De quelques noms cités
(dans l'ordre où
ils apparaissent dans le texte principal)
Hasan al-Turâbi (1922-)
Juriste soudanais formé en France, Hasan al-Turâbi
dirige le Front national islamique au pouvoir au Soudan depuis
le coup d'Etat de 1989. Il souhaiterait se voir reconnaître
le rôle de mentor international des forces islamistes et
anime la Commission populaire arabo-islamique (CPAI).
Mohamed Iqbal (1876-1938)
Poète et philosophe indien, aujourd'hui pakistanais, de
qui la pensée dynamique chercha une synthèse entre
le legs coranique et l'apport de l'Occident. Ses poèmes
en urdu, persan et anglais, ainsi que ses oeuvres philosophiques,
sont à l'origine de l'idée du Pakistan (Secrets
du non-moi; Le Glaive de Moïse; Message de l'Orient; Livre
de l'éternité). Dans un ouvrage magistral,
The reconstruction of religious thought of Islam (1934),
il fonde en synthèse originale avec ses propres idées
les inspirations du rénovateur indien Ahmad Sirr Hindi
(1562-1620), de Nietzsche et de Bergson.
Fârâbi (870-950)
Philosophe originaire du Turkestan occidental, Abû Nasr
Muhammad al Fârâbi, vécut à Bagdad
et Alep. Grand spécialiste et commentateur d'Aristote,
admirateur de Platon avec qui il tenta d'accorder sa philosophie,
il est l'auteur de: L'accord entre les vues des deux sages,
Platon et Aristote; Livre des principes de la Cité vertueuse;
Livre de la constitution politique. Sa cosmologie met en
rapport l'intellect des sages et des prophètes avec l'ordre
étagé de l'univers, lui-même émané
d'une source divine. La doctrine d'Al Fârâbi influencera
Avicenne et Averroès.
Avicenne (980-1037)
Médecin et philosophe d'origine iranienne, Abû Ali
Husayn ibn Abdallah Ibn Sinâ est connu en Occident sous
le nom d'Avicenne. Auteur d'un Canon de la médecine qui
fournit longtemps la base des études médicales
en Europe, il écrivit en arabe et en persan des oeuvres
philosophiques et mystiques, parmi lesquelles Kitâb
al-Shifâ (le Livre de la Guérison), sur la logique,
la physique et la métaphysique, et Kitâb al-Najât
(le Livre du Salut). Sa "Philosophie orientale" ou
illuministe, appelle le moi à l'intuition de Dieu, "l'Intellect
Agent".
Le Vicaire savoyard
Ce texte de Jean-Jacques Rousseau, qui s'intitule in extenso
La profession de foi du vicaire savoyard, fait partie de
L'Emile (1762). Un dialogue entre un prêtre et le futur
précepteur d'Emile permet à Rousseau d'exposer
le principe d'une religion naturelle dont le "culte essentiel
est celui du cur". Le Vicaire s'appuie sur l'évidence
d'un ordre sensible de l'univers et le sentiment intérieur
pour déduire l'existence d'un dieu créateur éternel,
intelligent, bon et juste. Ce texte fervent eut une influence
considérable sur son époque.
Kindî (796-873)
Le philosophe Abû Yûsuf ibn Ishaq al Kindî,
réputé comme le plus ancien philosophe arabe, connaissait
les philosophes grecs par leur traduction. Il ne voyait pas d'opposition
entre la philosophie et la révélation prophétique.
Il est l'auteur de plusieurs traités qui furent traduits
en latin au Moyen Age (De quinque essentiis; De intellectu;
Sur la philosophie première) et de sept ouvrages sur
l'art musical.
'Allâl al-Fâsî (1906- 1974)
Homme politique marocain, 'Allâl al-Fâsî fonda
le parti Istiqlâl et joua un rôle important pour
l'indépendance du Maroc. Après cet évènement,
il se fit d'abord un supporter critique du Royaume avant d'entrer
dans l'opposition. Poète, essayiste, il s'inscrivait dans
la ligne du réformisme islamique tout en prenant en compte
l'originalité culturelle de l'Occident musulman.
Ferdinand de Saussure (1857-1913)
Linguiste suisse, auteur d'une méthodologie nouvelle qui
révolutionna la pensée. La langue, système
abstrait, fait social, se distingue de la parole, réalité
concrète, mouvante et individuelle. La signification repose
sur un système structuré de différences,
et la distinction entre le signifiant et le signifié annonce
la théorie générale du signe que sera la
sémiotique. La publication posthume de Ferdinand de Saussure,
son Cours de linguistique générale, exerça
une influence majeure sur les contemporains (Benveniste, Lévi-Strauss,
Merleau- Ponty, Lacan). Elle annonçait le développement
présent de plusieurs branches de la linguistique et des
sciences sociales.
Rashid Ridha (mort en 1935)
D'orignine syro-libanaise, il défendit le retour à
la pureté originelle de la doctrine islamique. Il fait
partie des réformistes aux yeux desquels l'Islam est tolérant
et rationnel, n'est pas hostile au progrès, accepte les
innovations techniques de l'Occident quand il ne les devance
pas. Sa revue "Al-Manâr" joua un grand rôle
intellectuel dans l'Entre-deux Guerres.
Martin Heidegger (1889-1976)
Philosophe allemand, recteur de l'université de Fribourg
en Brisgau entre 1928 et 1934. Vivement controversé pour
ses compromissions avec le nazisme, Heidegger est l'auteur d'une
oeuvre novatrice, où il s'interroge sur l'être,
sur la temporalité et sur le langage (L'Etre et le
Temps, 1927; Kant et le problème de la métaphysique,
1929; Qu'est-ce que la métaphysique, 1929; etc.)
Mohammed Abed al-Jabri
Philosophe marocain contemporain, qui cherche à pratiquer
la jonction entre renouveau et "patrimoine". Abed al-Jabri
est professeur à l'université de Rabat et auteur
de Naqd al-aql al-arabî [Critique de la raison arabe],
1992, et d'une Introduction à la critique de la raison
arabe, 1994.
Hasan Hanafi
Penseur égyptien contemporain, auteur de Al-Turâth
wu'l-Tajdîd [Patrimoine et Rénovation.]
Alî Shariati (1933-1977)
Théologien shiite, né à Meshed, en Iran.
Il reçut une vive impression d'études en France,
dont il tenta de tirer une dynamisation de la doctrine islamique:
Al-'awda ila'l-dhât [Retour à l'identité],
traduit de l'arabe en 1981 et Histoire et destinée
(Morceaux choisis en français), 1982.
Ibn Khaldoun (1332-1406)
Historien et penseur maghrébin, auteur d'une monumentale
Histoire des Berbères dont les Prolégomènes
dessinent une première sociologie de l'histoire. N'ayant
pas laissé de disciples, il a connu la notoriété
bien plus tard, sous l'influence, sans doute, de l'orientalisme.
Shah Waly Allah Dehlawi (1703-1762)
Théologien indien, Dehlawi traduisit le Coran en persan.
Rénovateur canonique par excellence, il a laissé
une uvre magistrale, Hujjat Allah al-bâligha [L'efficiente
plaidoirie de Dieu] et maints autres traités.
Farag Foda
Journaliste égyptien, auteur d'articles et de brochures
d'un ton très libre, assassiné en 1993.
Averroès (1126-1198)
Abû'l-Walîd Muhammad ibn Rushd, appelé Averroès
par les Latins, fut un juriste et philosophe qui fit école
en Occident par son Commentaire d'Aristote. Dans son Façl
al-Maqâl [Traité décisif] il distingue
des autres voies une voie proprement rationnelle d'accéder
à la vérité, ce qui constituait à
l'époque une audace percutante.
Ayatollah Ruhullah Khomeiny (1902-1989)
Théologien iranien, Khomeiny étudia à Qom
où, dès 1960, il obtenait le titre d'ayatollah,
grade suprême du "clergé" chiite. Oppositionnel,
emprisonné, exilé d'abord à Najaf (Irak)
puis réfugié en France, il rentra en Iran après
le départ du Shah. Il a publié notammentVélayat-i
Faqih [Régence pour le savant] où il revendique
la prééminence des ulémas (docteurs de l'Islam)
dans la conduite du gouvernement.
Nagîb Mahfouz (1911-)
Romancier égyptien dont l'oeuvre considérable,
après avoir commencé par des peintures réalistes
de la vie des vieux quartiers du Caire, a pris un tour de plus
en plus novateur, interrogatif et parfois critique à l'égard
de la société. Les dévôts reprochaient
à Nagîb Mahfouz d'avoir retracé, sous une
forme inconvenante, la succession des trois monothéismes
dans son roman Awlâd Hârati-nâ, 1954
[Les gars de notre quartier], traduit en français sous
le titre Les fils de la Médina, 1991. Aussi fut-il
poignardé. La revue cairote Al-Qâhira consacra à
cette affaire un numéro spécial sous le titre "La
plume et le couteau", novembre 1994. Nagîb Mahfouz
a reçu le prix Nobel de littérature en 1991.
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Quel Islam?
© Le
Temps stratégique, Genève, 1995. le.temps@edipresse.ch
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