{"id":604,"date":"2015-01-06T00:25:52","date_gmt":"2015-01-05T23:25:52","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=604"},"modified":"2015-01-25T00:49:31","modified_gmt":"2015-01-24T23:49:31","slug":"technologie-numerique-1","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=604","title":{"rendered":"Technologie num\u00e9rique 1"},"content":{"rendered":"
\n

Lorsque la t\u00e9l\u00e9vision sera tomb\u00e9e
\npersonne ne pourra plus arr\u00eater la r\u00e9volution<\/h3>\n<\/div>\n

<\/h3>\n
Par Andrew Lippman<\/strong><\/div>\n

Andrew Lippman<\/em> est, \u00e0 Boston, directeur associ\u00e9 du Media Lab<\/em> du M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology<\/em>), dont il a \u00e9t\u00e9 l’un des fondateurs. \u00c9tudiant, puis professeur au M.I.T., il a \u00e9t\u00e9 membre du conseil d’administration de plusieurs jeunes entreprises, mais aussi d’IBM. Il est, aujourd’hui, l’un des conseillers scientifiques du programme de la Corporation for National Research Initiative, qui vise \u00e0 d\u00e9velopper des infrastructures plan\u00e9taires de la communication.<\/p>\n

\"LeSavez-vous combien de bits num\u00e9riques l’on trouve dans une fleur? Ou dans un film? Ou dans 50 francs suisses? Non? H\u00e9! bien, vous le saurez bient\u00f4t, parce que la r\u00e9volution \u00e9lectronique qui, pour l’heure, ne fascine gu\u00e8re que les mordus, est \u00e0 deux doigts de faire irruption dans votre salon. Elle est d\u00e9j\u00e0 dans les magasins de fleurs, les banques, les \u00e9coles et les usines. L’industrie des ordinateurs pr\u00e9pare cette invasion depuis vingt-cinq ans. Plusieurs fois d\u00e9j\u00e0 elle a essay\u00e9 de la lancer, mais \u00e0 chaque coup les innovations qu’elle proposait au public donnaient \u00e0 ce dernier le sentiment d\u00e9sagr\u00e9able du d\u00e9j\u00e0 vu.<\/p>\n

Cette fois-ci, cependant, devrait \u00eatre la bonne. Si vous ne me croyez pas, jetez un oeil, ce soir, dans la chambre de votre coll\u00e9gien de fils. Non, non, vous ne le trouverez pas en train de se droguer ou de s’avachir devant la t\u00e9l\u00e9. En fait, vous ne le trouverez pas du tout. Car il sera loin, dans le cyberespace, dans l’\u00e9ther, sur Internet, en train d’explorer des univers d’information lointains, de gambader dans des communaut\u00e9s plan\u00e9taires partageant les m\u00eames passions que lui, ou alors de simuler un trou noir gravitationnel \u00e0 l’int\u00e9rieur de son univers num\u00e9rique personnel. Ce que vous verrez l\u00e0 n’est cependant que la pointe de l’iceberg. Attendez deux ou trois ans, et vous verrez le reste!<\/p>\n

Le d\u00e9veloppement fulgurant d’Internet, cette toile d’araign\u00e9e dont les fils relient aujourd’hui 40 millions d’ordinateurs dispers\u00e9s \u00e0 travers le monde, est l’\u00e9l\u00e9ment de cette r\u00e9volution qui a le plus attir\u00e9 l’attention au cours des derniers mois. Internet, qui a \u00e9t\u00e9 imagin\u00e9 il y a vingt-cinq ans par le d\u00e9partement am\u00e9ricain de la D\u00e9fense, fait aujourd’hui descendre les biblioth\u00e8ques et les supermarch\u00e9s de toute la plan\u00e8te dans votre salon. Cela est particuli\u00e8rement vrai depuis que le fameux WWW (World Wide Web<\/em>, ou Toile d’Araign\u00e9e Plan\u00e9taire, dont je reparlerai plus loin), a rendu la navigation cyberspatiale accessible, voire ais\u00e9e, aux utilisateurs de petits ordinateurs personnels.<\/p>\n

Internet induit une d\u00e9mocratisation des m\u00e9dias telle que l’on n’en a plus connue depuis les d\u00e9buts de la R\u00e9volution industrielle. Il y a 200 ans, l’invention des presses rotatives \u00e0 vapeur a permis \u00e0 n’importe quel homme d’affaires de publier de l’information, activit\u00e9 jusque l\u00e0 r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 une petite \u00e9lite centralis\u00e9e. Les journaux se sont multipli\u00e9s d\u00e8s lors et l’industrie du livre a vu le jour, mais en raison du co\u00fbt des machines et de la fabrication, les m\u00e9dias sont rest\u00e9s concentr\u00e9s dans un petit nombre d’entreprises relativement importantes. Mais cette m\u00e9canique et ces co\u00fbts sont en train de se dissoudre, si bien qu’aujourd’hui les moyens de production et de distribution de l’information se r\u00e9pandent dans la population de mani\u00e8re incontr\u00f4lable et universelle.<\/p>\n

Ironiquement, c’est en essayant de contr\u00f4ler le d\u00e9veloppement des nouveaux m\u00e9dias que les gouvernements ont, sans le vouloir bien s\u00fbr, d\u00e9clench\u00e9 cette r\u00e9volution. Ils propos\u00e8rent en effet, au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990, de cr\u00e9er une Infrastructure Internationale de l’Information (les \u00ab\u00a0autoroutes de l’information\u00a0\u00bb) afin de permettre aux hommes d’affaires, aux chercheurs et aux \u00e9tudiants d’\u00e9changer des donn\u00e9es \u00e9lectroniques gr\u00e2ce \u00e0 un standard unique, homog\u00e8ne et efficace. Il n’y avait que des gouvernements pour pouvoir s’exciter sur une id\u00e9e plus rasoir que la premi\u00e8re th\u00e9orie venue sur l’immortalit\u00e9 des boutons de gu\u00eatre! Mais ces \u00ab\u00a0autoroutes\u00a0\u00bb ennuyeuses \u00e0 mourir deviennent malgr\u00e9 tout excitantes lorsque, tout \u00e0 coup, elles d\u00e9bouchent dans votre salon. Les gouvernements avaient oubli\u00e9 un d\u00e9tail, en effet: chaque fois que l’on construit des structures pour les affaires \u00ab\u00a0s\u00e9rieuses\u00a0\u00bb, le commun des mortels, lui, se les approprie pour s’amuser!<\/p>\n

Comment les choses se sont-elles pass\u00e9es?<\/p>\n

Il faut voir que les \u00ab\u00a0autoroutes de l’information\u00a0\u00bb sont construites sur trois piliers. Et que chacun de ces piliers, en construction depuis des ann\u00e9es, est important en soi.<\/p>\n

Premier pilier: la t\u00e9l\u00e9vision. La t\u00e9l\u00e9vision est en train d’\u00eatre r\u00e9invent\u00e9e et n’aura bient\u00f4t plus rien \u00e0 avoir avec ce qu’elle \u00e9tait \u00e0 l’origine. Elle est en effet en train de devenir num\u00e9rique, ce qui va changer de mani\u00e8re massive la mani\u00e8re dont on cr\u00e9e les programmes de t\u00e9l\u00e9vision, dont on les diffuse, dont on les regarde et dont on paie pour y avoir acc\u00e8s. A plus long terme, la r\u00e9volution num\u00e9rique changera aussi la nature des programmes de t\u00e9l\u00e9vision et la nature des cha\u00eenes qui les diffusent.<\/p>\n

Ici, la technologie est secondaire. Ce qu’il faut voir, c’est que l’on trouve des t\u00e9l\u00e9viseurs partout, dans chaque pays du monde, et dans chaque foyer moyen de chaque pays du monde. La nuit est perc\u00e9e de leur scintillement bleut\u00e9 jusque sur les rives des affluents de l’Amazone. Le poste de t\u00e9l\u00e9vision est partout un bien familial pr\u00e9cieux: la famille chinoise moyenne en a un; la famille am\u00e9ricaine typique en a deux, avant m\u00eame d’avoir le t\u00e9l\u00e9phone. Lorsque la t\u00e9l\u00e9vision est r\u00e9invent\u00e9e, chacun est concern\u00e9.<\/p>\n

Il faut savoir que l’affichage d’une image de t\u00e9l\u00e9vision requiert une quantit\u00e9 \u00e9norme de bits (unit\u00e9s \u00e9l\u00e9mentaires d’information, 0 et 1 des syst\u00e8mes informatiques). Consid\u00e9rez en effet ceci: une conversation t\u00e9l\u00e9phonique num\u00e9rique requiert environ 64’000 bits par seconde, soit un million de bits environ par appel. Il faut 8 millions de bits pour transmettre le contenu d’un grand journal quotidien. Dix fois cette quantit\u00e9, si vous voulez pouvoir coller dans votre album une photo d’excellente qualit\u00e9. Pourtant, si vous additionnez tous les bits \u00e9voqu\u00e9s dans ce paragraphe, vous aurez \u00e0 peine de quoi transmettre de 2.5 \u00e0 8 secondes de t\u00e9l\u00e9vision!<\/p>\n

Pour dire les choses autrement: si vous parliez sans arr\u00eat durant la moiti\u00e9 du temps o\u00f9 vous \u00eates \u00e9veill\u00e9, en une ann\u00e9e vous produiriez 84 milliards de bytes (1 byte \u00e9gale 8 bits), un peu moins qu’il n’en faut pour transmettre une journ\u00e9e de programmes d’une seule cha\u00eene.<\/p>\n

Si donc nous voulons que nos autoroutes de l’information transportent aussi des images t\u00e9l\u00e9vis\u00e9es, il faudra qu’elles soient vraiment larges, du genre huit pistes, goudronn\u00e9es au piccolo, assez solides pour supporter des norias de camions, assez vastes pour permettre \u00e0 chacun de partir en vacances en m\u00eame temps.<\/p>\n

La t\u00e9l\u00e9vision \u00e9tait l’un des ultimes bastions du signal analogique dans un univers d\u00e9sormais num\u00e9rique. Ce bastion est en train de tomber.<\/p>\n

Le texte, lui, \u00e9tait num\u00e9ris\u00e9 depuis belle lurette. Il y a dix ans que le \u00ab\u00a0Wall Street Journal\u00a0\u00bb est transmis \u00e9lectroniquement \u00e0 ses imprimeries situ\u00e9es aux quatre coins du globe; vingt ans que les journaux et les livres sont produits par ordinateur; longtemps enfin que chacun de nous traite des piles de texte sur son ordinateur personnel sans plus en \u00e9prouver le moindre \u00e9tonnement. Le son aussi est num\u00e9ris\u00e9. Les photographies sont num\u00e9ris\u00e9es.<\/p>\n

Ce qui veut dire que le jour o\u00f9 la t\u00e9l\u00e9vision sera num\u00e9ris\u00e9e, toutes les donn\u00e9es que nous utilisons dans notre \u00ab\u00a0vie communicante\u00a0\u00bb quotidienne pourront voyager le long des m\u00eames c\u00e2bles ou sur les m\u00eames ondes hertziennes, \u00eatre trait\u00e9es par les m\u00eames appareils, stock\u00e9es sur les m\u00eames disques compacts, sur les m\u00eames bandes magn\u00e9tiques, dans les m\u00eames machines. Lorsque les gens parlent de multim\u00e9dia, c’est de cela qu’ils parlent.<\/p>\n

Le chamboulement est en cours. Aux \u00c9tats-Unis, un syst\u00e8me de diffusion par satellite d\u00e9verse d’ores et d\u00e9j\u00e0 980 millions de bits par seconde sur chaque antenne parabolique du pays (l’\u00e9quivalent, chaque seconde, du contenu de 125 grands journaux). Personne ne peut se d\u00e9barrasser de ces bits, ils pleuvent sur les gens jour et nuit, que cela leur plaise ou non. Les r\u00e9seaux c\u00e2bl\u00e9s et t\u00e9l\u00e9phoniques d\u00e9j\u00e0 pr\u00e9vus tripleront ce d\u00e9luge. A quoi il faudra ajouter un milliard de bits par seconde le jour o\u00f9 la t\u00e9l\u00e9vision sera num\u00e9rique. Pour faire bon poids, comptez encore les bits stock\u00e9s sur vos disques compacts, et vous obtiendrez un v\u00e9ritable blizzard de donn\u00e9es, capable de transporter plus de 1000 programmes de t\u00e9l\u00e9vision, bien plus que ne pourraient transporter aujourd’hui tous les c\u00e2bles transatlantiques en existence.<\/p>\n

Il est certes tout \u00e0 fait improbable que cette capacit\u00e9 faramineuse soit utilis\u00e9e uniquement pour la t\u00e9l\u00e9vision. Personne n’a envie de capter 1000 programmes; la plupart d’entre nous sommes satisfaits d’en avoir un ou deux. C’est pourquoi, plut\u00f4t qu’une suite de programmes complets, la t\u00e9l\u00e9vision sera demain une ressource g\u00e9n\u00e9rale, \u00e0 disposition de quiconque voudra l’utiliser.<\/p>\n

Deuxi\u00e8me pilier technologique des \u00ab\u00a0autoroutes de l’information\u00a0\u00bb: les ordinateurs personnels.<\/p>\n

Il y a quarante ans, certains pensaient qu’un jour il suffirait de trois ou quatre gros ordinateurs pour faire marcher un pays entier. Les faits ont ridiculis\u00e9 cette pr\u00e9diction, puisqu’aujourd’hui les ordinateurs personnels sont des produits de grande consommation. En 1994, Intel a vendu plus de 40 millions de ces machines, chacune d’entre elle plus puissante que les ordinateurs imagin\u00e9s par nos visionnaires il y a quarante ans. Les plus puissants des ordinateurs personnels sont install\u00e9s d\u00e9sormais au domicile des gens, qui ont d\u00e9couvert dans leur entreprise (informatiquement au bord de la saturation) le plaisir du jeu \u00e9lectronique, de la couleur, du son, de la vid\u00e9o.<\/p>\n

Troisi\u00e8me pilier enfin, le r\u00e9seau, type Internet, que j’\u00e9voquais au d\u00e9but de cet article.<\/p>\n

La t\u00e9l\u00e9vision est un ruban d’asphalte, l’ordinateur quelque chose que l’on peut faire rouler sur l’asphalte, mais seul le r\u00e9seau donne \u00e0 cet ensemble un sens, peut en faire un m\u00e9dia d’une puissance sans exemple dans l’Histoire.<\/p>\n

Le World Wide Web<\/em> (le Web), un \u00e9l\u00e9ment cl\u00e9 du r\u00e9seau, a \u00e9t\u00e9 invent\u00e9 par quelques chercheurs en informatique qui travaillaient dans le m\u00eame bureau, au CERN (Centre Europ\u00e9en de la Recherche Nucl\u00e9aire), \u00e0 Gen\u00e8ve. A l’origine, leur objectif \u00e9tait de permettre \u00e0 des physiciens g\u00e9ographiquement \u00e9parpill\u00e9s d’\u00e9crire ensemble des articles et d’y joindre des r\u00e9f\u00e9rences de travaux tiers. Pensaient-ils d\u00e9clencher une r\u00e9volution de l’information? Peut-\u00eatre, mais ils n’en ont jamais rien dit. (D\u00e8s que le Web devint populaire, le CERN mit fin au programme, qui \u00e9migra alors au sud de la France…). Web n’est pas en soi une oeuvre monumentale, n’emp\u00eache que ses effets de levier sont incroyables. Le Web vous permet, par exemple, de construire des pages et des pages d’information dont chaque mot, chaque image, chaque son, auront \u00e9t\u00e9 pomp\u00e9s dans une toutes sortes d’ordinateurs situ\u00e9s un peu partout dans le monde. De surcro\u00eet, chaque mot ou chaque image pourra servir de porte d’entr\u00e9e conduisant \u00e0 de nouvelles pages et \u00e0 de nouvelles images. Les dossiers r\u00e9unis par chaque participant du Web sont en quelque sorte les \u00e9l\u00e9ments dispers\u00e9s d’une formidable biblioth\u00e8que plan\u00e9taire. L’utilisateur du Web peut feuilleter cet hypertexte page apr\u00e8s page, sans qu’il lui soit jamais n\u00e9cessaire de savoir si telle page provient d’une biblioth\u00e8que ou de vingt biblioth\u00e8ques. Et chaque p\u00e9pite d’information int\u00e9ressante figure sur cette page conduit, par simple clic de la souris, sur des pages qui compl\u00e8tent l’information qu’elle donne, pages qui, \u00e0 leur tour, peuvent conduire \u00e0 d’autres pages, et ainsi de suite, \u00e0 l’infini.<\/p>\n

Que signifie ce chambardement?<\/p>\n

La premi\u00e8re chose qu’il faut comprendre et accepter est que l'\u00a0\u00bbautoroute\u00a0\u00bb num\u00e9rique fond\u00e9e sur le Web est un nouveau m\u00e9dia. Les chercheurs l’utilisent depuis des ann\u00e9es. Les entreprises commerciales, elles, commencent tout juste \u00e0 s’y mettre: des soci\u00e9t\u00e9s aussi diff\u00e9rentes que Boeing (les avions) et Grolsch (la bi\u00e8re) ont des pages \u00e0 elles sur le Web. Tout comme votre fils, sans doute. C’est dire que le r\u00e9seau est sorti du confinement des laboratoires, qu’il est d\u00e9sormais un forum public. Dans quelques mois, il sera un supermarch\u00e9. D\u00e8s que l’on se d\u00e9cidera \u00e0 utiliser des techniques qui existent pour saura envoyer par le r\u00e9seau, de mani\u00e8re s\u00fbre, c’est-\u00e0-dire ind\u00e9chiffrable par des tiers, de l’argent num\u00e9rique anonyme ou un num\u00e9ro de carte de cr\u00e9dit.<\/p>\n

Mais pour qu’un r\u00e9seau devienne un vrai m\u00e9dia, il faut qu’il construise une communaut\u00e9 humaine. C’est l’objet m\u00eame du Web. La r\u00e9volution n’est pas le Web, mais la communaut\u00e9 plan\u00e9taire. C’est elle que votre fils invite dans sa chambre, le soir. Pour les uns, elle est un \u00ab\u00a0Chat Forum\u00a0\u00bb (un Salon o\u00f9 l’on cause, disons), une esp\u00e8ce de \u00ab\u00a0party\u00a0\u00bb plan\u00e9taire, avec un h\u00f4te et un visiteur c\u00e9l\u00e8bre, comme dans un \u00ab\u00a0talk show\u00a0\u00bb t\u00e9l\u00e9vis\u00e9. Pour les autres, elle est le \u00ab\u00a0Multi-User Dungeons\u00a0\u00bb (les Donjons \u00e0 plusieurs joueurs), un jeu qui vous permet de prendre une nouvelle personnalit\u00e9 et d’explorer des espaces de synth\u00e8se. [On lira, \u00e0 ce propos, dans \u00ab\u00a0Le Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb No 63, d’avril 1995, \u00ab\u00a0Nous allons tous pouvoir nous shooter au virtuel\u00a0\u00bb, de Philippe Qu\u00e9au].<\/p>\n

Mais le cyberespace r\u00e9sonne aussi des \u00e9chos de m\u00e9dias plus anciens. Une \u00e9tudiante de doctorat du Media Laboratory du MIT (Massachusetts Institute of Technology<\/em>) propose par exemple des cartes \u00e9lectroniques de salutations, br\u00e8ves, illustr\u00e9es, que l’on peut envoyer \u00e0 qui l’on veut sur le r\u00e9seau. Depuis qu’elle a lanc\u00e9 ce service, 20’000 personnes se sont arr\u00eat\u00e9es \u00e0 son guichet pour jeter un oeil, 12’000 ont envoy\u00e9 des cartes de salutations, et trois soci\u00e9t\u00e9s (non-am\u00e9ricaines) lui ont demand\u00e9 le droit de les exploiter. Tout cela \u00e0 partir de l’ordinateur personnel sur lequel elle est suppos\u00e9e r\u00e9diger sa th\u00e8se!<\/p>\n

Il a fallu aux gouvernements des centaines d’ann\u00e9es pour bricoler le r\u00e9seau du commerce international. Internet et le Web ont cr\u00e9\u00e9 un r\u00e9seau similaire en moins de trois ans. L’information num\u00e9rique, le commerce num\u00e9rique, la communaut\u00e9 num\u00e9rique, se moquent des limites que les fronti\u00e8res politiques et les r\u00e8glements imposent traditionnellement aux \u00eatres humains en chair et en os et aux m\u00e9dias physiques. Le Web et Internet se fichent des distances: alors que pour le t\u00e9l\u00e9phone, plus votre interlocuteur est \u00e9loign\u00e9, plus vous lui parlez longtemps, et plus vous payez, sur Internet il vous suffit de payer un abonnement, et apr\u00e8s vous n’avez plus \u00e0 vous soucier de savoir d’o\u00f9 viennent r\u00e9ellement les bits qui viennent s’afficher sur l’\u00e9cran de votre ordinateur<\/p>\n

La vraie magie du Web, cependant, est qu’il ne vous livre pas des paquets tout ficel\u00e9s, mais des blocs avec lesquels vous r\u00e9alisez vos propres constructions. Lorsque vous voyez une page sur votre \u00e9cran, les mots affich\u00e9s viennent peut-\u00eatre d’une biblioth\u00e8que aux Pays-Bas, les sons des \u00c9tats-Unis, et les images d’une flop\u00e9e d’ordinateurs personnels situ\u00e9s dans le salon de gens vivant aux quatre coins du monde. Gr\u00e2ce \u00e0 quoi, si vous \u00eates int\u00e9ress\u00e9 par le sport, vous n’avez plus besoin de souscrire au journal entier: des services automatis\u00e9s peuvent s\u00e9lectionner \u00e0 votre intention juste ce que vous voulez, pour vous le livrer au fur et \u00e0 mesure que cela para\u00eet. La m\u00e9t\u00e9o peut venir du sp\u00e9cialiste du temps \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, les nouvelles de foot directement du stade.<\/p>\n

Vous direz que les juristes sp\u00e9cialis\u00e9s dans les copyrights vont s’arracher les cheveux. C’est vrai. Mais enfin, que je sache, nous avons surv\u00e9cu aux assauts des enregistreurs et des photocopieuses sans perte irr\u00e9parable de notre sang l\u00e9gal. Nous r\u00e9ussirons donc bien \u00e0 survivre \u00e0 la question du paiement des droits pour quelques pages d’un roman, trois secondes d’un film, 33’000 copies du fragment de photographie coll\u00e9 par votre fils et ses copains sur les lettres que leur \u00e9cole envoie \u00e0 des tas de petits correspondants \u00e0 travers le monde.<\/p>\n

Peut-\u00eatre avons-nous v\u00e9cu jusqu’ici dans un confort abusif, convaincus qu’il serait toujours possible de retrouver un plagiaire, un calomniateur, un pornographe, un pirate, par les traces physiques qu’il laisse forc\u00e9ment derri\u00e8re lui (pour donner un exemple: il n’est point imaginable, aujourd’hui, qu’une cargaison de disques compacts copi\u00e9s sans droit passe totalement inaper\u00e7ue). Il se trouve que les bits \u00e9lectroniques, eux, sont \u00e9vanescents. On ne peut que souhaiter bonne chance \u00e0 qui voudrait d\u00e9busquer les auteurs de chaque illustration d’un livre compos\u00e9 sur un tableau d’affichage plan\u00e9taire d’Internet. Il faut se souvenir de la le\u00e7on du multim\u00e9dia: la \u00ab\u00a0chose\u00a0\u00bb n’est un livre que lorsqu’elle est imprim\u00e9e; avant, elle n’est qu’une suite de signaux \u00e9lectroniques, identiques \u00e0 ceux qui courent dans les fils du t\u00e9l\u00e9phone lorsque vous appelez votre vieille tante.<\/p>\n

A partir de l\u00e0, o\u00f9 va-t-on?<\/p>\n

Inutile de demander quand va \u00e9clater la r\u00e9volution de l’information: elle est en cours. Lorsqu’une technologie nouvelle appara\u00eet, d’ordinaire elle commence par patauger, puis d\u00e9colle brusquement, ou alors s’effondre sans r\u00e9mission. Voyez le vid\u00e9odisque, qui est apparu en 1978, mais patauge encore. Le disque compact a d\u00e9coll\u00e9 brusquement, s’imposant plus rapidement que tous les autres m\u00e9dias de l’histoire. L’ordinateur personnel, c’est encore une autre histoire: dans ses dix premi\u00e8res ann\u00e9es, il a p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 les domiciles priv\u00e9s au moins deux fois plus vite que le disque compact, et plus vite, bien s\u00fbr, que la radio, la t\u00e9l\u00e9vision et le t\u00e9l\u00e9phone. Les jeux, les traitements de texte, les encyclop\u00e9dies sur disques compacts exercent sur l’utilisateur priv\u00e9 un attrait irr\u00e9sistible. Les ordinateurs personnels, par leur nombre, ont atteint d’ores et d\u00e9j\u00e0 ce que l’on pourrait appeler une masse critique.<\/p>\n

Si vous ajoutez \u00e0 ces d\u00e9veloppements, celui des r\u00e9seaux, le Web et Internet, vous avez le tableau complet actuel. Ce nouveau m\u00e9dia est-il une mode? Non, trop tard. Une fois que les r\u00e9seaux construisent des communaut\u00e9s plan\u00e9taires, on ne peut plus les d\u00e9manteler, pas plus qu’on ne peut rembobiner la Suisse jusqu’\u00e0 ses trois cantons primitifs ou ramener les \u00c9tats-Unis dans le giron de l’Empire britannique. Le marketing et le commerce, qui savent s’engouffrer dans les op\u00e9rations qui marchent, ont hum\u00e9 d’ores et d\u00e9j\u00e0 le pouvoir incroyable du nouveau m\u00e9dia.<\/p>\n

Voici le nouvel \u00e2ge d\u00e9mocratique: des millions de voix individuelles et plus de fronti\u00e8res. Quelques explorateurs cherchent encore ses limites extr\u00eames, mais, fondamentalement, tout est en place. L’Histoire r\u00e9cente a montr\u00e9 que les pays o\u00f9 la libert\u00e9 d’expression a fleuri sont prosp\u00e8res, ceux o\u00f9 elle a \u00e9t\u00e9 \u00e9touff\u00e9e ont disparu; la m\u00eame chose vaut pour l’information.<\/p>\n

Ceux qui s’y exercent au nouveau m\u00e9dia seront pr\u00eats, le moment venu. Ceux qui tra\u00eenent les pieds seront laiss\u00e9s au bord de la route.<\/p>\n

\u00a9 Le Temps strat\u00e9gique, No 66, Gen\u00e8ve, octobre 1995.<\/p>\n

ADDENDA<\/strong><\/span><\/p>\n

De deux termes<\/strong>
\n en phase avec notre temps<\/strong><\/p>\n

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Bit<\/strong><\/p>\n

Contraction de \u00ab\u00a0binary digit\u00a0\u00bb, le bit, terme apparu pour la premi\u00e8re fois en 1949, est l’unit\u00e9 de quantit\u00e9 d’information repr\u00e9sent\u00e9e par un chiffre binaire 0 ou 1, valable pour tous les syst\u00e8mes informatiques et de communication de donn\u00e9es num\u00e9riques. Il peut \u00eatre d\u00e9fini comme une unit\u00e9 r\u00e9sultant du choix entre les deux termes exclusifs d’une alternative (par exemple entre oui et non, \u00ab\u00a0on\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0off\u00a0\u00bb, et plus g\u00e9n\u00e9ralement entre 0 et 1). Le bit par seconde ou bit\/s (bps<\/em> en anglais) est l’unit\u00e9 de d\u00e9bit d’information ou quantit\u00e9 d’information transmise en une seconde. Huit bits \u00e9quivalent \u00e0 un octet ou \u00ab\u00a0byte\u00a0\u00bb, lequel repr\u00e9sente pratiquement la plus petite unit\u00e9 de stockage d’information. Lorsque des symboles tels que des mots, des images ou des nombres sont num\u00e9ris\u00e9s, ils sont r\u00e9duits en suites binaires de 1 et de 0. Ensuite ils peuvent \u00eatre m\u00e9moris\u00e9s dans des m\u00e9moires de stockage (disquettes, disque dur, etc.) ou circuler dans des r\u00e9seaux de communication. Des milliards de milliards de 1 et de 0 sont ainsi d\u00e9plac\u00e9s dans les syst\u00e8mes de communication, codant appels t\u00e9l\u00e9phoniques, transactions de carte de cr\u00e9dit, documents \u00e9crits ou visuels, etc.<\/p>\n

Informations analogique et num\u00e9rique (ou digitale)<\/strong><\/p>\n

Le signal analogique est une information (par exemple du son ou des images) transform\u00e9e au moyen d’un dispositif appropri\u00e9 (par exemple un microphone ou une cam\u00e9ra) en un courant \u00e9lectrique qui varie au rythme de cette information sur un support de transmission (fil m\u00e9tallique, fibre optique, onde radio). Dan le t\u00e9l\u00e9phone analogique, par exemple, les ondes sonores de la voix, mat\u00e9rialis\u00e9es par la vibration de l’air, sont converties par un microphone en courant \u00e9lectrique circulant sur une ligne de cuivre. A l’autre bout de cette ligne, le signal \u00e9lectrique est restitu\u00e9 en signal sonore par les vibrations de la membrane d’un \u00e9couteur, qui est une enceinte acoustique miniature. Le signal analogique subit des distorsions lors de la transmission et n’est pas reproduit fid\u00e8lement \u00e0 la r\u00e9ception. Ces distorsions, qui peuvent \u00eatre corrig\u00e9es pour le son et l’image, provoquent en revanche, dans la transmission de donn\u00e9es, des taux d’erreurs inacceptables. La solution de ce probl\u00e8me r\u00e9side dans la num\u00e9risation du signal.La num\u00e9risation d’un signal \u00e9lectrique consiste \u00e0 le d\u00e9couper en \u00e9chantillons \u00e0 intervalles r\u00e9guliers et \u00e0 les coder sous forme num\u00e9rique en suites de 0 et 1. Ce signal est alors transmis sur un support appropri\u00e9, et l’information initiale est restitu\u00e9e \u00e0 la r\u00e9ception pratiquement sans alt\u00e9ration. On peut comparer ce ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e0 la copie des nombres figurant dans une \u00e9tude statistique: si ces nombres sont reproduits avec pr\u00e9cision, les r\u00e9sultats de la nouvelle \u00e9tude statistique seront identiques aux r\u00e9sultats de l’ancienne. Par rapport au proc\u00e9d\u00e9 analogique, la technologie digitale permet d’augmenter la qualit\u00e9, la pr\u00e9cision et la vitesse de la transmission de donn\u00e9es.<\/p>\n<\/div>\n

Source: Architecture et technologie des ordinateurs, par Paolo Zanella et Yves Ligier (Paris, Dunod, 1993).<\/p>\n

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\n<\/strong>Cyberspace<\/strong><\/p>\n

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Espace d’information navigable gr\u00e2ce \u00e0 des interfaces cerveau-ordinateur. Le mot \u00ab\u00a0cyberspace\u00a0\u00bb est apparu pour la premi\u00e8re fois en 1984 dans le roman \u00ab\u00a0Neuromancien\u00a0\u00bb<\/em> de William Gibson. Il est li\u00e9 \u00e0 la culture \u00ab\u00a0cyberpunk\u00a0\u00bb, un sous-genre (\u00ab\u00a0new wave\u00a0\u00bb) de la litt\u00e9rature de science-fiction. De nos jours, le terme renvoie \u00e0 l’espace virtuel constitu\u00e9 par les r\u00e9seaux informatiques. Il est aujourd’hui illustr\u00e9 par le r\u00e9seau des r\u00e9seaux Internet, qui relie de fa\u00e7on anarchique et par-del\u00e0 les fronti\u00e8res (politiques, g\u00e9ographiques, culturelles) des milliers de centres informatiques dans le monde. Le t\u00e9l\u00e9phone \u00e9tablit une connexion de type un\/un, la t\u00e9l\u00e9vision fonctionne selon le sch\u00e9ma en \u00e9toile un\/tous et de mani\u00e8re unidirectionnelle (jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent). Le cyberspace instaure le nouveau paradigme \u00ab\u00a0de tous \u00e0 tous\u00a0\u00bb qui permet l’interconnexion sur une \u00e9chelle inimaginable, par claviers interpos\u00e9s. En l’an 2000, on estime que 100 millions de personnes dans le monde disposeront d’une adresse \u00e9lectronique (contre 20 millions en 1994).<\/p>\n

Le cyberspace est un espace en formation et il est difficile de cerner l’ensemble de ses implications sur la soci\u00e9t\u00e9. Il existe une abondante litt\u00e9rature sur le cyberspace, qui va de l’apologie la plus extr\u00eame (nouvel LSD) au scepticisme le plus radical (r\u00e9tr\u00e9cissement du temps, catastrophe pour l’humanit\u00e9), en passant par les ambitions les plus hautes (d\u00e9mocratie virtuelle, intelligence collective).<\/p>\n

Le cyberspace est-il une drogue ou une \u00ab\u00a0proth\u00e8se cognitive\u00a0\u00bb? La r\u00e9alit\u00e9 virtuelle pose un certain nombre de probl\u00e8mes \u00e9thiques. Les droits de l’homme ne seront-ils pas mis \u00e0 mal si l’ordinateur domestique devient une esp\u00e8ce d’espion et la confidentialit\u00e9 des donn\u00e9es \u00e9lectroniques individuelle est menac\u00e9e? Et comment \u00e9viter que le cyberspace ne soit utilis\u00e9 abusivement par des entreprises commerciales peu scrupuleuses, ou ne devienne une chambre d’\u00e9cho plan\u00e9taire \u00e0 la propagande politique d’activistes peu soucieux de v\u00e9rit\u00e9? Il est clair que ce qui est d\u00e9linquance dans l’espace public l’est aussi dans l’espace virtuel. A ces questions nouvelles, viendront assur\u00e9ment s’en ajouter d’autres que nous ne sommes pas en mesure de nous figurer actuellement.<\/p>\n

Mais parmi les avanc\u00e9es permises par l’expansion du cyberspace, il y a le rapport au savoir. Ce pourrait \u00eatre \u00ab\u00a0l\u00e0\u00a0\u00bb, c’est-\u00e0-dire nulle part et partout en m\u00eame temps, que na\u00eetra le nouveau milieu de communication, de pens\u00e9e et de travail des soci\u00e9t\u00e9s humaines, qui transcendera l’espace (les fronti\u00e8res politiques, g\u00e9ographiques et culturelles) et le temps. On peut imaginer m\u00eame que se constituera un jour une sorte d'\u00a0\u00bbhypercortex\u00a0\u00bb mondial. En tout cas, l’on assiste d’ores et d\u00e9j\u00e0 \u00e0 la naissance d’un \u00ab\u00a0intellectuel collectif\u00a0\u00bb: des personnes diss\u00e9min\u00e9e dans le monde, travaillant un m\u00eame champ de recherche et faisant avancer, de mani\u00e8re coordonn\u00e9e et en temps r\u00e9el, l’\u00e9tat des connaissances.<\/p>\n<\/div>\n

Source: internet\/news\/faq\/alt.cyberspace.<\/p>\n

Hypertexte<\/strong><\/p>\n

Concept et technologie de liaison de textes entre eux, permettant \u00e0 l’utilisateur de passer ais\u00e9ment des uns aux autres. Dans le r\u00e9seau Internet, les liens hypertexte tels qu’ils apparaissent dans les pages Web sont signifi\u00e9s par la couleur bleue de certains mots; en cliquant sur ces mots \u00e0 l’aide de la souris de l’ordinateur, d’autres pages s’ouvrent \u00e0 l’utilisateur dans lesquelles il trouvera d’autres liens hypertexte, et ainsi de suite.<\/p>\n

Selon Ted Nelson, un des penseurs de l’hypertexte, on peut le d\u00e9finir comme une \u00ab\u00a0\u00e9criture non s\u00e9quentielle\u00a0\u00bb constituant un \u00ab\u00a0groupement non-lin\u00e9aire de noeuds li\u00e9s\u00a0\u00bb.<\/p>\n

L’hypertexte en tant que forme d’\u00e9criture non-lin\u00e9aire est une notion qui a travers\u00e9 les si\u00e8cles. Les encyclop\u00e9distes du XVIII\u00e8 si\u00e8cle introduisirent par exemple une classification du savoir fonctionnant par renvois internes. Mais l’id\u00e9e d’un syst\u00e8me \u00e9lectronique reliant entre eux des groupes de textes fut \u00e9voqu\u00e9e pour la premi\u00e8re fois en 1945 par Vannevar Bush, un ing\u00e9nieur responsable des services informatiques de l’administration Roosevelt, \u00e0 la t\u00eate d’une communaut\u00e9 de 6000 scientifiques. Dans un article intitul\u00e9 \u00ab\u00a0As We May Think\u00a0\u00bb <\/em>(\u00ab\u00a0Comme nous pourrions penser\u00a0\u00bb), l’auteur notait que la somme de l’exp\u00e9rience humaine s’accroissait \u00e0 une vitesse vertigineuse, mais que les moyens utilis\u00e9s pour se faufiler dans le labyrinthe de ces connaissances restaient archa\u00efques. Vannevar Bush imagina une \u00ab\u00a0machine conceptuelle\u00a0\u00bb, le \u00ab\u00a0memex\u00a0\u00bb, capable de cr\u00e9er des liens couplant des textes et des illustrations. Il consid\u00e9rait qu’une technologie de l’information privil\u00e9giant la s\u00e9lection par association plut\u00f4t que par indexation correspondait \u00e0 la mani\u00e8re dont l’esprit humain structure l’information.<\/p>\n

En 1981, Ted Nelson d\u00e9veloppa les id\u00e9es de Bush dans son livre \u00ab\u00a0Literary Machines\u00a0\u00bb<\/em> pour les int\u00e9grer \u00e0 son projet \u00ab\u00a0Xanadu\u00a0\u00bb<\/em>, visant \u00e0 rassembler l’ensemble du patrimoine \u00e9crit de l’humanit\u00e9 en de gigantesques bases de donn\u00e9es (constitu\u00e9es par des milliers de milliards de mots) que les individus consulteraient \u00e0 l’aide de liens. Ted Nelson poursuit le r\u00eave moniste de l’unification ultime, de la mise en r\u00e9seau de tout. \u00ab\u00a0Je n’ai jamais fait de diff\u00e9rence entre la technique et la po\u00e9tique. J’ai toujours pens\u00e9 qu’il y avait l\u00e0 un continuum (…) Je r\u00e9cuse toute id\u00e9e de dichotomie. Tout logiciel est, \u00e0 mon sens, une extension de soi.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Sources: \u00ab\u00a0As We May Think\u00a0\u00bb<\/strong> par Bush Vannevar, in: Atlantic Monthly<\/em>, 176\/1, July 1945. Literary Machines,<\/strong>par Nelson T.H. publi\u00e9 \u00e0 compte d’auteur, 1981, disponible \u00e9galement en versions \u00e9lectroniques.<\/p>\n

Source: internet\/news\/faq\/alt.hypertext.<\/p>\n

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Pour en savoir plus<\/strong><\/p>\n<\/div>\n

* sur la litt\u00e9rature cyberpunk,<\/strong> se reporter aux ouvrages Neuromancien<\/em> (1988), Grav\u00e9 sur chrome<\/em> (1990) etLumi\u00e8re virtuelle<\/em> (1995) de William Gibson, Paris, \u00c9ditions J’ai Lu.<\/p>\n

* sur le d\u00e9veloppement des r\u00e9seaux et du multim\u00e9dia, <\/strong>consulter L’homme symbiotique<\/em>, par Jo\u00ebl de Rosnay (Paris. Le Seuil, 1995).<\/p>\n

* pour une r\u00e9flexion philosophique sur le cyberspace,<\/strong> lire L’intelligence collective, pour une anthropologie du cyberspace<\/em>, par Pierre L\u00e9vy (Paris, \u00c9ditions La D\u00e9couverte, 1994).<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Lorsque la t\u00e9l\u00e9vision sera tomb\u00e9e personne ne pourra plus arr\u00eater la r\u00e9volution Par Andrew Lippman Andrew Lippman est, \u00e0 Boston, directeur associ\u00e9 du Media Lab du M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology), dont il a \u00e9t\u00e9 l’un des fondateurs. \u00c9tudiant, puis professeur au M.I.T., il a \u00e9t\u00e9 membre du conseil d’administration \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1771,"parent":596,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-604","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/604","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=604"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/604\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1774,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/604\/revisions\/1774"}],"up":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/596"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/1771"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=604"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}