{"id":812,"date":"2015-01-08T22:36:26","date_gmt":"2015-01-08T21:36:26","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=812"},"modified":"2015-01-21T15:05:33","modified_gmt":"2015-01-21T14:05:33","slug":"plus-besoin-de-se-prosterner-devant-lordinateur","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=812","title":{"rendered":"Plus besoin de se prosterner devant l’ordinateur"},"content":{"rendered":"
par Michael Dertouzos<\/strong><\/p>\n Michael Dertouzos<\/em> est directeur du Laboratoire informatique du Massachusetts Institute of Technologhy<\/em> (MIT) \u00e0 Boston. Cet article a \u00e9t\u00e9 adapt\u00e9 avec sa permission de son r\u00e9cent ouvrage: What Will Be: How the New World of Information Will Change Our Lives<\/em> (New York, HaperEdge, 1997).<\/p>\n La caissi\u00e8re finit le dernier paquet, ignore mes soupirs sonores, se saisit d’un crayon et… recommence tout depuis le d\u00e9but, notant \u00e0 la main cette fois-ci une s\u00e9rie de nombres pour chacun des paquets. Je suis tellement choqu\u00e9 par son man\u00e8ge que j’en oublie ma rogne et lui demande ce qu’elle fait. Elle me fait \u00e0 nouveau signe de ne pas la d\u00e9concentrer, puis me r\u00e9pond: \u00ab\u00a0Je dois noter \u00e0 la main chaque num\u00e9ro\u00a0\u00bb. Avec des tremblements dans la voix, je lui demande pourquoi. Elle me r\u00e9pond: \u00ab\u00a0Parce que mon directeur m’a dit de le faire\u00a0\u00bb; d’\u00e9vidence, elle aurait envie d’ajouter: \u00ab\u00a0esp\u00e8ce de cr\u00e9tin!\u00a0\u00bb Pouvais-je laisser les choses en l’\u00e9tat? Je demandai que l’on f\u00eet venir le directeur. Lequel me regarda d’un air complice et me dit, dans un soupir: \u00ab\u00a0Ah! Les ordinateurs, vous savez…\u00a0\u00bb<\/p>\n Comme je lui r\u00e9pliquai que cela devait \u00eatre plus grave que cela, il entreprit de m’expliquer lentement, avec des phrases bien pos\u00e9es, que l’ordinateur central \u00e9tait en panne, et que c’\u00e9tait la raison pour laquelle il fallait faire des copies \u00e0 la main. Prenant le risque de me faire rabrouer, je lui dis: \u00ab\u00a0Mais alors pourquoi enregistrer aussi ces chiffres dans l’ordinateur?\u00a0\u00bb \u00ab\u00a0Parce que c’est notre mani\u00e8re standard d’op\u00e9rer. Ainsi, quand l’ordinateur central marchera de nouveau, nous pourrons mettre \u00e0 jour les donn\u00e9es n\u00e9cessaires \u00e0 la gestion de nos stock.\u00a0\u00bb<\/p>\n Hum. Admettons. \u00ab\u00a0Mais alors pourquoi, au monde, la caissi\u00e8re tape-t-elle les chiffres apr\u00e8s avoir utilis\u00e9 le lecteur de codes-barres?\u00a0\u00bb \u00ab\u00a0Oh! Ca, ce sont les ordres du directeur g\u00e9n\u00e9ral. Il veut pouvoir v\u00e9rifier et contre-v\u00e9rifier toutes les op\u00e9rations du d\u00e9partement.\u00a0\u00bb Je sortis du magasin, assomm\u00e9.<\/p>\n Ayant enfin retrouv\u00e9 mes esprits, j’en vins \u00e0 me dire qu’il est plus facile de promettre une augmentation de productivit\u00e9 par l’informatique, que de le faire r\u00e9ellement. Les d\u00e9tracteurs de la technologie le savent bien qui disent: \u00ab\u00a0Vous voyez que les ordinateurs ne nous aident pas\u00a0\u00bb. Dans certains cas, ils ont raison. Il est bien plus long, par exemple, d’utiliser un t\u00e9l\u00e9phone-r\u00e9pondeur automatique (\u00ab\u00a0tapez 1,tapez 3…\u00a0\u00bb) que de parler \u00e0 une t\u00e9l\u00e9phoniste en chair et en os. Mal utilis\u00e9e, la technologie r\u00e9duit notre productivit\u00e9, au lieu de l’accro\u00eetre.<\/p>\n Mais il serait pervers, voire irresponsable, d’ignorer combien les ordinateurs peuvent nous aider dans notre travail mental.<\/p>\n En cette veille de XXIe si\u00e8cle, on pourrait se contenter de faire mille promesses publicitaires sur les \u00ab\u00a0miracles\u00a0\u00bb informatiques \u00e0 venir. Mais, franchement, je crois plus utile de dire quels sont les obstacles qui se dressent encore sur la route qui conduit \u00e0 un \u00ab\u00a0march\u00e9 de l’information\u00a0\u00bb tout simplement efficace, o\u00f9 nos ordinateurs interconnect\u00e9s ach\u00e8teront, vendront ou \u00e9changeront de l’information pour nous aider dans notre qu\u00eate \u00e9ternelle: obtenir plus de r\u00e9sultats avec moins de travail. Voici donc ma liste des obstacles, avec quelques propositions sur la mani\u00e8re de les surmonter<\/p>\n La redondance ridicule.<\/strong> La duplication d’efforts ridicule dont je fus le t\u00e9moin dans le magasin de Boston se produit encore souvent: les gens font tout ce qu’ils faisaient avant d’avoir des ordinateurs, mais en plus font le travail n\u00e9cessaire pour donner aux ordinateurs ce qu’ils demandent et appara\u00eetre ainsi modernes. Cette monstruosit\u00e9 doit \u00eatre tu\u00e9e nette \u00e0 la seconde o\u00f9 surgit sa t\u00eate hideuse. Inutile de souligner que ce probl\u00e8me particulier tient moins \u00e0 la technologie elle-m\u00eame qu’au mauvais emploi qu’en font les humains.<\/p>\n Le coup du cliquet.<\/strong> Peu apr\u00e8s ma rencontre avec la caissi\u00e8re \u00e9voqu\u00e9e plus haut, je me suis rendu \u00e0 l’a\u00e9roport de Boston. Je tendis \u00e0 l’employ\u00e9 de la compagnie a\u00e9rienne mon ticket pour New York en lui demandant de le remplacer par un ticket pour Washington, D.C.. Il me dit: \u00ab\u00a0Certainement, Monsieur\u00a0\u00bb, puis s’inclina devant son terminal d’ordinateur comme on s’incline devant un dieu. Il se mit \u00e0 pianoter sur son clavier, chaque \u00ab\u00a0pianotis\u00a0\u00bb \u00e9tant suivi de regards pensifs, parfois \u00e0 la limite de la consternation. Immobile, le menton dans la main, il regardait son \u00e9cran, essayant de d\u00e9terminer quelles touches frapper au coup suivant. Douze assauts et cent quarante-six touches plus tard, soit apr\u00e8s 14 minutes, il me tendit mon nouveau billet.<\/p>\n L’int\u00e9r\u00eat de cette histoire tient au fait que n’importe quel \u00e9tudiant en informatique aurait pu construire un syst\u00e8me capable de me livrer ce nouveau billet en 14 secondes: j’aurais plac\u00e9 l’ancien dans une ouverture, la machine aurait lu son contenu, j’aurais appuy\u00e9 sur la touche \u00ab\u00a0changer\u00a0\u00bb, j’aurais indiqu\u00e9 ma nouvelle destination, et aussit\u00f4t le nouveau ticket m’aurait \u00e9t\u00e9 livr\u00e9. Quatorze minutes durant 60 fois plus longtemps que 14 secondes, une telle machine aurait augment\u00e9 la productivit\u00e9 de l’employ\u00e9 du guichet de 6000%!<\/p>\n Il y a donc l\u00e0 quelque chose qui ne joue pas! Le commun des mortels se r\u00e9jouit d’acheter un ordinateur 20% plus rapide que celui qu’il a d\u00e9j\u00e0… mais se moque d’un accroissement de rapidit\u00e9 de 6000%! Pourquoi les compagnies a\u00e9riennes ne se pr\u00e9cipitent-elles pas pour construire une machine aussi fabuleuse? C’est simple: si elles devaient en construire une pour chaque demande imaginable, il leur en faudrait des milliers dans chaque a\u00e9roport. D’accord, me direz-vous, mais alors pourquoi ne reprogramment-elles pas leurs ordinateurs centraux pour pouvoir changer au moins les billets tr\u00e8s vite? Simplement parce que cela leur co\u00fbterait des milliards de dollars. Pourquoi? Parce qu’elles ont empil\u00e9 tant de mises \u00e0 jour et de nouveaut\u00e9s dans leurs syst\u00e8mes informatiques, qu’apr\u00e8s 20 ann\u00e9es, elles se retrouvent avec un incroyable amoncellement de spaghetti dont elles n’arrivent plus \u00e0 faire fa\u00e7on. En d’autres termes, si elles voulaient vraiment am\u00e9liorer leur syst\u00e8me, elles seraient oblig\u00e9es de repartir de z\u00e9ro.<\/p>\n Voil\u00e0 pourquoi je parle du coup du cliquet: lorsqu’un logiciel est modifi\u00e9, jamais la complexit\u00e9 du syst\u00e8me auquel il participe ne diminuie, toujours elle augmente – sauf si le syst\u00e8me est compl\u00e8tement reconstruit. Plus qu’\u00e0 des maladresses humaines, le probl\u00e8me, ici, tient donc \u00e0 un technologie inad\u00e9quate. Pour \u00e9viter de pareils embrouillaminis, il faudrait que nous puissions disposer de logiciels capables de mettre nos syst\u00e8mes \u00e0 jour de mani\u00e8re \u00e9l\u00e9gante, sans p\u00e9ril pour leur efficacit\u00e9.<\/p>\n Les manuels gros comme des dictionnaires.<\/strong> Les manuels de traitement de texte occupent un dixi\u00e8me des rayons de ma biblioth\u00e8que. Si j’y ajoute les manuels qui viennent avec les tableurs, avec les logiciels de pr\u00e9sentation et avec les bases de donn\u00e9es, c’est la moiti\u00e9 de ma biblioth\u00e8que qui y passe. Comme je fabrique aussi des graphiques et fais un peu de programmation, il faut compter encore avec quelques manuels de plus. Le tout occupe autant d’espace que mon Encyclopaedia Britannica<\/em>. Les fabricants imaginent que les gens apprennent et retiennent bien plus de choses qu’ils n’en ont besoin. C’est comme si l’on obligeait quelqu’un \u00e0 \u00e9tudier un manuel de 850 pages avant d’utiliser un crayon. Vous riez? Mais pourquoi pourquoi riez-vous lorsqu’il s’agit d’un crayon, et pas lorsqu’il s’agit d’un traitement de texte? Je veux croire que pendant les 50 premi\u00e8res ann\u00e9es du XXIe si\u00e8cle, les fabricants se r\u00e9soudront \u00e0 nous d\u00e9barrasser de leurs manuels ob\u00e8ses pour rendre l’utilisation de leurs ordinateurs plus facile et plus naturelle – c’est tout.<\/p>\n La folie des options.<\/strong> Les logiciels qui envahissent aujourd’hui le march\u00e9 sont boursoufl\u00e9s d’options – ce qui permet aux fabricants de les vendre plus cher \u00e0 des acheteurs fascin\u00e9s par l’id\u00e9e qu’ils vont pouvoir faire mille choses diff\u00e9rentes. Dans la pratique, on sait qu’ils n’en feront que quelques-unes, et oublieront tr\u00e8s vite les options qu’ils ont achet\u00e9es et la mani\u00e8re de les utiliser. Quand je pense qu’il faut pr\u00e8s d’une demi-journ\u00e9e pour charger dans un ordinateur les 46 disquettes de tel paquet fameux de logiciels de bureau, je me dis que, c\u00f4t\u00e9 productivit\u00e9, ce n’est vraiment pas terrible. Ici, ce sont les hommes qui sont coupables, pas les technologies.<\/p>\n L’intelligence bidon.<\/strong> Ma voiture dispose d’un t\u00e9l\u00e9phone dont la publicit\u00e9 dit qu’il est \u00ab\u00a0intelligent\u00a0\u00bb parce que, d\u00e8s l’instant qu’il fait un appel, il coupe le son de la radio de bord. Cette caract\u00e9ristique me paraissait tout \u00e0 fait plaisante jusqu’au jour o\u00f9, entendant l’un de mes bons amis interview\u00e9 \u00e0 la radio, j’en appelai un autre pour qu’au t\u00e9l\u00e9phone il \u00e9coute avec moi l’interview. Ce fut \u00e9videmment impossible, puisque le t\u00e9l\u00e9phone coupa le son de la radio. Il y a intelligence bidon chaque fois qu’un programmeur plein de bonnes intentions met dans un logiciel ce qu’il croit \u00eatre une intelligence formidable destin\u00e9e \u00e0 faciliter la vie de l’utilisateur. Car chaque fois que cette intelligence se r\u00e9v\u00e8le insuffisante pour ex\u00e9cuter la t\u00e2che d\u00e9sir\u00e9e – et c’est souvent le cas – elle met des b\u00e2tons dans les roues. Si donc je devais choisir entre une machine demi-intelligente, et une machine massivement stupide mais d\u00e9nu\u00e9e de pr\u00e9tentions, je choisirais la seconde, parce qu’au moins je pourrais lui dire quoi faire.<\/p>\n Pour accro\u00eetre notre productivit\u00e9, il importe donc que nous nous demandions toujours si \u00ab\u00a0l’intelligence\u00a0\u00bb d’un nouveau logiciel ne risque pas de nous apporter plus de maux de t\u00eate que d’aide r\u00e9elle. Les fabricants de programmes ambitieux devraient \u00e0 tout le moins les \u00e9quiper d’une commande \u00ab\u00a0Deviens stupide\u00a0\u00bb, qui permettrait \u00e0 l’utilisateur de les reprendre en mains.<\/p>\n L’horrible machine qui prend tout en main.<\/strong> Il est 2 heures du matin, je viens de rentrer \u00e0 la maison. Swissair a annul\u00e9 mon vol au d\u00e9part de Boston parce que les volets de l’avion sont tomb\u00e9s en panne. Aussit\u00f4t 350 passagers en rade se sont pr\u00e9cipit\u00e9s comme des \u00e9tourneaux sur tout ce qui avait une t\u00eate d’employ\u00e9 dans l’a\u00e9roport. Je pr\u00e9f\u00e9rai donc quitter ce cirque, foncer \u00e0 la maison, allumer mon ordinateur et essayer d’entrer dans le syst\u00e8me de r\u00e9servation self-service Easy Sabre, de Prodigy, afin de trouver une place dans un vol du matin \u00e0 partir de Boston ou de New York. Or, avant m\u00eame que je tape quoi que ce soit, Prodigy prit le contr\u00f4le total de mon \u00e9cran et de mon clavier, m’informant que pour faciliter l’usage de ses services, il allait prendre quelques instants (traduire: une demie heure au minimum) pour t\u00e9l\u00e9charger dans mon ordinateur un logiciel am\u00e9lior\u00e9.<\/p>\n Je me trouvai impuissant \u00e0 emp\u00eacher Prodigy de m’aider d’une mani\u00e8re aussi assassine. Un vulgaire logiciel avait pris les choses en main, et moi, l’Homo sapiens<\/em>, j’\u00e9tais clou\u00e9 au mur, sachant qu’\u00e0 chaque minute les nomades fr\u00e9n\u00e9tiques de l’a\u00e9roport s’arrachaient les places \u00e9ventuellement disponibles sur les vols du matin. Pour leur passer sous le nez, franchement j’aurais volontiers utilis\u00e9 n’importe quel logiciel vieux d’un si\u00e8cle! Au vrai, j’avais l’impression d’\u00eatre en train de me noyer dans une eau peu profonde, alors que le sauveteur, sur la plage, hurlait dans son m\u00e9gaphone pour m’informer, et avec moi tous les autres baigneurs, que de nouvelles mesures de s\u00e9curit\u00e9 am\u00e9lior\u00e9es \u00e9taient entr\u00e9es en vigueur.<\/p>\n Bien s\u00fbr, une certaine prise en mains par la machine peut \u00eatre d\u00e9sirable. Il serait par exemple d\u00e9sastreux qu’une erreur de touches efface tout le contenu de votre ordinateur sans que la machine ne vous demande si c’est vraiment l\u00e0 votre intention. Mais dans 95% des cas, une fausse manuvre a des cons\u00e9quences qui sont tout sauf catastrophiques. Plus vite nous nous d\u00e9barrasserons donc de nos b\u00e9quilles informatiques, et plus t\u00f4t les machines seront \u00e0 notre service, au lieu que nous soyons au leur.<\/p>\n La complexit\u00e9 d\u00e9mente.<\/strong> Il est presque midi. Je me trouve dans mon bureau et d\u00e9couvre, constern\u00e9, que j’ai oubli\u00e9 de sortir de mon ordinateur qui est \u00e0 la maison des graphiques dont j’ai absolument besoin pour le lunch de travail qui commence dans quelques instants. Pas de panique: je vais appeler chez moi et demander que l’on me transf\u00e8re les documents \u00e9lectroniquement. Manque de chance, la seule personne chez moi est l’\u00e9lectricien. Mais il accepte sportivement de m’aider. Je lui dis: \u00ab\u00a0S’il vous pla\u00eet, allumez l’ordinateur en tournant le bouton qui est en haut du clavier.\u00a0\u00bb Youpii, j’entends la petite musique famili\u00e8re. Parce que l’ordinateur prend deux minutes pour lancer ses programmes, l’\u00e9lectricien a amplement le temps de me demander pour quelle raison il ne s’allume pas instantan\u00e9ment, comme une ampoule \u00e9lectrique.<\/p>\n Je me retiens de lui dire que je partage son \u00e9tonnement, et qu’en v\u00e9rit\u00e9 il y a trois ans d\u00e9j\u00e0 que j’essaie d’int\u00e9resser des sponsors et des chercheurs \u00e0 un projet qui aurait pour objectif de liquider cette situation vexante, qui oblige l’homme \u00e0 demander respectueusement \u00e0 un logiciel l’autorisation d’allumer ou d’\u00e9teindre son ordinateur. J’essaie de rester technique: \u00ab\u00a0OK, maintenant d\u00e9roulez le menu Pomme<\/em> et s\u00e9lectionnez la commande Appelez le bureau<\/em>\u00a0\u00bb – une commande que j’avais providentiellement install\u00e9e l\u00e0 quelque temps auparavant. L’\u00e9lectricien suit mes instructions, et bient\u00f4t j’entends sonner le bip de mon modem appelant le modem de mon bureau. Je jubile. Nous y sommes presque.<\/p>\n Je demande \u00e0 l’\u00e9lectricien: \u00ab\u00a0Vous voyez le message qui indique que nous sommes connect\u00e9s?\u00a0\u00bb Il me r\u00e9pond: \u00ab\u00a0Non\u00a0\u00bb. Une minute passe. Il m’annonce alors qu’un message d’alerte est apparu qui l’informe que les modems communiquent correctement et peuvent \u00e9changer des signaux, mais que, pour une raison inconnue, les logiciels des deux machines sont incapables de communiquer entre eux. Je lui demande de relancer l’ordinateur de la maison pendant que je relance celui du bureau: je ne sais pas ce qui se passe, mais mieux vaut recommencer avec une ardoise nette. L’\u00e9nervement me gagne.<\/p>\n Lorsque les ordinateurs sont relanc\u00e9s, nous recommen\u00e7ons toute la danse des modems. Cette fois-ci, \u00f4 miracle, \u00e7a marche. Je demande \u00e0 l’\u00e9lectricien de trouver la commande S\u00e9lectionner<\/em>, de cliquer sur l’icone Appleshare<\/em>, puis de cliquer sur l’image qui repr\u00e9sente l’ordinateur du bureau. Il me dit que quelque chose se passe sur l’\u00e9cran, ce que j’interpr\u00e8te comme un succ\u00e8s. Je lui dis alors de localiser le pr\u00e9cieux fichier des graphiques et de me l’envoyer. Deux minutes et demie plus tard, les graphiques arrivent sains et saufs dans mon bureau. Je remercie profus\u00e9ment l’\u00e9lectricien, envoie les images \u00e0 mon imprimante qui me livre de superbes transparents – et arrive \u00e0 mon meeting avec une demie heure de retard.<\/p>\n Pourquoi, au monde, ne puis-je, depuis mon bureau, ordonner simplement \u00e0 l’ordinateur qui est chez moi: \u00ab\u00a0Envoie-moi les graphiques que j’ai cr\u00e9\u00e9s hier soir\u00a0\u00bb? Que les ing\u00e9nieurs ne me racontent pas que c’est parce que les machines, ou les syt\u00e8mes, ou les macros ou je ne sais pas quoi, sont diff\u00e9rents. Je n’y crois pas, et ils n’y croient pas non plus. Il est grand temps de corriger cette complexit\u00e9 d\u00e9mente en simplifiant les options et en diminuant leur nombre. Il faut surtout renverser la logique des concepteurs qui, depuis des dizaines d’ann\u00e9es, imaginent les commandes et les options pour tenir compte des syst\u00e8mes existants, au lieu de les imaginer pour satisfaire les besoins des utilisateur. Voyez l’industrie automobile: il y a belle lurette qu’elle n’impose plus aux conducteurs de m\u00e9langer eux-m\u00eames leur essence ou de r\u00e9gler eux-m\u00eames leur allumage; elle leur donne un volant, une p\u00e9dale pour les gaz, une p\u00e9dale pour le frein, et c’est tout.<\/p>\n Des machines incapables de s’entendre.<\/strong> Les ordinateurs n’accro\u00eetront donc notre productivit\u00e9 que le jour o\u00f9 ils seront capables de se comprendre les uns les autres et donc de travailler ensemble pour r\u00e9gler automatiquement la plupart de nos affaires de routine – affaires importantissimes, puisque la moiti\u00e9 de l’\u00e9conomie des pays industriels est travail de bureau.<\/p>\n Mais nous sommes tellement excit\u00e9s aujourd’hui par les charmes du courrier \u00e9lectronique et d’internet, que nous consacrons le plus clair de notre \u00e9nergie \u00e0 explorer cette nouvelle fronti\u00e8re, usant nos yeux et notre cerveau \u00e0 naviguer dans ce labyrinthe et \u00e0 essayer de comprendre les messages qu’\u00e9changent nos machines. Cela est d’autant plus rageant qu’il ne serait pas tr\u00e8s difficile de leur donner la capacit\u00e9 de se comprendre entre elles. L’un des moyens les plus simples serait d’utiliser des formulaires \u00e9lectroniques (e-forms<\/em>) dont chaque rubrique aurait une signification pr\u00e9\u00e9tablie que les ordinateurs de toutes provenances pourraient exploiter. Supposez qu’il me suffise de dire de vive voix \u00e0 ma machine (l’affaire de 3 secondes): \u00ab\u00a0Je veux aller \u00e0 Ath\u00e8nes le week-end prochain\u00a0\u00bb; que ma machine produise alors le formulaire \u00e9lectronique ad hoc, assure le va et vient entre ce formulaire et celui de l’ordinateur de r\u00e9servation jusqu’\u00e0 ce qu’ensemble elles aient trouv\u00e9 et confirm\u00e9 le vol ad\u00e9quat… Trois secondes, compar\u00e9es aux 10 minutes qu’il me faut aujourd’hui pour faire moi-m\u00eame une r\u00e9servation on-line: j’aurais accru ma productivit\u00e9 de 20’000%!<\/p>\n Des groupes ayant les m\u00eames int\u00e9r\u00eats – acheteurs d’oranges en gros ou achemineurs de radiographies au sein d’un h\u00f4pital – pourraient ais\u00e9ment d\u00e9velopper des formulaires \u00e9lectroniques propres \u00e0 leur sp\u00e9cialit\u00e9s, gr\u00e2ce auxquels ils conduiraient sans peine leurs transactions de routine.<\/p>\n Certes, beaucoup d’informaticiens allergiques aux standards s’insurgent. Selon eux, les formulaires \u00e9lectroniques auraient le m\u00eame destin malheureux que l’esp\u00e9ranto. Le seul moyen pour que nos ordinateurs se comprennent, disent-ils, serait qu’ils traduisent les questions qu’ils posent et les instructions qu’ils donnent en un langage commun, de la m\u00eame mani\u00e8re que l’on traduit des textes d’anglais en fran\u00e7ais. Leur proposition ne me convainc gu\u00e8re. Il n’est en effet possible de traduire quelque chose d’anglais en fran\u00e7ais que parce que les deux langues ont des concepts identiques, qu’elles sont d’accord par exemple que chaise<\/em> et chair <\/em>sont des termes d\u00e9signant tous deux un meuble \u00e0 quatre pieds sur lequel les gens s’assoient. Sans cette connivence de base, aucune traduction, aussi sophistiqu\u00e9e f\u00fbt-elle, ne permettrait aux Anglophones et aux Francophones de se comprendre – tout simplement parce qu’il n’y aurait alors rien \u00e0 comprendre.<\/p>\n La tarte \u00e0 la cr\u00e8me de la convivialit\u00e9.<\/strong> Mais le grand changement, celui qui nous occupera une bonne partie du XXIe si\u00e8cle, viendra cependant, j’en suis convaincu, d’un dessin compl\u00e8tement neuf des ordinateurs, qui nous permettra de les utiliser plus ais\u00e9ment qu’aujourd’hui.<\/p>\n Ces derni\u00e8res ann\u00e9es, quiconque pronon\u00e7ait devant moi l’expression user friendly<\/em> (convivial) courait le risque de recevoir mon poing dans la figure. Ces deux mots, en effet, ont \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9s tant de fois et sans la moindre vergogne, pour vanter une facilit\u00e9 d’emploi rarement v\u00e9rifi\u00e9e dans la r\u00e9alit\u00e9…<\/p>\n Imaginez-vous \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1980. Un ami vous aborde, surexcit\u00e9 parce qu’il a appris \u00e0 utiliser un tableur (un tableau permettant des calculs). Vous lui demandez comment \u00e7a marche. Il vous montre une grande grille et vous dit: \u00ab\u00a0Si tu mets un paquet de chiffres dans une colonne, et dessous tu mets la commande Additionner<\/em>, la somme de ces chiffres appara\u00eetra dans une cellule au bas de la colonne. Si tu changes alors un des chiffres, le total sera automatiquement modifi\u00e9.\u00a0\u00bb Votre ami, incapable de contr\u00f4ler son enthousiasme, continue \u00e0 toute vitesse: \u00ab\u00a0Et si tu veux augmenter l’un des nombres de 10%, tu tapes juste dans la cellule voisine l’instruction de le multiplier par 1.1.\u00a0\u00bb A ce point du discours, son regard devient carr\u00e9ment lubrique, avant qu’il n’ajoute: \u00ab\u00a0Et si tu veux que augmenter tous les nombres de 10%, tu tires ta souris comme \u00e7a, et tous ob\u00e9issent.\u00a0\u00bb<\/p>\n Votre ami inspire profond\u00e9ment, pr\u00eat \u00e0 exploser encore, quand vous l’arr\u00eatez net: \u00ab\u00a0Merci, mon vieux, mais tu peux me laisser maintenant, j’en sais assez pour faire toute ma comptabilit\u00e9.\u00a0\u00bb Et, en v\u00e9rit\u00e9, c’est \u00e0 quoi des millions de gens \u00e0 travers le monde utilisent aujourd’hui leurs tableurs Microsoft Excel ou Lotus 1-2-3. Ils connaissent \u00e0 peine dix pour cents des possibilit\u00e9s que leur offrent ces logiciels, bien assez toutefois pour augmenter leur productivit\u00e9 de fa\u00e7on notable.<\/p>\n Puis un jour arrive o\u00f9 vous vous rendez compte que vous avez besoin de faire quelque chose de plus ambitieux, de dupliquer par exemple les instructions compliqu\u00e9es qui vous ont permis jusque l\u00e0 de faire vos additions, pour un jeu compl\u00e8tement diff\u00e9rent de chiffres initiaux. Perplexe, vous retournez chez votre ami. Il sourit avec la condescendance de celui qui sait et vous informe que vous allez devoir vous initier aux macros. Ses explications ne sont plus aussi simples que la premi\u00e8re fois, et vous d\u00e9couvrez, d\u00e9confit, que vous n’arrivez pas \u00e0 faire tout ce que vous voulez avec votre tableur. C’est \u00e0 ce point que l’immense majorit\u00e9 des millions de gens qui utilisent des tableurs rendent les armes.<\/p>\n Mais comme vous, vous \u00eates un vaillant, vous continuez \u00e0 vous battre et finissez par ma\u00eetriser les myst\u00e8res des macros, lesquelles ne sont rien d’autre, au fond, que des programmes informatiques \u00e9crits dans un langage compliqu\u00e9, qui donnent \u00e0 votre place au tableur l’ordre de faire des choses qu’en d’autres circonstances vous eussiez d\u00fb faire manuellement. Pendant six mois tout va bien, mais arrive \u00e0 nouveau un jour o\u00f9 vous voulez faire quelque chose de plus ambitieux encore, qui vous obligerait \u00e0 cr\u00e9er une interface homme-machine. Retour chez votre ami, qui vous annonce que vous \u00eates devenu trop bon pour les capacit\u00e9s limit\u00e9es de votre tableur, et que le temps est venu pour vous d’apprendre un vrai langage de programmation, le C++ par exemple.<\/p>\n C++: ignorant de ce qui se cache derri\u00e8re ces trois signes innocents, vous d\u00e9cidez de vous lancer. Cela vous co\u00fbte votre emploi, parce que l’apprentissage du C++ vous prend d\u00e9sormais tout votre temps. Mais la passion vous d\u00e9vore et ce d\u00e9tail ne vous arr\u00eate pas. Deux ans plus tard, ayant ma\u00eetris\u00e9 le C++ et quelques autres langages de programmation, vous commencez une brillante carri\u00e8re de vendeur de logiciels et devenez enfin riche.<\/p>\n Happy end<\/em>, d’accord, mais quel parcours! Tracez une ligne qui note les efforts consentis et les comp\u00e9tences acquises: le trac\u00e9 monte lentement sur un bon bout du chemin, puis, lorsque vous commencez \u00e0 apprendre des choses difficiles, devient tr\u00e8s raide, et ainsi de suite, une cha\u00eene de montagne dont les sommets sont de plus en plus \u00e9lev\u00e9s. C’est alors que vous vous dites qu’il e\u00fbt mieux valu que la pente f\u00fbt plus douce et plus r\u00e9guli\u00e8re jusqu’au dernier sommet, ce qui vous aurait permis d’am\u00e9liorer vos gains de productivit\u00e9 \u00e0 mesure que vous faisiez l’effort d’apprendre, sans \u00eatre bloqu\u00e9 \u00e0 tout bout de champ par de vertigineuses falaises.<\/p>\n Je suis pr\u00eat \u00e0 parier que de tels \u00ab\u00a0syst\u00e8mes en pente douce\u00a0\u00bb, comme je les appelle, vont appara\u00eetre et marquer un point tournant dans notre Age de l’Information. Ils nous permettront d’automatiser n’importe laquelle de nos activit\u00e9s r\u00e9p\u00e9titives. Ils auront l’\u00e9l\u00e9gance de ne d\u00e9grader nos performances que de mani\u00e8re mod\u00e9r\u00e9e, lorsque nous commettons une erreur ou un oubli, au lieu de provoquer d’irr\u00e9m\u00e9diables catastrophes. Et ils ne seront pas plus difficiles \u00e0 comprendre que des recettes de cuisine.<\/p>\n La ringardise de nos conceptions XXe si\u00e8cle.<\/strong> L’une des raisons pour lesquelles le commun des mortels a de la peine \u00e0 donner des ordres \u00e0 un logiciel est que ce dernier n’a pas la moindre id\u00e9e de ce que nous essayons de lui faire faire.<\/p>\n Il me faut 17 secondes pour dire \u00e0 un programmateur: \u00ab\u00a0S’il vous pla\u00eet, \u00e9crivez-moi un programme qui me permettre d’enregistrer dans mon ordinateur les ch\u00e8ques que je libelle, avec la cat\u00e9gorie de d\u00e9pense concern\u00e9e: alimentation, loisirs, etc., de telle mani\u00e8re que je puisse demander \u00e0 tout moment un rapport sur les ch\u00e8ques que j’ai \u00e9mis \u00e0 ce jour, ordonn\u00e9s par dates et par cat\u00e9gories.\u00a0\u00bb<\/p>\n Cette demande, je l’ai faite plusieurs fois \u00e0 des programmeurs diff\u00e9rents. Les programmeurs de haut vol ont tous d\u00e9clin\u00e9 ma proposition, en me signalant que des programmes de ce genre sont disponibles en magasin. Les bons programmeurs me disent qu’ils peuvent me faire \u00e7a en quelques heures – et passent alors un ou deux jours \u00e0 me fabriquer un prototype bancal. Les programmeurs inexp\u00e9riment\u00e9s, enfin, me r\u00e9pondent non sans suffisance qu’ils vont m’arranger \u00e7a en quelques minutes sous la forme d’une macro pour tableurs – et finissent par ne rien me livrer du tout. En v\u00e9rit\u00e9, Intuit, la compagnie proposant l’excellent programme Quicken, qui remplit cette t\u00e2che et quelques d’autres, a eu besoin de deux ans et d’un paquet de millions de dollars pour le d\u00e9velopper, le tester et le mettre sur le march\u00e9 avec les manuels n\u00e9cessaires.<\/p>\n Voyez le myst\u00e8re: comment est-il possible que moi je puisse programmer un \u00eatre humain pour qu’il comprenne mes instructions en 17 secondes, alors qu’il faut un temps des millions de fois plus long pour programmer un ordinateur de mani\u00e8re \u00e0 ce qu’il les comprenne \u00e9galement? La r\u00e9ponse tient \u00e0 nouveau au fait que les humains ont en commun des concepts comme \u00ab\u00a0ch\u00e8que\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0cat\u00e9gorie\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0rapport\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0ordre chronologique\u00a0\u00bb, etc., mais pas les ordinateurs. C’est pourquoi les programmeurs passent le plus clair de leur temps \u00e0 leur apprendre ce que ces concepts veulent dire. Si, en revanche, je disposais d’un ordinateur qui comprennent ces concepts, quelques secondes me suffiraient \u00e0 le programmer.<\/p>\n Les informaticiens, s’ils veulent vraiment construire des ordinateurs faciles \u00e0 utiliser, vont donc devoir rompre avec notre ringarde fascination XXe si\u00e8cle pour la structure d’outils tels que les bases de donn\u00e9es, les tableurs, les navigateurs, les langages, etc. A l’origine, cette obsession de la structure unique a certes \u00e9t\u00e9 leur force, puisqu’elle leur a permis que les ordinateurs servent \u00e0 des milliers d’usages diff\u00e9rents, de la comptabilit\u00e9 aux calculs d’ing\u00e9nieur, en passant par les beaux-arts. Cependant, cette polyvalence m\u00eame leur fait ignorer les services particuliers qu’ils doivent rendre, et r\u00e9duit donc consid\u00e9rablement leur efficacit\u00e9 potentielle – \u00ab\u00a0celui qui sait tout faire ne sait rien faire\u00a0\u00bb.<\/p>\n Pour accro\u00eetre notre productivit\u00e9, nous avons besoin, d\u00e9sormais, d’une nouvelle race de logiciels, tels des tableurs \u00ab\u00a0comprenant\u00a0\u00bb d\u00e8s l’origine la nature de certaines t\u00e2ches r\u00e9p\u00e9titives de haut niveau, et donc programmables ais\u00e9ment par n’importe quel comptable.<\/p>\n Des ordinateurs sur mesure.<\/strong> Le d\u00e9fi ultime de notre Age de l’Information devrait \u00eatre cependant de construire des logiciels sur mesure. Les logiciels actuels sont des habits de confection: \u00ab\u00a0une taille pour toutes les tailles\u00a0\u00bb. La plupart d’entre eux sont mal coup\u00e9s, et nous sommes oblig\u00e9s de nous contorsionner pour y trouver un peu nos aises. Aujourd’hui, cela peut encore aller. Mais le si\u00e8cle prochain, cela n’ira plus. Pour que les individus et les entreprises r\u00e9alisent de nouveaux et formidables gains de productivit\u00e9, il faudra que leurs ordinateurs se plient \u00e0 leurs humaines exigences, alors qu’aujourd’hui ce sont eux qui doivent se plier aux exigences d’ordinateur.<\/p>\n Cette qu\u00eate d’outils d’information sur mesure, dot\u00e9s de connaissances sp\u00e9cialis\u00e9es, s’inscrit dans la tendance actuelle \u00e0 fabriquer des biens industriels sur mesure. [On lira \u00e0 ce propos: \u00ab\u00a0Les grosses usines b\u00eates et m\u00e9chantes, c’est fini\u00a0\u00bb, par John Bessant, dans \u00ab\u00a0Le Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb No 43 de d\u00e9cembre 1991]. Je n’exclus donc point qu’\u00e0 la fin du XXIe si\u00e8cle, chacun ait naturellement acc\u00e8s \u00e0 une forme facile de programmation, de la m\u00eame mani\u00e8re que chacun, aujourd’hui, a acc\u00e8s l’\u00e9criture qui en d’autre temps \u00e9tait l’affaire exclusive des scribes. Les sp\u00e9cialistes continueront certes \u00e0 faire le gros du travail de programmation. Mais chacun de nous en viendra \u00e0 programmer tout naturellement, sans m\u00eame y pr\u00eater attention, le 1 % du code qui donnera aux logiciel ses caract\u00e9ristiques uniques – et donc les plus pr\u00e9cieuses.<\/p>\n ADDENDA<\/strong><\/span><\/p>\n Pour comprendre la r\u00e9volution num\u00e9rique<\/strong><\/p>\n <\/p>\n Data Smog: Surviving the Information Glut,<\/strong> par David Shenk. San Francisco, Harper Edge, 1997.<\/p>\n Trapped in the Net: The Unanticipated Consequences of Computerization,<\/strong> par Gene I. Rochlin. Princeton, N.J., Princeton University Press, 1997.<\/p>\n Interface Culture: How New Technology Transforms the Way We Create and Communicate,<\/strong> par Steven Johnson. San Francisco, HarperEdge, 1997.<\/p>\n Cyberculture,<\/strong> par Pierre L\u00e9vy. Paris, Odile Jacob, 1998.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Demain, vous n’aurez plus besoin de vous prosterner devant votre ordinateur Il fera humblement et rapidement ce que vous lui demanderez de faire par Michael Dertouzos Michael Dertouzos est directeur du Laboratoire informatique du Massachusetts Institute of Technologhy (MIT) \u00e0 Boston. Cet article a \u00e9t\u00e9 adapt\u00e9 avec sa permission de \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":810,"parent":809,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-812","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/812","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=812"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/812\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":814,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/812\/revisions\/814"}],"up":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/809"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/810"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=812"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}Dans quelques jours, No\u00ebl. Je suis en train de faire mes achats dans un magasin haut-de-gamme de Boston. Je pr\u00e9sente neuf articles \u00e0 la caissi\u00e8re, qui passe son lecteur magique sur chaque paquet pour en lire le code-barre. L’imprimante note en cliquetant la description et le prix des articles. Je m’appr\u00eate \u00e0 sortir ma carte de cr\u00e9dit, lorsque la caissi\u00e8re se tourne vers la caisse enregistreuse \u00e0 c\u00f4t\u00e9 d’elle et, horreur des horreurs, se met \u00e0 y taper manuellement les m\u00eames indications, les unes apr\u00e8s les autres. Au sixi\u00e8me paquet, je racle bruyamment ma gorge et, avec l’indignation du sp\u00e9cialiste, lui demande pourquoi au monde elle duplique le travail de son lecteur de codes-barres. D’un geste d’autorit\u00e9, elle me signale de faire silence, ajoutant n\u00e9anmoins: \u00ab\u00a0S’il vous pla\u00eet, laissez-moi finir\u00a0\u00bb. Je la prie de prendre tout son temps, quand bien m\u00eame mes muscles se contractent et mon cerveau r\u00eave de s\u00e9vices.<\/p>\n