{"id":606,"date":"2015-01-06T00:30:01","date_gmt":"2015-01-05T23:30:01","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=606"},"modified":"2015-01-21T15:03:39","modified_gmt":"2015-01-21T14:03:39","slug":"technologie-numerique-2","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=606","title":{"rendered":"Technologie num\u00e9rique 2"},"content":{"rendered":"
Par David Wood<\/p>\n
David Wood,<\/em> responsable des nouvelles technologies \u00e0 l’Union europ\u00e9enne de radio-t\u00e9l\u00e9vision (UER), \u00e0 Gen\u00e8ve, sp\u00e9cialiste de la t\u00e9l\u00e9vision num\u00e9rique et de la physique perceptive, est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur la t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n Pour la t\u00e9l\u00e9vision, le remplacement de l’analogique par le num\u00e9rique , c’est la bougie d\u00e9tr\u00f4n\u00e9e par l’\u00e9lectricit\u00e9. Comme dit ailleurs dans ce num\u00e9ro, la t\u00e9l\u00e9vision est la derni\u00e8re \u00e0 tomber dans les filets du num\u00e9rique. C’est pourquoi, en d\u00e9pit du fait que la plupart des programmes t\u00e9l\u00e9vis\u00e9s sont fabriqu\u00e9s<\/em> depuis longtemps de mani\u00e8re num\u00e9rique, il y a seulement cinq ans, il semblait impossible de les diffuser<\/em> selon le m\u00eame mode.<\/p>\n Cela tient \u00e0 l’extr\u00eame complexit\u00e9 de l’image t\u00e9l\u00e9vis\u00e9e. Elle a en effet besoin, pour \u00eatre diffus\u00e9e sous la forme de signal num\u00e9rique non trait\u00e9, d’une importante largeur d’ondes. Ce qui est parfaitement anti\u00e9conomique. Pendant dix ans, tous les laboratoires de radiodiffusion du monde ont donc cherch\u00e9 comment l’on pourrait transmettre des images en utilisant une largeur d’ondes moins importante. Le pont aux \u00e2nes fut franchi lorsque le charmant professeur K.R. Rao \u00e9labora , avec son \u00e9quipe texane, des outils appel\u00e9s DCT permettant en th\u00e9orie de diffuser num\u00e9riquement des images \u00ab\u00a0comprim\u00e9es\u00a0\u00bb. Plusieurs \u00e9quipes de jeunes ing\u00e9nieurs europ\u00e9ens prirent le relais et mirent au point les premiers syst\u00e8mes op\u00e9rationnels, que l’industrie mondiale des m\u00e9dias, aujourd’hui enthousiaste, s’efforce d\u00e9sormais de commercialiser: la t\u00e9l\u00e9vision num\u00e9rique par satellite, qui fonctionne d\u00e9j\u00e0 aux \u00c9tats-Unis, sera lanc\u00e9e en Europe avant la fin de 1995.<\/p>\n Les techniques permettant de comprimer les signaux num\u00e9riques dans un petit espace sont appel\u00e9es, sans grande originalit\u00e9, \u00ab\u00a0techniques de compression num\u00e9rique\u00a0\u00bb. Elles ne peuvent \u00eatre appliqu\u00e9es aux signaux analogiques, ce qui donne un avantage comparatif majeur \u00e0 la diffusion num\u00e9rique.<\/p>\n Pour avoir une id\u00e9e de ce que cette \u00ab\u00a0compression\u00a0\u00bb signifie, il suffit d’imaginer que l’on veuille faire appr\u00e9cier \u00e0 des amis habitant tr\u00e8s loin un g\u00e2teau tout juste cuisin\u00e9. On peut emballer le g\u00e2teau et l’envoyer par la poste, mais ce sera peu pratique, co\u00fbteux et le cadeau risque d’arriver en miettes. On peut aussi envoyer aux amis lointains la recette du g\u00e2teau, \u00e0 charge pour eux de trouver les ingr\u00e9dients sur place et de faire la cuisson eux-m\u00eames; si la recette est assez pr\u00e9cise, le g\u00e2teau confectionn\u00e9 de la sorte aura le m\u00eame go\u00fbt que celui qui aurait pu leur \u00eatre envoy\u00e9. La deuxi\u00e8me m\u00e9thode pr\u00e9sente sur la premi\u00e8re l’avantage de \u00ab\u00a0consommer\u00a0\u00bb moins d’espace.<\/p>\n Tel est le principe g\u00e9n\u00e9ral de la compression num\u00e9rique. On envoie dans le poste du t\u00e9l\u00e9spectateur des instructions sur la mani\u00e8re de fabriquer des images anim\u00e9es compl\u00e8tes. Pour autant que le poste soit dot\u00e9 de \u00ab\u00a0l’intelligence\u00a0\u00bb ad\u00e9quate, il reconstituera sans peine les images dont il aura re\u00e7u les \u00e9l\u00e9ments essentiels.<\/p>\n La diffusion num\u00e9rique n’est pas qu’un exercice d’esth\u00e9tique math\u00e9matique. Elle permet non seulement d’\u00eatre plus flexible dans ce que l’on offre au public, mais aussi de loger dans un espace donn\u00e9 beaucoup plus de canaux de t\u00e9l\u00e9vision qu’auparavant. Le passage \u00e0 la technologie num\u00e9rique multipliera la capacit\u00e9 des satellites ou des c\u00e2bles par 6 ou 10, et celle des \u00e9metteurs hertziens terrestres par 4 environ.<\/p>\n Mais il y a plus. La diffusion num\u00e9rique est comme une bo\u00eete vide dans laquelle vous pouvez mettre tout ce que vous voulez – t\u00e9l\u00e9vision, radio en son panoramique, journaux \u00e9lectroniques, vid\u00e9o, photographies, que sais-je encore – et que vous pouvez envoyer alors \u00e0 des milliers ou \u00e0 des millions de personnes.<\/p>\n La diffusion num\u00e9rique donne aussi au radiodiffuseur la libert\u00e9 de choisir le degr\u00e9 de d\u00e9tails de l’image \u00e9mise et son format (le rapport entre sa largeur et sa hauteur). A l’heure actuelle, l’\u00e9cran est l\u00e9g\u00e8rement plus large que haut (un rapport largeur\/hauteur de 4\/3). Le cin\u00e9ma des ann\u00e9es 50 a pris un coup de jeune lorsqu’il est pass\u00e9 du format 4\/3 au format cin\u00e9mascope, pr\u00e8s de deux fois plus large que haut. Il n’y aura jamais de t\u00e9l\u00e9vision en cin\u00e9mascope, les salons sont trop petits! Mais un \u00e9cran plus large que 4\/3 pourrait s\u00e9duire n\u00e9anmoins le public. Au cours des ann\u00e9es 1980, nombre de comit\u00e9s se sont pench\u00e9s sur la question. Un consensus mondial s’est finalement d\u00e9gag\u00e9 pour le format 16\/9, propos\u00e9 par Kerns Powers, un ing\u00e9nieur de RCA, sur la base non de je ne sais quel nombre d’or, mais de la moyenne arithm\u00e9tique des exigences des uns et des autres!<\/p>\n On peut d’ores et d\u00e9j\u00e0 acheter des t\u00e9l\u00e9viseurs 16\/9 – ils sont encore chers – et regarder de temps en temps des \u00e9missions en format large (en Suisse, avec le syst\u00e8me PALplus). Lorsque la diffusion num\u00e9rique sera g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e, les diffuseurs pourront passer d’un format \u00e0 l’autre \u00e0 leur gr\u00e9.<\/p>\n Que demander de mieux?<\/p>\n La r\u00e9ponse est: des services \u00ab\u00a0en direct\u00a0\u00bb (\u00ab\u00a0on-line\u00a0\u00bb).<\/p>\n Le mot \u00ab\u00a0radiodiffusion\u00a0\u00bb dit bien ce qu’il veut dire: dispersion d’un signal dans le monde entier, \u00e0 savoir fourniture d’un m\u00eame service \u00e0 tout le monde au m\u00eame moment. L’art des cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9vision, qui offrent des programmes en continu, consiste non seulement \u00e0 faire de bonnes \u00e9missions, mais aussi \u00e0 les diffuser dans des grilles horaires astucieusement con\u00e7ues. A partir de quoi, nous, t\u00e9l\u00e9spectateurs, n’avons qu’\u00e0 allumer le poste pour baigner dans l’univers de la radiodiffusion.<\/p>\n Il est pourtant un autre univers de diffusion \u00e9lectronique, l’univers des services en direct (\u00ab\u00a0on-line\u00a0\u00bb), dans lequel on dialogue individuellement avec un ordinateur \u00e9loign\u00e9, par ligne t\u00e9l\u00e9phonique ou c\u00e2ble. Les services en direct peuvent mettre en oeuvre les m\u00eames \u00ab\u00a0trucs\u00a0\u00bb num\u00e9riques que la radiodiffusion num\u00e9rique: compression, qualit\u00e9 et formats d’image. Ils m\u00e9langent en quelque sorte l’ordinateur, la t\u00e9l\u00e9vision et le t\u00e9l\u00e9phone.<\/p>\n Le t\u00e9l\u00e9spectateur qui entretient une liaison personnelle directe avec un radiodiffuseur pourra ainsi choisir dans les stocks de ce dernier l’\u00e9mission qu’il a envie de voir, au moment o\u00f9 il veut la voir – acte volontaire, d\u00e9cision active.<\/p>\n Pour l’heure, les usagers connect\u00e9s au r\u00e9seau informatique mondial Internet ne peuvent se transmettre les uns aux autres des films ou des programmes de t\u00e9l\u00e9vision. En recourant aux meilleures technique de compression num\u00e9rique existantes, ils n’\u00e9changent que des messages \u00e9crits, des photos, quelques rares clips sonores et, parfois, des clips vid\u00e9o de mauvaise qualit\u00e9. Mais on pourra faire mieux.<\/p>\n Les r\u00e9seaux c\u00e2bl\u00e9s (dans une version am\u00e9lior\u00e9e, \u00e9tendue par rapport \u00e0 leur fonctionnement normal) ou une nouvelle technique t\u00e9l\u00e9phonique, permettront aussi de transmettre des signaux t\u00e9l\u00e9visuels par t\u00e9l\u00e9phone, et d’offrir aux usagers des services tels que la Vid\u00e9o \u00e0 la demande, les Services \u00e0 la carte, le courrier \u00e9lectronique, les journaux \u00e0 domicile, etc., etc. Des essais sont en cours en Europe (en Suisse, \u00e0 Nyon et \u00e0 Granges) et dans le reste du monde.<\/p>\n Il est probable que, dans un avenir encore incertain il est vrai, les services d’Internet et de la Vid\u00e9o \u00e0 la demande fusionneront, ou deviendront en tout cas indissociables. De ce mariage na\u00eetront les Autoroutes de l’Information, qui auront des \u00ab\u00a0sorties\u00a0\u00bb dans chaque foyer, d’o\u00f9 d\u00e9bouleront, \u00e0 choix, je l’ai dit, films, programmes de t\u00e9l\u00e9, etc.<\/p>\n Pourtant, les services directs offriront davantage, dans la mesure o\u00f9 ils permettent l’interactivit\u00e9. L’interactivit\u00e9 donne la possibilit\u00e9 \u00e0 l’usager de commander un film ou une \u00e9mission, mais aussi de faire des achats, de voter, de jouer, de choisir la chute de son feuilleton pr\u00e9f\u00e9r\u00e9, de participer personnellement \u00e0 la fiction en train de se d\u00e9rouler sur son \u00e9cran, avec des lunettes st\u00e9r\u00e9oscopiques si cela se trouve, qui lui permettront de plonger dans l’univers virtuel en trois dimensions surgi de son poste de t\u00e9l\u00e9.<\/p>\n Les t\u00e9l\u00e9visions num\u00e9riques auront, elles aussi, par d\u00e9finition, un certaine capacit\u00e9 interactive, qui devrait leur permettre de se d\u00e9fendre, quelques ann\u00e9es durant, contre la d\u00e9ferlante des services en direct. Cette capacit\u00e9 sera restreinte, cependant: si une t\u00e9l\u00e9vision op\u00e8re des changements dans son programme suite \u00e0 des demandes \u00ab\u00a0on-line\u00a0\u00bb , elle oblige en effet tous les t\u00e9l\u00e9spectateurs \u00e0 \u00ab\u00a0avaler\u00a0\u00bb la nouvelle programmation. On est tr\u00e8s loin du sur mesure.<\/p>\n Les cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9 auront-elles un avenir en ne proposant que des programmes non-interactifs ou \u00e0 interactivit\u00e9 limit\u00e9e? Et les t\u00e9l\u00e9spectateurs, auront-ils envie d’\u00eatre passifs ou actifs? La t\u00e9l\u00e9vision lin\u00e9aire (o\u00f9 l’usager n’a d’autre choix que de prendre le programme propos\u00e9, ou de ne pas le prendre, mais sans rien modifier) a-t-elle un avenir? Peut-on imaginer qu’elle se marie un jour avec les services en direct? Ce jour-l\u00e0, le public fera-t-il son propre programme? Tout le temps, de temps en temps, jamais? Ou pr\u00e9f\u00e9rera-t-il qu’une cha\u00eene choisisse ses programmes pour lui?<\/p>\n Personne, aujourd’hui, ne peut r\u00e9pondre \u00e0 ces questions.<\/p>\n \n \u00a9 Le Temps strat\u00e9gique, No 66, Gen\u00e8ve, octobre 1995.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" La r\u00e9volution? Oui, mais avec quels instruments? Par David Wood David Wood, responsable des nouvelles technologies \u00e0 l’Union europ\u00e9enne de radio-t\u00e9l\u00e9vision (UER), \u00e0 Gen\u00e8ve, sp\u00e9cialiste de la t\u00e9l\u00e9vision num\u00e9rique et de la physique perceptive, est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur la t\u00e9l\u00e9vision. 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Il est plus difficile, aujourd’hui, de d\u00e9terminer les d\u00e9sirs et besoins du public que de d\u00e9velopper des technologies nouvelles! Les technologies progressent de mani\u00e8re fantastique. Gr\u00e2ce \u00e0 elles, tout devient possible – ou presque. Mais les radiodiffuseurs, eux, ne savent pas tr\u00e8s bien o\u00f9 se tourner. Voici pourquoi.<\/p>\n