{"id":887,"date":"2015-01-11T23:55:33","date_gmt":"2015-01-11T22:55:33","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=887"},"modified":"2015-01-17T13:13:21","modified_gmt":"2015-01-17T12:13:21","slug":"le-defi-du-developpement-independant","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=887","title":{"rendered":"Le d\u00e9fi du d\u00e9veloppement ind\u00e9pendant"},"content":{"rendered":"

Le d\u00e9fi du d\u00e9veloppement ind\u00e9pendant,
\nles conditions de la souverainet\u00e9 \u00e9conomique dans le Tiers-Monde<\/strong><\/p>\n

Charles-Albert Michalet, \u00e9ditions Rochevignes, Paris, 1983.<\/div>\n

\u00ab\u00a0(…) Cette r\u00e9flexion part de l’analyse d\u00e9taill\u00e9e et sans complaisance de quelques exp\u00e9riences concr\u00e8tes de d\u00e9veloppement. Les cas de l’Alg\u00e9rie, de la Tanzanie et du Mexique, ainsi que celui des pays regroup\u00e9s dans le Pacte Andin , pour la coop\u00e9ration mon\u00e9taire, illustrent tous \u00e0 la fois la difficult\u00e9 et la n\u00e9cessit\u00e9 de relever aujourd’hui le \u00ab\u00a0d\u00e9fi du d\u00e9veloppement ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb.<\/p>\n

L’auteur est professeur agr\u00e9g\u00e9 de sciences \u00e9conomiques, directeur d’un centre de recherches (C.E.R.E.M.) et consultant pour l’O.C.D.E. et les Nations Unies.<\/p>\n

 <\/p>\n

Extraits significatifs<\/em><\/p>\n

p. 10 ; \u00ab\u00a0Ce d\u00e9fi du d\u00e9veloppement ind\u00e9pendant, aucun pays ne peut le relever en solitaire ; si la division internationale du travail r\u00e9v\u00e8le aujourd’hui ses limites, l’autarcie n’appara\u00eet en aucun cas comme une solution acceptable.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 13 ; \u00ab\u00a0La d\u00e9pendance \u00e9conomique appara\u00eet comme le r\u00e9sultat de l’int\u00e9gration in\u00e9gale \u00e0 l’\u00e9conomie mondiale par le jeu d’une division internationale qui reproduit in\u00e9xorablement la dichotomie entre pays pauvres et pays riches.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 14 ; \u00ab\u00a0Finalement, la condition d’un d\u00e9veloppement endog\u00e8ne ou autocentr\u00e9 passe par la mise en place, sur une base nationale ou r\u00e9gionale, des m\u00e9canismes internes garantissant la coh\u00e9rence du processus de croissance : la r\u00e9alisation d’un \u00e9quilibre dynamique entre les conditions de la production des biens de consommation et celles des biens d’\u00e9quipement, l’articulation entre le secteur agricole et le secteur industriel, la r\u00e9partition \u00e9quitable du revenu…\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 15 ; \u00ab\u00a0La r\u00e9duction de la contrainte ext\u00e9rieure est n\u00e9cessaire quand elle bloque ou freine les modalit\u00e9s de r\u00e9gulation interne. Des mesures de \u00ab\u00a0protectionnisme \u00e9ducateur\u00a0\u00bb \u00e0 la List – qui ont assez bien r\u00e9ussi \u00e0 l’Allemagne \u00e0 la fin du XIX\u00e8me si\u00e8cle, qui \u00e9tait elle aussi confront\u00e9e \u00e0 des concurrents plus industrialis\u00e9s – sont, dans cette optique, concevables.\u00a0\u00bb<\/p>\n

\u00ab\u00a0La prise en compte des \u00ab\u00a0besoins essentiels\u00a0\u00bb est consid\u00e9r\u00e9e comme plus importante que les indices de la production industrielle.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 16 ; \u00ab\u00a0Au centre de cette strat\u00e9gie se trouve le r\u00f4le jou\u00e9 par une demande existante qui \u00e9mane des couches de la population \u00e0 revenu \u00e9lev\u00e9. Elle commande ensuite l’\u00e9volution ult\u00e9rieure et les limites que pr\u00e9sente l’industrialisation par substitution d’importations.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 32 ; \u00ab\u00a0Pour que le mod\u00e8le des industries industrialisantes fonctionne, il faut \u00e9tablir une articulation entre secteur agricole et secteur industriel qui permette d’\u00e9viter d’\u00e9difier des cath\u00e9drales industrielles dans le d\u00e9sert et de n’avoir d’autres d\u00e9bouch\u00e9s que ceux du march\u00e9 mondial.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 34 ; \u00ab\u00a0La d\u00e9pendance n’est plus ce qu’elle \u00e9tait. C’est peut-\u00eatre pour n’avoir pas per\u00e7u pleinement les transformations de l’\u00e9conomie mondiale que les \u00e9conomistes les plus pr\u00e9occup\u00e9s par la situation domin\u00e9e de la p\u00e9riph\u00e9rie sous-d\u00e9velopp\u00e9e n’ont pas encore pu d\u00e9finir les voies concr\u00e8tes d’un d\u00e9veloppement autocentr\u00e9. Le paradoxe le plus surprenant, c’est que, d’une mani\u00e8re plus ou moins explicite, ils sont rest\u00e9s prisonniers du paradigme contrre lequel ils s’insurgent : la division internationale du travail.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 35 ; \u00ab\u00a0D’o\u00f9 la revendication d’un \u00ab\u00a0nouvel ordre \u00e9conomique international\u00a0\u00bb o\u00f9 les exportations de produits industriels du tiers-monde vers les \u00e9conomies industrialis\u00e9es doivent \u00eatre favoris\u00e9es par tous les moyens.\u00a0\u00bb<\/p>\n

\u00ab\u00a0Les th\u00e8ses de S. Amin et de A. Gunder Frank sont remarquables pour leur critique de l’ancienne et de la nouvelle division du travail. Leur faiblesse est de d\u00e9boucher sur des positions extr\u00eames, dont la r\u00e9alisation est probl\u00e8matique et, surtout, qui ne sont plus adapt\u00e9es \u00e0 la transformation de l’\u00e9conomie mondiale. En opposant \u00e0 la sp\u00e9cialisation internationale la rupture avec le march\u00e9 mondial, ces critiques de la sp\u00e9cialisation internationale restent \u00e0 l’int\u00e9rieur de son champ conceptuel.<\/p>\n

Cet \u00e9chec s’explique largement par une prise en compte insuffisante de toutes les dimensions de l’int\u00e9gration Nord-Sud. Ils continuent, en effet, \u00e0 privil\u00e9gier le march\u00e9 mondial et les \u00e9changes qui s’y nouent. Ils n\u00e9gligent d’autres dimensions qui ont pris une importance croissante durant les quinze derni\u00e8res ann\u00e9es.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 36 ; \u00ab\u00a0– L’internationalisation des \u00e9changes : il s’agit de la forme traditionnelle, exclusivement prise en consid\u00e9ration par la th\u00e9orie du commerce international.<\/p>\n

– L’internationalisation de la production : elle repose sur les flux<\/p>\n

d’investissements directs effectu\u00e9s par les firmes multinationales.<\/p>\n

– L’internationalisation des circuits financiers : elle s’inscrit dans le cadre des structures mises en place par les banques transnationales : march\u00e9 des eurodevises (eurocr\u00e9dits, euro-obligations), places financi\u00e8res off-shore.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Sur la notion de \u00ab\u00a0syst\u00e8me de l’\u00e9conomie mondiale\u00a0\u00bb, c.f. C.A. Michalet, Le capitalisme mondial, (Paris, P.U.F., 1976).<\/p>\n

p. 37 ; \u00a0\u00bb … la hi\u00e9rarchie des diverses modalit\u00e9s d’internationalisation qui ont \u00e9t\u00e9 distingu\u00e9es – \u00e9changes, production, finance – refl\u00e8te une logique dominante d’int\u00e9gration Nord-Sud.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 41 ; \u00ab\u00a0Les pays du Nord et du Sud, le centre et la p\u00e9riph\u00e9rie partagent la m\u00eame histoire. Ils constituent les parties in\u00e9galement d\u00e9velopp\u00e9es d’un ensemble de plus en plus structur\u00e9 que nous appelons l’\u00e9conomie mondiale, faute de mieux. Nous pensons aussi que la dynamique de l’int\u00e9gration et sa logique diff\u00e9renci\u00e9e sont d’abord impuls\u00e9es par le centre d\u00e9velopp\u00e9. Cette th\u00e8se n’est pas neuve mais, contrairement \u00e0 l’\u00e9cole de la d\u00e9pendance qui a toujours d\u00e9fendu ce th\u00e8me, il nous semble n\u00e9cessaire de reconsid\u00e9rer ce qu’elle pr\u00e9sente habituellement comme le corollaire de cette conception : le blocage du d\u00e9veloppement, le d\u00e9veloppement du sous-d\u00e9veloppement. En adoptant ce point de vue, on est conduit \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter d\u00e9sesp\u00e9rement que la seule solution pour la p\u00e9riph\u00e9rie est la rupture radicale avec le march\u00e9 mondial alors que les tenants de la th\u00e8se oppos\u00e9e ont beau jeu de montrer que certaines \u00e9conomies du tiers-monde ont r\u00e9ussi, avec des succ\u00e8s divers, une accumulation nationale, les Nouveaux Pays Industriels \u00e9tant pr\u00e9sent\u00e9s comme le t\u00e9moignage ind\u00e9niable de ce changement. La dynamique des formes de l’interd\u00e9pendance permet de reconna\u00eetre \u00e0 la fois l’existence d’une accumulation \u00e0 la p\u00e9riph\u00e9rie et le maintien d’effets de domination.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 43 ; \u00ab\u00a0C’est dans cette perspective que le th\u00e8me de \u00ab\u00a0New Deal plan\u00e9taire\u00a0\u00bb prend tout son r\u00e9alisme. Pour aller vite, disons que les pays en voie de d\u00e9veloppement constituent plus que jamais la \u00ab\u00a0nouvelle fronti\u00e8re\u00a0\u00bb d’un capitalisme essoufl\u00e9 : il n’est pas sans int\u00e9r\u00eat de rappeler que, les Pays les Moins Avanc\u00e9s mis \u00e0 part, le taux de croissance des \u00e9conomies du tiers-monde, depuis 1973, a \u00e9t\u00e9 sup\u00e9rieur \u00e0 celui des \u00e9conomies les plus industrialis\u00e9es. Ce ph\u00e9nom\u00e8ne n’est \u00e9videmment pas pass\u00e9 inaper\u00e7u de ces derniers. D’o\u00f9 l’int\u00e9r\u00eat des exportateurs, des multinationales et des banques pour les Nouveaux Pays Industriels, o\u00f9 les opportunit\u00e9s sont les plus faciles. D’o\u00f9 aussi la tentation des Etats-Unis, entre autres , de ne plus accorder un statut diff\u00e9rent de celui des autres pays industriels et la volont\u00e9 de les soumettre aux r\u00e8gles du GATT. La grande menace industrielle des NPI, c’est plut\u00f4t une grande promesse.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 47 ; \u00ab\u00a0L’importance accord\u00e9e \u00e0 l’indusrie l\u00e9g\u00e8re dans la Charte d’Alger est vite r\u00e9vis\u00e9e. D\u00e8s 1966, on affirme en effet que \u00ab\u00a0la r\u00e9alisation d’une soci\u00e9t\u00e9 socialiste ne pas \u00eatre fond\u00e9e sur une industrie l\u00e9g\u00e8re, industrie qui n’est pas industrialisante et qui renforce la d\u00e9pendance la d\u00e9pendance \u00e0 l’\u00e9gard de l’ext\u00e9rieur\u00a0\u00bb. D\u00e8s lors, le principe de base du mod\u00e8le d’accumulation alg\u00e9rien devient la mise en place d’industries industrialisantes d\u00e9finies comme \u00ab\u00a0celles dont la fonction \u00e9conomique fondamentale est d’entra\u00eener dans leur environnement, localis\u00e9 et dat\u00e9, un noircissement syst\u00e9matique de la matrice industrielle\u00a0\u00bb – c’est-\u00e0-dire l’intensification des relations inter-sectorielles – \u00ab\u00a0grace \u00e0 la mise \u00e0 la disposition de l’\u00e9conomie d’ensembles nouveaux de machines qui accroissent la productivit\u00e9 du travail et entra\u00eenent la restructuration \u00e9conomique et sociale de l’ensemble en m\u00eame temps qu’une transformation des fonctions de comportement au sein de cet ensemble.\u00a0\u00bb *<\/p>\n

* \u00ab\u00a0Ce mod\u00e8le est \u00e9labor\u00e9 par G. de Bernis : Les industries industrialisantes et l’int\u00e9gration \u00e9conomique r\u00e9gionale, archives de l’ISEA, n. 1, T. XXI, 1968, et Les industries industrialisantes et les Options alg\u00e9riennes, in revue \u00ab\u00a0Tiers-Monde\u00a0\u00bb, n. 47, juillet-septembre 1971.<\/p>\n

p. 54 ; \u00ab\u00a0Vingt ans apr\u00e8s l’ind\u00e9pendance, l’Alg\u00e9rie pr\u00e9sente une tout autre physionomie. Gr\u00e2ce \u00e0 une croissance industrielle particuli\u00e8rement acc\u00e9l\u00e9r\u00e9e (pr\u00e8s de 10 % par an entre 1967 et 1980), elle a effet r\u00e9ussi \u00e0 cr\u00e9er un important tissu industriel auquel ont \u00e9t\u00e9 incorpor\u00e9s environ un million de nouveaux travailleurs. Outre les progr\u00e8s enregistr\u00e9s sur le plan de l’emploi industriel, un taux d’accumulation record (40 % environ du produit national) a permis d’accro\u00eetre la production dans nombre de secteurs cl\u00e9s de l’\u00e9conomie (\u00e9lectricit\u00e9, acier, engrais, ciment, etc. ).<\/p>\n

Il en est de m\u00eame dans le cas mexicain. Parmi les principales r\u00e9ussites, citons l’augmentation continue et rapide du taux global de croissance (7 % en moyenne entre 1965 et 1975), l’expansion notable du secteur industriel, dont la part dans le produit int\u00e9rieur passe de 28 % en 1965 \u00e0 35 % en 1975, et la cr\u00e9ation massive d’infrastructures.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 55 ; \u00ab\u00a0De son c\u00f4t\u00e9, l’exp\u00e9rience alg\u00e9rienne ne manque pas de susciter des r\u00e9serves. L’absence de d\u00e9mocratie, la bureaucratisation et le manque d’adh\u00e8sion populaire \u00e0 la politique gouvernementale figurent parmi les plus courantes. A celle-ci, on peut ajouter l’inexistence d’une politique d’habitat, la d\u00e9mographie galopante, l’\u00e9chec de la r\u00e9insertion des \u00e9migrants, le caract\u00e8re sauvage de l’urbanisation, le co\u00fbt exag\u00e9r\u00e9 de l’industrialisation. La priorit\u00e9 industrielle a conduit \u00e0 une surcapacit\u00e9 de production qui se double parfois d’une mauvaise utilisation des installations existantes.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 58 ; \u00ab\u00a0Par ailleurs, la dette ext\u00e9rieure de l’Alg\u00e9rie a augment\u00e9 \u00e0 un rythme rapide. Malgr\u00e9 la croissance spectaculaire des recettes p\u00e9troli\u00e8res, le service de la dette est pass\u00e9 de 8 % des exportations au d\u00e9but des ann\u00e9es 1970 \u00e0 plus de 40 % \u00e0 la fin de la d\u00e9cennie. La pouss\u00e9e de l’endettement est principalement li\u00e9e \u00e0 l’augmentation des importations des biens d’\u00e9quipement. Mais la lourdeur croissante de co\u00fbt est en partie le r\u00e9sultat d’une politique syst\u00e9matique d’emprunt, sur le march\u00e9 financier international, des entreprises publiques encourag\u00e9es par la Banque centrale.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 68 ; \u00ab\u00a0Un aspect original du cas alg\u00e9rien r\u00e9side dans le fait que, tout en faisant du secteur industriel la cl\u00e9 du d\u00e9veloppement autocentr\u00e9, les planificateurs ont manifest\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9but le souci d’\u00e9tablir des rapports \u00e9quilibr\u00e9s entre l’agriculture et l’industrie. L’articulation des deux secteurs \u00e9tait con\u00e7ue en deux phases, au cours desquelles les effets r\u00e9ciproques seraient de nature \u00e0 stimuler la croissance de l’un et de l’autre.<\/p>\n

Durant la premi\u00e8re phase, la mise en place du potentiel industriel devait permettre la production de certains \u00e9quipements n\u00e9cessaires \u00e0 l’agriculture, ainsi que celle des pesticides, des engrais, etc.<\/p>\n

Cette orientation devait concourir, avec la redistribution des terres et la r\u00e9organisation de la production agricole, \u00e0 une augmentation de la productivit\u00e9 des sols et des revenus des masses rurales. De leur c\u00f4t\u00e9, les effets industrialisants de l’industrie lourde pousseraient \u00e0 la cr\u00e9ation d’une industrie de biens de consommation. Tout est ainsi pr\u00e9par\u00e9 pour la deuxi\u00e8me phase. Les revenus des paysans, encore en hausse grace \u00e0 une seconde vague de modernisation, vont \u00ab\u00a0rencontrer\u00a0\u00bb la production de l’industrie l\u00e9g\u00e8re. Celle-ci absorbera les emplois lib\u00e9r\u00e9s par les progr\u00e8s constants de la productivit\u00e9 agricole.<\/p>\n

Dans la r\u00e9alit\u00e9, les choses se sont pass\u00e9es autrement et les r\u00e9sultats de l’agriculture ont \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s d\u00e9cevants. En premier, dans la r\u00e9partition de l’effort d’investissement, on constate, au fur et \u00e0 mesure que les plans se succ\u00e8dent, une tr\u00e8s forte diminution de la part revenant \u00e0 l’agriculture. Elle passe de 16,4 % pour le premier plan (1967-1969) \u00e0 4,7 % pour le troisi\u00e8me (1974-1977), alors que l’on avait pr\u00e9vu 16,9 % et 13,2 % respectivement. En revanche, la part d’investissement revenant \u00e0 l’industrie montre une tendance \u00e0 la hausse, alors que les pr\u00e9visions \u00e9taient \u00e0 la baisse. En second lieu, l’esprit bureaucratique avec lequel ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9es les transformations structurelles de l’agriculture a eu des effets n\u00e9fastes sur le fonctionnement du secteur.<\/p>\n

Dans l’agriculture, l’instauration de l’autogestion, qui concerne 35,3 % de la superficie agricole cultivable, semble \u00eatre frein\u00e9e d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment par le pouvoir, qui redoute ses cons\u00e9quences politiques. La contagion de l’autogestion, si elle est import\u00e9e par d’autres domaines de l’\u00e9conomie, peut constituer un \u00ab\u00a0danger\u00a0\u00bb pour le secteur priv\u00e9 et pour les secteurs sous contr\u00f4le de l’Etat. La crainte des pouvoirs publics r\u00e9side dans le risque de voir l’autogestion se g\u00e9n\u00e9raliser et devenir le principe de l’organisation de l’\u00e9conomie. Afin d’enrayer ce processus potentiel, les autorit\u00e9s ont entam\u00e9, \u00e0 partir de 1963-1964, un processus de r\u00e9cup\u00e9ration du contr\u00f4le et de la gestion des domaines autog\u00e9r\u00e9s. La gestion \u00e9tatique de la terre s’est sold\u00e9e par un comportement bureaucratique de la paysannerie alg\u00e9rienne. Les travailleurs se consid\u00e8rent d\u00e9sormais comme salari\u00e9s de l’Etat ; ils se sentent peu concern\u00e9s apr\u00e8s les r\u00e9sultats \u00e9conomiques de \u00ab\u00a0leur\u00a0\u00bb domaine. Ce comportement des travailleurs entra\u00eene des effets qui vont d\u00e9s\u00e9quilibrer les objectifs fix\u00e9s \u00e0 l’agriculture : faibles rendements, autoconsommation et ventes \u00ab\u00a0ill\u00e9gales\u00a0\u00bb, fuite des jeunes travailleurs vers des emplois plus r\u00e9num\u00e9rateurs, situation de double emploi.<\/p>\n

La r\u00e9forme agraire n’intervient qu’avec beaucoup de retard. La Charte de la r\u00e9volution agraire date en effet de novembre 1971. Le fonds des terres disponibles est constitu\u00e9, d’une part par des terres communales, d\u00e9partementales et \u00e9tatiques, d’autre part par des propri\u00e9t\u00e9s priv\u00e9es nationalis\u00e9es. Les attributaires sont tenus de se regrouper en coop\u00e9ratives. Or, l’Etat, soit directement soit par le contr\u00f4le du cr\u00e9dit, des approvisionnments et \u00e9ventuellement de la commercialisation, d\u00e9tient tous les moyens n\u00e9cessaires pour orienter l’action des coop\u00e9ratives. On constate aujourd’hui l’existence de mauvaises conditions de travail et de vie dans les coop\u00e9ratives, et un fort m\u00e9contentement quant \u00e0 la mani\u00e8re dont ont \u00e9t\u00e9 pr\u00e9par\u00e9es et men\u00e9es les op\u00e9rations d’attribution. Dans ces conditions, est apparue une attitude de renonciation de la part des b\u00e9n\u00e9ficiaires. Elle a entrain\u00e9 une intensification de l’exode rural, qui touchait d\u00e9j\u00e0 le secteur autog\u00e9r\u00e9.<\/p>\n

Enfin, troisi\u00e8me aspect critique, on constate l’existence d’une politique de prix d\u00e9favorable au secteur agricole. Les choix en mati\u00e8re d’indutrialisation ont induit, dans la r\u00e9alit\u00e9, un d\u00e9veloppement autonome de la production industrielle par rapport \u00e0 l’agriculture. La planification \u00e9conomique alg\u00e9rienne a entra\u00een\u00e9 une croissance sectorielle in\u00e9gale et des r\u00e9sultats contraires \u00e0 ceux escompt\u00e9s au niveau th\u00e9orique du mod\u00e8le d’accumulation : baisse de la productivit\u00e9 du travail agricole, rendements constants ou d\u00e9croissants de la terre, non-satisfaction des besoins alimentaires, enfin exode rural et d\u00e9sint\u00e9r\u00eat des paysans pour l’agriculture.<\/p>\n

Les implications de la d\u00e9gradation de l’agriculture sur la balance commerciale du pays sont importantes \u00e0 consid\u00e9rer du point de vue de l’ind\u00e9pendance \u00e9conomique. Entre 1966 et 1979, les importations de produits alimentaires ont \u00e9t\u00e9 multipli\u00e9es par 8,6. C’est une double h\u00e9morragie : les exportations ont baiss\u00e9 et il faut consommer une partie de la rente p\u00e9troli\u00e8re pour nourrir une population qui ne veut plus cultiver la terre. P. Judet a pu ainsi constater que, si l’on peut facilement reconna\u00eetre la \u00ab\u00a0puissance\u00a0\u00bb de l’industrialisation, on s’interroge en revanche sur les conditions de r\u00e9alisation de la \u00ab\u00a0force d’entra\u00eenement\u00a0\u00bb sur laquelle a \u00e9t\u00e9 fond\u00e9e l’hypoth\u00e8se principale du \u00ab\u00a0mod\u00e8le d’industrialisation alg\u00e9rien\u00a0\u00bb. Il constate que le passage d’une branche \u00e0 l’autre, d’une fabrication en amont \u00e0 une fabrication en aval, ne se produit que si un ensemble de conditions mat\u00e9rielles et immat\u00e9rielles sont strictement pr\u00e9vues et simultan\u00e9mement r\u00e9alis\u00e9es. Ceci n’a pas \u00e9t\u00e9 le cas pour l’Alg\u00e9rie, l’effet d’entra\u00eenement \u00e9tant cens\u00e9 s’exercer \u00ab\u00a0automatiquement\u00a0\u00bb.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 74 ; \u00ab\u00a0Aubaine ou mal\u00e9diction p\u00e9troli\u00e8re ?<\/p>\n

La rente p\u00e9troli\u00e8re est au coeur des exp\u00e9riences de l’Alg\u00e9rie et du Mexique. Dans l’un et l’autre cas, on a en effet cru que les hydrocarbures pouvaient fournir les moyens d’un d\u00e9veloppement plus autonome.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 78-79 ; \u00ab\u00a0Le cas mexicain est exceptionnel en ce sens que la manne p\u00e9troli\u00e8re a surgi soudainement des profondeurs oc\u00e9aniques. Moins spectaculaire, l’exp\u00e9rience alg\u00e9rienne a connu elle aussi les mirages et les r\u00e9alit\u00e9s de la rente p\u00e9troli\u00e8re. La p\u00e9trolisation s’est aussi traduite par une aggravationm brutale du caract\u00e8re monoexportateur de l’\u00e9conomie alg\u00e9rienne. Pratiquement, tous les postes d’exportations autres qu’\u00e9nerg\u00e9tiques ont disparu, laissant le commerce ext\u00e9rieur du pays dans une situation de grande vuln\u00e9rabilit\u00e9 vis-\u00e0-vis des fluctuations de la conjoncture internationale. Non sans paradoxe, la strat\u00e9gie d’autocentrage a conduit, dans ce cas, \u00e0 une situation qui \u00e9voque la d\u00e9pendance typique des pays qui ont suivi un mod\u00e8le d’exportations primaires.<\/p>\n

Plus g\u00e9n\u00e9ralement, la question de la rente p\u00e9troli\u00e8re pose le probl\u00e8me de l’utilisation par un pays en voie de d\u00e9veloppement d’une rente exceptionnelle et transitoire dont le montant peut varier sensiblement. Un tel th\u00e8me m\u00e9rite r\u00e9flexion car l’exemple de la rente p\u00e9troli\u00e8re confirme, si besoin \u00e9tait, la n\u00e9cessit\u00e9 de concevoir le d\u00e9veloppement comme un processus global dans lequel l’injection directe de ressources sous forme d’un revenu extraordinaire est loin d’\u00eatre une condition suffisante. Avec toutes ses particularit\u00e9s, l’exemple tanzanien peut lui aussi s’inscrire dans cette probl\u00e8matique g\u00e9n\u00e9rale. Les effets pervers de l’aide internationale, qui joue le r\u00f4le d’une pseudo-rente p\u00e9troli\u00e8re en d\u00e9courageant l’effort national et en augmentant l’aversion pour le risque, proviennent \u00e9galement du recours \u00e0 un m\u00e9canisme providentiel.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 80 ; \u00ab\u00a0Avec un revenu par t\u00eate six ou sept fois sup\u00e9rieur \u00e0 celui de la Tanzanie, la d\u00e9formation de la r\u00e9partition des revenus constitue en Alg\u00e9rie et au Mexique un probl\u00e8me de la plus grande vacuit\u00e9. Le mod\u00e8le de d\u00e9veloppement alg\u00e9rien, qui accorde au d\u00e9part une priorit\u00e9 totale \u00e0 l’industrie sur l’agriculture, et \u00e0 l’investissement sur la consommation, implique qu’\u00e0 court et moyen terme certains d\u00e9s\u00e9quilibres sociaux soient maintenus, voire accentu\u00e9s. Il est possible qu’ils soient r\u00e9solus \u00e0 long terme par les effets d’entra\u00eenements du processus de d\u00e9veloppement. Mais plusieurs indices sugg\u00e8rent que les d\u00e9s\u00e9quilibres sociaux, et en particulier les in\u00e9galit\u00e9s concernant les revenus, ne tendent pas \u00e0 se r\u00e9sorber mais, au contraire, deviennent structurels. L’analyse salariale met en effet en \u00e9vidence une d\u00e9t\u00e9rioration des r\u00e9num\u00e9rations r\u00e9elles de diff\u00e9rentes cat\u00e9gories de travailleurs. Plus pr\u00e9cis\u00e9ment, il en r\u00e9sulte l’existence d’un d\u00e9s\u00e9quilibre accentu\u00e9 entre les r\u00e9mun\u00e9rations des ouvriers qualifi\u00e9s et de la ma\u00eetrise et celles du reste des travailleurs. Tout en constituant une contradiction par rapport au discours politique qui pr\u00f4ne la r\u00e9duction des in\u00e9galit\u00e9s, cette situation semble relever de la logique m\u00eame du mod\u00e8le des industries industrialisantes. Celles-ci sont par ailleurs amplifi\u00e9es par les salaires \u00e9lev\u00e9s vers\u00e9s au personnel administratif.<\/p>\n

La tendance \u00e0 la concentration des revenus rend ainsi davantage al\u00e9atoire le passage de la phase d’industrialisation lourde \u00e0 la production massive de biens de consommation courante. Une telle norme de r\u00e9partition des revenus tend \u00e0 d\u00e9former la demande en la concentrant sur un nombre r\u00e9duit de biens de consommation durables.\u00a0\u00bb<\/p>\n

\u00ab\u00a0Pour l’Alg\u00e9rie, les conclusions du bilan de la d\u00e9cennie 1967-1978 ont contribu\u00e9 \u00e0 fixer la strat\u00e9gie globale du IV\u00e8me Plan de d\u00e9veloppement pour la p\u00e9riode 1980-1984. La n\u00e9cessit\u00e9 imp\u00e9rative de proc\u00e9der \u00e0 un recentrage de la politique \u00e9conomique a \u00e9t\u00e9 admise. Ainsi, la philosophie du IV\u00e8me Plan s’articule autour de deux ensembles de priorit\u00e9s.<\/p>\n

Le premier fixe les priorit\u00e9s imm\u00e9diates et urgentes en mati\u00e8re d’habitat, de revenus, de transferts sociaux et de besoins de consommation. Le second ensemble porte sur la n\u00e9cessit\u00e9 d’am\u00e9liorer la productivit\u00e9 de l’appareil de production dans les domaines suivants : agriculture, industrie, banques, transports, commerce, formation, etc. Il faut n\u00e9anmoins souligner l’existence d’une contradiction entre ces priorit\u00e9s et la structure pr\u00e9vue des investissements : 38,6 % de l’enveloppe globale sont consacr\u00e9s \u00e0 l’industrie, seulement 6 % \u00e0 l’agriculture et 6,4 % \u00e0 l’infrastructure \u00e9conomique et sociale. Cependant, le secteur de l’habitat conna\u00eet une hausse substantielle en passant de 5 % \u00e0 15 % des investissements.<\/p>\n

D’autre part, les efforts de restructuration de l’appareil de production consacrent effectivement une rupture marqu\u00e9e avec le pass\u00e9, non sans danger pour l’emploi. De 1967 \u00e0 1978, la croissance annuelle de l’investissement (+ 15 %) a \u00e9t\u00e9 deux fois plus forte que celle de la production int\u00e9rieure brute (7 %). De 1980 \u00e0 1984, la production int\u00e9rieure doit cro\u00eetre plus vite chaque ann\u00e9e (+ 8 %) que l’investissement. Dans le Plan, on veut favoriser aussi un rel\u00e8vement spectaculaire de la productivit\u00e9 de l’appareil de production alg\u00e9rien. T\u00e2che \u00e9norme et complexe qui revient en r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 dynamiser un immense secteur public englobant le tiers de l’agriculture, les deux tiers de l’industrie, la totalit\u00e9 des banques, du secteur financier, des transports (autres que routiers) et du commerce ext\u00e9rieur.<\/p>\n

Cette r\u00e9organisation de l’industrie s’articule autour des principes directeurs suivants : plus grande ma\u00eetrise dans la gestion des nouvelles entreprises , surtout au niveau des co\u00fbts de production, sp\u00e9cialisation des activit\u00e9s, organisation de la distribution, transfert d’activit\u00e9s sur la base du regroupement des unit\u00e9s de production par fili\u00e8re technologique ou par famille de produits.<\/p>\n

Des efforts doivent \u00eatre r\u00e9alis\u00e9s pour promouvoir une d\u00e9centralisation de la planification. Chaque d\u00e9partement sera \u00e9quip\u00e9 d’une direction de la planification, avec l’institution d’un plan visant \u00e0 corriger les d\u00e9s\u00e9quilibres conjoncturels. Afin de permettre aux communes d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9es des d\u00e9partements de trouver des d\u00e9bouch\u00e9s, le minist\u00e8re de la Planification invite les autorit\u00e9s locales \u00e0 cr\u00e9er des industries l\u00e9g\u00e8res.<\/p>\n

Enfin, il convient de noter les mesures prises en faveur du secteur priv\u00e9, dans les domaines de l’h\u00f4tellerie (encourager le tourisme populaire), la m\u00e9decine (ouverture autoris\u00e9e de quelque cinq cents nouveaux cabinets priv\u00e9s), le code des investissements (r\u00e9forme du code de 1966, en accordant plus de possibilit\u00e9s et de facilit\u00e9s d’importations), l’agriculture (les exploitants priv\u00e9s ne sont plus tenus de commercialiser leurs produits par les Coop\u00e9ratives Agricoles Polyvalentes Communales de Services). Il n’est pas question de toucher \u00e0 l’autogestion dans l’agriculture mais, pour rem\u00e9dier aux r\u00e9ultats insatisfaisants de ce secteur, les Alg\u00e9riens envisagent de cr\u00e9er un lien plus \u00e9troit entre la terre et celui qui la cultive. Parmi les formules \u00e9tudi\u00e9es, un droit \u00e0 h\u00e9riter du capital d’exploitation serait reconnu, mais il ne serait pas \u00e9tendu \u00e0 elle-m\u00eame.<\/p>\n

Au total, il est \u00e9vident que ces nouvelles orientations cherchent \u00e0 s’attaquer \u00e0 certains probl\u00e8mes fondamentaux de l’\u00e9conomie alg\u00e9rienne : omnipr\u00e9sene du secteur public, d\u00e9faillance de la planification centralis\u00e9e, mauvaise gestion des soci\u00e9t\u00e9s nationales, faibles performances de l’agriculture.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 101 ; \u00ab\u00a0En s’int\u00e9grant, chaque pays cherche en effet \u00e0 acc\u00e9l\u00e9rer son rythme de croissance ; le d\u00e9veloppement de l’ensemble n’est cependant une priorit\u00e9 pour aucune des parties prenantes de l’accord. Plus encore, l’objectif d’un d\u00e9veloppement plus autocentr\u00e9 au niveau de la r\u00e9gion suppose l’abandon de l’id\u00e9e d’un d\u00e9veloppement autocentr\u00e9 sur une base nationale. Cette contradiction n’a pas manqu\u00e9 d’\u00eatre exploit\u00e9e par les adversaires de l’int\u00e9gration. L’exp\u00e9rience andine d\u00e9montre la difficult\u00e9 de postuler une solution sous-r\u00e9gionale aux probl\u00e8mes per\u00e7us d’abord comme \u00e9tant d’origine nationale.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 139 ; \u00ab\u00a0L’un des enseignements majeurs de la r\u00e9flexion que nous avons men\u00e9e sur la probl\u00e8matique du d\u00e9veloppement autocentr\u00e9, qu’il s’agisse de l’analyse des mod\u00e8les strat\u00e9giques ou du bilan des exp\u00e9riences, c’est l’impossibilit\u00e9 de se r\u00e9f\u00e9rer \u00e0 un mod\u00e8le unique et fig\u00e9. Pour \u00e9viter de faire de la coop\u00e9ration Nord-Sud un lit de Procuste, il est donc essentiel d’adopter une d\u00e9marche qui favorise la mise en oeuvre de modalit\u00e9s d’action diff\u00e9renti\u00e9es et \u00e9volutives.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 140 ;\u00a0\u00bb(…) quel que soit le pays -ou la r\u00e9gion- consid\u00e9r\u00e9, l’analyse fait appara\u00eetre un certain nombre de variables qu’une politique ax\u00e9e sur l’ind\u00e9pendance \u00e9conomique doit r\u00e9duire ou faire dispara\u00eetre. Nous les rappelons, \u00e0 dessein, p\u00eale-m\u00eale :<\/p>\n

– la mauvaise articulation agriculture-industrie,<\/p>\n

– l’urbanisation acc\u00e9l\u00e9r\u00e9e et l’exode rural,<\/p>\n

– la d\u00e9pendance technologique,<\/p>\n

– le mim\u00e9tisme dans les normes de consommation,<\/p>\n

– l’insuffisance de la formation professionnelle,<\/p>\n

– la taille insuffisante des march\u00e9s,<\/p>\n

– l’absence et la faiblesse d’une planification \u00e0 moyen et \u00e0 long terme,<\/p>\n

– la r\u00e9partition in\u00e9gale du revenu national,<\/p>\n

– l’insuffisante diversification des exportations,<\/p>\n

– la consommation somptuaire, la corruption, la sp\u00e9culation, le bureaucratisme, les f\u00e9odalit\u00e9s…<\/p>\n

– la distorsion du syst\u00e8me des prix sur des march\u00e9s non concurrentiels,<\/p>\n

– la faiblesse des revenus agricoles,<\/p>\n

– les polarisations r\u00e9gionales d\u00e9s\u00e9quilibrantes,<\/p>\n

– l’in\u00e9quit\u00e9 et l’inn\u00e9fficacit\u00e9 du syst\u00e8me fiscal,<\/p>\n

– la mauvaise gestion des grands complexes industriels,<\/p>\n

– la faiblesse des \u00e9changes Sud-Sud,<\/p>\n

– l’absence de structures politiques d\u00e9mocratiques…<\/p>\n

(…) D’une part, elle induit une d\u00e9finition de l’\u00e9conomie autocentr\u00e9e qui est construite par simple sym\u00e9trie avec le \u00ab\u00a0mauvais\u00a0\u00bb mod\u00e8le.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 143 ; \u00ab\u00a0(…) d’une part, une redistribution plus \u00e9galitaire du revenu national, singuli\u00e8rement entre revenu agricole et revenu urbain, et, d’autre part, une priorit\u00e9 accord\u00e9e \u00e0 la constitution d’un secteur des produits interm\u00e9diaires, et surtout des biens d’\u00e9quipement.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 144 ; \u00ab\u00a0Il exige, pour que le mouvement soit durable, une r\u00e9duction s\u00e9lective des importations -biens d’\u00e9quipements et surtout biens de consommation durables-, la reconqu\u00eate du march\u00e9 int\u00e9rieur et une meilleure mobilisation de l’\u00e9pargne domestique, par une r\u00e9novation des circuits de financement appuy\u00e9e sur une politique mon\u00e9taire et des taux de change ad\u00e9quats.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 145 ; \u00ab\u00a0Elle consiste \u00e0 rechercher les bases d’une accumulation nationale .(…) La politique du d\u00e9veloppement autocentr\u00e9 porte en germe la rupture avec les relations verticales Nord-Sud et l’\u00e9mergence de liaisons Sud-Sud ou Sud-Nord-Sud qui, par d\u00e9finition, sont encore largement inexplor\u00e9es, aussi bien historiquement que th\u00e9oriquement. L’absence de lin\u00e9arit\u00e9 de notre approche n’exclut pas les \u00ab\u00a0r\u00e9gressions\u00a0\u00bb.<\/p>\n

p. 146 ; \u00ab\u00a0Elle pourrait avoir pour cons\u00e9quence, \u00e0 terme, d’introduire une division des t\u00e2ches entre pays in\u00e9galement d\u00e9velopp\u00e9s qui ne ressemblerait ni aux r\u00e9sultalts de la division internationale lib\u00e9rale du travail ni \u00e0 la conception du nouvel ordre \u00e9conomique international. La voie \u00e0 explorer, in\u00e9dite, s’inscrirait dans la ligne d’un co-d\u00e9veloppement, exigeant, entre autres, une concertation \u00e0 long terme entre les partenaires pour la mise en place d’ajustements structurels r\u00e9ciproques.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 147 ; \u00ab\u00a0l’agriculture et les besoins essentiels.<\/p>\n

(…) – D’un c\u00f4t\u00e9, la faim, la malnutrition sont la cause principale de la mortalit\u00e9 et des d\u00e9ficiences physiques et mentales d’une partie importante de la population. De l’autre, le mode de consommation urbain a engendr\u00e9 une forte d\u00e9pendance vis-\u00e0-vis de produits import\u00e9s.<\/p>\n

(…) La r\u00e9duction de la d\u00e9pendance alimentaire passe par une diminution de l’emprise de grandes soci\u00e9t\u00e9s \u00e9trang\u00e8res de production et de n\u00e9goce de l’agro-business multinational.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 148 ; \u00ab\u00a0L’orientation des choix industriels doit d’abord r\u00e9pondre aux besoins de l’agriculture : engrais, petit outillage, pesticides.<\/p>\n

(…) les actions \u00e0 entreprendre peuvent \u00eatre regroup\u00e9es en trois volets : consommation, production, distribution.<\/p>\n

La r\u00e9duction de la d\u00e9pense alimentaire passe par une r\u00e9orientation prioritaire des mod\u00e8les de consommation urbaine. L’objectif \u00e0 atteindre est de substituer la consommation de produits locaux \u00e0 celle des produits import\u00e9s. La modification des comportements de consommation est extr\u00eamement d\u00e9licate. Elle peut \u00eatre favoris\u00e9e par un certain nombre de mesures : le d\u00e9veloppement et la production locale des biens alimentaires substituables aux produits import\u00e9s ; des quotas d’importations ; des taxes sur les produits import\u00e9s pour lesquels existent des produits locaux substituables…<\/p>\n

(…) Le levier le plus efficace est constitu\u00e9 par la politique des prix agricoles.<\/p>\n

Enfin, elle exige un freinage de l’\u00e9migration vers les zones urbaines dans la mesure o\u00f9 la politique des prix agricoles est partie int\u00e9grante d’une politique des revenus. Tant que les revenus du secteur agricole sont per\u00e7us comme inf\u00e9rieurs \u00e0 ceux que l’on peut obtenir dans le champ vari\u00e9 des activit\u00e9s urbaines, il sera difficile de fixer la population rurale\u00a0\u00bb<\/p>\n

* Le \u00ab\u00a0mod\u00e8le a \u00e9t\u00e9 mis au point par les soins de l’ADECE, dans le cadre d’un contrat avec le BNEDER (Alg\u00e9rie) financ\u00e9 par la Banque Mondiale.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 152 ; \u00ab\u00a0L’am\u00e9lioration de la situation dans les campagnes se confond largement avec celle de la couverture des besoins collectifs. Le d\u00e9veloppement autocentr\u00e9 cependant ne peut se limiter \u00e0 cette dimension. Celui-ci ne peut \u00eatre confondu avec un mod\u00e8le pass\u00e9iste de retour mythique \u00e0 l’\u00e2ge d’or des soci\u00e9t\u00e9s traditionnelles. Des actions compl\u00e9mentaires doivent donc amorcer une dynamique d’\u00e9volution. Nous nous bornerons \u00e0 l’\u00e9bauche d’une politique industrielle.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 153 ; \u00ab\u00a0Il ne s’agit pas d’\u00e9largir les zones consacr\u00e9es aux cultures d’exportation en expulsant les petits agriculteurs vou\u00e9s aux cultures vivri\u00e8res, mais d’en accro\u00eetre la rentabilit\u00e9.<\/p>\n

(…) Elles ne doivent \u00eatre tourn\u00e9es en priorit\u00e9 ni vers le march\u00e9 mondial ni vers l’industrie lourde. Elles doivent servir \u00e0 accro\u00eetre la productivit\u00e9 dans l’agriculture.(…) L’accroissement de la productivit\u00e9 doit d’abord \u00eatre obtenu dans le secteur des cultures vivri\u00e8res. L’utilisation de techniques appropri\u00e9es (au niveau de l’\u00e9quipement, des engrais, de l’irrigation) est \u00e0 pr\u00e9coniser pour, \u00e0 la fois , maintenir la population dans les campagnes et am\u00e9liorer la liaison avec les villes en mati\u00e8re d’approvisionnement. L’imp\u00e9ratif num\u00e9ro un est de r\u00e9duire rapidement le d\u00e9ficit alimentaire et par l\u00e0 d’agir directement sur les besoins essentiels.<\/p>\n

(…) Cet objectif doit s’accompagner aussi d’un contr\u00f4le plus strict des importations de biens de consommation durables, donc d’agir sur la structure de consommation des groupes les plus privil\u00e9gi\u00e9s de la population.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 154 ; \u00ab\u00a0Le changement de la politique des prix agricoles \u00e0 la production, l’introduction d’une technologie appropri\u00e9e, la transformation sur place des produits primaires, le freinage des d\u00e9penses somptuaires de certaines couches sociales : grands propri\u00e9taires fonciers, interm\u00e9diaires, soci\u00e9t\u00e9s d’import-export, soci\u00e9t\u00e9s \u00e9trang\u00e8res, technocratie… Sans qu’il soit n\u00e9cessaire d’insister, il est \u00e9vident que la perspective d’une sortie graduelle de l’extraversion ne suffira pas \u00e0 r\u00e9duire les r\u00e9sistances.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 157 ; \u00ab\u00a0Les chances d’un passage au mod\u00e8le fordiste o\u00f9 production et consommation croissent harmonieusement sont probl\u00e9matiques. La production pour le march\u00e9 local est frein\u00e9e par l’\u00e9troitesse de la demande solvable qui refl\u00e8te elle-m\u00eame l’in\u00e9gale r\u00e9partition du revenu national aggrav\u00e9e par la coupure ville-campagne. La production pour l’exportation est frapp\u00e9e de plein fouet par la r\u00e9cession et, \u00e0 plus long terme, par la mise en place dans les \u00e9conomies industrialis\u00e9es de processus productifs automatis\u00e9s qui rendront caduque la continuation d’un taylorisme p\u00e9riph\u00e9rique. Il est donc pr\u00e9visible que l’abandon des espoirs mis dans une int\u00e9gration dans la division internationale, la doctrine dominante des ann\u00e9es soixante-dix, va se g\u00e9n\u00e9raliser durant la prochaine d\u00e9cennie. Le retour \u00e0 des strat\u00e9gies plus autocentr\u00e9es va s’imposer de lui-m\u00eame et, par l\u00e0, rencontrer la conception d’une coop\u00e9ration fond\u00e9e sur un d\u00e9veloppement endog\u00e8ne.<\/p>\n

(…) En un mot, la r\u00e9partition du revenu national doit \u00eatre \u00e9galitaire.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 158 ; \u00ab\u00a0Il n’y a donc pas d’autres issue que la naissance d’une initiative autochtone et d\u00e9centralis\u00e9e. Cette derni\u00e8re ne rev\u00eatira pas forc\u00e9ment la forme exclusive de l’entreprise priv\u00e9e. Il serait souhaitable au contraire qu’elle se fasse largement par le canal de coop\u00e9ratives de production et de distribution. Le dynamisme de ces initiatives sera largement fonction de la renaissance des campagnes et de l’am\u00e9lioration du niveau de vie du paysannat.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 159 ; \u00ab\u00a0L’aide publique devrait \u00eatre allou\u00e9e de fa\u00e7on prioritaire au financement de la petite entreprise locale, \u00e0 travers des organismes sp\u00e9cialis\u00e9s dont il faudrait veiller \u00e0 ce qu’ils ne reproduisent pas le sh\u00e9ma habituel des institutions bureaucratiques urbaines.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 160 ; \u00ab\u00a0Le secteur des biens d’\u00e9quipement est le cha\u00eenon manquant de l’int\u00e9gration inter-sectorielle des syst\u00e8mes productifs de la plupart des pays p\u00e9riph\u00e9riques.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 161 ; \u00ab\u00a0Le secteur des biens d’\u00e9quipement ne peut \u00eatre cr\u00e9\u00e9 par un coup de baguette magique. Il exige, comme nous venons de le voir, des articulations avec l’amont et l’aval du syst\u00e8me productif. Il exige aussi un potentiel technologique tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9. Cette derni\u00e8re condition a jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent donn\u00e9 un avantage comparatif aux pays industrialis\u00e9s, qu’ils s’efforcent d’ailleurs de pr\u00e9server pour maintenir leurs exportations. Il y a peu de diff\u00e9rences entre la vente de machines et la vente d’usines cl\u00e9s en main, si ce n’est le montant du contrat. La ma\u00eetrise de la fabrication des biens d’\u00e9quipement constitue une autre affaire. Une position radicalement novatrice de la coop\u00e9ration Nord-Sud serait d’abord de faciliter ce transfert de comp\u00e9tence technique et de know-how et non pas de s’efforcer de sauvegarder sa d\u00e9tention.<\/p>\n

Nous apercevons deux points d’application de cette probl\u00e9matique, dans l’industrie l\u00e9g\u00e8re et dans l’industrie \u00e0 fort contenu technologique.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 164 ; \u00ab\u00a0La d\u00e9finition en commun, le d\u00e9veloppement et la production de biens de consommation diff\u00e9renci\u00e9s r\u00e9pondant \u00e0 une demande oubli\u00e9e dans le tintamarre des m\u00e9dia peut int\u00e9resser \u00e0 la fois les march\u00e9s du tiers-monde et certains march\u00e9s du Nord, \u00e0 commencer par le march\u00e9 fran\u00e7ais. La reconqu\u00eate du march\u00e9 int\u00e9rieur au Nord comme au Sud ne devrait pas se r\u00e9duire \u00e0 un mim\u00e9tisme au rabais. Elle doit conduire \u00e0 une consommation diff\u00e9rente.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 167 ; \u00ab\u00a0La philosophie du FMI peut se justifier dans la logique d’une solution \u00e0 court terme de r\u00e9\u00e9quilibrage de la balance des paiements. Mais l’exp\u00e9rience prouve que le court terme s’allonge et que la mise en place des mesures de remise en ordre simultan\u00e9es de la soci\u00e9t\u00e9 par des r\u00e9gimes politiques autoritaires. En fait, les d\u00e9lais d’ajustement signifient un renversement des strat\u00e9gies de d\u00e9veloppement pass\u00e9es -quand elles existaient- et, dans tous les cas, une priorit\u00e9 accord\u00e9e aux exportations sur la demande int\u00e9rieure et la restructuration industrielle. Le r\u00e9tablissement de l’\u00e9quilibre ext\u00e9rieur, dont personne ne nie qu’il soit souhaitable (pas m\u00eame les partisans d’un d\u00e9veloppement endog\u00e8ne) puisqu’il signifie une r\u00e9duction de la contrainte ext\u00e9rieure, peut s’obtenir par d’autres voies que la d\u00e9flation. C’est, au fond, tout le pari de la nouvelle coop\u00e9ration. D’autre part, dans les n\u00e9gociations li\u00e9es au r\u00e9\u00e9chelonnement de la dette, les arguments en faveur de d\u00e9lais de gr\u00e2ce suffisants et de r\u00e9duction des taux font retrouver le raisonnement qui a pr\u00e9sid\u00e9 \u00e0 l’all\u00e8gement des r\u00e9parations allemandes telles qu’elles avaient \u00e9t\u00e9 fix\u00e9es par le trait\u00e9 de Versailles apr\u00e8s la Premi\u00e8re Guerre mondiale. Une position plus hardie consisterait \u00e0 plaider la th\u00e8se du pur et simple moratoire. Le transfert massif de ressources r\u00e9clam\u00e9 par les tenants d’un keyn\u00e9sianisme plan\u00e9taire se trouverait r\u00e9alis\u00e9 d’un seul coup. La relance par le tiers-monde aurait une chance d’entrer dans les faits, mais elle pourrait \u00eatre sans lendemain si les bases d’un d\u00e9veloppement autonome n’ont pas \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9s. Pendant un certain temps, la manne financi\u00e8re servirait \u00e0 acheter \u00e0 l’ext\u00e9rieur puis, avec son \u00e9puisement, les choses reviendraient au point de d\u00e9part. L’illusion p\u00e9troli\u00e8re, quatre si\u00e8cles apr\u00e8s celle de l’or des Am\u00e9riques, devrait mettre en garde contre les solutions trop simples.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 169-170 ; \u00ab\u00a0La r\u00e9duction de l’int\u00e9gration financi\u00e8re telle que nous l’avons d\u00e9finie pose finalement le probl\u00e8me d’un r\u00e9am\u00e8nagement du syst\u00e8me mon\u00e9taire international. L’abandon des r\u00e8gles de Bretton Woods n’a pas \u00e9t\u00e9 suivi par un effort v\u00e9ritable de reconstruction. L’initiative priv\u00e9e, \u00e0 travers le syst\u00e8me eurobancaire, a en fait pris la rel\u00e8ve des m\u00e9canismes officiels d\u00e9faillants. Il est ind\u00e9niable que les banques internationales ont \u00e9t\u00e9 effiscientes dans le recyclage des capitaux Nord-Sud. Mais cette efficacit\u00e9 ne s’est pas accompagn\u00e9e de structures garantissant la stabilit\u00e9 de l’ensemble.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 171 ; \u00ab\u00a0Le \u00ab\u00a0d\u00e9fi du d\u00e9veloppement ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb n’est pas une simple formule incantatoire : plus que jamais il r\u00e9pond \u00e0 une n\u00e9cessit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 173 ; \u00ab\u00a0Dans une p\u00e9riode o\u00f9 les pays industrialis\u00e9s attendent d\u00e9sesp\u00e9remment le retour de la prosp\u00e9rit\u00e9 pass\u00e9e et o\u00f9 la situation des \u00e9conomies se d\u00e9t\u00e9riore chaque jour davantage, il est plus urgent de tenter de mettre l’imagination au pouvoir pour sortir des conceptions p\u00e9rim\u00e9es et inefficaces. Il est de plus en plus \u00e9vident que ni le Nord ni le Sud ne peuvent s’en tirer seuls, chacun de leur c\u00f4t\u00e9. L’urgence des probl\u00e8mes favorise peut \u00eatre l’\u00e9mergence de nouvelles formes de coop\u00e9ration.\u00a0\u00bb<\/p>\n

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Le d\u00e9fi du d\u00e9veloppement ind\u00e9pendant, les conditions de la souverainet\u00e9 \u00e9conomique dans le Tiers-Monde Charles-Albert Michalet, \u00e9ditions Rochevignes, Paris, 1983. \u00ab\u00a0(…) Cette r\u00e9flexion part de l’analyse d\u00e9taill\u00e9e et sans complaisance de quelques exp\u00e9riences concr\u00e8tes de d\u00e9veloppement. Les cas de l’Alg\u00e9rie, de la Tanzanie et du Mexique, ainsi que celui des \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0},"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/887"}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=887"}],"version-history":[{"count":1,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/887\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":888,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/887\/revisions\/888"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=887"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}