{"id":435,"date":"2015-01-02T12:28:39","date_gmt":"2015-01-02T11:28:39","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=435"},"modified":"2015-01-18T21:55:37","modified_gmt":"2015-01-18T20:55:37","slug":"traversee-en-islam","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=435","title":{"rendered":"Travers\u00e9e en islam"},"content":{"rendered":"

INTERPR\u00c9TATIONS<\/p>\n

Humble voyage d’un Occidental
\nvers l’Islam<\/h3>\n
Le r\u00e9cit d’un journaliste suisse
\nPar Roger Du Pasquier<\/strong><\/div>\n
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<\/div>\n

Roger Du Pasquier, licenci\u00e9 en histoire et g\u00e9ographie, journaliste, a \u00e9crit <\/em>D\u00e9couverte de l’Islam (Paris, Seuil, 1984). L’Islam entre la tradition et la r\u00e9volution (Paris, Tougui, 1987) et pr\u00e9pare, pour les \u00c9ditions du Cerf, \u00e0 Paris, un ouvrage sur les r\u00e9alit\u00e9s et illusions du r\u00e9veil islamique. Il a traduit \u00e9galement plusieurs ouvrages sur l’islam, le soufisme et les spiritualit\u00e9s orientales.<\/em><\/p>\n

Aux yeux des Occidentaux, dont, en g\u00e9n\u00e9ral, l’ignorance du monde musulman se combine avec d’\u00e9normes pr\u00e9jug\u00e9s, peu de choses suffisent pour se faire regarder comme \u00ab\u00a0expert\u00a0\u00bb en islam ou, plus grave, comme sympathisant et m\u00eame converti. Il y a maintenant trente-six ans qu’un tournant de ma vie professionnelle m’a brusquement plac\u00e9 en pr\u00e9sence de l’humanit\u00e9 musulmane puis d’autres peuples de tradition non chr\u00e9tienne.<\/p>\n

Une curiosit\u00e9 d’esprit sans doute en accord avec le m\u00e9tier de journaliste me donna d\u00e8s lors le besoin irr\u00e9pressible de chercher \u00e0 comprendre la nature v\u00e9ritable de ce qui diff\u00e9rencie ces peuples orientaux de notre Occident moderne. Cela devait forc\u00e9ment me conduire \u00e0 des investigations sur leurs croyances religieuses, auxquelles ils restaient manifestement beaucoup plus attach\u00e9s que nous autres Europ\u00e9ens.<\/p>\n

D’ailleurs un homme d’exp\u00e9rience avait averti le jeune reporter que j’\u00e9tais: \u00ab\u00a0Si vous voulez vraiment comprendre quelque chose \u00e0 l’Orient, il vous faut en \u00e9tudier les religions.\u00a0\u00bb Je m’y effor\u00e7ai effectivement, ce qui me fit d\u00e9couvrir des horizons insoup\u00e7onn\u00e9s et souvent \u00e9blouissants pour l’esprit.<\/p>\n

Pareilles d\u00e9couvertes, qui s’\u00e9chelonn\u00e8rent sur de longues ann\u00e9es, devaient \u00e9videmment exercer leur influence sur ce que j’\u00e9crivais en tant que journaliste, avant de me fournir la mati\u00e8re de quelques autres publications, celles-ci concernant plus sp\u00e9cialement l’islam. La sympathie et la compr\u00e9hension que y j’ai depuis lors t\u00e9moign\u00e9es \u00e0 cette religion ont manifestement suscit\u00e9 bien des \u00e9tonnements, lesquels m’ont d\u00e9j\u00e0 valu des questions plus ou moins indiscr\u00e8tes sur ma position envers elle et sur ce que certains pensent avoir \u00e9t\u00e9 une \u00ab\u00a0conversion\u00a0\u00bb. Mais il m’a toujours paru inopportun d’y r\u00e9pondre dans la mesure o\u00f9 il ne se serait agi que de consid\u00e9rations personnelles sans port\u00e9e g\u00e9n\u00e9rale. Cependant, avec le recul des ann\u00e9es et puisque la sollicitation m’en est faite \u00e0 nouveau, j’admets qu’il peut y avoir un int\u00e9r\u00eat r\u00e9el \u00e0 relater la mani\u00e8re dont certains intellectuels sortis de l’universit\u00e9 \u00e0 l’\u00e9poque de la Seconde Guerre mondiale ont pu \u00eatre amen\u00e9s \u00e0 se d\u00e9solidariser de la modernit\u00e9 occidentale dont la faillite cataclysmique bouleversait le monde entier, et \u00e0 chercher des certitudes et des raisons de vivre dans des doctrines et valeurs traditionnelles dont l’Orient semblait le refuge. A cet \u00e9gard je dois au cheminement impr\u00e9vu de mon activit\u00e9 journalistique d’avoir v\u00e9cu une exp\u00e9rience peut-\u00eatre significative.<\/p>\n

La guerre \u00e9tait encore loin d’\u00eatre termin\u00e9e lorsque je parvins \u00e0 me faire envoyer \u00e0 Stockholm comme correspondant de l’Agence t\u00e9l\u00e9graphique suisse<\/em> et de La Tribune de Gen\u00e8ve<\/em>. La Su\u00e8de m’inspirait alors une sorte d’enthousiasme, paraissant \u00e0 mes yeux comme le pays mod\u00e8le qui, r\u00e9conciliant progr\u00e8s et traditions, proposait les meilleures solutions aux grands probl\u00e8mes, sociaux notamment, se posant avec tant d’urgence dans un monde \u00e0 reconstruire.<\/p>\n

Comment certains intellectuels europ\u00e9ens
\nont \u00e9t\u00e9 amen\u00e9s
\n\u00e0 se d\u00e9solidariser
\nde la modernit\u00e9 occidentale<\/span><\/strong><\/p>\n

Pendant mes ann\u00e9es su\u00e9doises je vis l’\u00c9tat-providence se renforcer et gagner en efficacit\u00e9, alors que les conditions de vie et le pouvoir d’achat de la population ne cessaient de progresser. Cependant, il \u00e9tait impossible de ne pas remarquer en m\u00eame temps que, sur un plan non quantitatif, la vie elle-m\u00eame ne paraissait pas s’am\u00e9liorer; on aurait dit au contraire qu’elle tendait \u00e0 perdre sa saveur. La satisfaction des revendications ouvri\u00e8res semblait sans effet positif sur la qualit\u00e9 proprement humaine de ceux qui en b\u00e9n\u00e9ficiaient, aiguisant plut\u00f4t leurs exigences mat\u00e9rialistes et les enfermant dans leur r\u00f4le de producteurs-consommateurs. En m\u00eame temps commen\u00e7ait \u00e0 se manifester une certaine d\u00e9moralisation qui se combinait curieusement avec une libert\u00e9 de moeurs toujours plus pouss\u00e9e. Partout on voyait des visages d\u00e9sabus\u00e9s et renfrogn\u00e9s; n’importe qui se plaignait de tout et de n’importe quoi, et m\u00eame les premiers rayons du soleil printanier n’\u00e9taient plus accueillis comme les promesses de bonheur qu’ils avaient toujours repr\u00e9sent\u00e9es au sortir de l’hiver nordique.<\/p>\n

Peut-\u00eatre \u00e9taient-ce l\u00e0 des signes avant-coureurs de la crise de civilisation qui, plus tard, devait aboutir \u00e0 mai 68 et \u00e0 la contestation tumultueuse de la\u00a0\u00bbsoci\u00e9t\u00e9 de consommation\u00a0\u00bb . Quoi qu’il en soit, ma foi dans les vertus du \u00ab\u00a0mod\u00e8le su\u00e9dois\u00a0\u00bb \u00e9tait d\u00e9sormais s\u00e9rieusement \u00e9branl\u00e9e. Pourtant j’en pris ais\u00e9ment mon parti, car, \u00e0 la suite de nouveaux ma\u00eetres, j’avais maintenant renonc\u00e9 \u00e0 donner des r\u00e9ponses aux grandes questions pos\u00e9es par ce monde \u00ab\u00a0absurde\u00a0\u00bb. C’\u00e9tait, en effet, la belle \u00e9poque des Sartre et des Camus. Ils avaient un prestige et une influence auxquels un jeune journaliste attentif aux modes intellectuelles pouvait difficilement \u00e9chapper.<\/p>\n

Changeant compl\u00e8tement de cap, je partis faire une s\u00e9rie de reportages, d’abord en Indon\u00e9sie puis dans d’autres r\u00e9gions de l’Asie, l’Inde principalement, sur laquelle je fus charg\u00e9 d’enqu\u00eater au lendemain de son ind\u00e9pendance. Apr\u00e8s cinq ans de Scandinavie, rien ne me pr\u00e9parait \u00e0 aborder un monde aussi diff\u00e9rent, ce qui ne m’emp\u00eachait d’ailleurs nullement d’y d\u00e9barquer avec la certitude de repr\u00e9senter une civilisation peut-\u00eatre absurde mais tout de m\u00eame sup\u00e9rieure et plus avanc\u00e9e. Il me paraissait hors de doute que ces peuples encore emp\u00eatr\u00e9s dans leurs croyances primitives et leurs superstitions vivaient dans la plus d\u00e9plorable \u00ab\u00a0arri\u00e9ration\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Cependant je ne pouvais manquer d’\u00eatre s\u00e9duit par la gentillesse, le charme, les sourires et l’humeur sereine de toute cette humanit\u00e9 orientale, m\u00eame si elle vivait dans la pauvret\u00e9 et l’ignorance de notre progr\u00e8s. Je me fis des amis en Indon\u00e9sie puis en Inde et pus comparer leur mentalit\u00e9 \u00e0 la n\u00f4tre. J’en retirai bient\u00f4t la conviction qu’ils poss\u00e9daient g\u00e9n\u00e9ralement une tournure d’esprit, peut-\u00eatre une sagesse, que nous avions perdue et qui leur donnait la capacit\u00e9 de supporter des situations de \u00ab\u00a0sous-d\u00e9veloppement\u00a0\u00bb, comme on se mettait \u00e0 dire, qui nous auraient paru intol\u00e9rables. Apr\u00e8s la Su\u00e8de, pays au niveau de vie alors le plus \u00e9lev\u00e9 d’Europe mais o\u00f9 les gens n’arr\u00eataient pas de se plaindre, j’\u00e9tais tomb\u00e9 dans les r\u00e9gions o\u00f9 il \u00e9tait parmi les plus bas du monde, mais o\u00f9, n\u00e9anmoins, personne ne semblait douter que la vie f\u00fbt encore digne d’\u00eatre v\u00e9cue. Il est \u00e9vident que, par souci de clart\u00e9, je sch\u00e9matise un peu. La r\u00e9alit\u00e9 ne s’est probablement pas pr\u00e9sent\u00e9e de fa\u00e7on aussi tranch\u00e9e, mais il n’emp\u00eache qu’il s’est agi d’une exp\u00e9rience directe de ce probl\u00e8me majeur de notre temps qu’est la confrontation entre l’Orient et l’Occident, entre deux tranches de l’humanit\u00e9, l’une statique et encore largement fid\u00e8le aux valeurs de son pass\u00e9, l’autre dynamique, tourn\u00e9e vers l’avenir et vou\u00e9e \u00e0 l’acquisition du bien-\u00eatre mat\u00e9riel devenu le seul crit\u00e8re du progr\u00e8s.<\/p>\n

Dans une premi\u00e8re phase de r\u00e9flexion, l’id\u00e9e ne me serait pas venue de me d\u00e9solidariser de l’Occident dont, malgr\u00e9 mes d\u00e9ceptions su\u00e9doises, je ne mettais toujours pas en doute la sup\u00e9riorit\u00e9. Et sans y voir de contradiction avec les id\u00e9es existentialistes auxquelles je pr\u00e9tendais adh\u00e9rer, je persistais \u00e0 consid\u00e9rer le christianisme comme pr\u00e9f\u00e9rable aux religions orientales, islam inclus, parce qu’il me paraissait plus apte \u00e0 faire le bonheur des peuples, plus ouvert au progr\u00e8s. C’\u00e9tait d’ailleurs l’opinion \u00e0 peu pr\u00e8s unanime des milieux europ\u00e9ens de ces pays orientaux m\u00eame des plus \u00e9loign\u00e9s de toute pr\u00e9occupation religieuse.<\/p>\n

Sceptique je d\u00e9couvris
\nla s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 de ce continent
\net, chez Ren\u00e9 Gu\u00e9non,
\nla cl\u00e9 d’un aussi \u00e9blouissant myst\u00e8re<\/span><\/strong><\/p>\n

Telles \u00e9taient mes dispositions d’esprit lorsque, de Delhi, je partis en train pour B\u00e9nar\u00e8s, ville sainte de l’hindouisme, qui valait bien un reportage. J’avais alors dans mon bagage, seule expression de la culture occidentale, un exemplaire du Mythe de Sisyphe, de Camus; mais un autre livre, dont le destin me r\u00e9servait la lecture pr\u00e9cis\u00e9ment au bord du Gange, allait me faire passer d\u00e9finitivement le go\u00fbt de la litt\u00e9rature existentialiste: l’Introduction g\u00e9n\u00e9rale \u00e0 l’\u00e9tude des doctrines hindoues<\/em>, de Ren\u00e9 Gu\u00e9non, m’apporta une sorte d’illumination et fut comme le d\u00e9chirement d’un voile devant des horizons illimit\u00e9s.<\/p>\n

Il \u00e9tait sans doute question d’hindouisme dans cet ouvrage d\u00e9cisif qu’Alain Dani\u00e9lou, qui r\u00e9sidait alors \u00e0 B\u00e9nar\u00e8s, m’avait mis entre les mains. Mais j’y d\u00e9couvris encore beaucoup plus que la simple introduction annonc\u00e9e par le titre: une vision du monde et de la vie totalement diff\u00e9rente de celle de l’Europe occidentale qui m’avait \u00e9lev\u00e9 et form\u00e9. Toute l’Inde, tout l’Orient m’apparurent d\u00e9sormais sous un jour nouveau. Ce que j’avais pris jusque l\u00e0 pour arri\u00e9ration, superstition ou refus du progr\u00e8s prenait, \u00e0 la lumi\u00e8re de la d\u00e9monstration \u00e9blouissante de Gu\u00e9non, une toute autre signification: il s’agissait plut\u00f4t d’expressions, m\u00eame amoindries et d\u00e9cadentes, d’un ordre de choses proc\u00e9dant de la tradition universelle, laquelle, jusqu’aux bouleversements issus de ce que nous appelons la Renaissance, avait \u00e9t\u00e9, sous des formes diverses, l’inspiratrice de toutes les grandes civilisations, y compris celle de notre Moyen Age chr\u00e9tien, et les avait sacralis\u00e9es. Malgr\u00e9 l’\u00e9volution cosmique descendante, dont les Hindous sont particuli\u00e8rement conscients lorsqu’ils d\u00e9signent notre temps comme celui du \u00ab\u00a0Kali Yuga\u00a0\u00bb, l’\u00e2ge sombre, l’Orient \u00e9tait g\u00e9n\u00e9ralement demeur\u00e9 fid\u00e8le \u00e0 cette tradition, alors que l’Occident, adonn\u00e9 aux r\u00e9volutions et aux illusions entretenues par l’id\u00e9e de \u00ab\u00a0progr\u00e8s\u00a0\u00bb, avait perdu la dimension verticale du monde et de la nature humaine pour d\u00e9velopper une civilisation horizontale, mat\u00e9rielle et quantitative, abolissant les valeurs sacr\u00e9es au profit d’une totale s\u00e9cularisation.<\/p>\n

Depuis cette \u00e9poque, l’oeuvre de Gu\u00e9non, disparu en 1951, s’est consid\u00e9rablement r\u00e9pandue dans un public tr\u00e8s divers mais g\u00e9n\u00e9ralement \u00e9tranger aux milieux universitaires dont elle critique vivement la mentalit\u00e9. Elle a certes suscit\u00e9 de fortes oppositions en Occident, ce qui \u00e9tait in\u00e9vitable d\u00e8s le moment o\u00f9 elle faisant le proc\u00e8s de la modernit\u00e9 qui en est issue, mais son influence a tout de m\u00eame contribu\u00e9 \u00e0 cr\u00e9er une nouvelle approche, plus bienveillante, de l’Orient et de ses civilisations. Pour ma part je m’effor\u00e7ais de compl\u00e9ter ma connaissance de cette oeuvre, qui renouvelait mon regard sur la r\u00e9alit\u00e9 indienne objet de mes enqu\u00eates. Mes \u00ab\u00a0papiers\u00a0\u00bben t\u00e9moignaient et des r\u00e9actions de lecteurs m’apprirent qu’ils en appr\u00e9ciaient le ton nouveau et l’attitude plus compr\u00e9hensive. On ne saurait nier en effet que Gu\u00e9non, mieux que maints orientalistes patent\u00e9s, fournit des \u00ab\u00a0cl\u00e9s\u00a0\u00bb pour une compr\u00e9hension en profondeur de l’Orient.<\/p>\n

Cependant, il n’y avait pas que l’aspect professionnel de choses. Je portais d\u00e9j\u00e0 une vive reconnaissance \u00e0 Gu\u00e9non qui m’avait promptement gu\u00e9ri du nihilisme absurde de l’existentialisme en d\u00e9non\u00e7ant l’agnosticisme moderne comme une forme \u00e9labor\u00e9e et volontiers agressive de l’ignorance; mais il a toujours insist\u00e9 aussi sur le fait que la th\u00e9orie est peu de chose si elle ne s’accompagne pas d’un engagement personnel dans le cadre d’une v\u00e9ritable tradition ou de l’enseignement d’un authentique ma\u00eetre spirituel. En cons\u00e9quence, et comme je me trouvais en Inde, pays privil\u00e9gi\u00e9 \u00e0 cet \u00e9gard, je me mis en devoir de trouver un gourou.<\/p>\n

Mes investigations furent int\u00e9ressantes mais souvent aussi d\u00e9concertantes et d\u00e9cevantes. Je pus, dans divers ashrams, rencontrer des personnalit\u00e9s remarquables dont la plus \u00e9minente fut peut-\u00eatre le swami Sivananda, \u00e0 Rishikesh, sur les pentes de l’Himalaya, mais ailleurs je fus plusieurs fois rebut\u00e9 par l’empressement exag\u00e9r\u00e9 mis pas le ma\u00eetre de c\u00e9ans et ses disciples \u00e0 retenir le visiteur europ\u00e9en. Tel fut le cas au c\u00e9l\u00e8bre ashram de Pondich\u00e9ry que je visitai en compagnie de ma femme et o\u00f9 Shri Aurobindo vivait les derniers mois de son existence terrestre. La \u00ab\u00a0M\u00e8re\u00a0\u00bb, c\u00e9l\u00e8bre elle aussi, qui gouvernait la communaut\u00e9, nous accorda un long entretien au cours duquel elle d\u00e9veloppa toute une argumentation pour nous d\u00e9cider \u00e0 rester et \u00e0 nous joindre aux disciples. Mais plusieurs points de son discours ne correspondaient pas aux crit\u00e8res gu\u00e9noniens et notre r\u00e9action sans doute bien inspir\u00e9e, fut de lui t\u00e9moigner nos respects et de prendre cong\u00e9.<\/p>\n

De retour en Suisse apr\u00e8s une nouvelle s\u00e9rie de reportages jusque dans des r\u00e9gions de l’Orient aussi extr\u00eames que la Cor\u00e9e en guerre, je n’avais toujours trouv\u00e9 ni voie spirituelle ni gourou. Ce fut alors que Jean Herbert, dont me rapprochait un int\u00e9r\u00eat commun pour l’Inde, m’apprit que Gu\u00e9non avait adh\u00e9r\u00e9 \u00e0 l’islam depuis de longues ann\u00e9es et pratiquait la voie contemplative des soufis. J’en fus d’autant plus surpris que, \u00e0 B\u00e9nar\u00e8s, j’avais entendu de la bouche d’un respectable pandit tr\u00e8s orthodoxe l’opinion que Gu\u00e9non, de tous les auteurs occidentaux ayant trait\u00e9 de l’hindouisme, \u00e9tait le seul qui en e\u00fbt pleinement saisi le sens et la port\u00e9e. Il me parut d’abord difficile de comprendre qu’il p\u00fbt pratiquer une autre religion.<\/p>\n

Sa sobre discipline,
\nsi elle tient le croyant
\nun peu \u00e0 l’\u00e9cart du monde moderne,
\nlui donne \u00e0 tout le moins la paix de l’\u00e2me<\/span><\/strong><\/p>\n

Quelques semaines plus tard, d’ailleurs, parvenait du Caire la nouvelle que l’\u00e9crivain fran\u00e7ais venait de mourir. Le premier porte-parole europ\u00e9en de la pens\u00e9e \u00ab\u00a0traditionnelle\u00a0\u00bb n’\u00e9tait plus, mais le courant intellectuel dont il avait \u00e9t\u00e9 l’initiateur restait bien vivant et tendait m\u00eame \u00e0 s’amplifier. Aux \u00e9ditions Gallimard se poursuivait la parution de la collection intitul\u00e9e pr\u00e9cis\u00e9ment \u00ab\u00a0Tradition\u00a0\u00bb o\u00f9, apr\u00e8s Gu\u00e9non, se signalaient deux auteurs encore inconnus des lecteurs de langue fran\u00e7aise, Ananda Coomaraswamy, l’\u00e9minent critique d’art anglo-indien qui faisait autorit\u00e9 aux \u00c9tats-Unis, et Frithjof Schuon dont paraissaient les premiers titres (De l’unit\u00e9 transcendante des religions<\/em> et L’Oeil du coeur<\/em>) d’une oeuvre consid\u00e9rable. En outre continuaient de para\u00eetre \u00e0 Paris les \u00c9tudes traditionnelles<\/em>, \u00ab\u00a0publication exclusivement consacr\u00e9e aux doctrines m\u00e9taphysiques et \u00e9sot\u00e9riques d’Orient et d’Occident\u00a0\u00bb, ainsi qu’elle se d\u00e9finissait elle-m\u00eame, dont Gu\u00e9non avait \u00e9t\u00e9 l’animateur pendant plus de vingt ans.<\/p>\n

La revue publiait des articles, g\u00e9n\u00e9ralement de bonne tenue, se rapportant en principe \u00e0 toutes les traditions sacr\u00e9es et traitant, par exemple, aussi bien du shinto\u00efsme japonais que du culte du Grand Esprit chez les Peaux-Rouges d’Am\u00e9rique. L’islam et sa spiritualit\u00e9 ne semblaient pas y occuper de place privil\u00e9gi\u00e9e et pourtant diverses \u00e9tudes sur le soufisme permettaient de pressentir que leurs auteurs en parlaient comme d’une r\u00e9alit\u00e9 v\u00e9cue.<\/p>\n

Ainsi que maints exemples l’ont montr\u00e9 en effet, l’oeuvre de Gu\u00e9non a conduit bon nombre de ses lecteurs \u00e0 l’islam et \u00e0 la voie soufique o\u00f9 lui-m\u00eame les avait pr\u00e9c\u00e9d\u00e9s. D’autres, assur\u00e9ment, lui doivent d’avoir retrouv\u00e9 la foi dans le cadre de leur religion d’origine, christianisme surtout, mais parfois aussi juda\u00efsme ou m\u00eame bouddhisme. Et cette diversit\u00e9 de voies est importante \u00e0 noter pour situer le courant \u00ab\u00a0traditionnel\u00a0\u00bb par rapport aux autres mouvements intellectuels, religieux et spirituels de notre temps. Il est parfaitement \u00e9vident que, par son universalisme, il est aux antipodes de la mentalit\u00e9 qui pr\u00e9side au foisonnement des sectes.<\/p>\n

L’adh\u00e9sion \u00e0 la pens\u00e9e \u00ab\u00a0traditionnelle\u00a0\u00bbillustr\u00e9e par Gu\u00e9non puis par d’autres auteurs comme Schuon, Titus Burckhardt ou Seyyed Hossein Nasr, a g\u00e9n\u00e9ralement suscit\u00e9 une double r\u00e9action: la premi\u00e8re, n\u00e9gative, pousse \u00e0 se d\u00e9solidariser d’une modernit\u00e9 apparaissant d\u00e9sormais comme r\u00e9volte contre tout ordre d’institution divine, comme ennemie des valeurs de l’esprit et comme source des illusions menant l’humanit\u00e9 \u00e0 sa perte; la seconde, positive, impose l’urgence de retrouver une voie authentique, donc traditionnelle, de salut et de r\u00e9alisation spirituelle. Or, \u00e0 cet \u00e9gard, les ma\u00eetres de ce courant intellectuel n’ont jamais rien \u00e9crit qui, de pr\u00e8s ou de loin, ait pu ressembler \u00e0 de la propagande. Ce qu’ils proclament, c’est la n\u00e9cessit\u00e9 de revenir non \u00e0 telle religion, mais \u00e0 la religion comme telle.<\/p>\n

Ceux qui ont suivi un tel cheminement n’ont donc pas pass\u00e9 par ce qu’on appelle couramment une . Il serait plus juste de leur appliquer cette formule fr\u00e9quemment entendue en Inde: ce n’est pas l’homme qui choisit la voie, mais la voie qui choisit l’homme.<\/p>\n

Maintenant, si c’est vers l’islam et sa spiritualit\u00e9 qu’ils se sont souvent dirig\u00e9s, il y a diverses raisons \u00e0 cela. D’abord, dans la perspective universaliste de la pens\u00e9e traditionnelle, l’islam appara\u00eet comme ce qu’il est selon sa propre doctrine: la conclusion et la synth\u00e8se de la R\u00e9v\u00e9lation universelle. D\u00e8s lors, le fait d’y adh\u00e9rer n’implique pas la rupture qu’on pourrait croire avec sa religion d’origine, dont la v\u00e9rit\u00e9 fondamentale n’est pas mise en question. On rel\u00e8vera ensuite que l’islam, troisi\u00e8me tradition issue de la souche abrahamique apr\u00e8s le juda\u00efsme et le christianisme, appartient au m\u00eame univers spirituel \u00ab\u00a0monoth\u00e9iste\u00a0\u00bb, de sorte qu’un Occidental ne saurait s’y sentir trop d\u00e9pays\u00e9.<\/p>\n

Enfin, en d\u00e9pit de toutes les apparences contraires, l’islam demeure le d\u00e9positaire d’immenses tr\u00e9sors d’intellectualit\u00e9 traditionnelle et de sagesse, et l’h\u00e9ritage des grands ma\u00eetres spirituels du pass\u00e9, comme Junayd, Ghaz\u00e2l\u00ee, J\u00eel\u00e2n\u00ee, Ibn Arab\u00ee, R\u00fbm\u00ee et tant d’autres, n’a pas fini de porter des fruits. Mais il s’agit l\u00e0, \u00e0 des degr\u00e9s divers, d’un \u00e9sot\u00e9risme, lequel, par d\u00e9finition, \u00e9chappe plus ou moins aux regards ext\u00e9rieurs. On peut affirmer pourtant que sa tradition se perp\u00e9tue dans le cadre du ta\u00e7awwuf<\/em>, le soufisme, ou \u00ab\u00a0mystique musulmane\u00a0\u00bb comme on dit couramment, et des confr\u00e9ries qui en \u00e9manent. Et il existe encore, parmi les cheikhs qui les dirigent, quelques ma\u00eetres authentiques se situant sans doute au niveau des plus \u00e9minents gourous de l’Inde.<\/p>\n

Cet aspect de l’islam ne correspond assur\u00e9ment gu\u00e8re \u00e0 l’image qu’il donne de lui-m\u00eame dans le monde. Mais peut-\u00eatre est-ce l\u00e0 pr\u00e9cis\u00e9ment une raison de plus de signaler cette face cach\u00e9e.<\/p>\n

M\u00eame dans les milieux cultiv\u00e9s, on con\u00e7oit \u00e0 grand-peine aujourd’hui que des Europ\u00e9ens d’apparence \u00e0 peu pr\u00e8s normale puissent pousser l’extravagance jusqu’\u00e0 pratiquer l’islam et \u00e0 s’en imposer les devoirs et contraintes. Les Occidentaux s’en \u00e9tonneraient moins sans doute s’ils \u00e9taient un peu mieux renseign\u00e9s sur cette religion qui, apr\u00e8s tout, n’est pas aussi \u00e9trang\u00e8re \u00e0 notre continent qu’on estime ordinairement. Sans parler des foules de musulmans venus r\u00e9cemment en Europe avec le choc en retour du colonialisme, l’Espagne, autrefois, fut terre d’islam pendant plus de sept si\u00e8cles; la Sicile le fut aussi, bien que moins longtemps et, \u00e0 l’heure actuelle, des millions de musulmans vivent dans les Balkans o\u00f9, incontestablement, ils sont chez eux.<\/p>\n

Les rites islamiques ne peuvent assur\u00e9ment pas se comparer \u00e0 ceux du christianisme et pourtant ils ne pr\u00e9sentent rien de plus extraordinaire, au contraire puisqu’ils n’exigent pas du fid\u00e8le qu’il croie en des \u00ab\u00a0myst\u00e8res\u00a0\u00bb mais lui imposent simplement une attitude d’adoration et de soumission au Dieu unique. La diff\u00e9rence fondamentale entre un Occidental moyen et un musulman pratiquant ne se situe probablement pas au niveau des h\u00e9ritages culturels, mais correspond plut\u00f4t \u00e0 la contradiction qui oppose in\u00e9vitablement \u00e0 la civilisation s\u00e9cularis\u00e9e actuelle tout homme attach\u00e9 \u00e0 une tradition sacr\u00e9e. A cet \u00e9gard le musulman fid\u00e8le \u00e0 sa foi reste toujours plus ou moins \u00e9tranger au monde moderne.<\/p>\n

Pareille situation lui pose forc\u00e9ment des probl\u00e8mes et l’astreint \u00e0 une discipline fort peut conforme \u00e0 l’esprit du si\u00e8cle, mais elle lui apporte maintes compensations dont la moindre n’est pas la paix de l’\u00e2me. Car, en acceptant cette discipline, non seulement il a le sentiment d’\u00eatre r\u00e9concili\u00e9 avec son Cr\u00e9ateur, \u00e0 qui il fait acte d’ob\u00e9issance dans l’accomplissement de chacune de ses obligations religieuses, mais il retrouve un \u00e9tat d’harmonie avec la cr\u00e9ation. En effet, les rites islamiques ont un lien \u00e9vident avec les grands rythmes cosmiques, en particulier avec le mouvement du soleil qui d\u00e9termine les heures des pri\u00e8res quotidiennes, ainsi qu’avec celui de la lune qui demeure la base du calendrier musulman. Leur symbolisme rappelle \u00e0 l’homme qu’il occupe une place centrale dans l’univers o\u00f9 il a \u00e9t\u00e9 fait \u00ab\u00a0vicaire de Dieu\u00a0\u00bb, ce qui le rend solidaire de la nature et de tout l’ordre des choses cr\u00e9\u00e9es, mais le d\u00e9solidarise d’une civilisation responsable de la crise \u00e9cologique et autres cataclysmes mena\u00e7ants.<\/p>\n

Peut-\u00eatre y a-t-il lieu d’ajouter que la pratique de l’islam ne favorise nullement l’exaltation religieuse, mais s’accompagne plut\u00f4t de sobri\u00e9t\u00e9 et de s\u00e9r\u00e9nit\u00e9. Car la foi qui en est la motivation est faite de certitude et de sagesse, certitude de l’Absolu, de la Toute-R\u00e9alit\u00e9 divine, et sagesse reconnaissant que tout le reste, tout ce qui constitue l’ici-bas, est relatif et contingent, \u00ab\u00a0divertissement et jeu\u00a0\u00bb selon les termes du Coran.<\/p>\n

Il est trop \u00e9vident qu’\u00e0 notre \u00e9poque toutes les religions sont plus ou moins en d\u00e9clin ou en crise. L’islam n’\u00e9chappe pas \u00e0 la r\u00e8gle, mais en d\u00e9pit de sa d\u00e9cadence, de ses turbulences et des exc\u00e8s injustifiables commis en son nom, il est, dans sa r\u00e9alit\u00e9 v\u00e9cue par des centaines de millions de croyants, tr\u00e8s diff\u00e9rent de ce que l’actualit\u00e9 fait appara\u00eetre de lui, et demeure un extraordinaire r\u00e9servoir de foi et de pri\u00e8re. Et s’il est toujours capable d’attirer des Occidentaux en qu\u00eate de l’essentiel, de \u00ab\u00a0la seule chose n\u00e9cessaire\u00a0\u00bb, que leur refuse leur propre civilisation, il ne le doit \u00e9videmment pas au khomeinisme ni \u00e0 d’autres formes plus ou moins aberrantes d’int\u00e9grisme et d’\u00e9troitesse d’esprit, mais \u00e0 sa spiritualit\u00e9 toujours vivante et au fait fondamental qu’il reste expression directe de la V\u00e9rit\u00e9 transcendante, sans laquelle il ne saurait y avoir de v\u00e9ritable religion.<\/p>\n

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Le Temps strat\u00e9gique, No 22, Gen\u00e8ve, automne1987.<\/p>\n

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Le soufisme ou l’ivresse de Dieu<\/strong><\/div>\n
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On entend par soufisme la mystique musulmane, soit l’exp\u00e9rience spirituelle qui, dans le cadre de l’islam, permet \u00e0 celui qui la pratique de s’unir avec Dieu. Les soufis – de l’arabe s\u00fbf<\/em>, laine, \u00e0 cause de la pauvret\u00e9 et du d\u00e9tachement du monde profess\u00e9s par les premiers adh\u00e9rents – s’organis\u00e8rent d\u00e8s les d\u00e9buts de l’h\u00e9gire (VIIe si\u00e8cle) dans les villes d’Irak. Le soufisme fut tant\u00f4t tol\u00e9r\u00e9, tant\u00f4t proscrit par l’islam officiel qui doute qu’un croyant orthodoxe puisse rechercher l’extase – la communion avec Dieu – par des pri\u00e8res ou une asc\u00e8se sp\u00e9ciales.<\/p>\n

La doctrine musulmane traditionnelle enseigne que la qualit\u00e9 de musulman comprend trois \u00e9l\u00e9ments fondamentaux: islam, la soumission, l’abandon \u00e0 la Volont\u00e9 divine; im\u00e2n<\/em>, la foi en Dieu et en son Messager,ihs\u00e2n<\/em>, la vertu, la sinc\u00e9rit\u00e9, l’excellence. C’est sur cette troisi\u00e8me qualit\u00e9 que les ma\u00eetres soufis ont mis un accent particulier en instituant une m\u00e9thode de m\u00e9ditation – fiqr<\/em> – qui permet de p\u00e9n\u00e9trer la v\u00e9rit\u00e9 la plus profonde de l’islam. En pratique, cette m\u00e9ditation se r\u00e9duit souvent \u00e0 la technique de la litanie, qui consiste \u00e0 invoquer et \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter inlassablement le nom de Dieu (dhikr<\/em>). Suivant les confr\u00e9ries, ces oraisons s’accompagnent de battements de tambours, d’inspirations et d’expirations, de gestes rythm\u00e9s, voire de danse dans le cas des derviches tourneurs, qui aident \u00e0 atteindre l’extase. Mais elles peuvent tr\u00e8s bien \u00eatre individuelles et silencieuses.<\/p>\n

La voie soufique a inspir\u00e9 un nombre consid\u00e9rable de penseurs, de po\u00e8tes et de th\u00e9ologiens musulmans qui devinrent des saints et furent r\u00e9v\u00e9r\u00e9s comme tels. Parmi les plus c\u00e9l\u00e8bres, on peut citer Mans\u00fbr al-Hall\u00e2j (858-922), figure christique du soufisme, supplici\u00e9 pour avoir dit: \u00ab\u00a0Je suis la V\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb, soit \u00ab\u00a0Je suis Dieu\u00a0\u00bb, pour signifier que Dieu parlait par sa bouche: Muhammad al-Ghez\u00e2l\u00ee (1058-1111), qui essaya de r\u00e9concilier la tradition, la raison et la mystique, ce qui lui valut le nom de \u00ab\u00a0Preuve de l’Islam\u00a0\u00bb; Abd al-Q\u00e2dir al-J\u00eel\u00e2n\u00ee (1077-1166), appel\u00e9 le \u00ab\u00a0Sultan des Saints\u00a0\u00bb, fondateur de l’ordre Q\u00e2d\u00eeri: Muhy’id-D\u00een Ibn Arab\u00ee (1165-1240), initiateur de la doctrine de l’unicit\u00e9 de l’\u00catre suivant laquelle Dieu est omnipr\u00e9sent, tout \u00e9manant de lui et tout y retournant; Jalal ad-D\u00een R\u00fbm\u00ee (1207-1273), fondateur de l’ordre Mawl\u00e2wi, des derviches-tourneurs, et qui a dit: \u00ab\u00a0Tous les chemins m\u00e8nent \u00e0 Dieu: j’ai choisi celui de la danse et de la musique.\u00a0\u00bb<\/p>\n

\u00ab\u00a0Une extase dont le feu ne s’\u00e9teint jamais…\u00a0\u00bb<\/strong>
\n\u00ab\u00a0Louable est mon ivresse licite est le nectar
\nDont la vigne et son fruit n’ont pas eu de part.
\nA la coupe divine o\u00f9 je portai mes l\u00e8vres,
\nL’unique goutte bue, en mon \u00e2me soul\u00e8ve
\nUne extase dont le feu ne s’\u00e9teindra jamais. .
\nL’Amour! Lorsqu’il atteint le Coeur d’un amoureux
\nFait que la nuit obscure pour lui devient clart\u00e9…\u00a0\u00bb<\/p>\n

(Al-J\u00eel\u00e2n\u00ee) Roger Du Pasquier, D\u00e9couverte de l’Islam<\/em> Paris, Seuil, 1984.<\/p>\n

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De quelques noms cit\u00e9s<\/strong><\/div>\n

Alain Dani\u00e9lou <\/strong>(n\u00e9 en 1907)
\nApr\u00e8s diverses \u00e9tudes artistiques \u00e0 Paris et aux \u00c9tats-Unis, Alain Dani\u00e9lou partit pour l’Orient o\u00f9 il visita de nombreux pays avant de se fixer en Inde, \u00e0 B\u00e9nar\u00e8s, il y \u00e9tudia la musique, la philosophie, les langues et les traditions religieuses, sur lesquelles il publia de nombreux ouvrages, dont Histoire de l’Inde<\/em> (Paris, Fayard, 1983) et Les quatre sens de la vie et les structures sociales de l’Inde traditionnelle<\/em> (Paris, Buchet-Chastel, 1984) sont peut-\u00eatre les plus marquants. Il signera un article sur l’Inde dans le prochain \u00ab\u00a0Temps strat\u00e9gique\u00a0\u00bb (No 23).<\/p>\n

Swami Sivananda<\/strong> (1887-1963)
\nM\u00e9decin indien qui se retira de la vie s\u00e9culi\u00e8re pour mener une vie d’asc\u00e8te et de sage. Son message: \u00ab\u00a0Servez, aimez, donnez, purifiez, m\u00e9ditez, r\u00e9alisez.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Shri Aurobindo<\/strong> (1872-1950)
\nAncien militant nationaliste bengali, Aurobindo fuit les Anglais et se r\u00e9fugia dans l’enclave fran\u00e7aise de Pondich\u00e9ry, o\u00f9 il red\u00e9couvrit l’hindouisme et les traditions de l’Inde. Son ashram, qui attira de nombreux Europ\u00e9ens, et ses \u00e9crits, qui cherchaient \u00e0 faire la synth\u00e8se des religions et des valeurs orientales et occidentales, eurent un retentissement dans le monde entier.<\/p>\n

Ananda Coomaraswamy <\/strong>(1877-1947)
\nHistorien de l’art cinghalais qui milita activement en faveur de l’\u00e9ducation en Inde avant de se sp\u00e9cialiser dans l’\u00e9tude des arts et de la philosophie indiens, mettant notamment en lumi\u00e8re le sens symbolique des sculptures et de l’imagerie sacr\u00e9e. Hindouisme et bouddhisme<\/em> a paru chez NRF\/Gallimard en 1948.<\/p>\n

Jean Herbert<\/strong> (mort en 1980)
\nInterpr\u00e8te aux Nations-Unies \u00e0 Gen\u00e8ve, Jean Herbert, devenu hindouiste dans les ann\u00e9es 1930, a \u00e9crit et traduit de nombreux ouvrages sur la spiritualit\u00e9 hindoue, chez Albin Michel, dont il \u00e9tait directeur de collection.<\/p>\n

Frithjof Schuon <\/strong>(n\u00e9 en 1907)
\nN\u00e9 \u00e0 B\u00e2le de parents allemands mais de nationalit\u00e9 fran\u00e7aise avant de devenir Suisse, Frithjof Schuon a d’abord fait des \u00e9tudes de dessinateur avant d’apprendre l’arabe et d’\u00e9tudier l’islam et les religions traditionnelles, \u00e0 propos desquels il a \u00e9crit d’innombrables ouvrages.<\/p>\n

Titus Burckhardt <\/strong>(1908-1984)
\n\u00c9crivain et historien de l’art b\u00e2lois, sp\u00e9cialiste de l’art islamique. A c\u00f4t\u00e9 de ses livres sur l’art et l’architecture islamiques, on peut signaler son Introduction aux doctrines \u00e9sot\u00e9riques de l’islam <\/em>(soufisme) et Alchimie – sa signification et son image du monde.<\/em><\/p>\n

Seyyed Hossein Nasr<\/strong> (n\u00e9 en 1933)
\nProfesseur d’histoire des sciences et de philosophie \u00e0 l’Universit\u00e9 de T\u00e9h\u00e9ran, dont il fut vice-recteur, Hossein Nasr vit aujourd’hui \u00e0 Washington, o\u00f9 il enseigne. Il a \u00e9galement publi\u00e9 de nombreux ouvrages sur l’islam et la pens\u00e9e traditionnelle.<\/p>\n

Peut-\u00eatre, un jour, trouverez-vous<\/strong>
\nRen\u00e9 Gu\u00e9non sur votre chemin…<\/strong><\/div>\n
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Ren\u00e9-Jean-Marie-Joseph Gu\u00e9non est n\u00e9 en 1886 \u00e0 Blois en France. Apr\u00e8s des \u00e9tudes de math\u00e9matiques, il entreprend la recherche de la \u00ab\u00a0parole perdue\u00a0\u00bb, d’abord en fr\u00e9quentant les cercles occultistes, spiristes, ma\u00e7onniques et autres pseudo-\u00e9coles d’initiation afin de combattre leurs th\u00e9ories, puis en se frottant aux ma\u00eetres des grandes religions traditionnelles – hindouisme, tao\u00efsme et islam notamment. En 1930, il quitte Paris pour Le Caire, o\u00f9 il finit par s’installer. Il \u00e9pouse une Cairote en secondes noces, s’arabise tout \u00e0 fait et m\u00e8ne une existence enti\u00e8rement musulmane entre l’Universit\u00e9 El-Azhar, la revue El-Marifaah et la poursuite de son oeuvre sur la tradition universelle. Il meurt en 1951.<\/p>\n

Pourquoi restez-vous en dehors de ce que vous \u00eates?<\/strong>
\nSelon Ren\u00e9 Guenon, le but de tout homme est de parvenir \u00e0 la r\u00e9alisation spirituelle (ou r\u00e9alisation m\u00e9taphysique), laquelle consiste \u00e0 s’identifier avec sa propre essence, ou, en d’autres termes, \u00e0 devenir r\u00e9ellement ce que l’on est (\u00e9tant entendu que l’homme actuel se tient \u00ab\u00a0en dehors\u00a0\u00bb de son essence, ce que signifie tr\u00e8s pr\u00e9cis\u00e9ment le mot existence – du latin ex-sistere se tenir hors de).<\/p>\n

Cette r\u00e9alisation, qui s’op\u00e8re par la prise de conscience de la r\u00e9alit\u00e9 de l’Esprit, transforme radicalement l’\u00eatre humain et n’est possible que par la gr\u00e2ce d’une influence spirituelle venue d’En-Haut et communiqu\u00e9e par un rite d’origine non-humaine: seules l’adh\u00e9sion \u00e0 une religion authentique et la pratique de ses rites peuvent d\u00e9boucher sur un r\u00e9sultat spirituel.<\/p>\n

Pouvez-vous \u00eatre initi\u00e9?<\/strong>
\nPour l’homme, deux fins sont concevables: la perfection de l’\u00e9tat humain et la perfection de l’\u00e9tat divin, puisqu’il y a en lui quelque chose de Dieu. Toutes les religions se proposent la premi\u00e8re, que Gu\u00e9non d\u00e9signe par le terme de salut. Elles s’adressent a tous les hommes pour sauver tout l’homme.<\/p>\n

Pour atteindre la seconde fin, que l’Inde appelle \u00ab\u00a0d\u00e9livrance\u00a0\u00bb, il faut un rite sp\u00e9cial, donn\u00e9 seulement \u00e0 ceux qui sont \u00ab\u00a0qualifi\u00e9s\u00a0\u00bb, pr\u00eats \u00e0 le recevoir, et que Gu\u00e9non appelle un rite initiatique (de initium commencement) parce qu’il inaugure le d\u00e9but de la voie spirituelle et qu’il conf\u00e8re le germe de la d\u00e9ification. Cette initiation n’a donc rien \u00e0 voir avec les rites \u00e9sot\u00e9riques vulgaires.<\/p>\n

Changez vos rep\u00e8res mentaux!<\/strong>
\nLes chemins qui conduisent \u00e0 cette r\u00e9alisation spirituelle sont triples, ils passent par la m\u00e9taphysique, la tradition et le symbolisme. La m\u00e9taphysique – le supraphysique et donc, le surnaturel – n’est pas un exercice profane de la raison sp\u00e9culant sur des donn\u00e9es empiriques, mais une doctrine revue – r\u00e9v\u00e9l\u00e9e – intrins\u00e8quement sacr\u00e9e et toujours encadr\u00e9e par la forme traditionnelle (une des religions authentiques, qu’elle soit hindoue, chinoise, islamique ou chr\u00e9tienne). L’acc\u00e8s \u00e0 cette doctrine sacr\u00e9e exige une v\u00e9ritable r\u00e9forme de l’homme moderne, un changement radical de ses rep\u00e8res mentaux qui lui fassent oublier les erreurs et les illusions du monde profane (id\u00e9ologie du progr\u00e8s qui fait condamner tout ce qui a pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 au nom de la sup\u00e9riorit\u00e9 de ce qui suit: superstition ce la science qui pr\u00e9tend constituer la seule forme de savoir authentique: illusion de la vie ordinaire qui survalorise le travail, la production, la consommation, le plaisir et \u00e9carte la religion) et les s\u00e9ductions des impostures religieuses et des parodies de l’\u00e9sot\u00e9risme (spiritisme, th\u00e9osophisme, satanisme et autres charlatanismes provoqu\u00e9s par le refus de la tradition et l’ignorance de la doctrine m\u00e9taphysique en Occident).<\/p>\n

Tout n’est pas \u00e0 refaire…<\/strong>
\nQuant \u00e0 la tradition (du latin tradere<\/em>, livrer, transmettre), elle comprend tout ce que l’homme n’a pas invent\u00e9 mais re\u00e7u \u00e0 l’origine des temps. Elle trouve donc son point de d\u00e9part dans l’origine suprahumaine de toutes choses dans le \u00ab\u00a0Paradis terrestre\u00a0\u00bb, avant de prendre des formes multiples au cours des \u00e2ges, selon les mentalit\u00e9s, formes qui correspondent \u00e0 toutes les religions du monde r\u00e9sultant d’une r\u00e9v\u00e9lation divine, chacune d’elles se trouvant donc sur un pied d’\u00e9galit\u00e9 quant \u00e0 son but qui est de d\u00e9livrer la v\u00e9rit\u00e9 essentielle. La tradition est donc la marque distinctive de toutes les civilisations non modernes. Mais elle n’est pas fixe ni rigide pour autant: elle \u00e9volue en fonction des cycles cosmiques qui r\u00e9gissent l’histoire humaine. Les cycles se suivent mais ne se r\u00e9p\u00e8tent pas \u00e0 l’identique, si bien que la tradition est en somme ce qui reste \u00e0 travers ce qui se passe et se perd au cours des cycles. Selon ce point de vue et les traditions r\u00e9v\u00e9l\u00e9es, nous serions en ce moment \u00e0 la fin de l’\u00e2ge de fer – ou des conflits, selon les Hindous – o\u00f9 l’obscurcissement spirituel atteint sa limite.<\/p>\n

Le myst\u00e8re a sa force aussi<\/strong>
\nLes symboles enfin sont un moyen de connaissance et de r\u00e9alisation spirituelle. Fond\u00e9s sur la nature des choses, ils mettent r\u00e9ellement en relation l’\u00eatre sensible et corporel avec les \u00e9tats sup\u00e9rieurs et donc avec Dieu L’existence du symbolisme sacr\u00e9 – \u00e0 travers les arts, les textes, les rites traditionnels – est \u00e0 l’origine de la distinction entre ce qu’il y a de relativement ext\u00e9rieur, de public, d’\u00e9vident pour tous dans une tradition, et ce qu’il y a de plus int\u00e9rieur, de plus cach\u00e9 sous les apparences, et que seul un enseignement \u00e9sot\u00e9rique permet de saisir.<\/p>\n

D’apr\u00e8s J. Borella. Connaissance des religions, <\/em>N\u00b0 3, d\u00e9cembre 1986.<\/p>\n

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Un \u00e9chantillon du style de Ren\u00e9 Gu\u00e9non<\/strong><\/div>\n
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[…] En entourant constamment l’homme des produits de l’industrie moderne, en ne lui permettant pour ainsi dire plus de voir autre chose (sauf, comme dans les mus\u00e9es par exemple, \u00e0 titre de simples \u00ab\u00a0curiosit\u00e9s\u00a0\u00bb n’ayant aucun rapport avec les circonstances \u00ab\u00a0r\u00e9elles\u00a0\u00bb de sa vie, ni par cons\u00e9quent aucune influence effective sur celle-ci), on le contraint v\u00e9ritablement \u00e0 s’enfermer dans le cercle \u00e9troit de la \u00ab\u00a0vie ordinaire\u00a0\u00bb comme dans une prison sans issue. Dans une civilisation traditionnelle, au contraire, chaque objet, en m\u00eame temps qu’il \u00e9tait aussi parfaitement appropri\u00e9 que possible \u00e0 l’usage auquel il \u00e9tait imm\u00e9diatement destin\u00e9, \u00e9tait fait de telle fa\u00e7on qu’il pouvait \u00e0 chaque instant et du fait m\u00eame qu’on en faisait r\u00e9ellement usage (au lieu de le traiter en quelque sorte comme une chose morte ainsi que le font les modernes pour tout ce qu’ils consid\u00e8rent comme des ), servir de \u00ab\u00a0support\u00a0\u00bb de m\u00e9ditation reliant l’individu \u00e0 quelque chose d’autre que la simple modalit\u00e9 corporelle et aidant ainsi chacun \u00e0 s’\u00e9lever \u00e0 un \u00e9tat sup\u00e9rieur selon la mesure de ses capacit\u00e9s: quel ab\u00eeme entre ces deux conceptions de l’existence humaine !<\/p>\n

Ren\u00e9 Gu\u00e9non, Le r\u00e8gne de la quantit\u00e9 et les signes des temps. <\/em>Paris, NRF\/Gallimard, 1972.<\/p>\n<\/div>\n

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De quelques titres gu\u00e9noniens<\/strong><\/div>\n

Introduction \u00e0 l’\u00e9tude des doctrines hindoues. <\/strong>Paris et Grenoble, L’Anneau d’or\/Ed. Didier et Bichard, 1930.<\/p>\n

La crise du monde moderne<\/strong>. Paris, NRF\/Gallimard, 1946.<\/p>\n

Orient et Occident. <\/strong>Paris, Ed Vega, 1947.<\/p>\n

Le r\u00e8gne de la quantit\u00e9 et les signes des temps.<\/strong> Paris, NRF\/Gallimard, 1945.<\/p>\n

L’homme et son devenir selon le Vedanta.<\/strong> Paris, les \u00c9ditions traditionnelles, 1947.<\/p>\n

\u00ab\u00a0Ren\u00e9 Gu\u00e9non. Rep\u00e8res essentiels\u00a0\u00bb<\/strong>, par Jean Borella. In: Connaissance des religions,<\/em> vol 11, No 3, d\u00e9cembre 1986.<\/p>\n

Pour remonter aux sources de la tradition et de l’islam<\/strong><\/div>\n

Comprendre l’islam<\/strong>, par Frithjof Schuon. Paris, Seuil, 1976.<\/p>\n

Regards sur le monde ancien<\/strong>, par Frithjof Schuon. Paris, Villain et Belhomme\/\u00c9ditions traditionnelles, 1968.<\/p>\n

Qu’est-ce que le soufisme?<\/strong> Par Martin Lings. Paris, Seuil 1977.<\/p>\n

Principes et m\u00e9thodes de l’art sacr\u00e9<\/strong>, par Titus Burckhardt. Paris, Dervy-Livres, 1976.<\/p>\n

Islam. Perspectives et r\u00e9alit\u00e9s<\/strong>, par Seyyed Hossein Nasr. Paris, Buchet\/Chastel, 1978.<\/p>\n

Knowledge and the Sacred<\/strong>, par Seyyed Hossein Nasr. \u00c9dimbourg, Edinburgh University Press, 1981.<\/p>\n

De l’unit\u00e9 transcendante des religions<\/strong>, par Frithjof Schuon. Paris, NRF\/Gallimard, 1948.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

INTERPR\u00c9TATIONS Humble voyage d’un Occidental vers l’Islam Le r\u00e9cit d’un journaliste suisse Par Roger Du Pasquier Roger Du Pasquier, licenci\u00e9 en histoire et g\u00e9ographie, journaliste, a \u00e9crit D\u00e9couverte de l’Islam (Paris, Seuil, 1984). L’Islam entre la tradition et la r\u00e9volution (Paris, Tougui, 1987) et pr\u00e9pare, pour les \u00c9ditions du Cerf, \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1325,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-435","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/435","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=435"}],"version-history":[{"count":5,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/435\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1327,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/435\/revisions\/1327"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/1325"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=435"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}