{"id":853,"date":"2015-01-09T00:48:05","date_gmt":"2015-01-08T23:48:05","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=853"},"modified":"2015-01-17T13:10:12","modified_gmt":"2015-01-17T12:10:12","slug":"bibliotheque","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=853","title":{"rendered":"Complexite(s)"},"content":{"rendered":"
\n \u00a0Lorsqu\u2019il y a une quinzaine d\u2019ann\u00e9es j\u2019entrepris une s\u00e9rie d\u2019entretiens semi-directifs avec une cinquantaine de scientifiques du monde entier, je pensais que la complexit\u00e9 \u00e9tait une notion fondamentale des nouvelles humanit\u00e9s scientifiques et qu\u2019il importait d\u2019en comprendre ses facettes, ses m\u00e9canismes et ses propri\u00e9t\u00e9s. Avec le recul, je me rends compte aujourd\u2019hui que la complexit\u00e9 est plus que jamais le d\u00e9fi \u00e0 penser, mais que d\u00e9sormais c\u2019est dans le soci\u00e9tal et le culturel qu\u2019elle se reterritorialise.<\/p>\n Car s\u2019il me fallait r\u00e9sumer la situation actuelle de l\u2019humanit\u00e9 en un mot, ce serait celui de complexit\u00e9(s)<\/i>. Le pluriel est de circonstance, mais il est entre parenth\u00e8ses, car c\u2019est plut\u00f4t l\u2019infinitif du processus, la forme nominale de l\u2019action qu\u2019il s\u2019agit de capter. Il faudrait parler plus pr\u00e9cis\u00e9ment de complexification, d\u2019une action en cours, d\u00e9multiplicatrice, se r\u00e9pandant partout en vari\u00e9t\u00e9s et en variations continu\u00e9es, et ce \u00e0 diff\u00e9rentes \u00e9chelles d\u2019espace et de temps. Pour d\u00e9crire l\u2019\u00e9tat de notre monde, le mot complexit\u00e9<\/i> exprime intuitivement assez bien l\u2019id\u00e9e de l\u2019intrication des \u00e9v\u00e9nements, la dimension critique de ph\u00e9nom\u00e8nes mineurs qui ont des cons\u00e9quences majeures, ou encore l\u2019incertitude de l\u2019avenir et le r\u00e9tr\u00e9cissement de l\u2019espace et du temps du fait de notre empreinte \u00e9cologique. Le monde a cess\u00e9 d\u2019\u00eatre simple, et le mode de vie des soci\u00e9t\u00e9s contemporaines est le produit de cette transformation sophistiqu\u00e9e et irr\u00e9versible.<\/p>\n Nature, culture, science, soci\u00e9t\u00e9, \u00e9conomie, politique\u2026, chaque champ de notre r\u00e9alit\u00e9 est d\u00e9sormais soumis \u00e0 un rythme de changement sans pr\u00e9c\u00e9dent : la biosph\u00e8re tout enti\u00e8re r\u00e9sonne dor\u00e9navant de nos activit\u00e9s et artefacts, de notre mani\u00e8re d\u2019habiter l\u2019espace et le temps, de notre usage de ressources vuln\u00e9rables et \u00e9puisables (telles que l\u2019eau et l\u2019air !), de notre d\u00e9chetterie plastique (devenue le septi\u00e8me continent, \u00e9tal\u00e9 sur quelque 3,4 millions de km2<\/sup> au Pacifique nord !) et de nos d\u00e9jections en tous genres. Tout a chang\u00e9 en nous et autour de nous en quelques ann\u00e9es seulement, comme si nous avions franchi un \u00ab mur du sens \u00bb, un seuil critique, et que nous entamions une mutation majeure de l\u2019humanit\u00e9 en tant qu\u2019esp\u00e8ce. Ce que nous vivons \u00e0 travers nos activit\u00e9s, nos relations et nos interactions \u00e9tait absolument impensable et inconcevable il y a un si\u00e8cle pour des individus qui, g\u00e9n\u00e9ration apr\u00e8s g\u00e9n\u00e9ration, vivaient au sein d\u2019un m\u00eame voisinage, apprenaient le m\u00eame type de connaissance, accomplissaient le m\u00eame travail, \u00e9taient assujettis \u00e0 la m\u00eame culture, enferm\u00e9s au sein de la m\u00eame classe sociale, etc. Comment pouvons-nous appr\u00e9hender la dynamique qui nous affecte, nous augmente \u00e0 la fois en puissance et en fragilit\u00e9 ? Disposons-nous d\u2019une grammaire particuli\u00e8re, de principes et de th\u00e9or\u00e8mes pouvant jeter quelque lumi\u00e8re sur le d\u00e9fi de la complexit\u00e9 \u2013 ce que tout un chacun peut intuitivement percevoir mais qui reste, dans une logique strictement cart\u00e9sienne, hors d\u2019atteinte<\/i> ?<\/p>\n Une rationalit\u00e9 \u00e9tendue<\/b><\/p>\n Pour saisir l\u2019importance de la complexit\u00e9, il faut revenir sur le fait que de nombreux ph\u00e9nom\u00e8nes restent justement hors d\u2019atteinte selon la m\u00e9thode scientifique classique, celle du r\u00e9ductionnisme. Disons alors que la complexit\u00e9 d\u00e9ploie une rationalit\u00e9 non pas r\u00e9tr\u00e9cie, r\u00e9duite, mais une rationalit\u00e9 \u00e9tendue, \u00e9largie, enrichie, \u00e0 la mesure justement de l\u2019extension de notre puissance d\u2019agir et de notre sph\u00e8re cognitive. La complexit\u00e9 n\u2019a rien de mystique, de mythologique, de th\u00e9ologique, elle est mise en acte scientifique d\u2019une extension de la raison appliqu\u00e9e \u00e0 une r\u00e9alit\u00e9 qui d\u00e9borde de (com)possibilit\u00e9s dont seules des bifurcations impr\u00e9visibles actualisent telle ou telle virtualit\u00e9 parmi d\u2019autres. Pour justement traiter en \u00e9quations physico-math\u00e9matiques des ph\u00e9nom\u00e8nes autrement hors d\u2019atteinte, il faut avoir recours \u00e0 une rationalit\u00e9 qui a la particularit\u00e9 d\u2019\u00eatre \u00e0 la fois plus vaste et moins pr\u00e9tentieuse dans son traitement des \u00ab touts sophistiqu\u00e9s \u00bb qu\u2019elle embrasse. Cette rationalit\u00e9 va \u00e0 rebours du r\u00e9ductionnisme, cherche \u00e0 rendre compte des causalit\u00e9s non lin\u00e9aires qui agissent, insistent et persistent dans des \u00ab touts \u00bb, des syst\u00e8mes qui ont la particularit\u00e9 d\u2019\u00eatre d\u00e9nu\u00e9s de centre de contr\u00f4le ou de cha\u00eene de commandement. Cette rationalit\u00e9 ou nouvelle mani\u00e8re de voir le monde postule la pr\u00e9\u00e9minence de la relation sur l\u2019objet, elle confirme l\u2019objectivation des liens \u2013 et leur exploration combinatoire \u2013 entre les entit\u00e9s, les particules, les corpuscules, les \u00eatres vivants ou techniques, les objets physiques ou math\u00e9matiques. La complexit\u00e9 contribue donc \u00e0 renouveler notre vision : le r\u00e9el nous appara\u00eet fait d\u2019une \u00e9toffe dont la maille fibreuse est tout en filaments r\u00e9ticulaires et en fins entrelacs.<\/p>\n Une physique de l\u2019immanence<\/b><\/p>\n La science r\u00e9ductionniste postule l\u2019existence d\u2019une approche transcendantale de la connaissance : on part d\u2019une certaine hauteur (qui conf\u00e8re \u00e0 l\u2019observateur un \u00ab tr\u00f4ne d\u2019assurance \u00bb et une \u00ab extraterritorialit\u00e9 \u00bb) pour descendre progressivement, creuser toujours plus et s\u2019enfoncer en r\u00e9alit\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 atteindre des parties \u00e9l\u00e9mentaires que l\u2019on met en coupe par toutes sortes de techniques de contr\u00f4le et de manipulation. La science complexe chemine diff\u00e9remment, souvent \u00e0 l\u2019inverse, elle part d\u2019un fond g\u00e9ologique ou biologique, ou d\u2019une soupe chimique de r\u00e9alit\u00e9, et observe l\u2019\u00e9volution empirique d\u2019entit\u00e9s rudimentaires qui s\u2019agr\u00e8gent en ph\u00e9nom\u00e8nes de pure immanence pour former, par un processus ascendant (bottom-up<\/i>), \u00e0 coups de projections r\u00e9ticulaires et de croissance rhizomatique, des motifs et des comportements d\u2019ensembles plus riches les uns que les autres. A chaque remont\u00e9e d\u2019\u00e9chelle, il y a un gain de puissance d\u2019ensemble et une cr\u00e9ation de propri\u00e9t\u00e9s suppl\u00e9mentaires qui ne s\u2019expliquent plus ou disparaissent d\u00e8s que l\u2019on cherche \u00e0 redescendre \u00e0 un \u00e9chelon inf\u00e9rieur. Les principales propri\u00e9t\u00e9s physiques qui permettent le d\u00e9veloppement de ces niveaux de complexit\u00e9 sont la non-lin\u00e9arit\u00e9<\/i> (quand les causes et effets ne sont pas proportionnels), l\u2019\u00e9mergence<\/i> (quand le tout est plus que la somme des parties) et l\u2019\u00e9volution<\/i> (lorsque le temps irr\u00e9versible est producteur de nouveaut\u00e9).<\/p>\n La science classique, qui commen\u00e7a avec entre autres Galil\u00e9e (et son langage math\u00e9matique de la nature), Descartes (et sa m\u00e9thode r\u00e9ductionniste) et Newton (et son calcul diff\u00e9rentiel), s\u2019acheva au premier tiers du si\u00e8cle dernier avec notamment Heisenberg (et son principe d\u2019incertitude), G\u00f6del (et son th\u00e9or\u00e8me d\u2019incompl\u00e9tude), Turing (et son th\u00e9or\u00e8me d\u2019\u2018ind\u00e9cidabilit\u00e9). D\u2019\u00e9normes progr\u00e8s sont dus \u00e0 la m\u00e9thodologie scientifique du r\u00e9ductionnisme, qui consiste \u00e0 diss\u00e9quer un syst\u00e8me en \u00e9l\u00e9ments plus petits. Mais, d\u00e9sormais, la science adopte une nouvelle mani\u00e8re de voir : la plupart des ph\u00e9nom\u00e8nes naturels qui nous entourent sont non lin\u00e9aires, irr\u00e9ductibles, impr\u00e9dictibles et m\u00eame erratiques. La science est donc en train de produire de nouveaux paradigmes pour mod\u00e9liser les motifs des ph\u00e9nom\u00e8nes, le mouvement et son incertitude. La vie est vue d\u00e9sormais comme un ballet fragile et cr\u00e9atif entre ordre et d\u00e9sordre, entre cristal et fum\u00e9e, entre monarchie et anarchie. Et la science devient le catalogue des motifs que la nature d\u00e9ploie dans sa colossale \u00e9volution cr\u00e9atrice.<\/p>\n Pourquoi donc tant s\u2019int\u00e9resser \u00e0 ces propri\u00e9t\u00e9s qui sont marqu\u00e9es par l\u2019absence de centre de contr\u00f4le ou de d\u00e9cision ? Parce qu\u2019elles concernent des processus naturels, culturels, sociaux, \u00e9conomiques et politiques qui restent au-del\u00e0 de notre champ de contr\u00f4le et de notre horizon de pr\u00e9dictibilit\u00e9. Si nous comprenons leurs propri\u00e9t\u00e9s, nous saisissons mieux les limites de notre pr\u00e9dictibilit\u00e9 et pouvons mieux comprendre la nature de la Nature, l\u2019organisation des composants des ensembles complexes, et mieux interagir avec ces syst\u00e8mes. D\u2019ores et d\u00e9j\u00e0, le principal apport de la th\u00e9orie de la complexit\u00e9 aura \u00e9t\u00e9 de rendre la science plus r\u00e9aliste, en rendant sa qu\u00eate plus modeste (car la science a longtemps souffert du p\u00e9ch\u00e9 d\u2019arrogance). La complexit\u00e9 nourrit un \u00e9change constant entre les limites de la science et la science des limites : il y a l\u00e0 effectivement mati\u00e8re \u00e0 perplexit\u00e9, entre vertiges et promesses\u2026<\/p>\n Terminologie ambigu\u00eb, f\u00e9condit\u00e9 heuristique<\/b><\/p>\n De mes \u00e9changes avec des lecteurs, il ressort que le terme de complexit\u00e9<\/i> peut, au premier abord, pr\u00eater \u00e0 confusion. J\u2019ai souvent entendu dire (\u00e0 la suite de ce que fait remarquer le philosophe Michel Serres, au chapitre XVIII, sur \u00ab des sciences qui nous rapprochent de la singularit\u00e9 \u00bb), que le terme n\u2019est pas des plus appropri\u00e9s. Complexit\u00e9(s),<\/i> le terme est peut-\u00eatre mal choisi, mais il reste le ma\u00eetre mot du si\u00e8cle en cours. La synonymie la plus courante, mais la plus trompeuse, consiste \u00e0 rabattre ce terme sur la notion decomplication<\/i>, et c\u2019est l\u00e0 prendre le risque de s\u2019\u00e9tendre en fausses perceptions et mod\u00e9lisations. C\u2019est que nous sommes face \u00e0 un concept qui n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 invent\u00e9 ou produit par des concepteurs, mais qui a \u00e9t\u00e9 choisi par ses utilisateurs et ses praticiens<\/i>. En toute rigueur, il resterait \u00e0 inventer un n\u00e9ologisme susceptible de le remplacer qui soit \u00e0 m\u00eame de \u00ab faire sens \u00bb pour l\u2019honn\u00eate homme et de \u00ab faire science \u00bb pour le savant-chercheur. Mais encore faut-il \u00eatre un cr\u00e9ateur, un artiste ou un philosophe d\u2019exception pour cela ! En attendant, la racine ancienne du mot informe utilement sur les significations les plus actuelles du concept. L\u2019\u00e9tymologie renvoie au latin complexus<\/i> (co,<\/i> \u00ab ensemble \u00bb et plexus,<\/i> \u00ab tiss\u00e9 \u00bb), participe pass\u00e9 adjectiv\u00e9 decomplecti<\/i> (\u00ab embrasser, saisir \u00bb) form\u00e9 \u00e0 partir de plectere<\/i> (\u00ab tresser, tisser, plier \u00bb). Deux sens sont \u00e0 retenir : d\u2019une part l\u2019id\u00e9e d\u2019entrelacement, de tissage, et d\u2019autre part l\u2019id\u00e9e de pliage. Du coup, la signification de la terminologie emprunt\u00e9e renvoie \u00e0 l\u2019art de faire des n\u0153uds et des plis au sein de la nature ou de certains syst\u00e8mes dynamiques. L\u2019id\u00e9e des plis est profonde et, sur le plan heuristique, extr\u00eamement f\u00e9conde pour l\u2019avenir des \u00e9tudes sur la complexit\u00e9.<\/p>\n Nous vivons l\u2019\u00e2ge d\u2019or de la complexit\u00e9. D\u2019une certaine mani\u00e8re, notre situation est en quelque sorte similaire \u00e0 la crise survenue au xixe<\/sup> si\u00e8cle avec la d\u00e9couverte de la g\u00e9om\u00e9trie non euclidienne. Durant plus de vingt si\u00e8cles, l\u2019humanit\u00e9 pensait qu\u2019il n\u2019y avait de g\u00e9om\u00e9trie que plane et euclidienne, que ses postulats (\u00ab les droites parall\u00e8les ne se croisent jamais \u00bb, \u00ab la somme des angles d\u2019un triangle est toujours \u00e9gale \u00e0 180 degr\u00e9s \u00bb) \u00e9taient universellement valables. Malgr\u00e9 le fait que nos sens percevaient des surfaces tactilement et visuellement courb\u00e9es, convexes, concaves, rugueuses, bris\u00e9es, feuillet\u00e9es, fibreuses, notre raison lin\u00e9aire les aplanissait<\/i> pour les rendre conformes aux postulats d\u2019Euclide. Et puis, progressivement, les scientifiques ont d\u00e9couvert de nouveaux objets math\u00e9matiques, per\u00e7us comme \u00e9tranges et monstrueux parce qu\u2019ils ne validaient pas le cinqui\u00e8me postulat d\u2019Euclide (sur le parall\u00e9lisme des droites). La d\u00e9couverte des g\u00e9om\u00e9tries courbes (hyperbolique et elliptique) et de la g\u00e9om\u00e9trie fractale (ensemble de Cantor et courbes de Weierstrass, de Koch, de Peano) ouvrit le champ fertile \u00e0 l\u2019univers non euclidien, d\u2019o\u00f9 sortirent au d\u00e9but du si\u00e8cle dernier des d\u00e9couvertes scientifiques r\u00e9volutionnaires, telles que la courbure de l\u2019espace-temps mise en \u00e9vidence par Albert Einstein et la th\u00e9orie de la relativit\u00e9 g\u00e9n\u00e9rale qui en r\u00e9sulta.<\/p>\n \u00c9pist\u00e9m\u00e8 du pli<\/b><\/p>\n Je pressens que la complexit\u00e9 entrouvre un nouveau continent \u00ab g\u00e9om\u00e9trique \u00bb pour notre regard sur le monde. Nous d\u00e9couvrons, par souci de r\u00e9alisme et par notre captation sensorielle, que nous sommes fonci\u00e8rement non euclidiens ! Nous d\u00e9couvrons que le monde n\u2019est aucunement plat \u2013 contrairement \u00e0 ce que vante la vulgate de la mondialisation \u2013, mais qu\u2019il est plis<\/i>. Ce changement de perspective est en soi un changement de paradigme qui est en train de se d\u00e9rouler au sein de nos cultures globalis\u00e9es et mises en rapport diff\u00e9rentiel g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9 les unes par rapport aux autres (chacune se frottant ainsi \u00e0 toutes les autres dans chaque m\u00e9tropole, n\u0153ud r\u00e9ticulaire et autre point-cl\u00e9 du monde). Au moment o\u00f9 surviennent un basculement de puissance dans l\u2019\u00e9conomie et la politique (d\u2019un monde que j\u2019appelle post-occidental<\/i>) ainsi que des modifications radicales dans l\u2019acc\u00e8s, la production et le partage du savoir, nous d\u00e9couvrons l\u2019\u00e9tranget\u00e9 des autres (\u00eatres vivants, cultures, peuples, mentalit\u00e9s). Par cons\u00e9quent, le plus grand d\u00e9fi intellectuel de notre temps consiste \u00e0 transformer l\u2019interdisciplinarit\u00e9 des sciences en un \u00e9change interculturel pour approfondir, en dehors de la mod\u00e9lisation in silico<\/i> et de l\u2019exp\u00e9rimentation in vitro<\/i>, la compr\u00e9hension des ph\u00e9nom\u00e8nes d\u2019\u00e9mergence et de complexit\u00e9 qui se manifestent en l\u2019homme et dans la soci\u00e9t\u00e9 contemporaine.<\/p>\n Voir l\u2019objet par les relations qui le tissent et consid\u00e9rer la mati\u00e8re par les pliures et les plissures nous permet d\u2019adopter un point de \u00ab vue \u00bb plus \u00ab g\u00e9om\u00e9trique \u00bb. Et nous avons besoin d\u2019adopter de nouvelles optiques g\u00e9om\u00e9triques, car l\u2019humanit\u00e9 souffre d\u2019un strabisme persistant (qu\u2019accentue le r\u00e9ductionnisme m\u00e9thodique) susceptible d\u2019aboutir \u00e0 une c\u00e9cit\u00e9 empirique<\/i>. Nos soci\u00e9t\u00e9s globalis\u00e9es risquent \u00e0 terme d\u2019\u00e9touffer sous le poids de leur dette \u00e9cologique. Elles sont en effet confront\u00e9es \u00e0 un probl\u00e8me de croissance et d\u2019excroissances, \u00e0 une gestion de stock d\u00e9fectueuse (nous consommons en huit mois ce que la terre ne peut produire qu\u2019en une ann\u00e9e) et \u00e0 un manque d\u2019espace et de temps au sein de la biosph\u00e8re (au rythme actuel de nos activit\u00e9s, d\u2019ici \u00e0 la fin du si\u00e8cle il faudrait constituer les stocks de deux plan\u00e8tes Terre). Nous sommes l\u00e0 soumis \u00e0 un probl\u00e8me de g\u00e9om\u00e9trie \u00e0 l\u2019\u00e9chelle globale puisque les ressources non renouvelables les plus vitales que nous risquons d\u2019\u00e9puiser sont l\u2019espace et le temps. Dans sa saisie des logiques des pliages et plissages de la mati\u00e8re, des tissages et m\u00e9tissages de l\u2019objet, la scienza nuova<\/i> du xxie<\/sup> si\u00e8cle non seulement est \u00e0 m\u00eame de fournir une ex-pli-cation<\/i> \u00e0 ce qui restait nagu\u00e8re hors d\u2019atteinte, mais elle le fait dans l\u2019im-pli-cation <\/i>de ce dont elle rend compte et qui est aussi travaill\u00e9 par la multi-pli-cit\u00e9<\/i>. Cette science-l\u00e0 est participative de ce qu\u2019elle observe, elle permet de voir<\/i> imm\u00e9diatement combien le monde est intrins\u00e8quement interd\u00e9pendant.<\/p>\n Se pourrait-il alors que la complexit\u00e9 soit une th\u00e9orie de la rationalit\u00e9 \u00e9tendue annonciatrice de nouvelles vues g\u00e9om\u00e9triques et de d\u00e9couvertes qui rel\u00e8vent pour l\u2019heure de l\u2019impens\u00e9<\/i> ? S\u2019il y a diff\u00e9rentes \u00e9chelles et formes de complexit\u00e9, pourrions-nous alors les distinguer, les s\u00e9rier, en dresser une taxinomie ? Peut-on encore pr\u00e9ciser les diff\u00e9rentes couches de profondeur (info-techno-bio-anthropo)logique issues de longs et lents calculs, de v\u00e9cus et de cogitations ? Fait-il sens de d\u00e9finir une complexit\u00e9 restreinte<\/i> comme \u00e9tant celle qui est mise en \u00e9quations physico-math\u00e9matiques, qui mod\u00e9lise et simule ces syst\u00e8mes complexes adaptatifs massivement \u00e9tudi\u00e9s dans les laboratoires de recherche ? Pourrions-nous d\u00e9finir une tout autre classe de ph\u00e9nom\u00e8nes relevant d\u2019une complexit\u00e9 g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e<\/i> qui ne peut \u00eatre encod\u00e9e par un algorithme ni encapsul\u00e9e dans aucun autre formalisme math\u00e9matique (et donc non mod\u00e9lisable !) comme \u00e9tant celle culminant dans le vivant, l\u2019homme et la soci\u00e9t\u00e9 ? Voil\u00e0 quelques-unes des nouvelles questions<\/i> qu\u2019il serait passionnant d\u2019explorer dans le cadre de \u00ab conversations cr\u00e9atrices \u00bb \u00e0 venir.<\/p>\n Sciences et technologies du pharmakon<\/i><\/b><\/p>\n Au commencement de ma grande enqu\u00eate (quasi ethnographique) sur les sciences contemporaines autour du th\u00e8me de la complexit\u00e9, j\u2019\u00e9tais anim\u00e9 par un enthousiasme contagieux. Je voulais apporter ma propre contribution \u00e0 un humanisme ressourc\u00e9 dans une scienza nuova<\/i>. L\u2019impression pr\u00e9valait que la science et les technologies de l\u2019information et de la communication pourraient beaucoup pour nous, que leur grammaire se pr\u00eatait \u00e0 la syntaxe des ph\u00e9nom\u00e8nes critiques. Depuis lors, j\u2019ai d\u00fb prendre en compte des sc\u00e9narios plus pessimistes dans les usages de la complexit\u00e9, de ses effets de levier et de boucles r\u00e9troactives.<\/p>\n Depuis lors, il y eut en effet des \u00e9v\u00e9nements dont la puissance de sid\u00e9ration n\u2019en finit pas de se d\u00e9ployer : les attaques du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles de New York et le Pentagone \u00e0 Washington, le krach boursier de Wall Street et l\u2019effondrement financier mondial de septembre 2008, le tremblement de terre au Japon, le tsunami qui s\u2019ensuivit et l\u2019accident nucl\u00e9aire de Fukushima le 11 mars 2011. Que nous r\u00e9serve l\u2019avenir maintenant que nous sommes compl\u00e8tement mis en r\u00e9seau et en r\u00e9sonance par la communication ubiquitaire et la technoscience ? Notre civilisation est-elle faite de telle mani\u00e8re \u00e0 pouvoir subir et amortir ind\u00e9finiment la physique particuli\u00e8re de ces catastrophes ? Mais il y a aussi eu des ph\u00e9nom\u00e8nes porteurs d\u2019avenir, comme ces r\u00e9voltes sociales d\u2019un genre nouveau et qui sont le fait d\u2019une jeunesse qui partout dans le monde n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 aussi bien \u00e9duqu\u00e9e et form\u00e9e, et qui partout reste expos\u00e9e au ch\u00f4mage et \u00e0 l\u2019absence de perspectives socio-\u00e9conomiques. De ces jeunes qui ont \u00e9t\u00e9 \u00e0 l\u2019avant-garde des r\u00e9voltes, je dirais qu\u2019ils sont les enfants de la complexit\u00e9<\/i>, des natifs num\u00e9riques (digital natives<\/i>), les monades et les nomades d\u2019une civilisation mondiale en devenir. On peut encore dire d\u2019eux qu\u2019ils sont les pollinisateurs des r\u00e9seaux sociaux, des joueurs d\u2019\u00e9checs tridimensionnels misant sur les lois topologiques des routes de l\u2019information et la sagesse des foules. On a pu voir comment ils ont su d\u2019instinct mobiliser une intelligence collective, connective et cognitive au service du plus grand nombre, que ce soit pour renverser des tyrannies politiques ou pour se rebeller contre la dictature des march\u00e9s financiers. Sur l\u2019ensemble du bassin m\u00e9diterran\u00e9en, dans de grandes villes comme Londres, New York, Montr\u00e9al, S\u00e3o Paulo, des mobilisations sociales spontan\u00e9es sans pr\u00e9c\u00e9dent ont vu le jour, et elles ont en commun des motifs, ou patterns,<\/i> nouveaux : non-violence, absence de leadership et d\u2019id\u00e9ologie, l\u2019infotechnologie et les r\u00e9seaux sociaux \u00e9tant les catalyseurs de la r\u00e9action sociale.<\/p>\n Ce qu\u2019il faut retenir de ces \u00e9v\u00e9nements et de leurs acteurs, c\u2019est qu\u2019ils rel\u00e8vent du principe actif dupharmakon<\/i>, que ce qui peut nous sauver peut aussi nous fourvoyer, que la potion est le rem\u00e8de qui gu\u00e9rit autant que le poison qui tue. Les technologies de l\u2019information et de la communication ont grandement contribu\u00e9 \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 du savoir ou \u00e0 l\u2019empowerment<\/i> de jeunes citoyens r\u00e9volt\u00e9s ; mais ces m\u00eames technologies \u0153uvrent \u00e0 la r\u00e9pression num\u00e9rique, \u00e0 la surveillance et \u00e0 l\u2019espionnage par les \u00c9tats les plus puissants, sans compter les nouveaux dispositifs de combat et de contr\u00f4le par la robotisation (les drones militaires et leurs clones civils). Pour d\u00e9fendre le n\u00e9olib\u00e9ralisme, cet acide logique capable de dissoudre toute autre forme de rationalit\u00e9 \u00e9conomique, on ent\u00e9rine des axiomes tels que \u00ab l\u2019\u00e9conomie ne ment pas \u00bb ou \u00ab les march\u00e9s ont toujours raison \u00bb. D\u2019\u00e9minents \u00e9conomistes n\u2019h\u00e9sitent pas, pour l\u00e9gitimer le libre-\u00e9change et le fondamentalisme du march\u00e9, \u00e0 invoquer les m\u00e9canismes de l\u2019auto-organisation derri\u00e8re la ch\u00e8re \u00ab main invisible \u00bb d\u2019Adam Smith. Les usages de la complexit\u00e9 par les sciences ne sont ni tous bons ni tous mauvais. Mais ce qui me para\u00eet actuellement assez frappant, c\u2019est de voir comment la complexit\u00e9 et ses ph\u00e9nom\u00e8nes sont de plus en plus int\u00e9gr\u00e9s dans des sch\u00e9mas r\u00e9ductionnistes au profit d\u2019un nouveau scientisme qui pr\u00f4ne des possibilit\u00e9s de d\u00e9shumanisation, tels que le post-humanisme ou l\u2019intelligence artificielle \u00ab forte \u00bb (strong AI<\/i>). Selon le principe d\u00e9terministe et somme toute stupide que \u00ab <\/b>tout ce qui est techniquement faisable sera entrepris, et tout ce qui est vendable sera r\u00e9alis\u00e9 \u00bb, on voit venir toutes sortes d\u2019innovations scientifiques aux applications potentiellement dangereuses et qui sont marqu\u00e9es du sceau de la complexit\u00e9.<\/i><\/p>\n Il ne fait pas de doute que nous vivons en bordure du chaos, c\u2019est-\u00e0-dire au seuil d\u2019\u00e9v\u00e9nements de type catastrophique et aux cons\u00e9quences incalculables, mais pareillement nous cheminons sur la cr\u00eate d\u2019une renaissance qui ressemble \u00e0 un tsunami cognitif susceptible de tout balayer sur son passage. Pour ne rien arranger, nous sommes affect\u00e9s d\u2019une crise du sens et d\u2019une anxi\u00e9t\u00e9 m\u00e9taphysique. De plus, notre mode de vie qui ignore la parcimonie, la mani\u00e8re dont nous remplissons et saturons l\u2019espace et le temps, et consommons les ressources naturelles, concourent \u00e0 faire de notre \u00ab village global \u00bb le pire des mondes possibles. Nous devons donc confronter cet \u00e9tat d\u2019existence hautement incertain avec une connaissance de nouvelles possibilit\u00e9s cognitives et la quasi in\u00e9vitable approche de \u00ab notre heure finale \u00bb (pour reprendre le titre d\u2019un livre de l\u2019astrophysicien britannique Martin Rees) en raison de nos inclinations \u00e9gotistes, supr\u00e9matistes et violentes.<\/p>\n Les id\u00e9es et les concepts issus de la complexit\u00e9 auront une profonde implication sur la mani\u00e8re dont la science et la culture seront pens\u00e9es et v\u00e9cues. La complexit\u00e9 est en fait une d\u00e9claration universelle d\u2019interd\u00e9pendance, pour le meilleur et pour le pire. Nous sommes en train de r\u00e9aliser que ce qui affecte les \u00eatres vivants, \u00e0 l\u2019autre bout de la terre ou de la cha\u00eene alimentaire, peut avoir des cons\u00e9quences imm\u00e9diates, concr\u00e8tes et mat\u00e9rielles pour nous, ici et maintenant. L\u2019interd\u00e9pendance, c\u2019est aussi le fait que l\u2019humanit\u00e9 soit engag\u00e9e dans un destin collectif, alors qu\u2019elle est devenue une force g\u00e9ophysique capable de d\u00e9r\u00e9gler la biosph\u00e8re. Nous pouvons voir que, d\u2019une certaine mani\u00e8re, nous sommes tous embarqu\u00e9s dans le m\u00eame navire et nous pourrions faire en sorte \u2013 s\u2019il reste du temps \u2013 qu\u2019il ne soit pas un vaisseau-drone sans pilote \u00e0 bord ni un Titanic<\/i> plan\u00e9taire\u2026<\/p>\n Perspective cosmopolite<\/b><\/p>\n En tant que science des relations, des n\u0153uds, des liens et des plis, la complexit\u00e9 est aujourd\u2019hui la seule th\u00e9orie scientifique susceptible d\u2019admettre une perspective v\u00e9ritablement cosmopolite sur nous-m\u00eames, \u00e0 savoir que les diff\u00e9rentes visions du monde concernant un m\u00eame et unique monde<\/i> sont toutes simultan\u00e9ment l\u00e9gitimes et valides. Ce regard renouvel\u00e9 d\u2019un monde infiniment diversifi\u00e9 et en m\u00eame temps singuli\u00e8rement unique se retrouve dans le chef-d\u2019\u0153uvre philosophique de Leibniz, le court et \u00e9blouissant trait\u00e9 de laMonadologie<\/i>. Il n\u2019y est question ni d\u2019ontologie ni d\u2019\u00e9tant, mais d\u2019un \u00ab \u00e9tang \u00bb et d\u2019un \u00ab jardin \u00bb qui donnent \u00e0 voir la complexit\u00e9 et sa ph\u00e9nom\u00e9nologie du d\u00e9tail :<\/p>\n \u00ab Chaque portion de la mati\u00e8re peut \u00eatre con\u00e7ue, comme un jardin plein de plantes, et comme un \u00e9tang plein de poissons. Mais chaque rameau de la plante, chaque membre de l\u2019animal, chaque goutte de ses humeurs est encore un tel jardin, ou un tel \u00e9tang. \u00bb<\/p>\n Leibniz, Monadologie<\/i>, \u00a7 67 (1714).<\/p>\n<\/blockquote>\n Selon cette vision perspectiviste, il s\u2019agit d\u2019exprimer localement et de mani\u00e8re diff\u00e9rentielle un tout sophistiqu\u00e9. Chaque (id)entit\u00e9 simple exprime et formalise, selon son g\u00e9nie, sa tradition et sa variation dynamique propres, le m\u00eame et unique monde\u00ab comme une m\u00eame ville regard\u00e9e de diff\u00e9rents c\u00f4t\u00e9s para\u00eet tout autre, et est comme multipli\u00e9e perspectivement \u00bb, nous dit encore Leibniz. Ce m\u00eame et unique monde n\u00e9cessite une civilisation inspir\u00e9e, capable d\u2019explorer et de combiner des agencements de formes soci\u00e9tales et de dispositifs technologiques qui ne saturent pas et ne d\u00e9truisent pas l\u2019espace et le temps qu\u2019elles habitent.<\/p>\n Nous ne sommes plus seulement dans un jardin philosophique \u00ab miroir vivant perp\u00e9tuel de l\u2019univers \u00bb et dans des plis dont Leibniz dit \u00ab qu\u2019ils vont \u00e0 l\u2019infini \u00bb, mais dans une situation de survie de l\u2019humanit\u00e9 qui impose un nouveau mode de remplissage de l\u2019espace et du temps. La prochaine civilisation, post-occidentale, sera mondiale ou ne sera pas. Et nous autres, \u00ab non euclidiens \u00bb, formons la courbure d\u2019un arc-en-ciel humain fait de gens de science, de culture, d\u2019art, de foi, d\u2019action et d\u2019engagement. De plus en plus de citoyens et d\u2019humanistes \u2013 et plus particuli\u00e8rement les jeunes qui ne veulent plus du destin de b\u00e9tail cognitif <\/i>\u2013 vivent et agissent tels des medicine men<\/i>, des acupuncteurs travaillant sur les points vitaux d\u2019un monde malade de ses urbanit\u00e9s d\u00e9bordantes, de ses s\u00e9cr\u00e9tions toxiques, psychiques ou atmosph\u00e9riques. En qu\u00eate d\u2019harmonie et de beaut\u00e9 (et la science entretient une relation tr\u00e8s particuli\u00e8re avec la beaut\u00e9 d\u2019une th\u00e9orie, d\u2019une hypoth\u00e8se, d\u2019une \u00e9quation), ces th\u00e9rapeutes cherchent \u00e0 construire une pens\u00e9e \u00e9tendue en relations solidaires, \u00e0 produire du sens en faisant de la complexit\u00e9 un savoir sapiential pour notre temps. Tout l\u2019enjeu pour eux est de mettre en acte la sagesse dans l\u2019\u00e9cart \u00e0 l\u2019\u00e9quilibre,<\/i> dont ce livre fournit quelques lin\u00e9aments et sch\u00e8mes logiques.<\/p>\n Cet ouvrage n\u2019a pas de pr\u00e9tention scientifique ou savante : certains lecteurs et quelques scientifiques le consid\u00e8rent comme une somme, mais c\u2019est essentiellement un livre de r\u00e9cits et de \u00ab conversations cr\u00e9atrices \u00bb. Que le lecteur s\u2019approprie ce petit objet, facile \u00e0 prendre avec soi, en randonn\u00e9e, en d\u00e9placement, et qui peut se lire, en plein m\u00e9tro ou au milieu d\u2019une \u00eele, comme un manuel pour l\u2019humanisme et la citoyennet\u00e9 plan\u00e9taires, \u00e0 l\u2019intention de tous ceux qui sont en qu\u00eate d\u2019une vision int\u00e9gr\u00e9e de la science et de la philosophie, de la pens\u00e9e et de l\u2019agir.<\/p>\n R\u00e9da Benkirane<\/p>\n Extraits de R\u00e9da Benkirane, La Complexit\u00e9, vertiges et promesses. Dix-huit histoires de sciences,<\/i> Le Pommier, octobre 2013.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Complexit\u00e9(s), lien, n\u0153ud, pli. Le mot du si\u00e8cle par R\u00e9da Benkirane Pr\u00e9face \u00e0 la nouvelle \u00e9dition de La Complexit\u00e9, vertiges et promesses. Dix-huit histoires de sciences, Le Pommier, octobre 2013. \u00a0Lorsqu\u2019il y a une quinzaine d\u2019ann\u00e9es j\u2019entrepris une s\u00e9rie d\u2019entretiens semi-directifs avec une cinquantaine de scientifiques du monde entier, je \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":856,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-853","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/853","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=853"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/853\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1016,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/853\/revisions\/1016"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/856"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=853"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}Pr\u00e9face \u00e0 la nouvelle \u00e9dition de La Complexit\u00e9, vertiges et promesses. 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