{"id":313,"date":"2015-01-01T13:04:05","date_gmt":"2015-01-01T12:04:05","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=313"},"modified":"2015-01-18T11:32:24","modified_gmt":"2015-01-18T10:32:24","slug":"critique-de-la-domination","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=313","title":{"rendered":"Critique de la domination"},"content":{"rendered":"

Critique de la domination<\/h3>\n

\u00a0par Pierre L\u00e9vy<\/strong><\/p>\n

\"Cyberculture,[extraits]<\/p>\n

L’impuissance des acteurs \u00ab\u00a0m\u00e9diatiques\u00a0\u00bb <\/strong>
\nDans les sayn\u00e8tes \u00e0 la mode sur l’apocalypse virtuelle, certains professionnels de la
\n\u00ab\u00a0critique\u00a0\u00bb s’\u00e9vertuent \u00e0 faire jouer les marionnettes qui tenaient habituellement les
\npremiers r\u00f4les dans les spectacles moralisants d’antan : face aux Exclus et aux
\nPeuples du Tiers-monde (culpabilisants \u00e0 souhait!), voici les m\u00e9chants de toujours :
\nla Technique, le Capital, la Finance, les grandes Multinationales, les \u00c9tats.<\/p>\n

Certes, les plus puissants \u00c9tats peuvent agir marginalement sur les conditions,
\nfavorables ou d\u00e9favorables, de l’\u00e9panouissement du cyberespace. Mais ils sont
\nnotoirement impuissants \u00e0 orienter pr\u00e9cis\u00e9ment le d\u00e9veloppement d’un dispositif de
\ncommunication d\u00e9sormais inextricablement li\u00e9 au fonctionnement de l’\u00e9conomie et
\nde la technoscience plan\u00e9taire.<\/p>\n

La plupart des grandes transformations techniques de ces derni\u00e8res ann\u00e9es n’ont pas
\n\u00e9t\u00e9 d\u00e9cid\u00e9es par les grandes compagnies qui sont g\u00e9n\u00e9ralement les cibles pr\u00e9f\u00e9r\u00e9es
\ndes pleureuses critiques. En la mati\u00e8re, l’inventivit\u00e9 est parfaitement
\nimpr\u00e9visible et distribu\u00e9e. Le meilleur exemple \u00e0 cet \u00e9gard est le succ\u00e8s historique du
\nWorld Wide Web<\/em>. Lorsqu’au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990 la grande presse et la t\u00e9l\u00e9vision
\nparlaient de l’industrie du \u00ab\u00a0multim\u00e9dia\u00a0\u00bb et des \u00ab\u00a0autoroutes de l’information\u00a0\u00bb elles
\nmettaient en sc\u00e8ne de gros acteurs tels que le gouvernement des \u00c9tats-Unis, les
\npatrons de grandes soci\u00e9t\u00e9s de logiciel ou de mat\u00e9riel informatique, les op\u00e9rateurs du
\nc\u00e2ble ou des t\u00e9l\u00e9communications… Or, quelques ann\u00e9es plus tard force est de constater que les \u00ab\u00a0acteurs m\u00e9diatiques\u00a0\u00bb ont bien r\u00e9alis\u00e9 quelques fusions, quelques investissements industriels mais qu’ils n’ont pas infl\u00e9chi de mani\u00e8re significative le cours de l’\u00e9dification du cyberespace. Entre 1990 et 1996, la principale r\u00e9volution dans la communication num\u00e9rique plan\u00e9taire est venue d’une petite \u00e9quipe de chercheurs du CERN, \u00e0 Gen\u00e8ve, qui a mis au point le World Wide
\nWeb<\/em>. C’est le mouvement social de la cyberculture qui a fait du Web le succ\u00e8s que
\nl’on sait, en propageant un dispositif de communication et de repr\u00e9sentation qui
\ncorrespondait \u00e0 ses mani\u00e8res de faire et \u00e0 ses id\u00e9aux. Les \u00ab\u00a0critiques\u00a0\u00bb regardent la
\nt\u00e9l\u00e9vision, qui ne sait montrer que des t\u00eates d’affiche spectaculaires, alors que les
\n\u00e9v\u00e9nements importants se passent dans des processus d’intelligence collective
\nlargement distribu\u00e9s, invisibles, qui \u00e9chappent n\u00e9cessairement aux m\u00e9dias
\nclassiques. Le World Wide Web <\/em>n’a \u00e9t\u00e9 ni invent\u00e9, ni diffus\u00e9, ni aliment\u00e9 par des
\nmacro-acteurs m\u00e9diatiques comme Microsoft, IBM, ATT ou l’arm\u00e9e am\u00e9ricaine mais
\npar les cybernautes eux-m\u00eames.<\/p>\n

Quand la critique ne sait que mettre en sc\u00e8ne les \u00e9pouvantails d\u00e9moralisants de
\ntoujours et passe sous silence le mouvement social, l’ignore ou le calomnie, il est
\npermis de mettre en doute son caract\u00e8re progressiste.
\nExtraits de Cyberculture, rapport au Conseil de l’Europe<\/em> de Pierre L\u00e9vy. Paris, Odile Jacob, 1998.<\/p>\n

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Critique de la domination \u00a0par Pierre L\u00e9vy [extraits] L’impuissance des acteurs \u00ab\u00a0m\u00e9diatiques\u00a0\u00bb Dans les sayn\u00e8tes \u00e0 la mode sur l’apocalypse virtuelle, certains professionnels de la \u00ab\u00a0critique\u00a0\u00bb s’\u00e9vertuent \u00e0 faire jouer les marionnettes qui tenaient habituellement les premiers r\u00f4les dans les spectacles moralisants d’antan : face aux Exclus et aux Peuples \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1191,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0},"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/313"}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=313"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/313\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1199,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/313\/revisions\/1199"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/1191"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=313"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}