mouvements sociaux dans le monde arabe et iranien. Il est l'auteur de  nombreux ouvrages dont notamment The New Arab Revolutions that Shook the World, Boulder (London, Paradigm Publishers, 2012), Quand Al Qaïda parle. Témoignages derrière les barreaux, (Paris, Grasset, 2006), L'islam dans les prisons, (Paris, Editions Balland2004), L'instance du sacré. Essai de fondation des sciences sociales (Paris, Editions du Cerf, 2001). Page personnelle : http://cadis.ehess.fr/document.php?id=1142    email : fcavard@gmail.com

 Kilani, Mondher est anthropologue, professeur et directeur du laboratoire d’anthropologie culturelle et sociale de l’université de Lausanne. On lui doit plusieurs études sur l’histoire et l’épistémologie de l’anthropologie culturelle et sociale et des recherches plus pointues sur les questions de la violence, du sacrifice, de la sécularité, de la religion ou encore du multiculturalisme et du patrimoine.  Il a effectué des recherches sur le terrain en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans les Alpes suisses, dans les oasis du Sud tunisien, parmi les populations hausas et peules du Niger, et plus récemment en Malaisie (à Penang et Malacca). Il est notamment l’auteur de : Anthropologie. Du local au global (Paris, Armand Colin, 2012) ; Guerre et sacrifice. La violence extrême (Paris, Presses Universitaires de France, 2006) ; L’universalisme américain et les banlieues de l’humanité (Lausanne, Payot, 2002) ; L’Invention de l’autre. Essais sur le discours anthropologique (Lausanne, Payot, 2000). Page personnelle : http://bit.ly/VaNTPP   email : Mondher.Kilani@unil.ch 

 Meriboute, Zidane est un juriste et islamologue, chercheur à SOAS, université de Londres. Diplomate de terrain, il a travaillé durant plus de vingt ans pour une organisation humanitaire internationale. Sa connaissance de l’Afrique et du Moyen Orient l’ont amené à travailler sur la question religieuse contemporaine. Il est l’auteur de Une nouvelle "vie" du Prophète Muhammad (Encre d'Orient, 2012), La Fracture islamique: demain le soufisme? (Fayard, 2004), Islamisme, Soufisme, Evangélisme : la guerre ou la paix (Editions Labor et Fides, Genève 2010), Islam's Fateful Path: The Critical Choices Facing Modern Muslims (I.B. Tauris, London 2009), La position du Tiers-Monde en matière de succession d'État/Décolonisation (PUF, 1985), La codification de la succession d'États aux traités (PUF, 1984). Page personnelle : http://www.soas.ac.uk/staff/staff37246.php     email: zmeriboute@hotmail.com 

Moreno-al Ajamî est médecin français, théologien et doctorant en Études Arabes et Islamiques. Sa recherche fondamentale porte sur le développement d’une méthodologie rationnelle d’analyse littérale du Coran.  Cette approche produit des résultats exégétiques probants divergeant de ceux induits par le littéralisme interprétatif dominant. Il a traité de nombreux problèmes tels que l’égalité des genres, le mariage mixte, le hijab, le jihad, etc., mais aussi : la foi et la raison, l’interreligieux, l’altérité, la méthodologie exégétique. Ses écrits suscitent d’intenses débats. Il est l’auteur de Que dit vraiment le Coran ? (Éditions Zénith, 2008-2012). Il travaille depuis plusieurs années à un « tafsîr » du Coran mené par analyse littérale. Cette démarche sémantique s’attache à mettre en avant le sens coranique par et en lui-même et non pas en fonction des sens informés par l’exégèse classique. Page personnelle sur Oumma.com : http://oumma.com/Dr-Al-Ajami    email : alajami@msn.com 

Naef Silvia, est professeure au Département d’arabe de l’université de Genève. Ses recherches se concentrent sur la culture visuelle dans les mondes arabes et musulmans, sur les arts visuels modernes et contemporains ainsi que sur les questions liées à la modernité culturelle et intellectuelle. Elle est notamment l’auteure de Y a-t-il une question de l’image en Islam ? (Paris, Téraèdre, 2004), de A la recherche d’une modernité arabe, L’évolution des arts plastiques en Égypte, au Liban et en Irak. (Genève, Slatkine, 1996) et a entre autres co-dirigé The Other Shiites : From The Mediterranean to Central Asia (Berne, Peter Lang, Mondes de l’Islam, 2007),  Créations artistiques contemporaines en pays d’Islam: des arts en tension (Paris, Editions Kimé, 2006). Page personnelle : http://www.unige.ch/lettres/meslo/arabe/enseignants/naef.html    email: Silvia.Naef@unige.ch 

Ould Mohamedou, Mohammad-Mahmoud est politologue, professeur invité à l’IHEID et directeur du programme régional du Centre de politique de sécurité (GCSP) de Genève. Il a précédemment été directeur associé du programme de politiques humanitaires et de recherches sur les conflits de l’université Harvard et directeur de recherches au Conseil international sur la politique des droits de l’homme. Spécialiste d’Al Qaida et de la géopolitique du terrorisme, il est l’auteur de Understanding Al Qaeda – Changing War and Global Politics (Pluto et MacMillan, 2011) et de Contre-Croisade – Le 11 Septembre et le Retournement du Monde (L’Harmattan, 2011), et de chapitres dans, notamment, The Role of the Arab-Islamic World in the Rise of the West (Palgrave, 2012), An International History of Terrorism (Routledge, 2013) et La Guerre au Mali – Comprendre la Crise au Sahel et au Sahara (La Découverte, 2013). Page personnelle : http://bit.ly/RxwmhK & http://www.gcsp.ch/mmm    email: mahmoud.mohamedou@graduateinstitute.ch  & m.mohamedou@gcsp.ch 

Shahrour, Muhammad, est ingénieur de formation, professeur émérite de l’université de Damas. Depuis 1991, année de la publication de son premier livre Le Livre et le Coran, une lecture contemporaine qui suscitera d'intenses débats, il a entrepris une critique de la théologie islamique au travers d'une dizaine d'ouvrages en arabe qui en font un réformateur incontournable, audacieux en même temps qu'innovateur. Un ouvrage est paru en anglais qui synthétise ses recherches sur le Coran et l'islam: The Qur’an, Morality and Critical Reason. The Essential Muhammad Shahrur, (Leiden, Brill, 2009). Page personnelle : http://www.shahrour.org/     email : sultansami@hotmail.com  

 


 

Interventions et débats 

 

JEUDI 6 JUIN 2013

  16h00 Allocutions d’ouverture
 

Réda BENKIRANE,
sociologue, ASDEAM, Suisse, et Centre Jacques Berque, Rabat 

 

 Oliver Jütersonke,
Directeur de la recherche, CCDP-IHEID, Genève

    

16h15 – 18h45 Session d’ouverture : Droit, pouvoirs et savoirs face aux changements sociaux Présidente de séance : Sylvia NAEF, professeure au département arabe de l'université de Genève

La question de la Charia et de l’État au 21e siècle – (communication par vidéo)
Abdullahi AN-NAIM, juriste et professeur de droit à Emory University, Atlanta (États-Unis)

 

Politiques de sécurité et géopolitique de l’islam
Mahmoud OULD MOHAMMEDOU, professeur invité, IHEID et GCSP, Genève
 

 

Éthique, pouvoir et société du savoir: les enjeux d'une interaction en devenir
Hassan GHAZIRI, Association suisse pour le dialogue euro-arabo-musulman (ASDEAM), Beirut Research and Innovation Center (BRIC), Beyrouth (Liban)

 

   Débat (audio)
 

VENDREDI 7 JUIN 2013

09h00 – 11h00 Première session : perspectives historiques et anthropologiques Président de séance : Zidane MERIBOUTE, juriste et islamologue, School of  Oriental and African Studies, Londres (Royaume-Uni)

Le religieux en tant que catégorie de l’ethnographie occidentale
Mondher KILANI, anthropologue, professeur, Université de Lausanne

 

Religion et politique aux premiers siècles de l’islam Makram ABBES,
philosophe, École Normale Supérieure de Lyon (France)

 

Révolution, émancipation et libération sociales : le précédent iranien (1979-2009)
Farhad KHOSROKHAVAR, sociologue, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris (France)

 

Islam et révolution : de la théologie de la libération à la libération de la théologie
Réda BENKIRANE, sociologue, ASDEAM (Suisse) et Centre Jacques Berque, Rabat (Maroc)

Débat  (audio)
Echanges notamment avec Youssef Belal, Riccardo Bocco, Hassan Hanafi, Mohamed-Mahmoud Mohamedou, Benoît Challand, Muhammad Shahrour
    

14h00 – 16h00 Deuxième session : Perspectives sociologiques Président de séance : Riccardo BOCCO, professeur, IHEID

Théologie politique et Charia
Youssef BELAL, politologue, Columbia University, New York (États-Unis)

 

 

Entre État et Religion : le poids de la société civile au lendemain du printemps arabe
Benoît CHALLAND, professeur assistant, Kevorkian Center for Near East Studies, New York University (États-Unis)  

 

Sécularisation… inch'Allah. Illustration et théorie du processus de sécularisation dans le Maroc post-printemps arabe
Cédric BAYLOCQ, anthropologue, Centre Jacques Berque, Rabat (Maroc)

 

Débat (audio)
 

 

SAMEDI 8 JUIN 2013

09h00 – 11h00 Troisième session : perspectives philosophiques Président de séance : Yves BESSON, Vice-président, ASDEAM, Suisse

  Le Coran est essentiellement guidance (montage d'extraits vidéo)
Jamal AL BANNA (1920-2013), syndicaliste et écrivain égyptien

 

Religion et pouvoir Muhammad SHAHROUR, philosophe, professeur émérite, Université de Damas (Syrie)

 Synthèse de Makram Abbès

 

Débat

 

Philosophie d’un islam post-fondamentaliste
Hassan HANAFI, philosophe, professeur émérite, Université du Caire (Égypte)

 

Débat  


13h30 – 14h30 Quatrième session : perspectives théologiques

Président de séance : Albert DE PURY, professeur émérite, Université de Genève

Apories et ouvertures : symboles et statuts du féminin en théologie islamique
Houria ABDELOUAHED,psychanalyste, Université Paris Denis Diderot (France)

 

Une lecture non herméneutique pour notre temps : l’analyse littérale du Coran
Moreno AL AJAMI, médecin, théologien français, doctorant en langue et littérature arabe, Université de Strasbourg (France)

 

Débat (audio)

 

Clôture du colloque  (audio) avec Réda BENKIRANE et Riccardo BOCCO

 

 

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