{"id":602,"date":"2015-01-06T00:18:04","date_gmt":"2015-01-05T23:18:04","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=602"},"modified":"2015-01-25T01:32:59","modified_gmt":"2015-01-25T00:32:59","slug":"fin-de-la-magie","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=602","title":{"rendered":"Fin de la magie"},"content":{"rendered":"
PROGRAMMES<\/strong><\/p>\n Par Alain Le Diberder<\/strong><\/p>\n<\/div>\n L’\u00e9cart a commenc\u00e9 \u00e0 se creuser avec les magn\u00e9toscopes. Les enfants en font un usage consid\u00e9rable, d\u00e9sapprenant ce que leurs parents avaient appris en plus d’une g\u00e9n\u00e9ration, \u00e0 savoir \u00e0 attendre patiemment les \u00e9missions de leur go\u00fbt en regardant des \u00ab\u00a0interludes\u00a0\u00bb. Les enfants, bouche b\u00e9e, peuvent regarder une cassette de Walt Disney vingt fois – autant de pris sur le flux d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment fugitif que leur proposent les programmateurs de t\u00e9l\u00e9. Et ils n’accordent qu’une attention discr\u00e8te \u00e0 la liturgie t\u00e9l\u00e9visuelle: programmes, horaires, canap\u00e9. D\u00e8s leur premier babil, ils regardent leur t\u00e9l\u00e9vision-animal domestique couch\u00e9s, t\u00e9l\u00e9commande en main. A l’avenir, la t\u00e9l\u00e9vision sera leur; elle devra leur ob\u00e9ir bien plus qu’elle n’ob\u00e9issait \u00e0 leurs parents.<\/p>\n Ces derniers, d’ailleurs, ont appris eux aussi \u00e0 violer leur t\u00e9l\u00e9viseur, ce sanctuaire de la parole et de l’image venues de loin. Ils y diffusent d\u00e9sormais de la t\u00e9l\u00e9vision familiale enregistr\u00e9e au camescope: mariages, f\u00eates, voyages lointains, \u00e0 laquelle la \u00ab\u00a0vraie\u00a0\u00bb t\u00e9l\u00e9vision rend hommage \u00e0 travers ses \u00ab\u00a0home video shows\u00a0\u00bb et autres \u00ab\u00a0vid\u00e9o-gags\u00a0\u00bb. Ils s’y amusent avec des jeux vid\u00e9o, rel\u00e9gu\u00e9s souvent, il est vrai, au deuxi\u00e8me poste tr\u00f4nant dans la chambre des enfants. Ils s’y informent \u00e0 volont\u00e9, gr\u00e2ce au t\u00e9l\u00e9texte, cet anc\u00eatre de vingt ans. Sans rien dire du CD-I (compact-disc interactif), console \u00e0 usage universel qui leur permet de visionner des films, de consulter des encyclop\u00e9dies ou de jouer \u00e0 des jeux vid\u00e9o, mis \u00e0 leur disposition depuis deux ans par Philips. Ni du Photo-CD de Kodak, un lecteur de photos num\u00e9riques qui s’empare, lui aussi, de leur t\u00e9l\u00e9viseur.<\/p>\n Ces nouveaux usages ne p\u00e8sent pas grand chose pour le moment, quelques pour cents au total, rien de grave face aux trois heures quotidiennes que chacun de nous consacre en moyenne \u00e0 regarder la t\u00e9l\u00e9. Mais les choses importantes ne commencent-elles pas par \u00eatre des \u00e9piph\u00e9nom\u00e8nes, avant de renverser l’ordre \u00e9tabli?<\/p>\n Le regard d\u00e9couvre, aujourd’hui encore, une accumulation rassurante de permanences. L’audience de la t\u00e9l\u00e9vision en Europe, qui avait cr\u00fb fortement au cours des ann\u00e9es quatre-vingt, est en train de se stabiliser. Il y a bien, ici ou l\u00e0, des fluctuations locales, mais elles ne sont que temp\u00eates dans un verre d’eau: c’est ainsi, par exemple, que l’arr\u00eat de la 5, en France, a commenc\u00e9 par provoquer une baisse d’audience, qui s’est r\u00e9sorb\u00e9e cependant une dizaine de mois plus tard; quant aux pays qui se sont ouverts r\u00e9cemment \u00e0 la concurrence – l’Espagne, la Scandinavie, les pays de l’Est – ils connaissent aujourd’hui un rattrapage. Au total, cependant, la moyenne europ\u00e9enne est plut\u00f4t stable.<\/p>\n Cette audience est gouvern\u00e9e, elle aussi, par des permanences. L’information, la fiction am\u00e9ricaine et le football sont, un peu partout, et depuis des d\u00e9cennies, ses programmes-phares. Certes, dans de nombreux pays, lorsqu’une bonne fiction locale est propos\u00e9e, elle retient davantage l’attention qu’un produit d’Hollywood. Mais la production locale est trop rare et trop ch\u00e8re (malgr\u00e9 des aides publiques) pour constituer une v\u00e9ritable solution de rechange. De temps en temps, une formule de vari\u00e9t\u00e9s ou un jeu se hisse au sommet des hit-parades, mais en moyenne, le menu pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 du t\u00e9l\u00e9spectateur europ\u00e9en de 1995 ressemble fort \u00e0 celui qu’il pl\u00e9biscitait en 1985.<\/p>\n Y a-t-il des raisons pour que cela change d’ici 2005? Si ces raisons existent, elles sont difficiles \u00e0 voir. Aussi les responsables de t\u00e9l\u00e9vision, attentifs et prudents, ont-ils tendance \u00e0 prolonger les courbes, \u00e0 parier sur la stabilit\u00e9 de leur syst\u00e8me, \u00e0 le croire \u00e9ternel. Ce d’autant qu’aucune des pr\u00e9visions mirifiques du d\u00e9but des ann\u00e9es quatre-vingt – cha\u00eenes transeurop\u00e9ennes, mini-t\u00e9l\u00e9visions locales, audiovisuel interactif autog\u00e9r\u00e9, t\u00e9l\u00e9vid\u00e9oth\u00e8que – ne s’est \u00e0 ce jour r\u00e9alis\u00e9e.<\/p>\n Pourtant, m\u00eame les Tartares de Buzzati ont fini par surgir du d\u00e9sert. En apparence, rien ne change \u00e0 l’int\u00e9rieur de la bulle t\u00e9l\u00e9visuelle: programmes inchang\u00e9s, audiences inchang\u00e9es. Mais peut-\u00eatre est-ce la bulle elle-m\u00eame qui est en train de changer.<\/p>\n Les t\u00e9l\u00e9viseurs du d\u00e9but des ann\u00e9es quatre-vingt \u00e9taient des objets peu diff\u00e9renci\u00e9s et chers. Alors que ceux de cette fin de si\u00e8cle sont tr\u00e8s h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes. La taille des \u00e9crans, comprise jadis entre 36 et 67 cm, se disperse d\u00e9sormais entre 5 cm et 1m20. Le r\u00e9cepteur peut \u00eatre simple ou \u00e0 double fr\u00e9quence d’affichage, comprendre ou non un d\u00e9codeur t\u00e9l\u00e9texte, \u00eatre au format 4\/3 (classique) ou au format 16\/9, \u00eatre mono ou st\u00e9r\u00e9o, recevoir ou non le Ni-cam.<\/p>\n C’est dire que le meuble standard rassemblant autour de lui toutes les couches de la soci\u00e9t\u00e9 est mort, remplac\u00e9 des meubles de \u00ab\u00a0segments\u00a0\u00bb, qui vont du petit poste \u00ab\u00a0design\u00e9\u00a0\u00bb par Stark pour futur-jeune-cadre-qui-n’aime-pas-la-t\u00e9l\u00e9, jusqu’au poste sans marque, quatre fois moins cher, ou au micro-ordinateur \u00e9quip\u00e9 d’une carte sp\u00e9ciale permettant de regarder une sitcom am\u00e9ricaine entre deux rapports tap\u00e9s sur traitement de texte.<\/p>\n Le t\u00e9l\u00e9viseur est aujourd’hui en fin de cycle de vie du produit, comme disent les sp\u00e9cialistes du marketing. Il faut donc, pour le vendre, recourir massivement au design, \u00e0 la publicit\u00e9… et \u00e0 la d\u00e9localisation de la fabrication dans des pays \u00e0 bas salaires.<\/p>\n Les fabricants esp\u00e8rent bien inverser cette tendance gr\u00e2ce au \u00ab\u00a0num\u00e9rique\u00a0\u00bb. Dans un premier temps, la transmission des signaux de t\u00e9l\u00e9vision sous forme num\u00e9rique va requ\u00e9rir l’usage d’un bo\u00eetier sp\u00e9cial qui transformera les informations binaires en images de t\u00e9l\u00e9vision compatibles avec les t\u00e9l\u00e9viseurs actuels. Rien n’interdira de transmettre aussi, par ce biais, des textes, des photos, des programmes informatiques, qui feront du t\u00e9l\u00e9viseur le premier r\u00e9cepteur multim\u00e9dia domestique. Par la suite, les fabricants entendent bien int\u00e9grer le d\u00e9codeur dans le poste. Si le t\u00e9l\u00e9viseur des ann\u00e9es cinquante \u00e9tait un poste de radio avec un \u00e9cran, celui de l’an 2000 sera un micro-ordinateur d\u00e9guis\u00e9 en t\u00e9l\u00e9, avec lecteurs de disquettes, m\u00e9moire de masse, imprimante et liaison au r\u00e9seau t\u00e9l\u00e9phonique.<\/p>\n Mais pendant que les fabricants de t\u00e9l\u00e9viseurs vont vers l’informatique, les constructeurs de micro-ordinateurs, eux, d\u00e9couvrent la t\u00e9l\u00e9vision. Gr\u00e2ce \u00e0 quoi le micro-ordinateur, qui proposait hier des images sautillantes et d\u00e9color\u00e9es, est capable d’afficher d\u00e9sormais un signal vid\u00e9o impeccable et de lire des disques laser. Il peut en outre stocker images et sons, les transformer, et m\u00eame les produire.<\/p>\n Les consommateurs souhaiteront-ils disposer de deux \u00ab\u00a0terminaux multim\u00e9dia\u00a0\u00bb? L’un de ces terminaux l’emportera-t-il sur l’autre? Il est trop t\u00f4t pour le dire, mais une chose est s\u00fbre: cette \u00e9volution accentuera la banalisation de la t\u00e9l\u00e9vision, laquelle devra composer \u00e0 l’avenir avec d’autres usages et d’autres traditions.<\/p>\n La t\u00e9l\u00e9vision en est avertie depuis longtemps d\u00e9j\u00e0. En mars 1963, Nam June Paik exposait \u00e0 la galerie Parnass de Wuppertal, en Allemagne, ses \u00ab\u00a013 distorted TV sets\u00a0\u00bb [Treize t\u00e9l\u00e9viseurs d\u00e9form\u00e9s], reli\u00e9s \u00e0 un g\u00e9n\u00e9rateur de fr\u00e9quences ou \u00e0 un magn\u00e9tophone, qui provoquaient sur l’\u00e9cran des \u00e9critures vid\u00e9o primitives, sous forme de z\u00e9brures et de crachotis. L’intuition de Nam June Paik – le destin du t\u00e9l\u00e9viseur d\u00e9passe la t\u00e9l\u00e9vision! – \u00e9tait g\u00e9niale. En brisant pour la premi\u00e8re fois le caract\u00e8re unidirectionnel de l’\u00e9mission t\u00e9l\u00e9vis\u00e9e, en r\u00e9alisant le r\u00eave alors impossible d’\u00e9crire soi-m\u00eame dans le poste, il explorait d\u00e9j\u00e0, au-del\u00e0 de terminal passif, r\u00e9ceptacle d’un message d\u00e9livr\u00e9 par une autorit\u00e9 centrale, les possibilit\u00e9s de l’\u00e9cran vid\u00e9o.<\/p>\n Nombreux sont les professionnels de la t\u00e9l\u00e9vision qui consid\u00e8rent cette \u00e9volution positive, au pr\u00e9texte que la banalisation et l’interactivit\u00e9 agrandiront le cercle de leurs spectateurs ou de leurs clients, \u00e9largiront la base de la d\u00e9mocratie, et, en r\u00e9duisant \u00e0 n\u00e9ant la fascination technique traditionnellement exerc\u00e9e par la t\u00e9l\u00e9vision, feront tomber le mur qui s\u00e9pare aujourd’hui encore les cr\u00e9ateurs des t\u00e9l\u00e9spectateurs.<\/p>\n Je ne partage pas enti\u00e8rement leur avis. Je crains en effet que la t\u00e9l\u00e9vision, si elle est priv\u00e9e de sa magie technique, ne se d\u00e9grade vite en une forme pataude de radio.<\/p>\n Elle a eu pendant trente ans la chance exceptionnelle de faire figure de technologie de pointe. En 1953, \u00e0 l’int\u00e9rieur des rares foyers europ\u00e9ens \u00e9quip\u00e9 d’un t\u00e9l\u00e9viseur, on voyait des installations sanitaires v\u00e9tustes, un chauffage au charbon… et un t\u00e9l\u00e9viseur, ovni domestique dont le propri\u00e9taire mettrait un certain temps \u00e0 domestiquer l’usage. La fascination qu’exer\u00e7ait l’objet \u00e9tait totale, \u00e0 la mesure de celle \u00e9prouv\u00e9e par Tintin lorsqu’il d\u00e9couvrait, dans l’\u00e9dition 1941 de \u00ab\u00a0L’\u00eele noire\u00a0\u00bb, que le vrombissement d’avion qu’il entendait \u00e9manait de ce parall\u00e9l\u00e9pip\u00e8de \u00e9trange: \u00ab\u00a0Un appareil de t\u00e9l\u00e9vision!\u00a0\u00bb sursauta-t-il. Ou par cette vieille dame, cit\u00e9e par les auteurs de \u00ab\u00a0La t\u00e9l\u00e9 des allum\u00e9s\u00a0\u00bb, qui recouvrait son poste d’un rideau pour que les gens de la t\u00e9l\u00e9 ne la voient pas se d\u00e9shabiller. En 1983 encore, la famille europ\u00e9enne moyenne n’avait, chez elle, aucun objet plus \u00ab\u00a0high tech\u00a0\u00bb que son poste, majoritairement noir-blanc, sans t\u00e9l\u00e9commande, qui pourtant la fascinait.<\/p>\n Longtemps l’\u00e9cran de t\u00e9l\u00e9vision et sa liturgie demeur\u00e8rent une norme incontest\u00e9e de la modernit\u00e9. Dans les ann\u00e9es soixante, et m\u00eame soixante-dix, on pouvait, pour certaines consommations populaires, exprimer l’id\u00e9e de nouveaut\u00e9 en inscrivant simplement un slogan, une photo ou un dessin dans un cadre symbolisant le t\u00e9l\u00e9viseur. Un nettoyeur \u00e0 sec affichait sa modernit\u00e9 en inscrivant \u00ab\u00a0Pressing 2000\u00a0\u00bb dans le fameux rectangle aux c\u00f4t\u00e9s bomb\u00e9s, et un coiffeur son dynamisme en proposant dans la m\u00eame g\u00e9om\u00e9trie sa \u00ab\u00a0coupe de l’homme moderne\u00a0\u00bb.<\/p>\n Les gestes quotidiens qui entouraient le t\u00e9l\u00e9viseur \u00e9taient charg\u00e9s d’un grand respect pour la technique: l’attente de la mont\u00e9e en temp\u00e9rature des lampes; les changements de cha\u00eenes, op\u00e9ration que l’on consentait de loin en loin, parce qu’il fallait se d\u00e9placer, tourner un gros bouton \u00e0 crans ou enfoncer une touche \u00e0 longue course; le branchement des r\u00e9gulateurs de courant, qui prot\u00e9geaient parfois des parasites produits par les solex et autres mobylettes; le tout rythm\u00e9 par le ballet des speakerines, des interludes, des horloges, des mires.<\/p>\n Les hommes de t\u00e9l\u00e9vision profitaient largement de cette aura. Les \u00ab\u00a0dispositifs de soir\u00e9e \u00e9lectorale\u00a0\u00bb, les \u00ab\u00a0grands \u00e9v\u00e9nements en direct\u00a0\u00bb, les g\u00e9n\u00e9riques, les spots, les clips, fonctionnaient parce que les gens \u00e9taient fascin\u00e9s par la technologie. Fascination qui surv\u00e9cut longuement \u00e0 l’arriv\u00e9e des transistors, \u00e0 la t\u00e9l\u00e9commandes et \u00e0 la gestion scientifique du conducteur d’antenne – jusqu’\u00e0 ce qu’il apparaisse en v\u00e9rit\u00e9 que, les t\u00e9l\u00e9spectateurs \u00e9tant des consommateurs, le temps d’antenne \u00e9tait trop pr\u00e9cieux pour \u00eatre gaspill\u00e9 de la sorte.<\/p>\n Vint alors la micro-informatique, qui a rong\u00e9 la magie de la t\u00e9l\u00e9vision dans la t\u00eate des enfants d’abord, dans la pratique professionnelle des adultes ensuite.<\/p>\n Dans les pays tr\u00e8s d\u00e9velopp\u00e9s, plus d’un enfant sur deux vit dans un foyer o\u00f9 l’on trouve soit une console pour jeux vid\u00e9o, soit un micro-ordinateur. Aux \u00c9tats-Unis, les consoles sont utilis\u00e9es, en moyenne, une heure et demie par jour, En France, le m\u00eame niveau d’usage est atteint sans doute les mercredis, les samedis et les dimanches, un temps pris en grande partie sur celui de la t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n Ce d\u00e9tournement de l’attention des jeunes finira par d\u00e9courager certains annonceurs publicitaires et p\u00e8sera donc sur les ressources \u00e0 long terme de la t\u00e9l\u00e9vision, c’est-\u00e0-dire sur la qualit\u00e9 de ses programmes. Mais il y a pire. Les jeunes, gar\u00e7ons surtout, ne pr\u00e9f\u00e8rent leur console que quelques ann\u00e9es. Apr\u00e8s quoi, ils reviennent \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision. Mais ils y reviennent compl\u00e8tement chang\u00e9s. Ils ne la voient plus comme leurs parents la voient. Elle leur appara\u00eet d\u00e9sormais comme un jeu vid\u00e9o auquel ils n’ont pas le droit de jouer, comme une version d\u00e9grad\u00e9e de loisirs qu’ils avaient connus plus chatoyants. Ils ne s’y r\u00e9solvent que parce qu’ils doivent se socialiser. La diff\u00e9rence ressemble \u00e0 celle entre le sport pratiqu\u00e9 dans un club, avec libert\u00e9 de choix et mat\u00e9riel performant, et le sport pratiqu\u00e9 \u00e0 l’\u00e9cole, standardis\u00e9, pauvre, mais que l’enfant appr\u00e9cie puisqu’il lui permet de jouer avec ses copains.<\/p>\n On observe un d\u00e9tournement d’attention similaire chez la plupart des adultes occup\u00e9s dans le tertiaire. Guichetiers et journalistes, golden boys et caissi\u00e8res, employ\u00e9s des chemins de fer et policiers, professeurs et chercheurs, utilisent tous un micro-ordinateur compatible IBM ou un Macintosh, et jonglent avec les souris, les menus d\u00e9roulants, les ic\u00f4nes, les aides contextuelles. Chaque heure pass\u00e9e devant leur machine inscrit dans leur m\u00e9moire un univers, une liturgie, un rapport \u00e0 l’\u00e9cran, qui les d\u00e9tachent de la relation traditionnelle qu’ils avaient avec leur bon vieux t\u00e9l\u00e9viseur.<\/p>\n A l’or\u00e9e du troisi\u00e8me mill\u00e9naire, ils se sont r\u00e9habitu\u00e9s \u00e0 une image qui assume sa platitude, sans point de fuite, sans perspective – un \u00e9v\u00e9nement esth\u00e9tique de premi\u00e8re grandeur. Leur il s’est accoutum\u00e9 \u00e0 la superposition de plans d\u00e9li\u00e9s les uns des autres (c’est le principe des \u00ab\u00a0fen\u00eatres\u00a0\u00bb de Windows et de Macintosh). Ils acceptent donc sans peine les habillages que leur propose d\u00e9sormais la t\u00e9l\u00e9vision, qui eussent bien surpris un t\u00e9l\u00e9spectateur des ann\u00e9es soixante: l’\u00e9cran d\u00e9coup\u00e9 en tranches, des pointeurs comme ceux des souris informatiques, des infographies pour illustrer les news, aux \u00c9tats-Unis en tout cas.<\/p>\n La pratique du micro-ordinateur leur a enseign\u00e9 surtout que les images de t\u00e9l\u00e9vision peuvent se stocker, se rappeler, se modifier, se transmettre. Ils s’irritent donc de ne point disposer des m\u00eames fonctions sur leur poste de t\u00e9l\u00e9vision. Ils \u00e9prouvent le sentiment que la t\u00e9l\u00e9vision a cess\u00e9 d’\u00eatre \u00ab\u00a0la\u00a0\u00bb chose, pour n’\u00eatre plus qu’une sous-chose.<\/p>\n Cette sape de la t\u00e9l\u00e9vision par l’informatique ne concerne pas qu’une mince \u00e9lite. Elle est un mouvement massif et populaire, port\u00e9 notamment par des millions de secr\u00e9taires et des millions d’enfants, qui disent: \u00ab\u00a0Nous voulons du pouvoir sur ce qui se passe dans l’\u00e9cran.\u00a0\u00bb La t\u00e9l\u00e9commande ne leur suffit plus, ils veulent une souris, une touche F1 donnant une aide contextuelle par t\u00e9l\u00e9texte. Ils veulent, comme avec le CD-I, promener une fl\u00e8che sur l’\u00e9cran et donner leurs ordres en cliquant sur des ic\u00f4nes. Ils veulent qu’une partie de la surface suppl\u00e9mentaire de leur \u00e9cran t\u00e9l\u00e9 16\/9 soit d\u00e9volue \u00e0 une barre d’ic\u00f4nes. Il veulent des t\u00e9l\u00e9viseurs disposant de plusieurs m\u00e9gas de m\u00e9moire pour stocker des images. Ils veulent une interface normalis\u00e9e entre leur t\u00e9l\u00e9viseur et leur micro-ordinateur. Toutes choses d’ores et d\u00e9j\u00e0 possibles, techniquement et \u00e9conomiquement.<\/p>\n D’ailleurs, les choses bougent. Deux indices: depuis 1993, les producteurs de disques am\u00e9ricains sont de plus en plus nombreux \u00e0 faire la promotion de leurs nouveaut\u00e9s en diffusant des clips non plus sur les cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9vision, mais sur les r\u00e9seaux de t\u00e9l\u00e9informatique, sur Compuserve notamment; et CNN, symbole de la nouvelle t\u00e9l\u00e9vision th\u00e9matique des ann\u00e9es quatre-vingt, a ouvert \u00ab\u00a0CNN on-line\u00a0\u00bb, un services de d\u00e9bats en prolongement d’\u00e9missions, accessible par micro-ordinateurs.<\/p>\n Jadis, l’entreprise de t\u00e9l\u00e9vision agen\u00e7ait ses programmes au sein d’une grille qu’elle diffusait sur un canal unique, sur une fr\u00e9quence qu’elle \u00e9tait seule \u00e0 utiliser. Un m\u00eame terme – \u00ab\u00a0la cha\u00eene\u00a0\u00bb – d\u00e9signait l’entreprise, le canal et la grille. A Paris, TF1 diffusait le programme TF1 sur le canal 25, celui du bouton TF1 de la t\u00e9l\u00e9commande; \u00e0 Rome, Mamma RAI diffusait les programmes de la RAI Uno sur le canal 1.<\/p>\n Mais peu \u00e0 peu, ces trois niveaux se diff\u00e9renci\u00e8rent les uns des autres et prirent leur autonomie. Une m\u00eame entreprise de t\u00e9l\u00e9vision se mit par exemple \u00e0 produire plusieurs programmes: c’est, en France, le cas de TF1 qui produit aussi LCI, de France 2, qui propose France Supervision, de M6 qui offre S\u00e9rie Club. Certaines fr\u00e9quences, c’est-\u00e0-dire, plus prosa\u00efquement, certains boutons de la t\u00e9l\u00e9commande, se mirent \u00e0 donner acc\u00e8s \u00e0 des programmes diff\u00e9rents, produits par des entreprises diff\u00e9rentes: sur le c\u00e2ble, en France, par exemple, Canal J devient, en soir\u00e9e, Canal Jimmy; en Grande-Bretagne o\u00f9 cette situation existe depuis longtemps, la \u00ab\u00a03\u00a0\u00bb est occup\u00e9e le matin par Sunrise, la journ\u00e9e en semaine par Carlton TV, et en fin de semaine par London Week-End. Enfin, plus spectaculaire, les programmes, que les cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9vision tentaient de s’approprier symboliquement, m\u00eame si elles ne les produisaient pas, se sont mis \u00e0 circuler de cha\u00eenes en cha\u00eenes: les films, les s\u00e9ries, les retransmissions sportives et, bien s\u00fbr, les animateurs eux-m\u00eames.<\/p>\n De ce maelstr\u00f6m ne sortent intacts que les deux extr\u00e9mit\u00e9s de la fili\u00e8re t\u00e9l\u00e9vision: le t\u00e9l\u00e9spectateur et ses pratiques d’un c\u00f4t\u00e9, le producteur de programmes de l’autre. Tout le reste se recompose selon un sch\u00e9ma beaucoup plus complexe que l’ancienne organisation autour des \u00ab\u00a0cha\u00eenes\u00a0\u00bb de t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n Cette d\u00e9sagr\u00e9gation de blocs monolithiques – dont les monopoles publics, ORTF, BBC, RAI, SSR, \u00e9taient les figures extr\u00eames – n’est pas compl\u00e8tement achev\u00e9e. Mais d\u00e9j\u00e0 l’on voit appara\u00eetre un syst\u00e8me de blocs sp\u00e9cialis\u00e9s, organis\u00e9s en un r\u00e9seau mouvant de march\u00e9s pr\u00e9caires: les r\u00e9gies publicitaires tendent \u00e0 devenir ind\u00e9pendantes des \u00ab\u00a0diffuseurs\u00a0\u00bb, lesquels recourent d\u00e9sormais \u00e0 une pl\u00e9iade de prestataires techniques et confient la conception de leurs programmes \u00e0 des producteurs ind\u00e9pendants, lesquels \u00e0 leur tour s’appuient sur des consultants ou commercialisent leurs droits via des distributeurs.<\/p>\n Cette d\u00e9sagr\u00e9gation ne signifie pas, pour autant, la disparition de la t\u00e9l\u00e9vision g\u00e9n\u00e9raliste. Il y a deux raisons \u00e0 cela.<\/p>\n La premi\u00e8re est que l’ancien syst\u00e8me, celui des monopoles publics en Europe, ou des networks aux \u00c9tats-Unis, ne dispara\u00eetra pas d’un coup, m\u00eame s’il a cess\u00e9 d’avoir le vent en poupe; pendant de nombreuses ann\u00e9es encore il restera majoritaire.<\/p>\n La deuxi\u00e8me est que m\u00eame des \u00ab\u00a0petites cha\u00eenes\u00a0\u00bb, M6 en France, Channel Four en Grande-Bretagne ou Fox aux \u00c9tats-Unis, peuvent offrir des programmes \u00ab\u00a0de rassemblement\u00a0\u00bb. Beaucoup d’observateurs estiment que le public d\u00e9sire, consciemment ou non, fr\u00e9quenter un m\u00e9dia de rassemblement, que ce soit pour des raisons familiales et sociales, et en d\u00e9duisent que les \u00ab\u00a0cha\u00eenes g\u00e9n\u00e9ralistes\u00a0\u00bb dureront \u00e9ternellement.<\/p>\n Je pense que les \u00ab\u00a0cha\u00eenes g\u00e9n\u00e9ralistes\u00a0\u00bb devraient \u00eatre plus m\u00e9fiantes. L’\u00e9volution de la radio fran\u00e7aise montre que la concurrence peut remplacer le confortable partage du march\u00e9 entre comp\u00e8res g\u00e9n\u00e9ralistes et conduire \u00e0 un \u00e9clatement des positions de march\u00e9 entre une dizaine d’acteurs, qui tous peuvent se pr\u00e9tendre \u00ab\u00a0g\u00e9n\u00e9ralistes\u00a0\u00bb \u00e0 leur mani\u00e8re: RTL, France-Inter et Europe 1 en tentant de satisfaire tous les publics le matin; NRJ en diffusant toutes les musiques que les jeunes veulent consommer; France Info en couvrant les besoins d’informations d’un public tr\u00e8s vari\u00e9. \u00ab\u00a0La\u00a0\u00bb radio g\u00e9n\u00e9raliste se porte donc bien en France, mais \u00ab\u00a0les\u00a0\u00bb stations g\u00e9n\u00e9ralistes se portent moins bien. Les groupes de media propri\u00e9taires de ces stations ont r\u00e9agi d’une mani\u00e8re simple: ils ont multipli\u00e9 les enseignes. Le groupe Hachette a flanqu\u00e9 Europe 1 d’Europe 2 et, indirectement, de Skyrock; le service public a maintenu sa part de march\u00e9 gr\u00e2ce \u00e0 France Info; RMC a achet\u00e9 Nostalgie; etc.<\/p>\n La t\u00e9l\u00e9vision de la fin des ann\u00e9es quatre-vingt dix conna\u00eetra sans doute une \u00e9volution similaire, \u00e0 une importante nuance pr\u00e8s: la radio s’est mise \u00e0 \u00e9voluer \u00e0 cause de l’ouverture physique des r\u00e9seaux, au d\u00e9but des ann\u00e9es quatre-vingt, alors que la t\u00e9l\u00e9vision doit fonctionner dans un espace hertzien restreint, avec un c\u00e2ble au nombre de canaux limit\u00e9 et une r\u00e9ception satellite qui, sauf en Grande-Bretagne, balbutie. Elle n’aura donc pas assez d’espace pour qu’\u00e9clatent bient\u00f4t les tendances dont elle est travaill\u00e9e.<\/p>\n Les amateurs de permanences peuvent donc se rassurer. La t\u00e9l\u00e9vision du d\u00e9but du XXIe si\u00e8cle ressemblera beaucoup \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision d’aujourd’hui. Les grandes entreprises de 1995 y tiendront toujours le haut du pav\u00e9. L’audience globale du media n’aura pas beaucoup boug\u00e9, ni sa r\u00e9partition par genres de programmes. La t\u00e9l\u00e9vision g\u00e9n\u00e9raliste nationale fournira toujours l’essentiel du menu des t\u00e9l\u00e9spectateurs. Les innovations majeures – le num\u00e9rique, la t\u00e9l\u00e9vision interactive, le multim\u00e9dia – seront encore minoritaires. Sous cette enveloppe stable, cependant, l’organisation de la t\u00e9l\u00e9vision aura entam\u00e9 une mue profonde, en direction d’une t\u00e9l\u00e9vision plus informatique, plus internationale, plus locale, plus banale, et, qui sait, plus modeste.<\/p>\n 246 millions de t\u00e9l\u00e9phages<\/strong><\/p>\n Les \u00c9tats-Unis comptent aujourd’hui plus de 246 millions de t\u00e9l\u00e9spectateurs (enfants de deux ans compris) dans 95 millions de foyers. Sur les 98 % de foyers \u00e9quip\u00e9s de t\u00e9l\u00e9vision, 91 % poss\u00e8dent une t\u00e9l\u00e9commande, 71 % ont plusieurs r\u00e9cepteurs et 79 % ont au moins un magn\u00e9toscope. Quelque 63 % des foyers sont abonn\u00e9s au c\u00e2ble, la moiti\u00e9 pour une offre \u00e0 option payante.<\/p>\n Ce qui diff\u00e9rencie le plus les \u00c9tats-Unis de l’Europe, c’est la structure de l’offre, quelque 1400 cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9vision (dont 1100 \u00e0 but commercial) se partageant le march\u00e9.<\/p>\n Les Networks<\/strong> (r\u00e9seaux – ABC, CBS, NBC, Fox) diffusent un minimum de 15 heures hebdomadaires en prime-time<\/em> et couvrent 75% du territoire. Ils sont retransmis par 700 stations affili\u00e9es. On attend la prochaine naissance des Networks UPN (Paramount) et Warner Brothers. Les Networks sont des mines d’id\u00e9es pour les programmateurs europ\u00e9ens, puisqu’ils diffusent en premier les s\u00e9ries, sitcoms ou jeux qui appara\u00eetront quelques mois plus tard sur les \u00e9crans europ\u00e9ens.<\/p>\n Les ind\u00e9pendants<\/strong> repr\u00e9sentent 400 cha\u00eenes non f\u00e9d\u00e9r\u00e9es.<\/p>\n Les superstations <\/strong>sont \u00e0 l’origine des stations locales ind\u00e9pendantes qui \u00e9mettent hors de leur march\u00e9 de base. WTBS (Turner) et WGN (Tribune) en sont deux exemples.<\/p>\n Les autres cha\u00eenes sont soit publiques <\/strong>(comme PBS et ses 300 affili\u00e9s) ou th\u00e9matiques<\/strong> (CNN, Nickelodeon, USA Network), payantes par abonnement ou en pay per view (option payante)<\/strong>.<\/p>\n Source: Audience, no. 13, avril-juin 1995.<\/p>\n D’un nom et de quelques termes<\/strong><\/p>\n<\/div>\n Nam June Paik (1932)<\/strong> Sitcom<\/strong> Camescope<\/strong> CD-I Photo-CD<\/strong> Compuserve<\/strong> Touche F1<\/strong> Nicam<\/strong> PROGRAMMES T\u00e9l\u00e9vision la fin de la magie Par Alain Le Diberder Le media devient banal, local, pratique -et modeste peut-\u00eatre, sait-on jamais Alain Le Diberder est directeur des nouveaux programmes de Canal +, \u00e0 Paris. L’histoire de la prochaine d\u00e9cennie de t\u00e9l\u00e9vision pourrait \u00eatre domin\u00e9e par un malentendu et aboutir \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1771,"parent":596,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-602","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/602","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=602"}],"version-history":[{"count":1,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/602\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":603,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/602\/revisions\/603"}],"up":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/596"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/1771"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=602"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}T\u00e9l\u00e9vision
\nla fin de la magie<\/h3>\n
\n-et modeste peut-\u00eatre, sait-on jamais<\/div>\n
\n<\/strong> Alain Le Diberder<\/em> est directeur des nouveaux programmes de Canal +, \u00e0 Paris.<\/p>\nL’histoire de la prochaine d\u00e9cennie de t\u00e9l\u00e9vision pourrait \u00eatre domin\u00e9e par un malentendu et aboutir \u00e0 un divorce. Le malentendu porte sur ce que l’on entend par t\u00e9l\u00e9vision. Est-ce l’ensemble des programmes regard\u00e9s sur un t\u00e9l\u00e9viseur? Ou bien ce que proposent les cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9visions? C’est de moins en moins la m\u00eame chose.<\/p>\n
<\/h2>\n
La folie Am\u00e9rique<\/h3>\n
\nInventeur, producteur et r\u00e9alisateur d’origine cor\u00e9enne, Paik quitta la Cor\u00e9e en 1950 apr\u00e8s des \u00e9tudes de musique. Apr\u00e8s une th\u00e8se sur Sch\u00f6nberg r\u00e9alis\u00e9e au Japon, il s’installa en Allemagne et entra au laboratoire de recherche du Studio de musique \u00e9lectronique de Radio Cologne. Connu pour ses actions spectaculaires (comme couper la cravate du compositeur John Cage en plein concert) il fut d\u00e9crit \u00e0 l’\u00e9poque comme \u00ab\u00a0ce Cor\u00e9en qui emploie habituellement le jet d’oeuf, le raccourcissage de cravate, le plongeon en baignoire pleine et l’\u00e9clatement de violon\u00a0\u00bb.<\/em> Il prit rapidement conscience que tout le monde regarde la t\u00e9l\u00e9vision sans agir sur elle et pr\u00e9senta, en 1963, une exposition de treize \u00e9crans TV montrant les d\u00e9formations d’un m\u00eame personnage. En 1965, il acheta sa premi\u00e8re cam\u00e9ra vid\u00e9o et pr\u00e9senta \u00e0 la fin de l’ann\u00e9e, \u00e0 New York, la premi\u00e8re exposition d’Electronic Art.<\/em> Auteur notamment de Marshall Mac Luhan Caged<\/em> (1967) et de Sextronic Op\u00e9ra <\/em>(1967), il produisit Video Commune<\/em> (1970), une \u00e9mission pionni\u00e8re de 4 heures en direct. Puis, le premier janvier 1984, son \u00e9mission \u00ab\u00a0Bonjour Monsieur Orwell \u00a0\u00bb reste le premier programme con\u00e7u par un artiste et retransmis simultan\u00e9ment aux \u00c9tats-Unis, en Europe et en Cor\u00e9e.<\/p>\n
\nCom\u00e9die de situation, \u00e0 l’exemple de \u00ab\u00a0Maguy\u00a0\u00bb ou de \u00ab\u00a0Tel p\u00e8re, tel fils\u00a0\u00bb. Le sitcom est une s\u00e9rie mettant en sc\u00e8ne, dans un lieu unique, des sketches dans lesquels les com\u00e9diens sont aux prises avec des \u00e9v\u00e9nements quotidiens, sur un principe d’identification du spectateur (relations avec des coll\u00e8gues de bureau, consommateurs dans un bistrot, famille). Cette technique de tournage, import\u00e9e des \u00c9tats-Unis, est peu co\u00fbteuse, car elle permet de r\u00e9aliser deux \u00e0 trois s\u00e9ries diff\u00e9rentes sur un m\u00eame plateau et de rentabiliser au maximum les \u00e9quipements et le personnel.<\/p>\n
\nContraction des mots cam\u00e9ra et magn\u00e9toscope. Appareils vid\u00e9o destin\u00e9s au grand public, les camescopes ont renvoy\u00e9 le Super 8 aux oubliettes. Actuellement la bataille fait rage entre diff\u00e9rents standards, VHS, Vid\u00e9o 8 et Beta, notamment.<\/p>\n
\n<\/strong>Compact Disc Interactif<\/em>, le CD-I est un disque compact qui peut stocker indiff\u00e9remment du texte, des images, des animations, du son ou de la vid\u00e9o. La paternit\u00e9 du CD-I revient \u00e0 Philips et \u00e0 Sony qui ont sign\u00e9, en 1987, un accord sur les sp\u00e9cifications techniques de ce support. Le CD-I est normalement utilisable sur un lecteur raccord\u00e9 \u00e0 un t\u00e9l\u00e9viseur, mais il peut aussi s’utiliser sur un micro-ordinateur. Le CD-I fut commercialis\u00e9 pour la premi\u00e8re fois en 1991 aux \u00c9tats-Unis.<\/p>\n
\nDisque compact utilis\u00e9 pour le stockage des photos, mis au point par Kodak. Le Photo-CD permet d’utiliser des photos num\u00e9riques sans passer par une prise de vue sp\u00e9cifique, les photos \u00e9tant d\u00e9velopp\u00e9es puis num\u00e9ris\u00e9es. Le Photo-CD peut se raccorder au t\u00e9l\u00e9viseur ou au micro-ordinateur.<\/p>\n
\nServeur t\u00e9l\u00e9matique proposant des services de messageries, d’information et d’\u00e9changes, Compuserve est l’un des serveurs les plus populaires dans le monde.<\/p>\n
\nSur les micro-ordinateurs PC, la touche F1 appelle la fonction d’aide des programmes.<\/p>\n
\nLe Near Instantaneous Companded Audio Multiplexed<\/em> (Nicam)s est un syst\u00e8me num\u00e9rique de transmission du son d\u00e9velopp\u00e9 par la BBC pour la t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"