{"id":877,"date":"2015-01-11T23:31:00","date_gmt":"2015-01-11T22:31:00","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=877"},"modified":"2015-01-17T13:14:23","modified_gmt":"2015-01-17T12:14:23","slug":"miseres-de-labondance","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=877","title":{"rendered":"Mis\u00e8res de l’abondance"},"content":{"rendered":"

Les mis\u00e8res de l’abondance, sept questions sur la croissance<\/h3>\n

Jean Gray et Daniel Carri\u00e8re, \u00e9ditions Entente, Paris, 1975.<\/p>\n

 <\/p>\n

\u00ab\u00a0l’abondance des uns exige-t-elle la mis\u00e8re des autres ?…\u00a0\u00bb<\/p>\n

Jean Gray est un sp\u00e9cialiste de la formation professionnelle, il est, de 1960 \u00e0 1973, secr\u00e9taire de l’Entente Communautaire.<\/p>\n

Daniel Carri\u00e8re est consultant de l’O.C.D.E. et de l’O.N.U.D.I. .<\/p>\n

 <\/p>\n

extraits significatifs<\/em><\/p>\n

p. 17 ; \u00ab\u00a0Le travail de la femme \u00e0 la maison, de la m\u00e8re de famille, si important dans la vie d’une soci\u00e9t\u00e9, est n\u00e9glig\u00e9 par la science \u00e9conomique : il n’est pas r\u00e9tribu\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 17-19 ; \u00ab\u00a0Un ministre anglais du XIX\u00e8me si\u00e8cle a dit que le mensonge comportait trois degr\u00e9s ; le mensonge simple, le mensonge m\u00e9chant et… la statistique. Il ne faut pas trop se fier par exemple aux statistiques fiscales pour \u00eatre renseign\u00e9 sur l’importance des fortunes : aux Etats-Unis Henry Ford II n’a pas pay\u00e9 d’imp\u00f4t en 1970 !\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 29 ; \u00ab\u00a0(…) il faut pr\u00e9ciser que, comme tout syst\u00e8me \u00e9conomique, le syst\u00e8me actuel est une organisation de l’\u00e9conomie qui d\u00e9pend de l’histoire et de la culture d’une soci\u00e9t\u00e9 donn\u00e9e. Il a chang\u00e9 pour s’adapter aux \u00e9v\u00e8nements et, sans renier sa logique profonde, il change encore. Il peut continuer \u00e0 \u00e9voluer et, pourquoi pas, faire place \u00e0 une autre mani\u00e8re d’organiser l’\u00e9conomie, avec de nouvelles r\u00e8gles ?<\/p>\n

Comme la pluie et l’orage ?<\/span><\/em><\/p>\n

Aucune soci\u00e9t\u00e9 ne fait ce qu’elle veut sur le plan de l’\u00e9conomie. Elle est li\u00e9e par les contraintes mat\u00e9rielles. Il y aura toujours un am\u00e8nagement on\u00e9reux du monde, mais il n’est pas interdit d’organiser autrement cet am\u00e8nagement et ses cons\u00e9quences, d’une mani\u00e8re qui r\u00e9ponde mieux aux volont\u00e9s et aux besoins des hommes int\u00e9ress\u00e9s.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 36 ; \u00ab\u00a0Un sondage r\u00e9cent (1974) en France et en Hollande indiquait que devant les critiques de certains sur les m\u00e9faits de la croissance, 80 % des personnes interrog\u00e9es estimaient que la croissance devait continuait comme auparavant. Sans doute les motivations de ces 80 % \u00e9taient-elles diff\u00e9rentes, les unes visant plus d’investissements, d’autres encore l’affermissement de leur situation, et certaines peut-\u00eatre m\u00eame, la possibilit\u00e9 d’un mieux-\u00eatre social. Ces r\u00e9actions s’expliquent en r\u00e9alit\u00e9 par la mani\u00e8re dont le public est inform\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 43 ; \u00ab\u00a0Les embouteillages sur les routes et dans les villes, par la consommation accrue d’essence, augmentent le P.N.B. ! Il en est de m\u00eame des produits offerts pour pallier les nuisances, tel l’oxyg\u00e8ne que l’on peut respirer dans les rues de Tokyo par des distributeurs automatiques moyennant quelques pi\u00e8ces de monnaie !\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 44-45 ; \u00ab\u00a0Les conditions de travail ont beaucoup \u00e9volu\u00e9 en cent ans. Il faut se souvenir de la mis\u00e8re du prol\u00e9tariat au cours du XIX\u00e8me si\u00e8cle. Sous l’influence des luttes sociales, beaucoup de changements ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s sur ce plan-l\u00e0. Si lents et si difficiles \u00e0 obtenir qu’ils furent, ils n’en constituent pas moins des progr\u00e8s r\u00e9els dans la condition des travailleurs. Or, ils ne sont pas du tout pris en compte dans l’\u00e9volution chiffr\u00e9e de la croissance \u00e9conomique. Il faut m\u00eame remarquer que, loin \u00eatre pris en compte, ils ont \u00e9t\u00e9 le plus souvent jug\u00e9s par les industriels et les \u00e9conomistes comme des obstacles \u00e0 la croissance de la production. On pourrait citer d’\u00e9difiantes affirmations concernant par exemple la journ\u00e9e de huit heures, le repos du dimanche ou les cong\u00e9s pay\u00e9s. Et encore aujourd’hui, beaucoup de revendications tout \u00e0 fait l\u00e9gitimes sont consid\u00e9r\u00e9es de la m\u00eame mani\u00e8re.<\/p>\n

Si cet apport positif n’est pas compt\u00e9, beaucoup de pertes occasionn\u00e9es par la croissance, parce qu’elles ne peuvent pas \u00eatre comptabilis\u00e9es, ne sont pas non plus d\u00e9duites de l’indice. En voici quelques exemples : la fatigue impos\u00e9e \u00e0 certains travailleurs par les transports quotidiens, la suj\u00e9tion et l’abrutissement support\u00e9s pendant les longues heures pass\u00e9es sur les lieux de travail, les agressions de l’environnement, etc., toutes ces pertes r\u00e9elles n’apparaissent nulle part dans les calculs \u00e9conomiques. Il faudrait y ajouter les m\u00e9faits de l’urbanisation sur la sant\u00e9 physique et morale dans les grandes agglom\u00e9rations, o\u00f9 les bidonvilles dessinent une frange mis\u00e9rable, et aussi la d\u00e9t\u00e9rioration du cadre naturel o\u00f9 autrefois les travailleurs pouvaient facilement prendre des plaisirs qui ne co\u00fbtaient rien. La preuve est faite maintenant qu’ils valent quelque chose, puisque, devenus rares, ceux qui en ont les moyens doivent les acheter.<\/p>\n

(…) Ainsi les services rendus gratuitement par des personnes b\u00e9n\u00e9voles pour l’\u00e9ducation, la sant\u00e9, les loisirs. De m\u00eame, le travail des femmes au foyer et des m\u00e8res de famile pour l’\u00e9ducation des enfants.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 47 ; \u00ab\u00a0De jeunes \u00e9conomistes am\u00e9ricains ont montr\u00e9 qu’on pouvait r\u00e9duire de moiti\u00e9 le P.N.B. des Etats-Unis sans r\u00e9duire pour autant le bien-\u00eatre de chaque Am\u00e9ricain. Il suffirait de diminuer les d\u00e9penses d’armement (on \u00e9tait alors dans la guere du Vi\u00eat-nam -mais les fournitures continuent ailleurs), les d\u00e9penses de publicit\u00e9, le gaspillage, la consommation ostentatoire et inutile, les d\u00e9penses de prestige, les investissements politiques pour soutenir tel gouvernement dictatorial d’Am\u00e9rique du Sud ou en renverser d’autres, moins favorables aux int\u00e9r\u00eats am\u00e9ricains, etc. M\u00eame si ces propos rev\u00eatent quelque exag\u00e9ration, ils ont l’int\u00e9r\u00eat de d\u00e9mythifier un indice de croissance qui ne saurait \u00eatre assimil\u00e9 au mieux-\u00eatre des citoyens et dont l’augmentation ne saurait en aucun cas passer pour une augmentation du bien-\u00eatre ou du progr\u00e8s social.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 72 ; \u00ab\u00a0Par un mauvais usage du sol, l’homme accro\u00eet les d\u00e9serts : ainsi le Sahara s’\u00e9tend de 12 000 hectares tous les ans.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 73 , \u00ab\u00a0Il faut abattre environ dix-sept arbres pour obtenir une tonne de papier. Aux Etats-Unis, la consommation de papier est de 65 millions de tonnes par an.<\/p>\n

(…) Apr\u00e8s l’\u00e9rosion hydraulique vient l’\u00e9rosion du vent, puis les temp\u00e8tes de sable. Des d\u00e9serts entiers, en Libye, en Inde, au Br\u00e9sil, ont \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9s par l’homme et lui doivent leur st\u00e9rilit\u00e9…\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 76 ; \u00ab\u00a0Sur le plan physique, les r\u00e9serves connues de nombreuses mati\u00e8res premi\u00e8res repr\u00e9sentent peu d’ann\u00e9es de consommation au niveau actuel et encore moins si la croissance continue au m\u00eame rythme que pr\u00e9c\u00e9demment.<\/p>\n

On peut compter dix-sept ans pour le plomb, vingt ans pour le zinc, en prenant comme base de calcul la consommation mondiale de 1972.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 118 ; \u00ab\u00a0Un des premiers th\u00e9oriciens du syst\u00e8me, Adam Smith, apr\u00e8s avoir d\u00e9crit comment on doit fabriquer une \u00e9pingle en une multitude d’op\u00e9rations, comme si chaque op\u00e9ration \u00e9tait un m\u00e9tier particulier, a expliqu\u00e9 les cons\u00e9quences de ce syst\u00e8me, tout en semblant les appr\u00e9cier : \u00ab\u00a0Un homme<\/em>, \u00e9crit-il, qui passe toute sa vie \u00e0 remplir un petit nombre d’op\u00e9rations simples dont les effets sont ainsi toujours les m\u00eames, ou tr\u00e8s aproximativement les m\u00eames, n’a pas lieu d’exercer son intelligence, ni d’exercer son imagination \u00e0 chercher des exp\u00e9dients pour \u00e9viter des difficult\u00e9s qui ne\u00a7viennent jamais, il perd donc naturellement l’habitude de d\u00e9ployer ou d’exercer ses facult\u00e9s et devient en g\u00e9n\u00e9ral aussi stupide et ignorant qu’il soit possible \u00e0 une cr\u00e9ature humaine de le devenir<\/em>.\u00a0\u00bb On ne peut trouver critique plus cinglante de ce mode d’organisation chez un de ceux qui l’ont propag\u00e9 dans la mesure m\u00eame o\u00f9 il le consid\u00e8re comme favorable \u00e0 la production. Ce texte fait d’ailleurs \u00e9cho aux d\u00e9clarations de Taylor, le th\u00e9oricien de l’organisation scientifique du travail, du \u00ab\u00a0taylorisme\u00a0\u00bb.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 131 ; \u00ab\u00a0L’origine historique du sous-d\u00e9veloppement dans les pays du Tiers-Monde vient de l’int\u00e9gration de ces pays dans le march\u00e9 capitaliste international. Cette int\u00e9gration remonte, pour l’Am\u00e9rique latine, au XVII\u00e8me si\u00e8cle, car le commerce occidental avait d\u00e9j\u00e0, avant l’industrialisation, inaugur\u00e9 cette int\u00e9gration. Elle se situe au XIX\u00e8me si\u00e8cle pour l’Orient arabe et l’Asie, pratiquement au XX\u00e8me si\u00e8cle pour l’Afrique noire.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 142-143 ; \u00ab\u00a0Jusqu’\u00e0 maintenant, le partage entre pays riches et pays pauvres se faisait essentiellement par la valeur de transformation ajout\u00e9e par le travail \u00e0 la mati\u00e8re premi\u00e8re. Les transformations qui avaient le plus de valeur se situaient dans les pays riches ou sous leur contr\u00f4le. Les transformations aux valeurs les plus faibles, fond\u00e9es sur l’emploi d’une main-d’oeuvre peu qualifi\u00e9e et non pas sur l’emploi d’un capital technique mat\u00e9riel et immat\u00e9riel (la recherche) important, se situant dans les pays pauvres.<\/p>\n

Cette voie nouvelle va changer compl\u00e8tement cette situation et amener \u00e0 une nouvelle division internationale du travail.<\/p>\n

C’est d\u00e9j\u00e0 une esp\u00e8ce de r\u00e9volution.<\/p>\n

Les industries occidentales, du moins une tr\u00e8s grande partie d’entre elles, ne pourront plus, \u00e0 cause du prix excessif, utiliser la grande quantit\u00e9 de mati\u00e8res premi\u00e8res et d’\u00e9nergie qu’elles utilisaient auparavant. Elles devront se reconvertir et s’orienter vers des activit\u00e9s \u00e0 faible utilisation de mati\u00e8re grise, vers les services, la recherche, l’ing\u00e9ni\u00e9rie, la formation, vers les biens d’\u00e9quipement, la m\u00e9canique de pr\u00e9cision, l’information, les t\u00e9l\u00e9communications, etc.<\/p>\n

Le probl\u00e8me de la main-d’oeuvre se posera \u00e9galement \u00e0 plus ou moins long terme. Les industries du secteur capitaliste ont utilis\u00e9 pour leur croissance non seulement un potentiel de mati\u00e8res premi\u00e8res et d’\u00e9nergie \u00e0 bon march\u00e9, mais aussi un potentiel consid\u00e9rable de main-d’oeuvre immigr\u00e9e. Or, dans la mesure o\u00f9 les pays du Tiers-Monde pourront d\u00e9velopper une industrie importante, ils devront, pour le d\u00e9veloppement de leurs pays, non seulement cr\u00e9er des industries \u00e0 investissement lourd, mais aussi des industries l\u00e9g\u00e8res de transformation \u00e0 forte utilisation de main-d’oeuvre. D\u00e8s lors les travailleurs de ces pays pourront rester chez eux et les \u00e9conomies des pays riches devront se passer d’une main-d’oeuvre que leur pays d’origine pourront utiliser.<\/p>\n

Il s’agit certes dans tout cela d’une perspective \u00e0 long terme. Mais si les r\u00e9alisations sont encore tr\u00e8s r\u00e9duites -le changement est tout r\u00e9cent – d\u00e9j\u00e0 le mouvement est en marche. Des pays comme l’Alg\u00e9rie et l’Iran s’y acheminent.\u00a0\u00bb soci\u00e9t\u00e9s dites d\u00e9velopp\u00e9es s’orientent vers les services alors que certains pays du Tiers-Monde r\u00e9cup\u00e8rent l’initiative dans l’industrie. Alg\u00e9rie, Iran.<\/p>\n

p. 144 ; Solidarit\u00e9 syndicale face aux miltinationales.\u00a0\u00bbDes mouvements de solidarit\u00e9 ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 engag\u00e9s. Les travailleurs d’une usine turque de la soci\u00e9t\u00e9 allemande Hoechst ont vu leurs revendications aboutir gr\u00e2ce \u00e0 la solidarit\u00e9 des travailleurs allemands de la m\u00eame soci\u00e9t\u00e9, apr\u00e8s une gr\u00e8ve de soixante-cinq jours.<\/p>\n

Une gr\u00e8ve de cinquante-trois jours aux usines de Tokyo et de Kob\u00e9 de la soci\u00e9t\u00e9 Tesco dont le si\u00e8ge est \u00e0 Gen\u00e8ve s’est termin\u00e9e par une victoire gr\u00e2ce \u00e0 la solidarit\u00e9 des travailleurs de la m\u00eame firme dans plus d’une douzaine de pays.<\/p>\n

Dans toutes les filiales \u00e9trang\u00e8res d’Air Liquide de dix pays ont \u00e9t\u00e9 organis\u00e9s des arr\u00eats de travail pour soutenir les travailleurs fran\u00e7ais en gr\u00e8ve dans huit usines de cette soci\u00e9t\u00e9 en France. Aux Etats-Unis, les travailleurs en gr\u00e8ve de la fabrique de biscuits Nabisco furent soutenus par les travailleurs des filiales de la m\u00eame soci\u00e9t\u00e9 dans les diff\u00e9rents pays o\u00f9 elles existent (Danemark, France, R.F.A., Italie, Espagne, Royaume-Uni, Mexique, Venezuela, Australie et Nouvelle-Zelande). Des arr\u00eats de travail furent organis\u00e9s. La lutte s’acheva victorieusement. Des conseils mondiaux existent \u00e9galement dans l’industrie automobile, pour chaque grande firme qui poss\u00e8de des usines dans le monde entier : General Motors, Ford, Fiat, Chrysler, Volkswagen, Mercedes, etc.<\/p>\n

(…) On a vu r\u00e9cemment dans un congr\u00e8s syndical de la m\u00eame conf\u00e9d\u00e9ration internationale s’affronter les travailleurs des uns et des autres pays dont les int\u00e9r\u00eats ne concordaient pas.\u00a0\u00bb int\u00e9r\u00eats divergent entre travailleurs du Nord et du Sud<\/p>\n

p. 150 ; Des chiffres accusateurs…<\/span><\/em><\/p>\n

Les chiffres ici sont significatifs :<\/p>\n

15 % de la population du globe s’approprient 85 % de la production mondiale. Si tout continuait comme maintenant, dans vingt ans, 90 % de l’ensemble des produits du globe appartiendraient \u00e0 10 % seulement de la population..<\/p>\n

(…) 60 % de la population mondiale ont donc moins de 2200 calories par jour : ce sont ceux qui ont faim.<\/p>\n

On estime qu’environ 150 millions de m\u00e8res et de jeunes enfants sont dans ce cas.<\/p>\n

Nous pouvons lire dans un livre r\u00e9cent que la production industrielle de nourriture pour chiens a repr\u00e9sent\u00e9 par chien am\u00e9ricain environ ce que gagne en moyenne chaque Indien.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 152-153 ; \u00ab\u00a0Un sp\u00e9cialiste issu du Tiers-Monde \u00e9crivait : \u00ab\u00a0La faim est un produit indirect de la croissance \u00e9conomique, comme ailleurs les maladies cardio-vasculaires et de d\u00e9g\u00e9n\u00e9rescence.<\/em><\/p>\n

Au fond, ces deux groupes de maladies, de civilisation et de carence, sont produits par ce m\u00eame despotisme de la fr\u00e9n\u00e9tique civilisation du profit. Les unes produites directement sur place, les autres produites indirectement \u00e0 distance<\/em> .\u00a0\u00bb<\/p>\n

(…) Les Etats-Unis comprennent seulement 6 % de la population mondiale. Or, ils consomment pour eux-m\u00eame (1970) 40 % de la production mondiale de p\u00e2te \u00e0 papier, 36 % des combustibles fossiles, 25 % de l’acier et des engrais, 20 % du coton. Si l’on ajoute \u00e0 la consommation des Etats-Unis celle des autres pays industrialis\u00e9s, on arrive aux chiffres cit\u00e9s plus haut : 85 % des produits pour 15 % de la population.<\/p>\n

(…) Les chiffres eux-m\u00eames l’indiquent. Le revenu moyen par habitant en Birmanie, en Indon\u00e9sie, au Burundi \u00e9tait en 1973 pr\u00e8s de 80 fois inf\u00e9rieur \u00e0 celui d’un habitant des Etats-Unis.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 154 ; \u00ab\u00a0Plus de 500 millions d’habitants de la terre ont un revenu annuel compris entre 300 et 500 francs, tandis que 220 millions ont plus de 20 000 francs, soit de 40 \u00e0 60 fois plus.<\/p>\n

Les chiffres, nous le savons d\u00e9j\u00e0, donnent des moyennes et renseignent gu\u00e8re sur la r\u00e9alit\u00e9. Indiquer pour un pays le revenu moyen par habitant n’apprend rien sur la mani\u00e8re dont on peut vivre avec de si pauvres ressources, ni la r\u00e9partition de la consommation dans ce pays.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 160-161 ; \u00ab\u00a0D’apr\u00e8s l’Institut de la Statistique, en 1972, le salaire moyen du salari\u00e9 \u00e9tait de 1830 francs, ce qui veut dire que la moiti\u00e9 des salari\u00e9s \u00e9taient au dessous de ce chiffre.<\/p>\n

D’apr\u00e8s les revenus d\u00e9clar\u00e9s, les 10 % des hauts salaires \u00e9taient 28 fois plus importants que les 10 % les plus bas.<\/p>\n

3000 gros contribualbles d\u00e9claraient 400 000 francs de revenu imposable, soit 1100 francs par jour.<\/p>\n

L’\u00e9cart d’un manoeuvre \u00e0 un P.D.G. \u00e9tait en moyenne de 1 \u00e0 25.<\/p>\n

Les principaux dirigeants des grandes soci\u00e9t\u00e9s fran\u00e7aises -elles sont cit\u00e9es dans l’enqu\u00eate- soit 5 \u00e0 10 personnes -touchent en moyenne de 500 000 \u00e0 600 000 francs par an. Quand le PD.G. est propri\u00e9taire de son affaire, ce chiffre peut doubler ou quadrupler.<\/p>\n

Il s’agit ici de revenus d\u00e9clar\u00e9s. On sait qu’ils sont inf\u00e9rieurs aux revenus r\u00e9els. Pour les dirigeants d’entreprises, par exemple, s’ajoutent les frais de repr\u00e9sentation, de voyage, la voiture de fonction, les commissions de toutes sortes, etc…<\/p>\n

Et quand ces revenus ne sont pas des salaires, ils peuvent \u00eatre encore plus loin de la r\u00e9alit\u00e9.Ainsi pour les professions lib\u00e9rales d’un haut niveau, les promoteurs immobiliers, les gros commer\u00e7ants, les gros agriculteurs, les vedettes du \u00ab\u00a0show business\u00a0\u00bb, etc…<\/p>\n

Ces chiffres seront jug\u00e9s diff\u00e9remment -suivant l’id\u00e9e qu’on se fait de l’\u00e9quit\u00e9.<\/p>\n

Mais ils ne sont qu’une cons\u00e9quence de l’orientation donn\u00e9e au syst\u00e8me \u00e9conomique dans son ensemble- et c’est cela sans doute le plus important…\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 166 ; \u00ab\u00a0Une revue \u00e9conomique am\u00e9ricaine \u00e0 grand tirage l’exprime ainsi :<\/p>\n

\u00ab\u00a0Le citoyen am\u00e9ricain vit en \u00e9tat de si\u00e8ge, de l’aube jusqu’au moment o\u00f9 il se couche… Pratiquement tout ce qu’il voit, entend, touche, go\u00fbte ou sent, repr\u00e9sente un effort pour lui vendre quelque chose.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 170 ; \u00ab\u00a0En fait, la grande majorit\u00e9 de la population ne t\u00e9moigne pas, contrairement \u00e0 ce que croient ceux qui vantent la consommation opulente, d’une pr\u00e9f\u00e9rence inconditionnelle et spontan\u00e9e pour ce qui est offert et pour les choix qu’impose la soci\u00e9t\u00e9 \u00e9conomique. Mais on est pris dans l’engrenage du mode de vie et on est incapable de d\u00e9finir et de pr\u00e9f\u00e9rer autre chose.<\/p>\n

Ainsi se trouvent refoul\u00e9s de vrais besoins, comme les besoins de cr\u00e9ation, d’activit\u00e9 autonome, de culture, de communication, de solidarit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 172-173 ; \u00ab\u00a0Des mouvements de consommateurs, des syndicats, des associations familiales, des organisations, comme en France, le Laboratoire coop\u00e9ratif, essaient d’alerter l’opinion sur les probl\u00e8mes pos\u00e9s par la domination de la production et l’id\u00e9ologie de la croissance.<\/p>\n

(…) Mais l’exemple le plus caract\u00e9ristique reste l’action men\u00e9e aux Etats-Unis par un jeune avocat, Ralph Nader, qui, dit-il, a voulu \u00ab\u00a0montrer \u00e0 la masse des citoyens comment elle est m\u00e9pris\u00e9e, manipul\u00e9e, domin\u00e9e et vol\u00e9e par les pratiques des groupes priv\u00e9s et de leurs d\u00e9fenseurs patent\u00e9s au sein de l’Etat<\/em> \u00ab\u00a0<\/p>\n

(…) \u00ab\u00a0La fraude et la tromperie sont devenues pratiques courantes dans une industrie apr\u00e8s l’autre. Quand les industriels font fabriquer des choses, leur souci n’est jamais le bien-\u00eatre des gens. L’eau, l’air et les produits chimiques qu’ils injectent dans les aliments ont une seule fonction : accro\u00eetre leur poids et donc augmenter le profit. Par la seule injection d’eau dans les poulets on vole 34 millions de dollars par an dans la poche des consommateurs. Selon une estimation d’un s\u00e9nateur, plus du quart des produits achet\u00e9s chaque ann\u00e9e sont d\u00e9pourvus de toute valeur d’usage. La fonction \u00e9conomique de la tromperie n’est pas seulement de majorer les profits : elle sert aussi \u00e0 stimuler la croissance \u00e9conomique.<\/em><\/p>\n

Celle-ci a cess\u00e9 d’\u00eatre synonyme de mieux-\u00eatre ; dans une large mesure, la croissance r\u00e9fl\u00e8te seulement l’essor d’industries et de services parasitaires qui r\u00e9parent les d\u00e9fauts de produits et services qu’on nous vend en premier lieu. Prenez l’exemple des pare-chocs : ils sont con\u00e7us de mani\u00e8re que la collision de deux voitures roulant au pas cause \u00e0 chacune d’elles une moyenne de 1250 francs de d\u00e9g\u00e2ts. Gr\u00e2ce \u00e0 quoi, le march\u00e9 des pi\u00e8ces rechange et des r\u00e9parations repr\u00e9sente aux Etats-Unis 500 millions ,de dollars par an. Voici un exemple de croissance fond\u00e9e sur la tromperie, sur la consommation forc\u00e9e<\/em>.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 202 ; \u00ab\u00a0(…) ces pr\u00eats sont g\u00e9n\u00e9ralement \u00ab\u00a0li\u00e9s\u00a0\u00bb, c’est-\u00e0-dire que les b\u00e9n\u00e9ficiaires doivent obligatoirement acheter les produits offerts par les pays pr\u00eateurs, sans qu’ils puissent juger ni du prix, ni de la qualit\u00e9, ni des frais annexes (le transport par exemple). Un rapport am\u00e9ricain estime que les pays emprunteurs perdent ainsi 20 % de la somme pr\u00eat\u00e9e.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 205 ; \u00ab\u00a0(…) selon la maxime du sage chinois : \u00ab\u00a0Beaucoup doivent produire la richesse, peu la consommer.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 209 ; \u00ab\u00a0Selon certains, dans les ann\u00e9es 80, 200 \u00e0 300 firmes g\u00e9antes assureront 75 % de toutes les productions mondiales, domineront tout le commerce international et contr\u00f4leront les trois quarts de la richesse industrielle du monde \u00ab\u00a0occidental\u00a0\u00bb. Sur les 100 plus grandes puissances \u00e9conomiques mondiales, class\u00e9es d’apr\u00e8s leur Produit National Brut (P.N.B.), 49 sont des Etats, 51 sont des soci\u00e9t\u00e9s multinationales. La General Motors vient au 11\u00e8me rang, entre la Su\u00e8de et les Pays-Bas, la Standard Oil au 15 \u00e8me rang entre la Belgique et le Danemark. Mais leur taux de croissance est plus rapide que celui des Etats. Pour mieux caract\u00e9riser ces empires \u00e9conomiques, voici deux exemples aux noms tr\u00e8s connus.<\/p>\n

I.B.M., qui couvre 70 % du march\u00e9 mondial de l’informatique, des ordinateurs, a un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars. Ses r\u00e9serves en capital sont \u00e9normes : 3,8 milliards de dollars. Elle poss\u00e8de 93 usines ou laboratoires aux Etats-Unis, en Europe, au Japon, en Am\u00e9rique latine et emploie 275 000 personnes.<\/p>\n

I.B.M., c\u00e9l\u00e8bre en raison du complot ourdi au Chili contre le gouvernement Allende, a 1000 soci\u00e9t\u00e9s dans 70 pays, 400 000 employ\u00e9s et a fait en 1970 un chiffre d’affaires de 10 milliards de dollars. Elle contr\u00f4le en France, entre autres, L.M.T., L.T.T.,C.G.C.T., Oc\u00e9anic, Sonolor, Pigier, Claude, Ph\u00e9nix, etc.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 213 ; \u00ab\u00a0Ces avoirs en argent, en actions, en biens fonciers, ou en biens d’\u00e9quipement, qui produisent 90 % de la richesse mondiale, sont entre les mains d’un tr\u00e8s petit nombre de gens.<\/p>\n

Aux Etats-Unis, 6 % poss\u00e8dent 65 % de ces avoirs.<\/p>\n

En Europe, la proportion est encore plus forte.<\/p>\n

En Allemagne (R.F.A.), 1,70 % de la population poss\u00e8dent 70 % du capital priv\u00e9.<\/p>\n

En France, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, 1 \u00e0 3 % de la population poss\u00e8dent 40 \u00e0 50 % de la fortune nationale et 75 \u00e0 85 % des industries et du capital industriel.\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 216-217 ; \u00ab\u00a0L’esprit du syst\u00e8me capitaliste n’a jamais \u00e9t\u00e9 mieux exprim\u00e9 ni autant \u00e0 l’\u00e9tat pur qu’il y a bien longtemps par un Am\u00e9ricain c\u00e9l\u00e8bre, Benjamin Franklin, l’inventeur du paratonnerre :<\/p>\n

\u00ab\u00a0Rappelle-toi<\/em>, \u00e9crivait-il au XVIII\u00e8me si\u00e8cle, que le temps est de l’argent ; celui qui pourrait en un jour gagner dix shillings et qui, pendant la moiti\u00e9 du jour, se prom\u00e8ne ou paresse dans sa chambre, quand il n’aurait d\u00e9pens\u00e9 que six pence pour son plaisi, doit compter qu’en outre il a d\u00e9pens\u00e9 ou plut\u00f4t jet\u00e9 cinq shillings \u00e0 l’eau. Rappelle-toi que la puissance g\u00e9nitale et la f\u00e9condit\u00e9 appartienent \u00e0 l’argent. L’argent engendre l’argent et les rejetons peuvent engendrer \u00e0 leur tour et ainsi de suite. Cinq shillings se changent en six, puis en sept shillings trois pence et ainsi de suite jusqu’\u00e0 devenir une livre sterling. L’argent produit d’autant plus qu’il y en a davantage, de telle sorte que le profit cro\u00eet de plus en plus vite. Celui qui tue une truie an\u00e9antit sa descendance jusqu’au millier. Celui qui tue une pi\u00e8ce de cinq shillings assassine tout ce qu’elle aurait pu produire : des colonnes enti\u00e8res de livres sterling<\/em> .\u00a0\u00bb<\/p>\n

p. 222 ; \u00ab\u00a0(…) l’\u00e9conomie est la science des moyens et non la science des fins. Elle est une technique, capable d’assurer dans les meilleures conditions le bon fonctionnement de l’appareil de production, dont la seule r\u00e8gle est l’efficacit\u00e9. Le reste est du ressort de la morale et de la politique.\u00a0\u00bb<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Les mis\u00e8res de l’abondance, sept questions sur la croissance Jean Gray et Daniel Carri\u00e8re, \u00e9ditions Entente, Paris, 1975.   \u00ab\u00a0l’abondance des uns exige-t-elle la mis\u00e8re des autres ?…\u00a0\u00bb Jean Gray est un sp\u00e9cialiste de la formation professionnelle, il est, de 1960 \u00e0 1973, secr\u00e9taire de l’Entente Communautaire. Daniel Carri\u00e8re est \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-877","page","type-page","status-publish","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/877","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=877"}],"version-history":[{"count":1,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/877\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":878,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/877\/revisions\/878"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=877"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}