{"id":69,"date":"2014-12-28T01:19:12","date_gmt":"2014-12-28T00:19:12","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=69"},"modified":"2014-12-30T20:47:24","modified_gmt":"2014-12-30T19:47:24","slug":"geofinance","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=69","title":{"rendered":"G\u00e9ofinance"},"content":{"rendered":"

Nouvelle finance plan\u00e9taire
\nles vertus du chaos<\/h3>\n

par Charles Goldfinger
\n<\/strong><\/p>\n

Charles Goldfinger<\/em>, directeur-g\u00e9n\u00e9ral de Global Electronic Finance<\/em> (GEF) Management S.A., \u00e0 Bruxelles, s\u2019int\u00e9resse notamment \u00e0 l\u2019impact de la technologie de l\u2019information sur la strat\u00e9gie des entreprises et sur les politiques \u00e9conomiques. Auteur de La g\u00e9ofinance<\/em> (Paris, Seuil, 1986) et de L\u2019utile et le futile: l\u2019\u00e9conomie de l\u2019immat\u00e9riel<\/em> (Paris, Edile Jacob, 1994) et Travail et Hors-Travail, vers une soci\u00e9t\u00e9 fluide<\/em> (Paris, Odile Jacob, 1998), il avait d\u00e9j\u00e0 publi\u00e9 dans \u00ab\u00a0Le Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb No 31 de l\u2019hiver 1989-90: \u00ab\u00a0La finance internationale, sauvageonne dangereuse que nul n’apprivoisera jamais?\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Apr\u00e8s les \u00e9conomies agricole, industrielles, et des services, voici venu le temps de l’\u00e9conomie immat\u00e9rielle. L\u2019essentiel de l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique ne consiste plus, d\u00e9sormais, \u00e0 produire et \u00e0 accumuler des objets, mais \u00e0 \u00e9mettre et \u00e0 traiter des flux d\u2019informations, canalis\u00e9s par les \u00ab\u00a0autoroutes num\u00e9riques\u00a0\u00bb, infrastructure de r\u00e9seaux informatiques, t\u00e9l\u00e9communicationnels et audiovisuels visibles et invisibles.<\/p>\n

Au c\u0153ur de cette nouvelle \u00e9conomie immat\u00e9rielle, la finance occupe une place centrale.<\/p>\n

Sans monnaie, sans interm\u00e9diaires financiers, aucun \u00e9change, aucun commerce international, aucun investissement ne serait possible. Aujourd\u2019hui, le volume des transactions financi\u00e8res internationales est de plus de 1300 milliards de dollars par jour, soit pr\u00e8s de cent fois sup\u00e9rieur au volume du commerce mondial quotidien des marchandises. Les services financiers contribuent pour 5 \u00e0 7% du produit int\u00e9rieur brut des pays industrialis\u00e9s. Les grandes banques suisses, allemandes ou fran\u00e7aises sont des multinationales de plein droit.<\/p>\n

Mais la finance est aussi une activit\u00e9 hautement symbolique. Dans la soci\u00e9t\u00e9 capitaliste en effet, l’argent, non content de fa\u00e7onner l’\u00e9chelle des valeurs sociales et culturelles, offre le spectacle permanent d\u2019acteurs ambitieux engag\u00e9s dans des affrontements \u00e9piques, de succ\u00e8s spectaculaires et d\u2019\u00e9checs cuisants, de controverses anim\u00e9es et de scandales retentissants…<\/p>\n

La finance cristallise d\u2019ailleurs les controverses. Sa puissance, sa capacit\u00e9 \u00e0 se jouer des fronti\u00e8res, la rapidit\u00e9 de son \u00e9volution, suscitent \u00e0 la fois fascination, crainte et hostilit\u00e9. Certains l\u2019accusent de miner la souverainet\u00e9 nationale et la d\u00e9mocratie. D\u2019autres d\u00e9noncent son influence grandissante dans l’\u00e9conomie. Elle est en tout cas devenue hautement visible.<\/p>\n

La coexistence des crises et de l’essor. <\/span><\/strong>Dans les ann\u00e9es 1980, la finance a provoqu\u00e9 des crises spectaculaires. La crise de la dette du tiers monde du d\u00e9but de la d\u00e9cennie a mis en p\u00e9ril les grandes banques internationales. Les deux krachs boursiers d’octobre 1987 et d’octobre 1989 ont secou\u00e9 les march\u00e9s, sans toutefois casser leur essor. Transactions et flux financiers transnationaux ont connu en effet, durant cette p\u00e9riode, un d\u00e9veloppement sans pr\u00e9c\u00e9dent. De nouveaux march\u00e9s, d\u2019instruments d\u00e9riv\u00e9s notamment, ont prolif\u00e9r\u00e9. Actions et obligations ont connu sur tous les grands march\u00e9s des hausses g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9es.<\/p>\n

A l\u2019heure actuelle, la dynamique reste la m\u00eame. Des krachs majeurs, certes, comme celui du march\u00e9 obligataire am\u00e9ricain en 1994, avec des pertes estim\u00e9es \u00e0 1500 milliards de dollars, ou du march\u00e9 des actions japonaises, dont la valeur s\u2019est effrit\u00e9e de plus de 60% entre 1990 et 1993, plus des scandales entra\u00eenant la faillite d\u2019institutions s\u00e9culaires comme la banque d’affaires britannique Barings Brothers. Mais, dans le m\u00eame temps, la poursuite de l\u2019essor des transactions et du d\u00e9veloppement des nouveaux march\u00e9s, notamment ceux des pays en voie de d\u00e9veloppement et des pays ex-communistes, et l\u2019explosion des march\u00e9s des instruments d\u00e9riv\u00e9s, futures, options et autres swaps \u2014 le terme explosion n\u2019est pas trop fort puisqu\u2019entre 1987 et 1993, le montant plan\u00e9taire des transactions sur les produits d\u00e9riv\u00e9s a \u00e9t\u00e9 multipli\u00e9 par 9,3 pour atteindre la somme hallucinante de 14\u2019900 milliards de dollars (il est vrai que cette croissance s\u2019est ralentie en 1995, mais sans que l\u2019on puisse dire s\u2019il s\u2019agit d\u2019une pause passag\u00e8re ou d\u2019une tendance durable.)<\/p>\n

L<\/span>a g\u00e9ofinance<\/span><\/strong>. Cette coexistence des crises et de l’essor s’inscrit dans une logique plus fondamentale. La globalisation de l’\u00e9conomie (g\u00e9o\u00e9conomie) et de la politique (g\u00e9opolitique) devait n\u00e9cessairement s’accompagner d’une globalisation de la finance, que j\u2019ai appel\u00e9e g\u00e9ofinance.<\/p>\n

La g\u00e9ofinance est un r\u00e9seau plan\u00e9taire de march\u00e9s et d’interm\u00e9diaires financiers, capable d’acheminer d’un bout \u00e0 l’autre de la Terre, en quelques secondes, d\u2019\u00e9normes montants de capitaux, que ce soit sous la forme de monnaies, d\u2019obligations, d\u2019actions ou d\u2019instruments d\u00e9riv\u00e9s.<\/p>\n

Trois forces fa\u00e7onnent la g\u00e9ofinance: l’int\u00e9gration mondiale des march\u00e9s et des flux financiers, bien s\u00fbr, mais aussi le d\u00e9veloppement des nouvelles technologies de l’information, et la d\u00e9r\u00e9glementation des services financiers.<\/p>\n

La globalisation. <\/em>Les march\u00e9s mon\u00e9taires \u00e0 court terme et les march\u00e9s des capitaux \u00e0 long terme, les march\u00e9s nationaux et les march\u00e9s internationaux, les march\u00e9s cash et les march\u00e9s d\u00e9riv\u00e9s, forment un r\u00e9seau plan\u00e9taire interconnect\u00e9, qui fonctionne 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Toutefois, le degr\u00e9 de globalisation varie selon les march\u00e9s et les instruments. Il est presque total pour le march\u00e9 des changes qui, avec un volume de transactions de pr\u00e8s de 1300 milliards de dollars quotidiens (en 1995) est le plus grand march\u00e9 mondial. Il est fort avanc\u00e9 pour le march\u00e9 des taux d’int\u00e9r\u00eat sur le dollar, fond\u00e9 pour l’essentiel sur les obligations du Tr\u00e9sor am\u00e9ricain (300 milliards de dollars par jour en 1993) et pour les march\u00e9s des produits d\u00e9riv\u00e9s sur les taux. Il reste en revanche balbutiant pour le march\u00e9 des actions, m\u00eame si les krachs boursiers de 1987 et 1989 ont montr\u00e9 qu\u2019il progresse \u00e0 grand pas.<\/p>\n

La g\u00e9ofinance se joue des contraintes de la g\u00e9ographie et des fronti\u00e8res nationales. Elle cr\u00e9e son propre espace-temps, et fonctionne selon une logique qui peut para\u00eetre d\u00e9routante. On consid\u00e9rait jadis que la principale raison d’\u00eatre de la finance internationale \u00e9tait de permettre la couverture et le paiement des \u00e9changes de marchandises. Or aujourd\u2019hui, cette fonction est devenue mineure (moins de 10% des transactions). Elle a \u00e9t\u00e9 d\u00e9plac\u00e9e par les fonctions nouvelles de protection contre les risques et de jugement sur les nouvelles opportunit\u00e9s de placement.<\/p>\n

La finance \u00e9lectronique. <\/em>Sans les apports massifs de la technologie de l’information, la globalisation serait impossible. L’informatique et la t\u00e9l\u00e9matique forment l’ossature du nouvel espace-temps financier, plan\u00e9taire, perp\u00e9tuel, mais aussi capillaire puisque la banque et la Bourse s’installent \u00e0 demeure dans les entreprises et dans les foyers gr\u00e2ce au t\u00e9l\u00e9phone et \u00e0 l’ordinateur personnel.<\/p>\n

L’informatique financi\u00e8re est rest\u00e9e longtemps discr\u00e8te, enfouie dans l’intendance de la banque ou de la Bourse. Sa fonction \u00e9tait d’automatiser des t\u00e2ches r\u00e9p\u00e9titives, consommatrices de papier et de main d’\u0153uvre: la comptabilit\u00e9 g\u00e9n\u00e9rale et les moyens de paiement. En revanche, dans les ann\u00e9es 80, la technologie a acquis une visibilit\u00e9 nouvelle, et elle est consid\u00e9r\u00e9e d\u00e9sormais comme une arme de concurrence, un levier de projection plan\u00e9taire, et comme un outil indispensable pour mobiliser de l’information sur les clients et cr\u00e9er de nouveaux produits. Les d\u00e9penses li\u00e9es \u00e0 la technologie repr\u00e9sentent aujourd’hui de 15 et 20% des co\u00fbts d’exploitation des banques. Les banques am\u00e9ricaines d\u00e9pensent plan\u00e9tairement 26 milliards de dollars par an pour la technologie de l’information; plusieurs grands \u00e9tablissements d\u00e9pensent chacun plus d’un milliard de dollars. En Europe, l’effort est tout aussi important: les grandes banques fran\u00e7aises comme la B.N.P. ou la Soci\u00e9t\u00e9 G\u00e9n\u00e9rale, britanniques comme la Barclays ou la NatWest, consacrent \u00e0 la technologie de l’information de 2 \u00e0 3 milliards de francs fran\u00e7ais par an.<\/p>\n

Les nouveaux instruments financiers \u2014 les options, les swaps, les instruments hybrides \u2014 ne pourraient exister sans l\u2019informatique, qui a suscit\u00e9 l’essor de nouvelles strat\u00e9gies d’investissement, fond\u00e9es sur l’\u00e9norme capacit\u00e9 de calcul des ordinateurs, et de nouveaux m\u00e9tiers, tels l’arbitragiste-informaticien. Les march\u00e9s eux-m\u00eames sont devenus \u00e9lectroniques. Des r\u00e9seaux t\u00e9l\u00e9matiques tels que Reuters, Telerate ou Bloomberg, qui servaient \u00e0 l\u2019origine de compl\u00e9ments aux march\u00e9s traditionnels, commencent aujourd\u2019hui \u00e0 les supplanter.<\/p>\n

Cette emprise croissante de l’informatique sur les march\u00e9s inqui\u00e8te. Certains ont attribu\u00e9 le krach boursier d\u2019octobre 1987 aux programmes informatiques d’arbitrage entre le march\u00e9 au comptant de New York et les march\u00e9s \u00e0 terme de Chicago. Les ordinateurs, froids et myst\u00e9rieux, les strat\u00e9gies automatis\u00e9es d’investissement et d’arbitrage, impersonnelles et complexes, sont des boucs \u00e9missaires tout d\u00e9sign\u00e9s. Un retour en arri\u00e8re para\u00eet pourtant impossible. Les actions et obligations que l’on ach\u00e8te et vend instantan\u00e9ment, la monnaie qui fait le tour du monde en quelques secondes, n\u2019ont plus de r\u00e9alit\u00e9 physique. Ce ne sont plus des billets ou des lingots que l\u2019on exp\u00e9die, mais des messages digitaux. Les coffres-forts ont \u00e9t\u00e9 remplac\u00e9s par les ordinateurs. La finance se confond d\u00e9sormais avec l’information. Comme le proclamait dans les ann\u00e9es quatre-vingt Walter Wriston, Pdg de Citicorp: \u00ab\u00a0L’information sur l’argent est devenue aussi pr\u00e9cieuse que l’argent lui-m\u00eame\u00a0\u00bb. La nouvelle monnaie est informationnelle: c\u2019est la qualit\u00e9 et la richesse de l\u2019information sur l\u2019\u00e9conomie et les march\u00e9s financiers qui constituent aujourd\u2019hui l\u2019\u00e9talon de la valeur.<\/p>\n

L<\/span>a d\u00e9r\u00e9glementation et la d\u00e9sinterm\u00e9diation. <\/span><\/em>On comprendra sans peine que les structures de comportement et les r\u00e8gles de contr\u00f4le \u00e9tablies jadis ne sont plus adapt\u00e9es \u00e0 l’univers foisonnant de la g\u00e9ofinance.<\/p>\n

L’activit\u00e9 financi\u00e8re a toujours \u00e9t\u00e9 r\u00e9glement\u00e9 \u00e9troitement. Aux \u00c9tats-Unis et au Japon, des restrictions draconiennes pesaient sur les activit\u00e9s des banques. Dans les pays de l’Union Europ\u00e9enne, les restrictions sur les banques et sur les autres interm\u00e9diaires financiers (les agents de change, les compagnies d’assurance) \u00e9taient moins contraignantes mais n\u00e9anmoins s\u00e9v\u00e8res; les organismes de tutelle officiels et par les banques centrales les accompagnaient par une surveillance attentive. R\u00e9glementation et surveillance visaient \u00e0 assurer la stabilit\u00e9 du syst\u00e8me financier, consid\u00e9r\u00e9 comme l’\u00e9l\u00e9ment vital du fonctionnement d’une \u00e9conomie moderne, en prot\u00e9geant l’\u00e9pargnant et l’investisseur. Cette protection d\u00e9bouchait de facto sur la protection des banques et des march\u00e9s financiers, qui se retrouvaient ainsi peu concurrentiels, cartellis\u00e9s et cloisonn\u00e9s. Des dizaines de milliers de firmes de toute taille, banques, caisses d’\u00e9pargne, compagnies d’assurance, n\u2019avaient qu’une activit\u00e9 sp\u00e9cialis\u00e9e et locale. Quant aux grandes banques, elles dominaient leur march\u00e9 national mais jouaient les seconds r\u00f4les \u00e0 l\u2019\u00e9tranger. Ils n\u2019existait point de leaders mondiaux dominant plusieurs march\u00e9s nationaux, comme dans l’automobile, l’informatique ou l’\u00e9lectronique grand public.<\/p>\n

Ces structures obsol\u00e8tes ont tout \u00e9t\u00e9 secou\u00e9es par la \u00ab\u00a0d\u00e9r\u00e9glementation\u00a0\u00bb, entreprise sous la pression combin\u00e9e d\u2019interm\u00e9diaires financiers impatients de briser les carcans r\u00e9glementaires pesant sur eux, d\u2019entreprises industrielles et commerciales d\u00e9sireuses d\u2019entrer dans le monde de la finance, et d\u2019efforts difficiles d\u2019adaptation du cadre r\u00e9glementaire.<\/p>\n

La dynamique de ce profond mouvement de d\u00e9r\u00e9glementation a diff\u00e9r\u00e9 d’un pays \u00e0 l’autre. Aux \u00c9tats-Unis, des interm\u00e9diaires financiers tels que Citicorp et Merrill Lynch ont jou\u00e9 le r\u00f4le moteur, alors que les pouvoirs l\u00e9gislatif et ex\u00e9cutif \u00e9taient r\u00e9ticents. En France, c\u2019est l\u2019inverse qui s\u2019est produit: les pouvoirs publics, anxieux de moderniser les march\u00e9s financiers du pays, ont lanc\u00e9 une d\u00e9r\u00e9glementation que les financiers ont accueilli avec une certaine circonspection. Au Royaume-Uni, les autorit\u00e9s et les institutions financi\u00e8res britanniques et \u00e9trang\u00e8res ont joint leurs efforts, en vue de pr\u00e9server la pr\u00e9\u00e9minence internationale de la City de Londres. Le Japon, lui, a c\u00e9d\u00e9 aux instances des autorit\u00e9s am\u00e9ricaines, qui voyaient dans la d\u00e9r\u00e9glementation un moyen de forcer l’ouverture des march\u00e9s nippons.<\/p>\n

Les progr\u00e8s de la d\u00e9r\u00e9glementation ont \u00e9t\u00e9, somme toute, remarquables. D\u00e9sormais, la libert\u00e9 de mouvement des capitaux entre les grandes zones \u00e9conomiques est totale. Les institutions financi\u00e8res peuvent fixer librement les taux d’int\u00e9r\u00eat qu\u2019elles entendent offrir \u00e0 leur d\u00e9posants et \u00e0 leurs emprunteurs. Preuve en est qu\u2019elles deviennent commercialement plus agressives sur le plan: au Royaume-Uni, aux \u00c9tats-Unis, en France, des banques ont d\u00e9clench\u00e9 des guerres de taux pour gagner des parts du march\u00e9 des d\u00e9p\u00f4ts ou des pr\u00eats hypoth\u00e9caires. Le cloisonnement entre les diff\u00e9rentes cat\u00e9gories d’interm\u00e9diaires a \u00e9t\u00e9 r\u00e9duit ou m\u00eame \u00e9limin\u00e9 \u2014si bien que des cat\u00e9gories enti\u00e8res d’institutions financi\u00e8res ont perdu leur raison d’\u00eatre, tels que les caisses d’\u00e9pargne aux \u00c9tats-Unis ou les agents de change en France.<\/p>\n

Certains observateurs pensent m\u00eame que la d\u00e9r\u00e9glementation a priv\u00e9 le secteur bancaire de son r\u00f4le privil\u00e9gi\u00e9 de collecteur d’\u00e9pargne et de fournisseur de financement aux m\u00e9nages et aux entreprises. Cette r\u00e9duction du r\u00f4le des banques dans le financement de l’\u00e9conomie a re\u00e7u le nom barbare de \u00ab\u00a0d\u00e9sinterm\u00e9diation\u00a0\u00bb.<\/p>\n

La d\u00e9sinterm\u00e9diation recouvre deux ph\u00e9nom\u00e8nes distincts: la perte, par les banques, de parts de march\u00e9 au profit de nouveaux interm\u00e9diaires financiers; et le remplacement du cr\u00e9dit bancaire comme moyen privil\u00e9gi\u00e9 de financement par des produits et instruments n\u00e9gociables.<\/p>\n

La d\u00e9r\u00e9glementation du secteur financier a attir\u00e9 en effet de nouveaux entrants, notamment de grandes entreprises industrielles comme General Electric, de grands distributeurs comme Marks & Spencer ou Carrefour, ou des op\u00e9rateurs de t\u00e9l\u00e9communications comme ATT. Libres d\u2019agir sans contraintes et disposant d\u2019appuis financiers solides, les nouveaux venus peuvent souvent obtenir un financement meilleur march\u00e9 que la grande majorit\u00e9 des banques, offrir donc de meilleures conditions \u00e0 leurs clients et prendre aux banques des parts de march\u00e9. C\u2019est ainsi qu\u2019ATT a r\u00e9ussi \u00e0 gagner en quelques mois 10 millions d’utilisateurs pour sa carte de cr\u00e9dit, lanc\u00e9e en mars 1990, devenant ipso facto le quatri\u00e8me \u00e9metteur am\u00e9ricain des cartes. Quant \u00e0 General Electric Capital, il est d\u2019ores et d\u00e9j\u00e0 num\u00e9ro 1 du financement sp\u00e9cialis\u00e9 aux \u00c9tats-Unis.<\/p>\n

Mais les principaux agents de la d\u00e9sinterm\u00e9diation sont sans doute les gouvernements, dont les obligations n\u00e9gociables ont supplant\u00e9 en quelques ann\u00e9es les pr\u00eats bancaires comme moyen principal de financement du d\u00e9ficit des finances publiques. De m\u00eame, les entreprises utilisent de plus en plus fr\u00e9quemment des billets de tr\u00e9sorerie pour financer leur fonds de roulement, ou des obligations pour investir \u00e0 moyen et long termes.<\/p>\n

Les liens entre la banque et son client, qui \u00e9taient intimes jadis, se d\u00e9tendent donc. Dans une op\u00e9ration traditionnelle de cr\u00e9dit, la banque est la contrepartie de l’emprunteur: le cr\u00e9dit reste inscrit \u00e0 son bilan jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019il soit rembours\u00e9 ou annul\u00e9. Dans les op\u00e9rations sur les instruments n\u00e9gociables, la banque agit en revanche comme simple courtier: moyennant commission, elle trouve des investisseurs pour un placement ou des placements pour des investisseurs. M\u00eame lorsqu\u2019elle d\u00e9tient une cr\u00e9ance, cette d\u00e9tention est temporaire, le temps qu\u2019il lui faut pour trouver un acqu\u00e9reur. Les cr\u00e9ances n\u00e9gociables, qui par d\u00e9finition peuvent \u00eatre librement vendues ou achet\u00e9es, ne figurent pas \u00e0 son bilan.<\/p>\n

La cr\u00e9ation mon\u00e9taire change d\u00e8s lors de nature. Lorsque les banques contr\u00f4laient la collecte de l’\u00e9pargne et les circuits de financement, elles \u00e9taient les principaux agents de la cr\u00e9ation mon\u00e9taire, et les autorit\u00e9s les surveillaient \u00e9troitement. Or la d\u00e9sinterm\u00e9diation, en perturbant ce sch\u00e9ma, rend le contr\u00f4le politique de la cr\u00e9ation mon\u00e9taire beaucoup plus difficile.<\/p>\n

L\u2019importance de la d\u00e9sinterm\u00e9diation varie d’une p\u00e9riode \u00e0 l’autre et d’un pays \u00e0 l’autre (elle est plus grande, par exemple, aux \u00c9tats-Unis qu’en Allemagne ou au Japon), mais en tout \u00e9tat de cause le ph\u00e9nom\u00e8ne para\u00eet devoir \u00eatre durable.<\/p>\n

U<\/span>ne hi\u00e9rarchie sans cesse boulevers\u00e9e. <\/span><\/em>La hi\u00e9rarchie de la g\u00e9ofinance est sans cesse boulevers\u00e9e. Au d\u00e9but des ann\u00e9es quatre-vingt, les grandes banques am\u00e9ricaines \u00e9taient les leaders incontest\u00e9s. Puis, dans les ann\u00e9es 80, ce fut le tour des banques japonaises, dont on pr\u00e9disait qu\u2019elles allaient \u00eatre la force motrice d\u2019une \u00ab\u00a0deuxi\u00e8me vague\u00a0\u00bb de domination nippone. Mais aujourd’hui, le miracle japonais est termin\u00e9, et les banques japonaises, m\u00eame si elles occupent les premi\u00e8res places du classement mondial par taille du bilan, doivent faire face sur leur march\u00e9 national \u00e0 d\u2019\u00e9normes difficult\u00e9s qui leur interdisent d\u00e9sormais d\u2019aspirer \u00e0 un r\u00f4le de premier plan sur le plan international. Au d\u00e9but des ann\u00e9es quatre-vingt-dix, vint le tour des grandes banques europ\u00e9ennes (Deutsche Bank, Barclays, Cr\u00e9dit Lyonnais), qui, jusqu\u2019\u00e0 la r\u00e9cession de 1993, conduisirent des politiques d’expansion tous azimuts, jusqu’\u00e0 ce que la r\u00e9cession de 1993 ne les oblige \u00e0 r\u00e9duire leurs. A l’heure actuelle, enfin, le vent favorise les grandes banques agressives des petits pays (UBS et SBS en Suisse, ING en Hollande), qui cherchent en permanence \u00e0 exploiter les opportunit\u00e9s plan\u00e9taires, que ce soit \u00e0 Londres, \u00e0 New York ou \u00e0 Moscou.<\/p>\n

Les vedettes de la finance. <\/em>On pourrait croire que la d\u00e9mat\u00e9rialisation de l’argent, la mondialisation des march\u00e9s et la course \u00e0 la taille critique r\u00e9duit, en mati\u00e8re financi\u00e8re, le poids des personnalit\u00e9s. Il n’en est rien. Les hommes de la finance n’ont jamais \u00e9t\u00e9 aussi puissants et importants. La technologie de l’information leur permet en effet de mobiliser rapidement d’\u00e9normes quantit\u00e9s de capital, gr\u00e2ce auxquelles ils font tomber les monnaies, secouent les entreprises traditionnelles, financent les r\u00eaves d’entrepreneurs ambitieux, construisant en quelques ann\u00e9es des empires, qu\u2019ils perdent souvent en quelques mois ou en quelques jours.<\/p>\n

Les sp\u00e9cialistes des nouveaux instruments, les conseillers en fusion, en acquisition et en montages complexes, ont le vent en poupe. Les premiers ont le savoir-faire technique, fond\u00e9 souvent sur des m\u00e9thodes math\u00e9matiques et informatiques avanc\u00e9es. Les seconds ont accumul\u00e9 un capital relationnel immense, qui leur permet d’identifier les opportunit\u00e9s et de cr\u00e9er un climat propice aux transactions. En p\u00e9riode faste, ces \u00ab\u00a0bricoleurs des fus\u00e9es\u00a0\u00bb et autres \u00ab\u00a0faiseurs de pluie\u00a0\u00bb, comme on les appelle dans le jargon de Wall Street, enrichissent les firmes qui les emploient. Entre 1990 et 1992, une trentaine d’arbitragistes, \u00e0 New York, Tokyo et Londres, sur un total de 8000 employ\u00e9s, ont g\u00e9n\u00e9r\u00e9 87% du profit de Salomon Brothers. Ces nouvelles vedettes de la finance demandent \u00e0 \u00eatre pay\u00e9es en cons\u00e9quence: des dizaines, voire des centaines, de millions de dollars.<\/p>\n

U<\/span>n foyer de controverse. <\/span><\/em>Omnipr\u00e9sence de l’argent, splendeur des si\u00e8ges sociaux, rites savants ou \u00e9sot\u00e9riques, jeux d\u2019influence r\u00e9els ou imaginaires, tout contribue \u00e0 faire de la finance une nouvelle religion, pour reprendre l\u2019expression forg\u00e9e par Anthony Sampson.<\/p>\n

Nombreux sont toutefois les politiciens, les chefs d’entreprise, les \u00e9conomistes et les commentateurs qui la consid\u00e8rent pernicieuse, voire carr\u00e9ment mal\u00e9fique. Ils soumettent le financier \u00e0 un v\u00e9ritable tir de barrage, affectent de ne voir en lui qu\u2019un rentier, vivant aux d\u00e9pens de ceux qui travaillent, un pr\u00e9dateur, pr\u00eat \u00e0 d\u00e9truire des entreprises pour r\u00e9aliser des gains \u00e0 court terme, un escroc exploitant ses informations privil\u00e9gi\u00e9es aux d\u00e9pens des petits \u00e9pargnants.<\/p>\n

En France, notamment, la finance a si mauvaise r\u00e9putation et une image m\u00e9diatique si ex\u00e9crable, qu’il est difficile d’en trouver des d\u00e9fenseurs parmi les leaders d’opinion. Maurice Allais, Prix Nobel d’\u00e9conomie 1988, parle de \u00ab\u00a0d\u00e9lire financier\u00a0\u00bb aux effets \u00ab\u00a0d\u00e9moralisants\u00a0\u00bb. D’autres, de \u00ab\u00a0cancer financier\u00a0\u00bb. Michel Albert, membre du Conseil mon\u00e9taire de la Banque de France et essayiste influent, d\u00e9nonce les dangers de \u00ab\u00a0l’argent roi\u00a0\u00bb et de \u00ab\u00a0l’\u00e9conomie du casino\u00a0\u00bb. Fran\u00e7ois Mitterrand et Jacques Chirac, oppos\u00e9s sur pratiquement tous les sujets, sont toutefois d’accord pour d\u00e9noncer ceux qui \u00ab\u00a0s’enrichissent en dormant\u00a0\u00bb. Lionel Jospin, stigmatise la \u00ab\u00a0sp\u00e9culation financi\u00e8re internationale\u00a0\u00bb. Alain Jupp\u00e9 donne aux agents de la finance anglo-saxonne qu\u2019il accuse de comploter contre la France et sa monnaie le nom de \u00ab\u00a0gnomes de Londres\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Aux \u00c9tats-Unis, la l\u00e9gitimit\u00e9 de la finance est mieux accept\u00e9e: l’entr\u00e9e en Bourse est, pour une entreprise, la cons\u00e9cration. Mais, outre qu\u2019ils critiquent Wall Street d\u2019\u00eatre trop souvent obs\u00e9d\u00e9 par le court terme et les r\u00e9sultats financiers imm\u00e9diats, de nombreux observateurs consid\u00e8rent que le \u00ab\u00a0gonflement financier\u00a0\u00bb des ann\u00e9es Reagan a fait de la finance non plus la servante mais la ma\u00eetresse de l\u2019\u00e9conomie avec droit sur elle de vie ou de mort, d\u00e9velopp\u00e9 un climat immoral d’argent facile, fait prolif\u00e9rer les rapaces, les parasites et autres fossoyeurs d’entreprises anim\u00e9s uniquement par l’app\u00e2t du gain. Pour eux, il \u00e9tait in\u00e9vitable que ces ann\u00e9es-l\u00e0 se terminent par des scandales. Les titres de quelques succ\u00e8s de librairie consacr\u00e9s aux grandes affaires financi\u00e8res am\u00e9ricaines des ann\u00e9es 1980 sont explicites: \u00ab\u00a0Les barbares devant la porte\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0Le bal des pr\u00e9dateurs\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0Un nid de voleurs\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Un univers opaque et m\u00e9connu. <\/em>Ces r\u00e9actions d\u2019hostilit\u00e9 \u00e0 la nouvelle finance sont d\u2019autant plus grandes qu\u2019on la comprend plus mal, et que l\u2019on ne saisit ni ses objectifs ni ses finalit\u00e9s. Une m\u00e9connaissance surprenante si l\u2019on consid\u00e8re la visibilit\u00e9 de la g\u00e9ofinance et de l’abondance d\u2019informations \u00e0 son propos. Rares sont les domaines qui sont suivis de mani\u00e8re aussi massive et permanente. Le volume disponible des chiffres, des indicateurs, des analyses et des informations est \u00e9norme.<\/p>\n

De surcro\u00eet, la th\u00e9orie financi\u00e8re a connu un essor important et occupe le devant de la sc\u00e8ne depuis que Merton Miller, William Sharpe et Harry Markowitz, trois \u00e9conomistes am\u00e9ricains, ont re\u00e7u ex aequo le Prix Nobel d’\u00e9conomie en 1990. Markowitz est le p\u00e8re de la th\u00e9orie moderne de la gestion de portefeuille. A partir de ses travaux, Sharpe a formul\u00e9 un mod\u00e8le d’\u00e9valuation de la valeur des actions. Les travaux des deux hommes ont contribu\u00e9 au d\u00e9veloppement des techniques de gestion \u00ab\u00a0passive\u00a0\u00bb, dont l’objectif est de se rapprocher autant que possible de l’indice g\u00e9n\u00e9ral de performance d’un march\u00e9 donn\u00e9. Miller, quant \u00e0 lui, a contribu\u00e9, avec Franco Modigliani, \u00e0 formuler des mod\u00e8les d’\u00e9valuation de la valeur d’une firme. C’est \u00e0 lui que les deux plus grands march\u00e9s de nouveaux instruments financiers, le Chicago Board of Trade<\/em> et leChicago Mercantile Exchange<\/em>, ont fait appel au lendemain du krach boursier d’octobre 1987 pour r\u00e9pondre aux violentes attaques dont ils faisaient l’objet. Son argumentation serr\u00e9e a contribu\u00e9 \u00e0 \u00e9loigner la menace d’une r\u00e9glementation plus restrictive.<\/p>\n

Et pourtant, la finance reste pour l\u2019essentiel, je le r\u00e9p\u00e8te, un monde opaque et m\u00e9connu. Les donn\u00e9es qu\u2019elle propose, certes abondantes, sont per\u00e7ues cependant comme peu fiables; leur interpr\u00e9tation suscite donc des d\u00e9saccords profonds. La finance reste d\u2019ailleurs une bo\u00eete noire pour la science \u00e9conomique elle-m\u00eame, dont les sp\u00e9cialistes sont incapables de se mettre d\u2019accord, sur la d\u00e9finition de la monnaie, sur le niveau optimal des taux d’int\u00e9r\u00eat, sur l\u2019impact r\u00e9el des d\u00e9ficits publics sur l’activit\u00e9 \u00e9conomique, sur les facteurs d\u00e9terminant les taux d’\u00e9pargne et d’investissement, sur la mani\u00e8re de g\u00e9rer les taux de change. Qui faut-il croire, par exemple? Alan Greenspan et Hans Tietmayer, pr\u00e9sidents, respectivement, de la R\u00e9serve F\u00e9d\u00e9rale am\u00e9ricaine et de la Bundesbank, lorsqu\u2019ils affirment que la r\u00e9duction du d\u00e9ficit budg\u00e9taire am\u00e9ricain fera monter le dollar? Ou Martin Feldstein de Harvard et Paul Krugman de Stanford, professeurs d’\u00e9conomie distingu\u00e9s pour qui elle entra\u00eenerait au contraire une baisse du dollar? [Nos lecteurs se rappelleront l\u2019article de Paul Krugman: \u00ab\u00a0La comp\u00e9tition \u00e9conomique entre nations? Une foutaise!\u00a0\u00bb, paru dans \u00ab\u00a0Le Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb No 65 de f\u00e9vrier 1995].<\/p>\n

La monnaie restant un concept mal d\u00e9fini, la politique mon\u00e9taire rel\u00e8ve largement du pilotage \u00e0 vue. Les mesures traditionnelles de la croissance mon\u00e9taire, les c\u00e9l\u00e8bres M1, M2, M3 [voir encadr\u00e9], perdent l’une apr\u00e8s l’autre leur pertinence et leur pouvoir de pr\u00e9vision. En juillet 1993, Alan Greenspan a reconnu devant le Congr\u00e8s que, M2 ayant \u00e9t\u00e9 abandonn\u00e9 sans que l’on lui trouve un rempla\u00e7ant digne de ce nom, il ne disposait plus d’outils fiables pour pr\u00e9dire l’\u00e9volution de la croissance et de l’inflation. En effet, d\u00e8s que la R\u00e9serve f\u00e9d\u00e9rale annonce le choix d’un indice et d\u2019objectifs quantitatifs, les interm\u00e9diaires financiers d\u00e9veloppent des strat\u00e9gies qui rendent ces choix inop\u00e9rants. Greenspan a donc cherch\u00e9 des indicateurs sur lesquels les interm\u00e9diaires ne puissent influer ais\u00e9ment, comme l’or ou les mati\u00e8res premi\u00e8res \u2014une id\u00e9e surprenante, si l\u2019on consid\u00e8re qu\u2019en dehors du p\u00e9trole et des produits agricoles, les mati\u00e8res premi\u00e8res repr\u00e9sentent moins de 1% de la valeur des biens et des services produits aux \u00c9tats-Unis.<\/p>\n

L\u2019utilisation des indices mon\u00e9taires permet un dr\u00f4le de jeu du chat et de la souris. En Allemagne, la Bundesbank utilise un agr\u00e9gat tr\u00e8s large, M3 comme indicateur-cl\u00e9 pour sa politique. Ce choix a \u00e9t\u00e9 critiqu\u00e9 tant par les banques allemandes que par les institutions internationales, l’OCDE par exemple, pour qui M3 peut \u00eatre facilement d\u00e9form\u00e9 par des facteurs externes ou temporaires. La Bundesbank persiste n\u00e9anmoins \u00e0 utiliser le M3. N\u2019emp\u00eache que, lorsque M3 a explos\u00e9 en janvier et f\u00e9vrier 1994 (sa croissance sur une base annuelle ayant atteint 21.2% et 17.5%, respectivement, alors que l’objectif \u00e9tait de 4%), la Bundesbank a froidement inform\u00e9 les march\u00e9s qu\u2019elle prendrait pas en consid\u00e9ration les chiffres de M3 pour cette p\u00e9riode. D\u2019ailleurs le M3 a un tr\u00e8s faible pouvoir de pr\u00e9diction du M3: alors qu\u2019entre 1991 et 1994, sa croissance a d\u00e9pass\u00e9 de mani\u00e8re significative les objectifs affich\u00e9s par la Bundesbank, l’inflation, elle, a baiss\u00e9.<\/p>\n

La transparence et la pertinence des donn\u00e9es dont disposent les \u00e9tablissements financiers ne sont gu\u00e8re meilleures. Les r\u00e8gles de la comptabilit\u00e9 et du reporting sont plus obscures et moins contraignantes dans le secteur financier qu\u2019ailleurs. C\u2019est ainsi, par exemple, que les banques suisses et allemandes peuvent cacher en toute l\u00e9galit\u00e9 une partie de leurs profits et de leurs fonds propres, d’importance variable il est vrai, \u00e0 tel enseigne qu\u2019un investisseur moyen n\u2019a aucun moyen de conna\u00eetre la vraie situation financi\u00e8re d’une banque allemande, suisse ou japonaise, et ne peut proc\u00e9der \u00e0 aucune comparaison. La d\u00e9sinterm\u00e9diation et le d\u00e9veloppement des nouveaux instruments financiers ont contribu\u00e9 \u00e0 gonfler les activit\u00e9s hors bilan des banques, comptabilis\u00e9es selon des r\u00e8gles floues.<\/p>\n

L<\/span>a volatilit\u00e9. <\/span><\/em>La volatilit\u00e9 de la g\u00e9ofinance \u2014 la force, la fr\u00e9quence et la rapidit\u00e9 des fluctuations de prix des instruments financiers \u2014 inqui\u00e8te universitaires et gouvernements.<\/p>\n

Les taux de change flottent depuis 1973. En 1980, la politique de gestion de la masse mon\u00e9taire am\u00e9ricaine a \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9. Depuis lors, les taux de change ont perdu leur stabilit\u00e9, aux \u00c9tats-Unis d\u2019abord, puis dans les grands pays europ\u00e9ens. Le march\u00e9 des obligations, dont l’\u00e9volution est d\u00e9termin\u00e9e par le mouvement des taux d’int\u00e9r\u00eat, a cess\u00e9 alors d’\u00eatre le refuge de la veuve et de l’orphelin.<\/p>\n

Apr\u00e8s les taux de change et les taux d’int\u00e9r\u00eat, les actions commenc\u00e8rent \u00e0 conna\u00eetre \u00e0 leur tour des \u00e9carts spectaculaires et fr\u00e9quents. M\u00eame les grandes valeurs, IBM, Citicorp ou Alcatel, symboles de solidit\u00e9, connaissent d\u00e9sormais des \u00e9carts journaliers de 3% ou plus. Le krach boursier d’octobre 1987 a provoqu\u00e9 une baisse moyenne de 20% en un jour.<\/p>\n

La volatilit\u00e9 de la g\u00e9ofinance pose un probl\u00e8me paradoxal. Elle est accus\u00e9e de d\u00e9former la r\u00e9alit\u00e9 \u00e9conomique, d’encourager la sp\u00e9culation, de miner donc le commerce international et les strat\u00e9gies d’investissement. Pourtant, elle perdure. Pourquoi?<\/p>\n

Premi\u00e8re explication: elle r\u00e9sulte de la tension persistante qui existe entre le syst\u00e8me financier plan\u00e9taire et les politiques \u00e9conomiques et mon\u00e9taires nationales. L’argent circule beaucoup plus vite que les marchandises. Les d\u00e9cisions des op\u00e9rateurs financiers sont beaucoup plus rapides que les d\u00e9cisions des responsables politiques. La volatilit\u00e9 mesure en quelque sorte l\u2019ampleur du d\u00e9calage et l’intensit\u00e9 des conflits entre les d\u00e9tenteurs d’actifs financiers et les autres agents \u00e9conomiques.<\/p>\n

Mais cette r\u00e9ponse est insuffisante. Il faut aller plus loin. La volatilit\u00e9 accrue refl\u00e8te en v\u00e9rit\u00e9 la transformation du syst\u00e8me financier qui, tout en conservant ses fonctions traditionnelles, est devenu aussi un formidable lieu d’\u00e9change de donn\u00e9es et de jugements. Des arm\u00e9es d’analystes, d’\u00e9conomistes et de gestionnaires de portefeuille \u00e9valuent en permanence les donn\u00e9es \u00e9conomiques pass\u00e9es et prospectives: \u00e9volution du Produit int\u00e9rieur brut, de l’inflation et de la masse mon\u00e9taire, r\u00e9sultats des entreprises. Leurs opinions et recommandations d\u00e9terminent les d\u00e9cisions d’achat et de vente. Elles sont un jugement collectif sur la gestion \u00e9conomique d’un pays ou les perspectives de croissance d’une entreprise. Ce jugement contredit parfois les objectifs des \u00c9tats. Il en r\u00e9sulte de p\u00e9riodiques bras-de-fer entre gouvernements et banques centrales d\u2019un c\u00f4t\u00e9, et march\u00e9s financiers de l\u2019autre, sur les taux de change ou les taux d’int\u00e9r\u00eat. Ces bras-de-fer se terminent rarement \u00e0 l’avantage des gouvernements. D\u2019ao\u00fbt 1992 \u00e0 juillet 1993, les march\u00e9s financiers ont forc\u00e9 la d\u00e9valuation de la livre sterling, de la lire italienne, de la peseta espagnole, puis impos\u00e9 au Syst\u00e8me Mon\u00e9taire europ\u00e9en un flottement g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9 de ses monnaies, mettant ainsi en \u00e9chec une politique d’int\u00e9gration mon\u00e9taire engag\u00e9e solennellement une dizaine d\u2019ann\u00e9es plus t\u00f4t.<\/p>\n

Ces jugements et ces d\u00e9cisions, instantan\u00e9, massifs et mim\u00e9tiques, portent sur la vente ou l\u2019achat, en quelques secondes, de milliards de dollars. Et surtout, tout le monde vend ou ach\u00e8te en m\u00eame temps et dans le m\u00eame sens. Bien que tout le monde ait d\u00e9sormais acc\u00e8s \u00e0 l’information, les march\u00e9s financiers vivent encore sous la coupe de dictatures d’opinion. Si bien que les grands investisseurs institutionnels et les interm\u00e9diaires financiers font tous les m\u00eames analyses, que ce soit aux \u00c9tats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne ou ailleurs et suivent les m\u00eames strat\u00e9gies.<\/p>\n

Lorsqu\u2019un march\u00e9 est domin\u00e9 par des consid\u00e9rations commerciales classiques, il est relativement \u00e9quilibr\u00e9: pour chaque acheteur il y a, en principe, un vendeur, et vice versa. Dans un march\u00e9 informationnel, en revanche, il peut y avoir plusieurs vendeurs pour un acheteur, et vice versa. La notion d’\u00e9quilibre perd d\u00e8s lors beaucoup de son sens. La motivation premi\u00e8re des op\u00e9rateurs financiers \u00e9tant d’exploiter l’information disponible pour accro\u00eetre leur profit ou de r\u00e9duire leur risque, il court un grand risque s\u2019ils d\u00e9cident d\u2019aller \u00e0 contre-courant du consensus informationnel. Si la plupart des analystes disent par exemple que les taux d’int\u00e9r\u00eat vont monter, il faut beaucoup de courage et de moyens financiers pour les jouer \u00e0 la baisse. L’information se propageant tr\u00e8s vite, celui qui veut en profiter doit agir avant les autres. D\u2019o\u00f9 la fr\u00e9n\u00e9sie des transactions dans les secondes et ou les minutes qui suivent l’annonce de donn\u00e9es importantes, comme le d\u00e9ficit de la balance commerciale am\u00e9ricaine ou un indice des prix. Le consensus informationnel \u00e9volue constamment, en fonction des donn\u00e9es disponibles, de l\u2019interpr\u00e9tation qui en est faite et des r\u00e9actions provoqu\u00e9es par les consensus pr\u00e9c\u00e9dents.<\/p>\n

Anxieux d\u2019\u00eatre toujours les premiers \u00e0 r\u00e9agir, les op\u00e9rateurs pratiquent de plus en plus l\u2019anticipation. Si bien que lorsque l\u2019information officielle est donn\u00e9e, les op\u00e9rateurs r\u00e9agissent \u00e0 cette information qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9cart entre cette information et ce qu\u2019ils en attendaient. Les actions des soci\u00e9t\u00e9s qui annoncent une augmentation de leurs b\u00e9n\u00e9fices pourront baisser si cette augmentation est inf\u00e9rieure \u00e0 ce que pr\u00e9voyaient les analystes. Autre exemple: les monnaies du Syst\u00e8me mon\u00e9taire europ\u00e9en se sont mises \u00e0 flotter en juillet 1993 parce que les op\u00e9rateurs s\u2019attendaient \u00e0 ce que la Bundesbank d\u00e9cide de r\u00e9duire son taux d’escompte, et furent donc surpris lorsqu\u2019elle n\u2019en fit rien.<\/p>\n

Une approche informationnelle de la volatilit\u00e9 explique \u00e0 la fois ses exc\u00e8s et sa p\u00e9rennit\u00e9. Ses exc\u00e8s sont dus \u00e0 la vari\u00e9t\u00e9 et \u00e0 la variabilit\u00e9 des donn\u00e9es, des opinions et des perceptions dans un univers d’abondance. Sa p\u00e9rennit\u00e9 s\u2019explique par le fait que le m\u00e9canisme des march\u00e9s offrent un moyen irrempla\u00e7able d’agr\u00e9ger, de pr\u00e9senter, de confronter et d’ajuster entre eux des points de vue tr\u00e8s nombreux et tr\u00e8s vari\u00e9s. Non pas que ce m\u00e9canisme soit infaillible, loin s’en faut. Les surestimations et sous-estimations y sont end\u00e9miques; elles d\u00e9clenchent des corrections parfois brutales. Mais c’est parce que l’environnement \u00e9conomique \u00e9volue sans cesse, qu’il faut des m\u00e9canismes transactionnels permettant des ajustements de prix rapides. Les march\u00e9s financiers actuels remplissent cette fonction, puisque, m\u00eame lorsque les \u00e9carts sont importants, ils assurent liquidit\u00e9 et continuit\u00e9.<\/p>\n

L<\/span>a mont\u00e9e des risques. <\/span><\/em>La g\u00e9ofinance aggrave la fragilit\u00e9 du syst\u00e8me financier. En interconnectant les march\u00e9s \u00e9loign\u00e9s et en acc\u00e9l\u00e9rant les flux entre eux d’informations et de transactions, elle exacerbe le risque syst\u00e9mique, le risque d’un effet domino qui, \u00e0 partir d’un d\u00e9s\u00e9quilibre local, met en danger des march\u00e9s et des banques \u00e0 l’autre bout de la plan\u00e8te. On se souvient que la faillite de Drexel Burnham Lambert, la c\u00e9l\u00e8bre soci\u00e9t\u00e9 de Bourse, en janvier 1990 \u00e0 New York, a s\u00e9rieusement affect\u00e9 la Banque centrale de Portugal, et CERA, une banque belge de taille moyenne.<\/p>\n

L’effet domino explique aussi la faillite, en mars 1995, de Barings, la banque d’affaires britannique prestigieuse et bicentenaire, apr\u00e8s que Nick Leeson, trader en produits d\u00e9riv\u00e9s \u00e0 Singapour, se f\u00fbt engag\u00e9 dans des sp\u00e9culations malheureuses sur les indices de la Bourse japonaises, accumulant des pertes proches d’un milliard de livres, bien sup\u00e9rieures aux fonds propres de la banque. Ce n’\u00e9tait d\u2019ailleurs pas la premi\u00e8re fois que Barings avait eu des probl\u00e8mes. En 1890, des sp\u00e9culations hardies sur des obligations argentines l\u2019avaient conduite au bord de la faillite. Elle fut sauv\u00e9e cependant par une intervention muscl\u00e9e de la Banque d’Angleterre. En 1995, en revanche, la Banque d’Angleterre a refus\u00e9 d’intervenir. Un refus qui a valeur de signal, et pas seulement pour les banques anglaises. D\u00e9sormais, une banque en difficult\u00e9 ne pourra plus compter sur le soutien automatique et inconditionnel des autorit\u00e9s. Il leur faut donc g\u00e9rer mieux leurs risques.<\/p>\n

La cr\u00e9ation des m\u00e9canismes et des march\u00e9s de protection contre les risques financiers a paradoxalement contribu\u00e9 \u00e0 l\u2019aggravation de ces derniers. La sophistication croissante des instruments financiers, l’essor des march\u00e9s d\u00e9riv\u00e9s, dont la liquidit\u00e9 et la profondeur semblaient infinies, ont pu faire croire en effet que les risques financiers pouvaient \u00eatre compl\u00e8tement ma\u00eetris\u00e9s d\u00e9sormais. D\u2019o\u00f9 une illusion de s\u00e9curit\u00e9 et de gain \u00e0 tous les coups qui a induit des comportements dangereux, des paris \u00e9normes sur l’\u00e9volution des march\u00e9s, des positions sp\u00e9culatives massives. L’essor des fonds de couverture (ou hedge funds<\/em>) en est la meilleure illustration. Ces fonds, r\u00e9serv\u00e9s aux investisseurs disposant de moyens importants, interviennent sur tous les instruments et tous les march\u00e9s. Le plus connu d’entre eux, le Quantum Fund de George Soros, peut mettre plusieurs milliards de dollars sur un seul pari. Soros est r\u00e9put\u00e9 pour avoir contribu\u00e9 largement \u00e0 la d\u00e9valuation de la livre sterling de juillet 1992 et gagn\u00e9 sur cette op\u00e9ration plus d’un milliard de livres en un jour. Les gains sont gigantesques, mais les pertes sont de m\u00eame ordre. C\u2019est ainsi qu\u2019en 1994, Soros a perdu plus d’un milliard de dollars en sp\u00e9culant sur la parit\u00e9 dollar-yen. Suite au krach obligataire de f\u00e9vrier 1994, d’autres gestionnaires de fonds de couverture ont fait faillite, qui avaient pourtant connu des ann\u00e9es fastes avec des rendements annuels sup\u00e9rieurs \u00e0 20%. Risques aggrav\u00e9s par la complexit\u00e9 des nouveaux instruments financiers, que peu de sp\u00e9cialistes ma\u00eetrisent .<\/p>\n

Illusion de s\u00e9curit\u00e9 et complexit\u00e9 des transactions: ce m\u00e9lange explosif a provoqu\u00e9 des pertes spectaculaires \u00e0 Chicago, \u00e0 Londres et \u00e0 Paris, dont ont \u00e9t\u00e9 victimes tant de grandes entreprises industrielles, comme Procter and Gamble aux \u00c9tats-Unis ou Metallgesellschaft en Allemagne, que des autorit\u00e9s locales, par exemple municipalit\u00e9s, travaillistes de surcro\u00eet, au Royaume-Uni. Mais le cas plus spectaculaire est sans doute celui de l’Orange County, en Californie, un des comt\u00e9s les plus riches des \u00c9tats-Unis, mis en faillite en d\u00e9cembre 1994 apr\u00e8s des sp\u00e9culations malheureuses sur les produits d\u00e9riv\u00e9s. Au cours des proc\u00e8s qui ont suivi certaines de ces pertes, les victimes ont souvent expliqu\u00e9 que, manquant de sophistication, elles ne se rendaient pas compte des risques encourus et avaient \u00e9t\u00e9 induites en erreur par des banquiers trop astucieux. Cet argument, invoqu\u00e9 par des autorit\u00e9s locales anglaises, a convaincu les tribunaux britanniques. Aux \u00c9tats-Unis, il est au centre du proc\u00e8s qui est en cours entre Procter & Gamble et Bankers Trust d\u2019une part, Orange County et Merrill Lynch d\u2019autre part. L’offre d’innovations financi\u00e8res a d\u2019\u00e9vidence cru beaucoup plus vite que la capacit\u00e9 de les absorber et de les ma\u00eetriser.<\/p>\n

La nouvelle finance, parce qu\u2019elle d\u00e9pend \u00e9troitement de la t\u00e9l\u00e9matique et l’informatique, court d\u2019autres risques encore: \u00ab\u00a0le risque Tchernobyl\u00a0\u00bb, de paralysie par d\u00e9faillance g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e des syst\u00e8mes et des r\u00e9seaux, et \u00ab\u00a0le risque Monte Carlo\u00a0\u00bb, d’une explosion des baisses ou des hausses par emballement plan\u00e9taire, qui peut se produire lorsque les syst\u00e8mes automatis\u00e9s d\u00e9clenchent des ventes ou des achats massifs, qui s’autoalimentent et font boule de neige.<\/p>\n

Quelques pannes tr\u00e8s rares des syst\u00e8mes de paiement ont montr\u00e9 l’\u00e9normit\u00e9 du risque Tchernobyl, des d\u00e9bits de plusieurs milliards de dollars pouvant s’accumuler en quelques heures. Le krach d’octobre 1987 a fourni quant \u00e0 lui une d\u00e9monstration saisissante du risque Monte Carlo, l’effondrement total des march\u00e9s boursiers n’ayant \u00e9t\u00e9 \u00e9vit\u00e9 que de justesse.<\/p>\n

Le probl\u00e8me le plus grave est cependant l’accumulation et la superposition des risques. L’av\u00e8nement des nouveaux risques ne peut \u00e9liminer, en effet, les risques traditionnels, comme celui d’un mauvais cr\u00e9dit ou de la fraude. Le cas le plus spectaculaire est celui du Cr\u00e9dit Lyonnais, cette banque nationalis\u00e9e fran\u00e7aise ayant accumul\u00e9 des mauvaises dettes d’un montant sur lequel les experts sont en d\u00e9saccord, situ\u00e9 entre 50 et 150 milliards de francs fran\u00e7ais. Les difficult\u00e9s des banques japonaises sont dues pour l’essentiel, elles aussi, \u00e0 la d\u00e9t\u00e9rioration de leur portefeuille classique de pr\u00eats industriels et immobiliers. Dans le cas de Daiwa, dont les pertes sont estim\u00e9es \u00e0 1,1 milliards de dollars, s’ajoutent \u00e0 ces pertes classiques, les pertes dues \u00e0 la fraude commise onze ann\u00e9es durant par un seul homme, trader en obligations du Tr\u00e9sor am\u00e9ricain.<\/p>\n

L’accumulation des risques, la fr\u00e9quence des krachs, l’ubiquit\u00e9 des crises financi\u00e8res donnent le vertige \u2014 et raison, apparemment, \u00e0 ceux qui accusent la g\u00e9ofinance de tous les maux. On aurait tort, pourtant, de noircir exag\u00e9r\u00e9ment son image. \u00c9l\u00e9ment de fragilit\u00e9 du syst\u00e8me financier international, la g\u00e9ofinance est aussi un \u00e9l\u00e9ment de sa solidit\u00e9. En facilitant l’int\u00e9gration \u00e9conomique mondiale, elle permet une mobilisation et une r\u00e9allocation rapides des ressources. D\u2019ailleurs, les indicateurs et les jugements des march\u00e9s se r\u00e9v\u00e8lent souvent, \u00e0 long terme en tout cas, d’une remarquable justesse. L’innovation financi\u00e8re, utilis\u00e9e \u00e0 bon escient, \u00e9largit les possibilit\u00e9s de financement, am\u00e9liore la gestion des risques et stimule le d\u00e9veloppement des entreprises innovatrices.<\/p>\n

Malgr\u00e9 les crises, le syst\u00e8me financier international continue de fonctionner et de soutenir, \u00e0 sa fa\u00e7on, l’int\u00e9gration \u00e9conomique de la plan\u00e8te. Malgr\u00e9 la volatilit\u00e9 des taux de change, le commerce international continue de cro\u00eetre plus vite que la production mondiale. La stagnation des flux d’investissements transnationaux apr\u00e8s le krach d’octobre 1987 n’a \u00e9t\u00e9 que temporaire. Le recyclage des surplus et des d\u00e9ficits mondiaux reste assur\u00e9.<\/p>\n

Mais cette r\u00e9sistance du syst\u00e8me, loin de rassurer, inqui\u00e8te. Les krachs y sont devenus d\u2019une trop grande banalit\u00e9, la volatilit\u00e9 y trop g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e, l’explosion des march\u00e9s d\u00e9riv\u00e9s y est trop forte. La finance, au lieu de m\u00e9canisme de stabilisation quasi-automatique, fait plut\u00f4t figure, d\u00e9sormais, de r\u00e9v\u00e9lateur et d\u2019amplificateur des d\u00e9s\u00e9quilibres.<\/p>\n

L<\/span>es d\u00e9fis de la g\u00e9ofinance. <\/span><\/em>La g\u00e9ofinance pose aux autorit\u00e9s des probl\u00e8mes complexes de supervision et de contr\u00f4le et menace la survie des institutions financi\u00e8res les mieux \u00e9tablies.<\/p>\n

Dire que les autorit\u00e9s ont du mal \u00e0 contr\u00f4ler les nouveaux instruments, les interm\u00e9diaires et les march\u00e9s de la g\u00e9ofinance, est une litote. La ma\u00eetrise de la monnaie, instrument essentiel de la politique \u00e9conomique et attribut fondamental du pouvoir \u00e9chappe aux instances officielles au profit d’une n\u00e9buleuse dont elles per\u00e7oivent mal les contours et la dynamique. L’ind\u00e9pendance des banques centrales, \u00e9rig\u00e9e d\u00e9sormais en dogme, peut-elle compenser le fait que les autorit\u00e9s n\u2019ont plus de pouvoir sur les march\u00e9s?<\/p>\n

Le contr\u00f4le des interm\u00e9diaires financiers devient de plus en plus complexe.<\/p>\n

Au niveau national, faut-il traiter les banques et autres \u00e9tablissements financiers, comme n\u2019importe quel autre secteur ou lui reconna\u00eetre au contraire une sp\u00e9cificit\u00e9 justifie d\u2019un traitement particulier? Traditionnellement, on consid\u00e8re que la faillite d’une banque est beaucoup plus grave que la faillite d’une entreprise industrielle de taille \u00e9quivalente. Elle provoque donc tr\u00e8s souvent une intervention des pouvoirs publics. Le refus d’intervenir, comme dans le cas de la Barings, appara\u00eet encore comme une exception plut\u00f4t que comme la r\u00e8gle. Faut-il all\u00e9ger ou supprimer les contraintes (d\u00e9p\u00f4t de r\u00e9serves aupr\u00e8s de la Banque centrale, normes de capitalisation, etc.) qui p\u00e8sent sur les banques, ou faut-il plus imposer plut\u00f4t ces m\u00eames normes aux para-banques et quasi-banques cr\u00e9\u00e9es par les entreprises industrielles et commerciales?<\/p>\n

Dans le contexte international, ces questions sont encore plus difficiles, comme l’a montr\u00e9 la chute spectaculaire de la BCCI en 1991. Banque d’origine pakistanaise, avec un actionnaire principal du Golfe, si\u00e8ge social \u00e0 Luxembourg et centre des op\u00e9rations \u00e0 Londres, la BCCI \u00e9tait inclassable, ce qui lui a permis d\u2019\u00e9chapper pendant de longues ann\u00e9es \u00e0 la surveillance des Banques centrales.<\/p>\n

Traditionnellement, les march\u00e9s financiers s\u2019autog\u00e8rent, sous l’\u0153il attentif des autorit\u00e9s. Mais leur taille est telle, aujourd\u2019hui, que cette mani\u00e8re de faire appara\u00eet d\u00e9sormais obsol\u00e8te. La mise en place des nouvelles structures de transaction et de surveillance s’av\u00e8re cependant laborieuse. Alors que les grandes Banques centrales disposent, \u00e0 travers le G-10 si\u00e9geant \u00e0 B\u00e2le, d’une structure de coordination bien rod\u00e9e et capable de r\u00e9pondre rapidement aux crises, les organismes de surveillance des march\u00e9s boursiers commencent \u00e0 peine \u00e0 coordonner leurs efforts. La directive sur les activit\u00e9s des interm\u00e9diaires boursiers dans les pays de l’Union Europ\u00e9enne n\u2019est appliqu\u00e9e que depuis le 1er janvier 1996 alors que celle sur les activit\u00e9s bancaires est en vigueur depuis 1990. Et que dire des difficult\u00e9s continues de coop\u00e9ration, aux \u00c9tats-Unis et ailleurs, entre les march\u00e9s boursiers et les march\u00e9s des produits d\u00e9riv\u00e9s?<\/p>\n

P\u00e9riodiquement, des voix augustes s’\u00e9l\u00e8vent pour r\u00e9clamer une r\u00e9forme d’ensemble du syst\u00e8me financier international et des mesures particuli\u00e8res pour ramener la stabilit\u00e9 et \u00e9liminer les exc\u00e8s. Puisqu\u2019on ne peut acc\u00e9l\u00e9rer la circulation des marchandises, certains proposent, selon l’expression de James Tobin, Prix Nobel d’\u00e9conomie, reprise en France par Jean Peyrelevade (et Lionel Jospin lors de sa campagne pr\u00e9sidentielle), de jeter des \u00ab\u00a0grains de sable\u00a0\u00bb dans les rouages trop performants de la g\u00e9ofinance \u2014en introduisant par exemple une taxe sur les transactions financi\u00e8res \u00e0 caract\u00e8re sp\u00e9culatif. La th\u00e9orie du grain de sable est s\u00e9duisante, mais pose un probl\u00e8me s\u00e9rieux de calibrage. Si le \u00ab\u00a0grain\u00a0\u00bb est trop petit, il risque de n’avoir aucune influence, s’il est trop fort, il risque de provoquer des \u00e9vasions de capitaux.<\/p>\n

Force est de constater en tout cas que, depuis trente ans, aucun projet de r\u00e9forme d\u2019ensemble n\u2019a abouti. Cet \u00e9chec refl\u00e8te le d\u00e9sarroi intellectuel provoqu\u00e9 par l\u2019\u00e9mergence de la g\u00e9ofinance. Sa dynamique est d\u00e9routante, en effet: autrefois pilier de stabilit\u00e9, aujourd\u2019hui foyer actif de volatilit\u00e9; hier servante docile, aujourd\u2019hui ma\u00eetresse exigeante et capricieuse; jadis embl\u00e8me mat\u00e9rialiste, aujourd\u2019hui ph\u00e9nom\u00e8ne d\u00e9mat\u00e9rialis\u00e9. Nombre de responsables \u00e9conomiques et politiques refusent pour cette raison de reconna\u00eetre sa l\u00e9gitimit\u00e9, et la prennent pour une aberration.<\/p>\n

Il est impossible cependant de revenir en arri\u00e8re. On ne peut plus fermer les fronti\u00e8res ou d\u00e9connecter les ordinateurs. Et pourquoi le ferait-on, puisque l\u2019\u00e9conomie ne cesse de se mondialiser, que le commerce international ne cesse de cro\u00eetre plus rapidement que la production mondiale, et que les investisseurs priv\u00e9s ont r\u00e9ussi \u00e0 prendre le relais des fonds publics d\u00e9faillants afin de financer le d\u00e9veloppement de l\u2019Am\u00e9rique latine, de l\u2019Asie et de l\u2019Europe centrale? La g\u00e9ofinance participe, par son essor, \u00e0 l\u2019\u00e9volution de l\u2019\u00e9conomie vers l\u2019immat\u00e9riel. La contrepartie ultime de la nouvelle monnaie n\u2019est plus la marchandise physique, facile \u00e0 identifier et \u00e0 manipuler, mais l\u2019information, insaisissable, impalpable, abondante, volatile.<\/p>\n

\u00a9 Le Temps strat\u00e9gique, No 69, Gen\u00e8ve, Avril 1996.<\/div>\n
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ADDENDA<\/strong><\/span><\/p>\n

LES D\u00c9FIS DE LA GEOFINANCE<\/strong><\/p>\n

Les banques devront s’adapter ou mourir<\/strong>
\nNote sur une r\u00e9volution culturelle annonc\u00e9e<\/em><\/span><\/p>\n

La g\u00e9ofinance ne laisse gu\u00e8re de choix aux \u00e9tablissements financiers que de s\u2019adapter ou mourir. Les banques, afflig\u00e9es d’une surcapacit\u00e9 \u00e9norme et d’une rentabilit\u00e9 incertaine, en sont toutes, aujourd\u2019hui, \u00e0 s’interroger sur leur raison d’\u00eatre.<\/p>\n

Difficult\u00e9s des unes, volont\u00e9 expansionniste des autres, les pressions de consolidation sont devenues irr\u00e9sistibles. Aux \u00c9tats-Unis, les fusions et regroupements \u00e0 grande \u00e9chelle ont commenc\u00e9 entre banques r\u00e9gionales du centre-ouest et du sud du pays, avant de s\u2019\u00e9tendre aux grandes banques de Californie (Bank of America<\/em> et Security Pacific<\/em>) et de New York (Chemical Bank<\/em>, Manufacturers Hanover<\/em> et Chase Manhattan<\/em>). Au Japon, quelques fusions ont pris place entre banques de premier rang. L\u2019Europe, elle, se contente pour l’instant de fian\u00e7ailles plut\u00f4t timides (participations minoritaires crois\u00e9es et accords de coop\u00e9ration) ne modifiant pas la structure fondamentalement morcel\u00e9e du march\u00e9 europ\u00e9en. Seule op\u00e9ration internationale d’envergure, l’acquisition, en 1992, de Midland<\/em>, la quatri\u00e8me banque anglaise, par la Hongkong Shanghai Bank<\/em>, qui sugg\u00e8re que la g\u00e9ofinance est en train de prendre le pas sur l’eurofinance. L’int\u00e9gration de l’espace financier europ\u00e9en ne peut que s’acc\u00e9l\u00e9rer.<\/p>\n

Les nouveaux supermarch\u00e9s de la finance
\n<\/strong>En v\u00e9rit\u00e9, les banques sont en train de vivre une v\u00e9ritable r\u00e9volution culturelle. Elles ont perdu le statut particulier que leur assurait contr\u00f4le quasi-exclusif de la monnaie scripturale et du cr\u00e9dit. Pourront-elles garder leur position dans le monde d\u00e9sinterm\u00e9di\u00e9 de la monnaie \u00e9lectronique et informationnelle? Toutes s\u2019efforcent d’\u00e9largir la palette de leurs produits et de leurs activit\u00e9s. L\u2019id\u00e9e est de d\u00e9pendre moins de la marge financi\u00e8re (diff\u00e9rence entre les int\u00e9r\u00eats pay\u00e9s et les int\u00e9r\u00eats re\u00e7us) et d\u2019accro\u00eetre les revenus des commissions. Les banques se convertissent ainsi en prestataires de services financiers. Les cloisons \u00e9tanches entre les produits et les cat\u00e9gories d’interm\u00e9diaires sont en train de dispara\u00eetre. Aux \u00c9tats-Unis, au Royaume-Uni, en France, se cr\u00e9ent de v\u00e9ritables supermarch\u00e9s de la finance, offrant cr\u00e9dit, courtage, assurance, placement, leasing, conseil, pr\u00eats hypoth\u00e9caires, cartes de cr\u00e9dit, ch\u00e8ques de voyage, etc. Les Allemands parlent de l’Allfinanz, les Fran\u00e7ais et les Suisses de la bancassurance. Les services financiers sont un vaste chantier dont le p\u00e9rim\u00e8tre est sans cesse d\u00e9plac\u00e9. Longtemps cloisonn\u00e9s et prot\u00e9g\u00e9s, ils s’ouvrent d\u00e9sormais \u00e0 la concurrence. Les banques envahissent l’assurance, en particulier l’assurance-vie, mais doivent, dans le m\u00eame temps, r\u00e9sister \u00e0 l’assaut de grands distributeurs, comme Marks & Spencer ou Les Galeries Lafayette; de gestionnaires de portefeuille, comme Fidelity ou Robeco; de grandes soci\u00e9t\u00e9s de Bourse, comme Merrill Lynch. Les services financiers de soci\u00e9t\u00e9s industrielles comme General Electric, Ford ou Renault, contribuant souvent plus de 20% \u00e0 leur profit total.<\/p>\n

La force r\u00e9siduelle des banques
\n<\/strong>La notion de \u00ab\u00a0services financiers\u00a0\u00bb consacre une telle banalisation de la banque, que certains pronostiquent sa fin prochaine. Pour ma part, je pense, comme l’aurait dit Mark Twain, que l\u2019annonce de cette mort est pr\u00e9matur\u00e9e. Les banques ne sont pas d\u00e9pourvues d’atouts dans le nouveau paysage: elles entretiennent des contacts fr\u00e9quents, r\u00e9currents et vari\u00e9s avec les entreprises et les m\u00e9nages. Les plus grandes d\u2019entre elles grandes banques ont plusieurs millions de clients, avec lesquels il leur arrive de communiquer plusieurs fois par jour. Elles disposent l\u00e0 de v\u00e9ritables tr\u00e9sors de donn\u00e9es sur les entreprises et les m\u00e9nages, qui s\u2019\u00e9tendent bien au-del\u00e0 de leur seule situation financi\u00e8re. Leur syst\u00e8me de distribution est tr\u00e8s diversifi\u00e9: agences avec guichets, automates sp\u00e9cialis\u00e9s, r\u00e9seaux de t\u00e9l\u00e9communication vocale et de t\u00e9l\u00e9matique, et elles couvrent une grande vari\u00e9t\u00e9 de fonctions: recueil et transmission d\u2019informations, transactions simples et complexes, standardis\u00e9es ou sur mesure. Elles ont peut-\u00eatre chang\u00e9 de m\u00e9tier, mais restent n\u00e9anmoins capables de tirer parti des changements mieux que quiconque.<\/p>\n

Preuve en est qu\u2019elles ont r\u00e9ussi \u00e0 \u00e9tablir des positions concurrentielles fortes sur des segments aussi vari\u00e9s que les cartes de cr\u00e9dit, les fonds de placement, l’assurance-vie ou les march\u00e9s financiers. Seules leur donnent du fil \u00e0 retordre certaines entreprises qui pratiquent les services financiers depuis longtemps, comme les grandes soci\u00e9t\u00e9s am\u00e9ricaines de Bourse comme Merrill Lynch, les soci\u00e9t\u00e9s financi\u00e8res sp\u00e9cialis\u00e9es comme GE Capital, ou d\u00e9pendantes des grandes cha\u00eenes de distribution comme Marks & Spencer.<\/p>\n

En fait, la d\u00e9sinterm\u00e9diation a provoqu\u00e9 moins une r\u00e9duction du r\u00f4le des banques qu’une redistribution interne de leur portefeuille de produits et une restructuration de leur bilan \u2014lequel est d\u00e9sormais plus liquide, les pr\u00eats non liquides ayant \u00e9t\u00e9 remplac\u00e9s par une dette n\u00e9gociable, et plus solide, les fonds propres ayant \u00e9t\u00e9 consid\u00e9rablement renforc\u00e9s. Lorsque les m\u00e9nages r\u00e9duisent la part des d\u00e9p\u00f4ts \u00e0 vue dans leurs actifs financiers, ils le font au profit de fonds de placement et de SICAV, g\u00e9r\u00e9s par les banques. Et lorsque les gouvernements fran\u00e7ais et belge d\u00e9cident, pour financer leur dette, de remplacer les consortia bancaires par les Sp\u00e9cialistes des Valeurs du Tr\u00e9sor (SVT), les principaux de ces SVT sont banques.<\/p>\n

Celles qui vivront<\/strong>, celles qui mourront
\n<\/strong>Avant de proclamer la victoire des banques, il faut introduire n\u00e9anmoins quelques notes de pr\u00e9caution. D’abord, le fait que les banques disposent d\u2019un avantage concurrentiel ne diminue en rien la n\u00e9cessit\u00e9 dans laquelle elles se trouvent de rationaliser leurs activit\u00e9s, afin de r\u00e9sister aux concurrents \u00ab\u00a0ext\u00e9rieurs\u00a0\u00bb. Mais si l\u2019on peut parier que les banques seront les principales b\u00e9n\u00e9ficiaires de la bataille des services financiers, il est \u00e9galement certain qu’elles fourniront le plus gros contingents de victimes. Seules survivront, triomphales, les meilleures.<\/p>\n

Par ailleurs, quiconque entend donner des services financiers doit assumer plusieurs m\u00e9tiers: courtiers, contreparties, conseillers, prestataires de services. Le potentiel des conflits d’int\u00e9r\u00eats internes entre ces diff\u00e9rents m\u00e9tiers est important. Et il est d\u00e9licat pour une banque de jouer le r\u00f4le de conseiller financier d’une entreprise tout en finan\u00e7ant un acqu\u00e9reur hostile, ainsi que cela est arriv\u00e9 \u00e0 plusieurs banques am\u00e9ricaines dans les ann\u00e9es quatre-vingt. Le gestionnaire de portefeuille faisant partie d’un groupe int\u00e9gr\u00e9 doit-il chercher, pour ex\u00e9cuter ses transactions, le courtier le moins cher et le plus efficace, ou utiliser syst\u00e9matiquement le courtier \u00ab\u00a0maison\u00a0\u00bb? Afin d’\u00e9viter ce genre de conflits, autorit\u00e9s et entreprises tendent \u00e0 introduire des sauvegardes appel\u00e9es \u00ab\u00a0murailles de Chine\u00a0\u00bb, visant \u00e0 s\u00e9parer les activit\u00e9s et les m\u00e9tiers potentiellement conflictuels en restreignant entre eux les flux d’information, voire les contacts. Ces restrictions mettent \u00e9videmment en question l’int\u00e9gration d\u2019activit\u00e9s qui fonde la notion m\u00eame de service financier.<\/p>\n

Les client seraient-ils finalement rois?
\n<\/strong>La technologie donne de surcro\u00eet au client les moyens de mettre en concurrence plusieurs services financiers, de choisir entre eux, et donc de ne plus d\u00e9pendre d\u2019une seule banque. Cette tendance va \u00e9galement contre la logique du fournisseur privil\u00e9gi\u00e9 \u00ab\u00a0tout compris\u00a0\u00bb. A cette pouss\u00e9e d’ind\u00e9pendance de leurs clients, les banques r\u00e9pondent en d\u00e9veloppant des activit\u00e9s pour leur propre compte. Leur acc\u00e8s privil\u00e9gi\u00e9 \u00e0 l’information leur offre des opportunit\u00e9s, nombreuses mais souvent \u00e9ph\u00e9m\u00e8res, d’investissement et d’arbitrage potentiellement profitables. Doivent-elles les indiquer \u00e0 leurs clients ou les saisir elles-m\u00eames ? On constate en tout cas que leurs activit\u00e9s pour compte propre se d\u00e9veloppent fortement et repr\u00e9sentent souvent une part substantielle de leurs profits. En 1992, par exemple, l’arbitrage sur les march\u00e9s de change repr\u00e9sentait 40% du profit des banques am\u00e9ricaines. Dans les grandes banques d’affaires comme Salomon Brothers ou Morgan Stanley, les activit\u00e9s de trading pour les clients servent de support au trading pour le compte propre.<\/p>\n

De l\u2019extr\u00eame vertu des r\u00e9seaux capillaires
\n<\/strong>La rigueur de la gestion, la qualit\u00e9 des \u00e9quipes, la coh\u00e9rence de la strat\u00e9gie, la s\u00fbret\u00e9 de l’ex\u00e9cution, sont d\u00e9sormais, pour les banques, les variables essentielles et d\u00e9terminantes de leur succ\u00e8s. Entre elles, plus de hi\u00e9rarchies pr\u00e9\u00e9tablies. Leur univers est plein d’anges d\u00e9chus et de ph\u00e9nix ressuscit\u00e9s. La Bank of America, qui \u00e9tait dans les ann\u00e9es soixante-dix la plus grande banque du monde et une gagnante indiscutable, s’est retrouv\u00e9e dans les ann\u00e9es quatre-vingt au bord de la faillite, puis a rebondi, apr\u00e8s un changement radical de direction. La Lloyds Bank, qui \u00e9tait au d\u00e9but des ann\u00e9es quatre-vingt la plus petite et la plus vuln\u00e9rable des quatre grandes banques britanniques de d\u00e9p\u00f4t, a mieux pris que ses concurrentes le virage des services financiers, d\u2019o\u00f9 une performance \u00e9conomique et une valorisation boursi\u00e8re meilleures que celles de ses rivales. La Lloyds Bank a su r\u00e9concilier une plus grande s\u00e9lectivit\u00e9 \u2014 elle a abandonn\u00e9 l’international et les grandes entreprises pour se concentrer sur les m\u00e9nages \u2014 avec un \u00e9largissement de son portefeuille des produits, en direction notamment de l’assurance-vie. La Lloyds cherche d\u00e9sormais \u00e0 capitaliser sur son succ\u00e8s \u00e0 travers une s\u00e9rie de fusions-acquisitions. Apr\u00e8s avoir absorb\u00e9 au d\u00e9but de 1995 une grande caisse d’\u00e9pargne, Cheltenham et Gloucester, elle a annonc\u00e9 en octobre 1995 sa fusion avec une grande banque \u00e0 r\u00e9seau, TSB. Cette fusion fera d\u2019elle la plus grande banque d\u2019Angleterre pour particuliers. Son succ\u00e8s montre que si la finance s’est aujourd\u2019hui bel et bien transform\u00e9e en g\u00e9ofinance, la proximit\u00e9 et la capillarit\u00e9 des r\u00e9seaux de distribution constituent n\u00e9anmoins un atout essentiel dans la grande bataille des services financiers. Ce que confirme, aux Etats-Unis, le succ\u00e8s des banques r\u00e9gionales, ou en France, celui des banques \u00e0 r\u00e9seaux comme le Cr\u00e9dit Agricole.<\/p>\n

C.G<\/p>\n

\n

Glossaire<\/strong><\/p>\n<\/div>\n

1. La monnaie<\/strong><\/p>\n

Monnaie d’\u00e9change. Si vous voulez une pomme et que n’en ayez pas dans votre cave, il vous faut trouver quelqu’un qui accepte de vous abandonner sa pomme en \u00e9change de quelque chose. Au cours de l’histoire, ce quelque chose a \u00e9t\u00e9 tant\u00f4t des perles, des coquillages, des hame\u00e7ons, du bl\u00e9 ou tout autre objet utilis\u00e9 comme \u00ab\u00a0monnaie d’\u00e9change\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Monnaie m\u00e9tallique.<\/strong> La monnaie-objet pr\u00e9sente cependant de s\u00e9rieux inconv\u00e9nients: les perles se cassent, le bl\u00e9 pourrit… Les \u00c9gyptiens r\u00e9solurent le probl\u00e8me au 26e si\u00e8cle avant J\u00e9sus-Christ en inventant les premi\u00e8res monnaies m\u00e9talliques: durables, portables et que l’on pouvait subdiviser en pi\u00e8ces plus petites, utiles pour les achats modestes.<\/p>\n

Papier-monnaie.<\/strong> La premier papier-monnaie connu a \u00e9t\u00e9 le \u00ab\u00a0kwan\u00a0\u00bb chinois \u00e9mis par la dynastie Ming entre 1368 et 1399. A l’heure actuelle, cette monnaie, dite fiduciaire parce que fond\u00e9e sur la confiance accord\u00e9e \u00e0 celui qui l’\u00e9met, prend la forme de \u00ab\u00a0billets de banque\u00a0\u00bb \u00e9mis par les diverses Banques nationales.<\/p>\n

Monnaie scripturale.<\/strong> Le volume de la monnaie fiduciaire en circulation est infiniment moins important que celui de la monnaie appel\u00e9e scripturale, parce que g\u00e9n\u00e9r\u00e9e par les mouvement d’\u00e9critures (\u00e9lectroniques de plus en plus souvent) des comptes courants bancaires.<\/p>\n

La masse mon\u00e9taire <\/strong>est l’ensemble des diff\u00e9rents monnaies en circulation sur un territoire donn\u00e9.<\/p>\n

Les agr\u00e9gats mon\u00e9taires <\/strong>sont les diff\u00e9rentes cat\u00e9gories de monnaie et d’actifs liquides de la masse mon\u00e9taire. Ceux-ci comprennent la masse mon\u00e9taire au sens strict (M1) et les diff\u00e9rents actifs financiers, plus liquides (M2) ou moins liquides (M3).<\/p>\n

    \n
  • M1 <\/strong>comprend les actifs liquides: monnaie, billets, d\u00e9p\u00f4ts \u00e0 vue en francs<\/li>\n
  • M2 <\/strong>comprend M1 plus les comptes sur livret (\u00e9pargne, etc.) ainsi que les placements \u00e0 vue non utilisables imm\u00e9diatement<\/li>\n
  • M3<\/strong> comprend M2 plus les placements mon\u00e9taires en devises, les placements \u00e0 terme non n\u00e9gociables, les titres de cr\u00e9ance n\u00e9gociables \u00e9mis par les \u00e9tablissements de cr\u00e9dit, bref tous les instruments financiers qu’il n’est pas facile de convertir rapidement en argent liquide.<\/li>\n<\/ul>\n

    2. Les indices<\/strong><\/p>\n

    Les indices boursiers sont des moyennes calcul\u00e9es sur les cours d’un certain nombre de valeurs que l’on estime repr\u00e9sentatives de l’\u00e9volution g\u00e9n\u00e9rale du march\u00e9. Moyennes simples (comme le Dow Jones) ou moyennes pond\u00e9r\u00e9es (comme le Standard & Poor’s 500), les indices jouent le r\u00f4le de barom\u00e8tres des march\u00e9s boursiers.<\/p>\n

    L’indice Dow Jones <\/strong>est le plus connu des indices boursiers. A sa cr\u00e9ation, en 1884, par Charles H. Dow et Edward D. Jones, le Dow Jones Industrial Average<\/em> \u00e9tait fond\u00e9 sur la moyenne simple du cours des actions de 11 grandes entreprises am\u00e9ricaines (20 en 1916, et 30 depuis 1928). Publi\u00e9 \u00e0 l’origine dans un petit journal financier anc\u00eatre du Wall Street Journal<\/em>., le Dow Jones cl\u00f4tura sur une baisse de 12.8% lors du krach historique du 29 octobre 1929, et de 22.6% lors du krach du 16 octobre 1987. Le Dow Jones refl\u00e8te bien l’\u00e9volution des valeurs am\u00e9ricaines de premier ordre ou blue chips <\/em>: ATT, Eastman Kodak, General Electric et autres NCR.<\/p>\n

    Il est d’autres indices boursiers:<\/strong> le Standard & Poor’s 500 de New York (indice de 500 valeurs am\u00e9ricaines), le Nikkei de Tokyo (225 valeurs), le Footsie de Londres (100), le CAC 40 de Paris (40), le Swiss Performance Index ou SPI de Zurich (362). Outre ces indices g\u00e9n\u00e9raux, il existe des sous-indices (du Dow Jones, du Standard & Poor\u2019s 500, du SPI, etc.), qui refl\u00e8tent les diff\u00e9rents segments du march\u00e9: par branches (industrielles, transports, finances) ou par cat\u00e9gories de titres (actions au porteur, nominatives, bons de participations).<\/p>\n

    3. Les taux<\/strong><\/p>\n

    Taux d\u2019int\u00e9r\u00eat. Le niveau des taux d’int\u00e9r\u00eat sont fix\u00e9s par les autorit\u00e9s mon\u00e9taires en fonction de leur objectif final de croissance \u00e9conomique interne. L’int\u00e9r\u00eat est la r\u00e9mun\u00e9ration du capital pr\u00eat\u00e9 que l’emprunteur verse au pr\u00eateur. Son taux d\u00e9pend des conditions du march\u00e9, de la longueur du pr\u00eat (taux longs, taux courts) et de la r\u00e9putation de l’emprunteur. Il existe plusieurs taux de l’int\u00e9r\u00eat.<\/p>\n

    Taux de change.<\/strong> Les taux de change des monnaies varient en fonction des taux d’int\u00e9r\u00eat pratiqu\u00e9s dans les pays concern\u00e9s. Si le pays A hausse ses taux d’int\u00e9r\u00eats, des capitaux \u00e9trangers vont aussit\u00f4t affluer, en qu\u00eate de placement plus r\u00e9mun\u00e9rateur. La monnaie du pays devient plus recherch\u00e9e et tend donc \u00e0 s’appr\u00e9cier sur le march\u00e9 des changes. Invers\u00e9ment, si le pays A baisse ses taux d’int\u00e9r\u00eat provoque, le taux de change de sa monnaie (moins recherch\u00e9e) baissera.
    \n4. <\/span><\/strong>Les instruments d\u00e9riv\u00e9s<\/span><\/strong><\/p>\n

    Les instruments d\u00e9riv\u00e9s<\/span><\/strong> sont des instruments financiers que l’on acquiert pour s’assurer contre de fortes variations de cours. On lira dans ce num\u00e9ro, \u00e0 leur propos, l’article de Martin Baker, \u00ab\u00a0Dans l\u2019univers de la finance, rien n\u2019est calcul, tout est intuition!\u00a0\u00bb Ces instruments sont appel\u00e9s \u00ab\u00a0d\u00e9riv\u00e9s\u00a0\u00bb parce qu’ils sont fond\u00e9s sur le cours d’autres instruments financiers (actions, obligations) ou d’autres biens (mati\u00e8res premi\u00e8res), et qu’ils \u00ab\u00a0d\u00e9rivent\u00a0\u00bb donc leur valeur de la valeur de ces autres actions, devises ou mati\u00e8res premi\u00e8res \u00ab\u00a0sous-jacentes\u00a0\u00bb. Comme on peut acqu\u00e9rir des instruments d\u00e9riv\u00e9s en ne s’acquittant que d’un faible d\u00e9p\u00f4t (de l\u2019ordre de 5%), ils ont un effet de levier important et peuvent conduire tr\u00e8s vite \u00e0 des gains ou \u00e0 des pertes consid\u00e9rables.<\/p>\n

    Les p\u00e8res spirituels des instruments d\u00e9riv\u00e9s sont math\u00e9maticiens.<\/strong> En 1973, Fischer Black, physicien et math\u00e9maticien form\u00e9 \u00e0 Harvard, et Myron Scholes, \u00e9conomiste du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient dans le Journal of Political Economy<\/em> un article (\u00ab\u00a0The Pricing of Options and Corporate Liabilities\u00a0\u00bb) o\u00f9 ils d\u00e9montraient leur fameuse \u00e9quation de Black-Scholes, qui fournit des outils pr\u00e9cis de calcul des risques financiers des march\u00e9s \u00e0 options. Cette formule fut unanimement appr\u00e9ci\u00e9e pour son \u00e9l\u00e9gance math\u00e9matique, mais elle commence aujourd’hui \u00e0 \u00eatre critiqu\u00e9e pour ses effets euphorisants sur les march\u00e9s. Parce qu’elle postule que l\u2019incertitude est ma\u00eetrisable, elle rassure intellectuellement ceux qui pratiquent le jeu souvent dangereux des instruments d\u00e9riv\u00e9s.<\/p>\n<\/div>\n

    \n

    5. D’autres termes et noms cit\u00e9s<\/span><\/strong><\/p>\n

    Le G10<\/span><\/strong> est le \u00ab\u00a0club\u00a0\u00bb des banques centrales des grandes puissances mon\u00e9taires. Il compte en fait onze pays (les Etats-Unis, l\u2019Allemagne, l\u2019Angleterre, le Japon, la France, le Canada, l\u2019Italie, la Su\u00e8de, les Pays-bas et la Belgique, plus la Suisse qui y dispose d\u2019un statut sp\u00e9cial).<\/p>\n

    SICAV <\/strong>signifie Soci\u00e9t\u00e9 d’investissement \u00e0 capital variable. Il s’agit d’un produit financier fran\u00e7ais. On distingue, selon la nature des investissements r\u00e9alis\u00e9s, les SICAV d’obligations, les SICAV d’actions, les SICAV investies \u00e0 court terme, les SICAV de tr\u00e9sorerie, et selon la politique de distribution men\u00e9e, les SICAV de capitalisation et les SICAV de distribution. Les SICAV sont dites de court terme lorsqu’elles sont destin\u00e9es aux placements liquides, et \u00ab\u00a0mon\u00e9taire\u00a0\u00bb lorsque leur capital est investi en produits financiers \u00e0 courte dur\u00e9e, r\u00e9mun\u00e9r\u00e9s au taux du march\u00e9 mon\u00e9taire avec un r\u00e9gime fiscal appropri\u00e9.<\/p>\n

    L’arbitragiste<\/strong> est un op\u00e9rateur exploitant les diff\u00e9rences de prix ou de cours d\u2019un m\u00eame bien ou instrument sur diff\u00e9rents march\u00e9s. Il ach\u00e8te l\u00e0 o\u00f9 les prix sont bas pour vendre l\u00e0 o\u00f9 ils sont \u00e9lev\u00e9s. Pour tirer un profit de distorsions de prix souvent faibles (1\/16 ou 1\/32 de dollar par exemple), l’arbitragiste doit n\u00e9gocier simultan\u00e9ment de tr\u00e8s nombreux contrats.<\/p>\n

    George Soros<\/strong> est un sp\u00e9culateur am\u00e9ricain d’origine hongroise sp\u00e9cialis\u00e9 dans la gestion des \u00ab\u00a0hedge funds\u00a0\u00bb ou fonds de couverture. N\u00e9 \u00e0 Budapest en 1930, il s’est install\u00e9 en Grande-Bretagne en 1947 o\u00f9 il a \u00e9tudi\u00e9 l’\u00e9conomie, puis s’est rendu aux Etats-Unis en 1956. George Soros a \u00e9crit entre autres The Alchemy of Finance<\/em> (Simon & Schuster, 1987), Opening the Soviet System <\/em>(Weidenfeld & Nicholson, 1990),Underwriting Democracy <\/em>(The Free Press, 1991), Ideas and Actions <\/em>(Wiley and Sons, 1995).<\/p>\n

    C.G<\/p>\n

    Pour ne point trop d\u00e9river<\/strong><\/p>\n

    Introduction aux march\u00e9s financiers
    \n<\/strong>Les march\u00e9s financiers,<\/em> par Jean Saint-Geours. Paris, Flammarion, collection Dominos, 1994.<\/p>\n

    La plan\u00e8te bourse, de bas en hauts, <\/em>par Michel Turin. Paris, Gallimard, collection D\u00e9couvertes, 1993.<\/p>\n

    \u00ab\u00a0Dossier sur les march\u00e9s financiers\u00a0\u00bb<\/em>. In: Futuribles<\/em>, Paris, No 192, novembre 1994.<\/p>\n

    Monnaie Monnaies,<\/em> par Mich\u00e8le Giacobbi et Anne-Marie Gronier. Paris, Marabout, Le Monde-Editions, 1994.<\/p>\n

    Guides pratiques pour baguenauder dans les march\u00e9s financiers
    \n<\/strong>Guide to understanding money & markets,<\/em> par Richard Saul Wurman, Alan Siegel et Kenneth M. Morris. New York, The Wall Street Journal, 1990.<\/p>\n

    Guide bancaire et financier,<\/em> par Marian Stepczynski et Michael Wyler. Lausanne, l’Hebdo, 1991.<\/p>\n

    Lexique boursier, petit vocabulaire de la bourse<\/em>. In: \u00ab\u00a0Cahiers du Cr\u00e9dit Suisse\u00a0\u00bb, No 36. Zurich, 1992.<\/p>\n

    Dossier: les produits d\u00e9riv\u00e9s, <\/em>Tribune Finance in: Tribune de Gen\u00e8ve,<\/em> Gen\u00e8ve, 8 novembre 1995.<\/p>\n

    Comprendre (enfin) les nouveaux instruments financiers, <\/em>par Pierre Novello. Gen\u00e8ve, Journal de Gen\u00e8ve & Gazette de Lausanne, 1995.<\/p>\n

    A propos de g\u00e9ofinance
    \n<\/strong>\u00ab\u00a0La finance internationale \/ sauvageonne dangereuse que nul n’apprivoisera jamais?\u00a0\u00bb<\/em> Par Charles Goldfinger. In: Le Temps strat\u00e9gique<\/em>, No 31, hiver 1989-90.<\/p>\n

    A propos des crises de liquidit\u00e9s et d’insolvabilit\u00e9
    \n<\/strong>\u00ab\u00a0Les dettes bancaires des pays de l’Est et du tiers-monde, une goutte d’eau dans l’oc\u00e9an financier international!\u00a0\u00bb<\/em> par Philippe de Weck. In: Le Temps strat\u00e9gique<\/em>, No 1, \u00e9t\u00e9 1982.<\/p>\n

    \u00ab\u00a0Sauver les banques qui ont pr\u00eat\u00e9 au tiers monde? Surtout pas!\u00a0\u00bb <\/em>Par Karl Brunner. In: \u00ab\u00a0Le Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb, No 10, automne 1984.<\/p>\n

    A propos des mutations bancaires
    \n<\/strong>\u00ab\u00a0Pour les banques internationales c’est la r\u00e9volution!\u00a0\u00bb <\/em>Par Richard O\u2019Brien. In: Le Temps strat\u00e9gique<\/em>, No 21, \u00e9t\u00e9 1987.<\/p>\n

    \u00ab\u00a0Le voile mystique qui recouvrait jadis la banque a disparu\u00a0\u00bb<\/em>, par David Lascelles. In: Le Temps strat\u00e9gique<\/em>, No 35, septembre 1990.<\/p>\n

    \u00ab\u00a0Pauvre Martin, pauvre banquier…\u00a0\u00bb<\/em> Par Klaus Jenny. In: Le Temps des Affaires<\/em>, No 51, mars 1993.<\/p>\n

    A signaler la naissance, \u00e0 Gen\u00e8ve, d’un Observatoire de la Finance<\/em> <\/strong>dont secr\u00e9taire-g\u00e9n\u00e9ral de l\u2019Observatoire est Paul Dembinski, \u00e9conomiste, qui avait publi\u00e9 dans \u00ab\u00a0Le Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb No 16 du printemps 1986 \u00ab\u00a0Les milliards d\u00e9pens\u00e9s par les militaires sont-ils du gaspillage?\u00a0\u00bb L\u2019Observatoire \u00e9dite un bulletin, Finance et Responsabilit\u00e9<\/em>, dont le No 1 est paru en novembre 1995 (32, rue de l\u2019Ath\u00e9n\u00e9e, 1206 Gen\u00e8ve, t\u00e9l. 022\/346 30 35, fax 022\/789 14 60).<\/p>\n

    C.G<\/p>\n<\/div>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

    Nouvelle finance plan\u00e9taire les vertus du chaos par Charles Goldfinger Charles Goldfinger, directeur-g\u00e9n\u00e9ral de Global Electronic Finance (GEF) Management S.A., \u00e0 Bruxelles, s\u2019int\u00e9resse notamment \u00e0 l\u2019impact de la technologie de l\u2019information sur la strat\u00e9gie des entreprises et sur les politiques \u00e9conomiques. Auteur de La g\u00e9ofinance (Paris, Seuil, 1986) et de \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"parent":43,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-69","page","type-page","status-publish","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/69","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=69"}],"version-history":[{"count":4,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/69\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":144,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/69\/revisions\/144"}],"up":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/43"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=69"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}