{"id":819,"date":"2015-01-08T23:11:27","date_gmt":"2015-01-08T22:11:27","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=819"},"modified":"2015-01-21T15:05:16","modified_gmt":"2015-01-21T14:05:16","slug":"les-financiers-occidentaux-et-lasie","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=819","title":{"rendered":"Les financiers occidentaux et l’Asie"},"content":{"rendered":"
T\u00c9MOIGNAGE<\/p>\n
Par Mohamed Mahathir, Premier ministre de Malaisie<\/strong><\/p>\n Mohamad Mahathir<\/em>, m\u00e9decin, Premier ministre de Malaisie depuis 1981, a \u00e9crit notamment The Voice of Asia: Leaders Discuss the Coming Century<\/em>, avec Shintaro Ishihara (Tokyo, Kodansha, 1996) et Regionalism, Globalism and Spheres of Influence<\/em> (Singapour, ISEAS, 1989). On peut correspondre avec le Premier ministre de Malaisie via son site Internet: www.smpke.jpm.my\/about2.htm<\/a>. Le texte qui suit, titr\u00e9 et sous-titr\u00e9 par la r\u00e9daction du \u00ab\u00a0Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb, a \u00e9t\u00e9 extrait et adapt\u00e9 du discours qu’il a prononc\u00e9 \u00e0 Hong Kong devant les participants au S\u00e9minaire annuel de la Banque Mondiale, le 20 septembre 1997. A cette date, la \u00ab\u00a0crise asiatique\u00a0\u00bb faisait ses premiers ravages, frappant, apr\u00e8s la Thailande, la Malaisie, les Philippines, l’Indon\u00e9sie et la Cor\u00e9e du sud.<\/p>\n Durant ces quarante ann\u00e9es, nous nous sommes efforc\u00e9s de complaire aux riches et aux puissants. Nous avons ouvert nos march\u00e9s. Y compris notre march\u00e9 boursier et notre march\u00e9 des capitaux. La plupart des entreprises \u00e9trang\u00e8res op\u00e9rant dans notre pays, elles, rejetaient toute participation locale. Malgr\u00e9 ce manque d’ouverture, nous n’avons pas protest\u00e9. Les profits qu’elles faisaient allaient aux actionnaires de leur pays d’origine. Elles ne payaient pratiquement pas d’imp\u00f4ts.On nous a dit, alors, que nous devions permettre que notre monnaie devienne un objet de commerce hors de Malaisie. On nous a dit que nous devions permettre le short selling<\/em> [la vente d’actions que l’on n’a pas encore achet\u00e9es], et m\u00eame l\u00e9galiser le commerce d’actions emprunt\u00e9es. On nous a dit que nous devions permettre la sp\u00e9culation. Tout ce que l’on nous a dit, nous l’avons fait. Mais alors on nous a dit que nous n’en avions pas encore assez fait. Que nous devions ralentir notre croissance. Qu’elle ne pouvait se maintenir \u00e0 ce niveau, sous peine de provoquer une surchauffe qui serait mauvaise pour nous. Que nous devions, en particulier, ne point nous aventurer dans nos grands projets, nos m\u00e9ga-projets, m\u00eame s’ils ne visaient qu’\u00e0 cr\u00e9er des infrastructures n\u00e9cessaires. Mais on nous a dit aussi qu’\u00e0 d\u00e9faut de cr\u00e9er ces infrastructures, nous ne r\u00e9ussirions pas \u00e0 cro\u00eetre. Vraiment d\u00e9routant.Et pourtant, la Malaisie et ses voisins d’Asie du sud-est ont continu\u00e9 \u00e0 cro\u00eetre et \u00e0 prosp\u00e9rer, en parvenus d\u00e9sob\u00e9issants, r\u00e9calcitrants et impudents! La Malaisie, en particulier, s’est fix\u00e9 non sans t\u00e9m\u00e9rit\u00e9 des objectifs plus ambitieux que les pays tout puissants qui font et d\u00e9font le monde.Je ne sais ce qu’en pense l’homme de la rue [des pays d\u00e9velopp\u00e9s]. Mais j’observe que, [dans ces pays], beaucoup de gens des media et de la grande finance veulent que l’Asie du sud-est, la Malaisie en particulier, arr\u00eate de se battre pour rattraper ses sup\u00e9rieurs, qu’elle apprenne plut\u00f4t \u00e0 rester \u00e0 sa place. Au cas o\u00f9 elle n’obtemp\u00e8rerait pas, ils semblent d\u00e9termin\u00e9s \u00e0 la contraindre. Ils ont les ressources et les moyens qu’il faut pour cela.Sans doute n’y a-t-il pas l\u00e0 une conspiration \u00e0 proprement parler, mais un petit nombre de media et de g\u00e9rants de fonds ont manifestement leur id\u00e9e sur ce qui devrait se passer, et sont d\u00e9termin\u00e9s \u00e0 passer de la th\u00e9orie aux actes.Nous avons toujours fait bon accueil aux investissements des \u00e9trangers et m\u00eame \u00e0 leurs sp\u00e9culations. Ils peuvent venir chez nous, acheter des actions, puis s’en aller quand ils le veulent et quelles que soient leurs raisons. En revanche, lorsque les grands fonds [d’investissement] jouent de leur poids \u00e9norme pour faire monter ou descendre le cours de nos actions et en tirer d’\u00e9normes profits, c’est trop d’attendre que nous leur r\u00e9servions le m\u00eame accueil chaleureux, en particulier si leurs profits se traduisent pour nous par des pertes massives.Il est parfaitement normal d’acheter et de vendre des monnaies pour financer le commerce international. Mais \u00e0 partir de cette \u00e9vidence, s’est d\u00e9velopp\u00e9 un commerce o\u00f9 les monnaies sont devenues une marchandise comme une autre.C’est ainsi que la valeur des monnaies achet\u00e9es et vendues [aujourd’hui dans le monde] est 20 fois sup\u00e9rieure \u00e0 la valeur des biens et des services r\u00e9ellement \u00e9chang\u00e9s. Ce commerce \u00e9norme produit profits et pertes pour les \u00ab\u00a0traders\u00a0\u00bb qui s’y consacrent, mais n’est source d’aucun b\u00e9n\u00e9fice tangible pour les autres. Il ne cr\u00e9e aucun emploi de substance, aucun produit, aucun service dont le citoyen moyen puisse tirer avantage. L’ensemble de ce commerce des sommes \u00e9normes d\u00e9plac\u00e9es de banques en banques est myst\u00e9rieux et un peu louche. Il ne s’agit pas d’argent r\u00e9el, ce sont juste des chiffres. Il faudrait en effet un camion \u00e9norme pour transporter de lieu en lieu un milliard de ringgits malaisiens. Sauf \u00e0 voir se r\u00e9p\u00e9ter des centaines de fois le grand vol du Train Postal, ce serait impossible.Les \u00ab\u00a0traders\u00a0\u00bb font apparemment des milliards \u00e0 chaque transaction. Ils disposent de fonds \u00e9normes. Par leurs d\u00e9cisions d’investissements ou de d\u00e9sinvestissement, ils sont en situation d’influer sur la valeur des monnaies. Ce march\u00e9 devient alors, pour eux, une vraie \u00ab\u00a0pompe \u00e0 finance\u00a0\u00bb (cash cow<\/em>). Peu importe que les indices montent ou descendent: ils font des profits \u00e0 tout coup.<\/p>\n L’ennui est qu’ils s’enrichissent en appauvrissant les autres, y compris les pays et les gens d\u00e9j\u00e0 pauvres. Ils ont pris pour cibles les pays d’Asie du sud-est parce que, bien que nous ayons de l’argent, nous n’en avons pas assez pour nous d\u00e9fendre [contre leurs attaques].<\/p>\n On nous dit que si nous n’appr\u00e9cions pas le fonctionnement du march\u00e9 financier international, c’est que nous ne sommes pas \u00e0 la hauteur. De grands pays nous disent d’accepter de nous retrouver appauvris, parce que la finance internationale \u00e7a marche comme \u00e7a. A leurs yeux, que nous ne soyons pas dispos\u00e9s \u00e0 perdre de l’argent pour permettre \u00e0 des manipulateurs de s’enrichir, prouve \u00e0 l’\u00e9vidence que nous manquons de sophistication.On nous avertit \u00e9galement que ces manipulateurs sont des gens puissants. Que si nous faisons du tapage ou les g\u00eanons de quelque mani\u00e8re que ce soit, ils vont s’\u00e9nerver. Et que lorsqu’ils s’\u00e9nervent, ils ont les moyens de nous d\u00e9truire compl\u00e8tement. On nous dit que nous devons accepter l’existence de ces manipulateurs parce qu’ils existeront toujours et que nous n’y pouvons rien changer. On nous dit qu’il leur revient de d\u00e9cider de notre prosp\u00e9rit\u00e9.Les pays d’Asie du sud-est, si on leur en donnait la moiti\u00e9 d’une chance, pourraient [en v\u00e9rit\u00e9] proposer des syst\u00e8mes et des strat\u00e9gies capables de propulser toute une s\u00e9rie de pays d’Asie et des autres parties du monde en d\u00e9veloppement vers la croissance.Si ces pays en d\u00e9veloppement devenaient [\u00e0 leur tour] d\u00e9velopp\u00e9s, qu’arriverait-il? Si le monde dans lequel nous vivons est un jeu \u00e0 somme nulle c’est-\u00e0-dire que les pays ne peuvent s’enrichir qu’en appauvrissent leurs voisins le monde [aujourd’hui] d\u00e9velopp\u00e9 serait condamn\u00e9 \u00e0 s’appauvrir, \u00e0 s’affaiblir, et courrait le risque d’\u00eatre colonis\u00e9 [\u00e0 son tour] par les pays nouvellement d\u00e9velopp\u00e9s. Si cette hypoth\u00e8se \u00e9tait la bonne, les pays [aujourd’hui] d\u00e9velopp\u00e9s devraient alors, en bonne logique, tout faire pour emp\u00eacher l’Asie du nord-est et du sud-est de se d\u00e9velopper, pour l’appauvrir, pour la maintenir dans un \u00e9tat d’instabilit\u00e9 perp\u00e9tuelle. Ils devraient \u00e9galement miner le sous-continent indien, appel\u00e9 \u00e0 devenir, semble-t-il, la prochaine grande zone de croissance. Bref, ils devraient interdire au milliard deux cents millions d’habitants de l’Asie du sud, et aux deux milliards d’habitants de l’Asie de l’est, de se d\u00e9velopper. Au p\u00e9ril jaune de jadis s’ajouterait alors un p\u00e9ril brun; les Europ\u00e9ens seraient submerg\u00e9s; Genghis Khan reprendrait sa chevauch\u00e9e, et patati et patata.La v\u00e9rit\u00e9 est que ceux qui ont invent\u00e9 le jeu \u00e0 somme nulle sont des pessimistes, des x\u00e9nophobes, de ces gens qui annoncent le choc des civilisations. Or, que ce choc se produise ou non va d\u00e9pendre largement de nos attitudes et de nos actes pr\u00e9sents. La tentative [occidentale] d’interdire l’acc\u00e8s des mati\u00e8res premi\u00e8res aux industries japonaises n’a-t-elle pas conduit, en 1941, l’Empire du Soleil Levant \u00e0 se lancer dans la guerre du Pacifique?Alors que si tous les pays du monde acceptent de consid\u00e9rer l’enrichissement de leurs voisins comme une chance unique de s’enrichir eux-m\u00eames, nul n’aura plus \u00e0 craindre la croissance \u00e9conomique et les succ\u00e8s technologiques des pays en d\u00e9veloppement.Lorsque, il y a des dizaines d’ann\u00e9es d\u00e9j\u00e0, le Japon s’est mis \u00e0 investir dans les industries de Malaisie, nous avons non seulement pu acc\u00e9der \u00e0 la prosp\u00e9rit\u00e9, mais sommes aussi devenus pour le Japon un march\u00e9 majeur. La balance commerciale entre nos deux pays lui est aujourd’hui massivement favorable. Sans rien dire des profits directs \u00e9normes que le Japon a tir\u00e9s de de ses investissements directs dans notre pays.Nos relations avec le Japon ne sont pas inscrites dans un jeu \u00e0 somme nulle, puisque nous \u00e9tions les uns et les autres gagnants. En nous aidant, le Japon et d’autres se sont aid\u00e9s eux-m\u00eames. Les pays tiers ont \u00e9galement b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 de cette coop\u00e9ration. Gr\u00e2ce aux investissements japonais, nous avons pu r\u00e9duire nos co\u00fbts [de production] et rendre accessible aux gens pauvres, des pays d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9s notamment, une large gamme de biens indutriels. La croissance de notre richesse et de nos besoins croissants a, de surcro\u00eet, fait de nous un march\u00e9 int\u00e9ressant pour les produits de tous les pays d\u00e9velopp\u00e9s.Je le r\u00e9p\u00e8te, les pays d\u00e9velopp\u00e9s n’ont rien \u00e0 craindre des pays en d\u00e9veloppement, et n’ont donc aucun int\u00e9r\u00eat \u00e0 essayer de les contenir, de les miner, de les emp\u00eacher de se parler entre eux ou de parler avec leurs voisins plus riches. Le choc des civilisations n’aura pas lieu.Bien s\u00fbr, jamais le monde ne sera totalement paisible. Des guerres locales continueront \u00e0 \u00e9clater. Des armes continueront \u00e0 \u00eatre produites et vendues \u00e0 grand profit. Il n’en reste pas moins qu’un monde d\u00e9velopp\u00e9 et prosp\u00e8re a toutes les chances d’\u00eatre meilleur qu’un monde divis\u00e9 entre tr\u00e8s riches et tr\u00e8s pauvres.Comment les pays en d\u00e9veloppement peuvent-ils cro\u00eetre? Nous pr\u00e9tendons savoir deux ou trois choses \u00e0 ce propos. En tout cas, si la Malaisie est devenue un \u00ab\u00a0tigre\u00a0\u00bb \u00e9conomique, ce n’est pas pour avoir \u00e9cout\u00e9 les media et les grands sorciers de la finance. En v\u00e9rit\u00e9, nous nous sommes d\u00e9velopp\u00e9s en faisant exactement le contraire de ce qu’ils nous disaient de faire. Et aujourd’hui nous pensons, outrageusement, impudemment, que la m\u00eame formule peut aider d’autres pays \u00e0 se d\u00e9velopper.Parmi nos comportements jug\u00e9s peu conventionnels, il y a notre volont\u00e9 de voir grand. L’autoroute nord-sud de 830 km, les six kilom\u00e8tres de quais du nouveau West Port, le pont de Penang, la tour de t\u00e9l\u00e9communication de Kuala Lumpur, les tours jumelles de Petronas, et tant d’autres projets majeurs que nous avons men\u00e9s \u00e0 chef, ont contribu\u00e9 \u00e0 notre croissance et \u00e0 notre richesse. Ces constructions ne sont pas de vulgaires monuments, mais des infrastructures de base.De m\u00eame, \u00e0 Kuala Lumpur, nous construisons actuellement le plus grand a\u00e9roport d’Asie, parce que notre a\u00e9roport actuel, construit il y a 33 ans pour 400’000 passagers, doit en accueillir d\u00e9sormais 16 millions et ne peut plus s’\u00e9tendre.Oui, nous aimons voir grand, et nous avons m\u00eame de grandes id\u00e9es pour enrichir d’autres pays. C’est ainsi que nous avons propos\u00e9 de d\u00e9velopper la vall\u00e9e du M\u00e9kong, et de commencer par la construction d’un chemin de fer entre Singapour et Kunming, en Chine; nous savons en effet que les moyens de transport stimulent le d\u00e9veloppement \u00e9conomique. Enorme, ce projet? Oui, parce que les petits projets n’ont, sur l’\u00e9conomie, que de petits effets.Nous voulons [aussi] rattacher nos lignes de chemin de fer \u00e0 celles de la Chine et de l’Asie centrale, et par l\u00e0 \u00e0 celles de l’Europe. L’Asie centrale est priv\u00e9e d’acc\u00e8s \u00e0 la mer et ne parvient pas, pour cette raison, \u00e0 se d\u00e9velopper. Puisque l’on construit bien des porte-conteneurs g\u00e9ants pour transporter du p\u00e9trole et du fret g\u00e9n\u00e9ral, pourquoi ne pourrait-on construire une ligne de chemin de fer \u00e0 voie tr\u00e8s large, qui permettrait \u00e0 des trains de 2 km de long d’assurer le trafic marchandises des r\u00e9publiques d’Asie centrale? Ces r\u00e9publiques acc\u00e9deraient ainsi \u00e0 la prosp\u00e9rit\u00e9, et le monde verrait s’ouvrir l\u00e0 un immense march\u00e9 neuf.On dirait cependant que ces grands projets nous n’allons pas pouvoir les r\u00e9aliser parce que vous, en Occident, n’aimez pas que nous ayons de grandes id\u00e9es. Parce que vous trouvez impudent que nous essayions de les r\u00e9aliser ou disions simplement vouloir essayer. Parce que si nous disons que nous r\u00e9aliserons ces grands projets lorsque nous aurons l’argent n\u00e9cessaire, vous vous arrangez pour que cet argent nous ne l’ayons pas. Comment? En nous for\u00e7ant \u00e0 d\u00e9valuer notre monnaie. Je vous le dis, votre comportement n’est pas correct.Malgr\u00e9 cela, nous Asiatiques ne nous liguerons jamais contre vous. Parce que nous n’avons pas entre nous les m\u00eames liens ethniques que vous avez entre vous en Europe. Parce que nos peaux sont de couleurs et de tonalit\u00e9s tr\u00e8s diverses, que nous pratiquons des religions distinctes, que nous parlons des langues diff\u00e9rentes, que nous vivons dans des cultures h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes. Parce que nous sommes toujours en d\u00e9saccord les uns avec les autres et parfois m\u00eame nous entre-d\u00e9chirons. Cela ne nous laisse gu\u00e8re le loisir de nous confronter \u00e0 vous. Notre prosp\u00e9rit\u00e9 et notre bien-\u00eatre ne doivent pas vous inspirer de la crainte. Vous avez au contraire tout \u00e0 y gagner. Notre prosp\u00e9rit\u00e9 contribuera \u00e0 votre prosp\u00e9rit\u00e9. Elle contribuera \u00e0 la prosp\u00e9rit\u00e9 du reste du monde. L’Asie est pour vous une chance: saisissez-la.<\/p>\n \u00a9 Le Temps strat\u00e9gique, No 82, Gen\u00e8ve, juillet-ao\u00fbt 1998.<\/p>\n <\/p>\n ADDENDA Malaise en Malaisie<\/strong><\/p>\n D\u00e9but mai 1997: des responsables japonais, inquiets de la baisse du yen, \u00e9voquent l’hypoth\u00e8se d’une hausse des taux d’int\u00e9r\u00eats nippons. Les grands investisseurs internationaux entreprennent aussit\u00f4t de se d\u00e9barrasser de grandes quantit\u00e9s de devises des pays du sud-est asiatique, dont le cours se met \u00e0 chuter. Les bourses locales r\u00e9agissent \u00e9galement \u00e0 la baisse.<\/p>\n Haro sur le baht!<\/strong><\/p>\n 14-15 mai 1997: les sp\u00e9culateurs se d\u00e9barrassent massivement de leurs bahts tha\u00eflandais, puis de leurs pesos philippins.<\/p>\n 8 juillet 1997: la Banque centrale malaysienne d\u00e9cide, \u00e0 l’instar des Banques centrales tha\u00eflandaise et philippine, d’intervenir massivement pour d\u00e9fendre le ringgit malaysien. La manoeuvre r\u00e9ussit provisoirement.<\/p>\n 14 juillet 1997: la Banque centrale malaysienne renonce \u00e0 soutenir le ringgit, tandis que le dollar singapourien tombe \u00e0 son niveau le plus bas depuis f\u00e9vrier 1995.<\/p>\n 24 juillet 1997: les devises asiatiques s’\u00e9croulent. Le premier ministre Mohamad Mahathir s’en prend aux \u00ab\u00a0sp\u00e9culateurs malhonn\u00eates\u00a0\u00bb (rogue speculators<\/em>).<\/p>\n Echange de gracieuset\u00e9s<\/strong><\/p>\n 26 juillet 1997: Mohamad Mahathir accuse le financier am\u00e9ricain George Soros d’\u00eatre le principal responsable du \u00ab\u00a0raid contre le ringgit\u00a0\u00bb.<\/p>\n 23 ao\u00fbt 1997: Mohamad Mahathir insiste: \u00ab\u00a0Tous ces pays [asiatiques] ont consacr\u00e9 quarante ann\u00e9es d’efforts pour construire leurs \u00e9conomies, et il faut alors que survienne un idiot (moron<\/em>) comme Soros…\u00a0\u00bb<\/p>\n 4 septembre 1997: Mohamad Mahathir retarde plusieurs m\u00e9ga-projets de construction chiffr\u00e9s \u00e0 plusieurs milliards de dollars.<\/p>\n 20 septembre 1997: Mohamad Mahathir d\u00e9clare \u00e0 Hong Kong, devant les participants du s\u00e9minaire annuel de la Banque Mondiale, que la sp\u00e9culation sur les devises est immorale et devrait ne plus avoir cours.<\/p>\n 21 septembre 1997: George Soros d\u00e9clare: \u00ab\u00a0Le docteur Mahathir est une menace pour son propre pays\u00a0\u00bb.<\/p>\n Mahathir serre la ceinture<\/strong><\/p>\n 1er octobre 1997: Mohamad Mahathir r\u00e9it\u00e8re son appel pour un contr\u00f4le serr\u00e9 ou l’interdiction totale du commerce de devises. En l’espace de deux heures, le ringgit perd 4% de sa valeur.<\/p>\n 17 octobre 1997: la Malaisie pr\u00e9sente un budget redimensionn\u00e9 pour tenter de renverser la tendance r\u00e9cessive de son \u00e9conomie.<\/p>\n 20-23 octobre 1997: la bourse de Hong Kong conna\u00eet la plus forte baisse de son histoire; en quatre jours, les titres qu’elle traite perdent le quart de leur valeur. La crise boursi\u00e8re s’\u00e9tend \u00e0 Wall Street et aux march\u00e9s \u00e9mergents d’Am\u00e9rique latine.<\/p>\n 8 d\u00e9cembre 1997: La Malaisie instaure un programme d’aust\u00e9rit\u00e9 budg\u00e9taire. Les d\u00e9penses du gouvernement seront r\u00e9duites de 18%, un frein sera mis aux importations et les cr\u00e9dits bancaires seront restreints. Ces mesures signalent la fin d’une d\u00e9cennie marqu\u00e9e par une croissance extr\u00eamement rapide (7,5% de croissance en 1997 encore). M\u00eame si le ringgit a perdu 33% de sa valeur par rapport au dollar depuis juillet 1997, la Malaysie s’en sort mieux, \u00e9conomiquement, que la Tha\u00eflande, l’Indon\u00e9sie, les Philippines ou la Cor\u00e9e du Sud, tous pays qui souffrent d’un endettement ext\u00e9rieur important et ont d\u00fb en appeler \u00e0 l’aide financi\u00e8re du FMI (Fonds Mon\u00e9taire International). Le premier ministre malais s’est fait quant \u00e0 lui un point d’honneur \u00e0 ne pas demander l’aide du FMI.<\/p>\n T\u00c9MOIGNAGE \u00ab\u00a0Les financiers occidentaux s’enrichissent en appauvrissant l’Asie. C’est inadmissible et stupide\u00a0\u00bb Par Mohamed Mahathir, Premier ministre de Malaisie Mohamad Mahathir, m\u00e9decin, Premier ministre de Malaisie depuis 1981, a \u00e9crit notamment The Voice of Asia: Leaders Discuss the Coming Century, avec Shintaro Ishihara (Tokyo, Kodansha, 1996) et Regionalism, Globalism and \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":810,"parent":809,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-819","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/819","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=819"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/819\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":821,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/819\/revisions\/821"}],"up":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/809"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/810"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=819"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}Pendant pr\u00e8s d’un demi-si\u00e8cle, les pays d’Asie du sud-est ont travaill\u00e9 jour et nuit pour am\u00e9liorer leur sort . Lorsque la Malaisie est devenue ind\u00e9pendante, en 1957, ses 5 millions d’habitants disposaient d’un revenu par t\u00eate de 350 dollars. En juin 1997, apr\u00e8s quarante longues ann\u00e9es de labeur et de sueur, ses 20 millions d’habitants disposaient en revanche d’un revenu par t\u00eate de pr\u00e8s de 5000 dollars.<\/p>\n
\n<\/strong>Petit chrono d’une crise financi\u00e8re<\/p>\n
\nSources <\/em>: \u00ab\u00a0The International Herald Tribune<\/a>\u00a0\u00bb & revue de presse on-line<\/a> du professeur Nouriel Roubini.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"