{"id":395,"date":"2015-01-01T20:20:18","date_gmt":"2015-01-01T19:20:18","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=395"},"modified":"2015-01-18T21:53:30","modified_gmt":"2015-01-18T20:53:30","slug":"dictionnaire-elementaire-de-lislam","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=395","title":{"rendered":"Dictionnaire \u00e9l\u00e9mentaire de l’Islam"},"content":{"rendered":"
par Tahar Ga\u00efd<\/strong><\/p>\n [extraits]<\/p>\n Extraits de Dictionnaire \u00e9l\u00e9mentaire de l’Islam, <\/em>par Tahar Ga\u00efd (Alger, Office des publications universitaires, 2e \u00e9dition, 1986).<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/a>ANGE <\/strong> Nous devons \u00e0 un Hadith la nature des anges : ils sont cr\u00e9\u00e9s de lumi\u00e8re (n\u00fbr)<\/em>. Le Coran nous apprend qu’ils sont ail\u00e9s : \u00a0\u00bb Louange \u00e0 Dieu, Cr\u00e9ateur des cieux et de la terre qui prend pour messagers les Anges, pourvus de deux, de trois ou de quatre ailes \u00a0\u00bb (S. XXXV, 1).<\/p>\n Nous savons \u00e9galement qu’ils sont purs, immortels et n’enfantent pas. Leur qualit\u00e9 fondamentale est l’ob\u00e9issance \u00e0 Dieu ; ils n’agissent que sur son ordre. Tous c\u00e9l\u00e8brent Ses louanges et Sa gloire en permanence, sans se lasser. Nous citerons quelques versets parmi tant d’autres qui se r\u00e9f\u00e8rent \u00e0 la perfection des anges : \u00a0\u00bb Ceux qui sont dans les cieux et sur la terre lui appartiennent. Ceux qui sont proches de lui ne se consid\u00e8rent pas trop grands, pour l’adorer et ils ne s’en lassent pas, \u00a0\u00bb \u00a0\u00bb Ils c\u00e9l\u00e8brent ses louanges nuit et jour sans jamais s’interrompre, \u00a0\u00bb \u00a0\u00bb Ils ne devancent pas la Parole et ils agissent sur son ordre \u00a0\u00bb (S. XXI, 19, 20, 27), \u00a0\u00bb Ils ne d\u00e9sob\u00e9issent pas \u00e0 l’ordre de Dieu, ils font ce qui leur est command\u00e9 \u00a0\u00bb (S. LXVI, 6).<\/p>\n Des noms propres sont attribu\u00e9s \u00e0 certains anges. Le Coran en mentionne quelques-uns et d\u00e9finit leur fonction. Gabriel (Jibr\u00eel)<\/em> revient trois fois dans le Livre sacr\u00e9 et Michel (Mika\u00ebl)<\/em>, qui a la haute main sur les forces de la nature, est cit\u00e9 une seule fois : \u00a0\u00bb Dis .: qui est l’ennemi de Gabriel, \u00a0\u00bb Celui qui est ennemi de Dieu, de ses anges, de ses ap\u00f4tres, de Gabriel et de Mika\u00ebl, Dieu est l’ennemi des incr\u00e9dules \u00a0\u00bb \u00a0\u00bb (S. II, 97, 98). \u00a0\u00bb Mais si vous vous soutenez mutuellement contre le Proph\u00e8te, sachez que Dieu est son Ma\u00eetre et qu’il a pour soutien Gabriel et tout homme juste parmi les croyants et m\u00eame les anges \u00a0\u00bb (S. LXVI, 4).<\/p>\n Gabriel est \u00e9galement identifi\u00e9 dans le Coran avec l’Esprit fid\u00e8le (ruh al-am\u00een)<\/em> : \u00a0\u00bb L’Esprit fid\u00e8le est descendu avec lui sur ton coeur \u00a0\u00bb (S. XXVI, 193). L’expression l’Esprit de saintet\u00e9 lui est encore appliqu\u00e9e : \u00a0\u00bb L’Esprit de saintet\u00e9 l’a fait descendre avec la V\u00e9rit\u00e9, de la part de ton Seigneur \u00a0\u00bb (S. XVI, 102).<\/p>\n C’\u00e9tait Gabriel qui portait aux proph\u00e8tes la Parole de Dieu. La fonction qui lui \u00e9tait attribu\u00e9e explique l’unit\u00e9 du Coran et des messages ant\u00e9rieurs : \u00a0\u00bb Dis : qui est l’ennemi de Gabriel ?…- C’est lui qui a fait descendre en ton coeur avec la permission de Dieu le Livre qui confirme ce qui \u00e9tait avant lui. Direction et bonne nouvelle pour les croyants-\u00a0\u00bb (S. II, 97).<\/p>\n Dieu a envoy\u00e9 Gabriel pour annoncer \u00e0 Marie la naissance de J\u00e9sus et pour assister ce dernier dans sa mission : \u00a0\u00bb Nous lui avons envoy\u00e9 notre Esprit. il se pr\u00e9senta devant elle sous la forme d’un homme parfait \u00ab\u00a0. \u00a0\u00bb Il dit : Je ne suis que l’envoy\u00e9 de ton Seigneur pour te donner un gar\u00e7on pur \u00a0\u00bb (S. XIX, 17, 19), \u00a0\u00bb Nous avons accord\u00e9 des preuves incontestables \u00e0 J\u00e9sus, fils de Marie et nous l’avons fortifi\u00e9 par l’Esprit de saintet\u00e9\u00a0\u00bb (S. I l, 87, 253), \u00a0\u00bb Dieu dit : O J\u00e9sus, fils de Marie ! Rappelle-toi mes bienfaits \u00e0 ton \u00e9gard et \u00e0 l’\u00e9gard de ta m\u00e8re. Je t’ai fortifi\u00e9 par l’Esprit de saintet\u00e9. D\u00e8s le berceau, tu parlais aux hommes comme un vieillard \u00a0\u00bb (S. V, 110).<\/p>\n Nous remarquerons que les anges sont appel\u00e9s \u00a0\u00bb envoy\u00e9s \u00a0\u00bb (rusul)<\/em>, \u00e9tant porteurs des Commandements divins. Un verset le confirme : \u00a0\u00bb Dieu a choisi des messagers parmi les anges et les hommes\u00a0\u00bb (S. XXII, 75). Ils sont intervenus dans ce sens aupr\u00e8s d’Abraham et des autres proph\u00e8tes pour les charger de proclamer l’Unicit\u00e9 de Dieu : \u00a0\u00bb ll fait descendre les Anges avec l’Esprit qui provient de son Commandement sur qui Il veut parmi ses serviteurs \u00a0\u00bb : \u00a0\u00bb Avertissez les hommes qu’en v\u00e9rit\u00e9, il n’y a de Dieu que moi : craignez-moi donc \u00a0\u00bb (S. XVI, 2), et aupr\u00e8s de Zacharie pour lui annoncer la naissance d’un fils : \u00a0\u00bb Tandis qu’il (Zacharie) priait debout dans le Temple, les anges lui cri\u00e8rent : Dieu t’annonce la bonne nouvelle de la naissance de Jean\u00a0\u00bb (S. III, 39). Ils en firent de m\u00eame \u00e0 propos de la naissance d’Is\u00e2ac, fils d’Abraham, etc.<\/p>\n Quand ils descendent du ciel, les anges peuvent prendre une forme humaine parfaite. Il en a \u00e9t\u00e9 ainsi par exemple lorsque Gabriel se pr\u00e9senta \u00e0 Abraham, \u00e0 Loth et \u00e0 Marie.<\/p>\n En plus de Gabriel et de Mika\u00ebl, le Coran signale une seule fois l’existence de l’ange de la mort (mal\u00e2k al-mawt)<\/em> sans le citer nomm\u00e9ment. La tradition l’appelle ‘Azr\u00e2\u00efl : \u00a0\u00bb Dis : L’Ange de la mort auquel vous \u00eates confi\u00e9s vous recueillera ; puis vous serez ramen\u00e9s vers votre Seigneur \u00a0\u00bb (S. XXXII, Il).<\/p>\n Le Coran ne parle pas \u00e9galement d’lsr\u00e2fil charg\u00e9 de sonner la trompette de la R\u00e9surrection ; c’est la tradition qui nous en donne le nom. Il cite par contre M\u00e2lik qui commande la garde de l’enfer. Ce sera \u00e0 lui que les locataires de la G\u00e9henne demanderont d’\u00eatre achev\u00e9s, incapables de supporter les souffrances du Feu : \u00a0\u00bb Ils crieront : O Malik ! Que ton Seigneur nous ach\u00e8ve ! \u00a0\u00bb (S. XLIII, 77).<\/p>\n Le Coran mentionne aussi une seule fois Harut et Marut qui apprennent la magie aux d\u00e9mons. Le Livre sacr\u00e9 ne pr\u00e9cise pas s’ils l’ont eux-m\u00eames pratiqu\u00e9e et il ne fait pas \u00e9tat de leur chute du ciel : \u00a0\u00bb lls enseignent aux hommes la magie, et ce qui, \u00e0 Babil, avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9 aux deux anges Harout et Marout. Ces deux-l\u00e0 n’instruisent personne sans dire : \u00ab\u00a0Nous ne constituons qu’une tentation, ne sois donc pas incr\u00e9dule\u00a0\u00bb. Les d\u00e9mons apprennent d’eux les moyens de s\u00e9parer le mari de son \u00e9pouse ; mais ils ne peuvent nuire \u00e0 personne sans la permission de Dieu \u00a0\u00bb (S. II, 102).<\/p>\n Enfin, il est question de quatre anges que le Livre saint ne nomme pas : Munkar et Nakir d’une part, Mubabashar et Bash\u00eer d’autre part. La fonction des deux premiers consiste \u00e0 interroger dans leur tombe, la nuit de leur enterrement, les m\u00e9cr\u00e9ants et les croyants ayant commis de graves p\u00e9ch\u00e9s. Le r\u00f4le des deux derniers est d’interroger les fid\u00e8les qui n’ont commis aucune faute.<\/p>\n D’autres anges dont le nom n’est pas connu remplissent \u00e9galement des fonctions d\u00e9termin\u00e9es. Les uns ont pour mission d’interdire l’acc\u00e8s du ciel aux d\u00e9mons qui s’y approchent en vue de percer les secrets divins : \u00a0\u00bb Nous avons d\u00e9cor\u00e9 le ciel le plus proche d’un ornement d’\u00e9toiles afin de le prot\u00e9ger contre tout d\u00e9mon rebelle. Les d\u00e9mons ne peuvent \u00e9couter les chefs supr\u00eames, car ils sont harcel\u00e9s de tous c\u00f4t\u00e9s ; ils sont repouss\u00e9s ; ils subiront un ch\u00e2timent perp\u00e9tuel \u00e0 moins que l’un d’eux ne saisisse au vol quelque chose ; mais il serait alors atteint par un bolide flamboyant \u00a0\u00bb (S. XXXVII, 6 \u00e0 10).<\/p>\n D’aucuns descendent dans la Nuit du D\u00e9cret pour r\u00e9gler toute chose : \u00a0\u00bb Les Anges et l’Esprit descendent durant cette Nuit, avec la permission de leur Seigneur, pour r\u00e9gler toute chose \u00a0\u00bb (S. XCVII, 4).<\/p>\n Il y a des anges qui enregistrent par \u00e9crit les actions quotidiennes des hommes : \u00a0\u00bb Pensent-ils que nous n’entendons pas leurs secrets et leurs confidences ? Bien au contraire ! Nos envoy\u00e9s plac\u00e9s aupr\u00e8s d’eux consignent tout par \u00e9crit \u00a0\u00bb (S. XLIII, 80). Appel\u00e9s h\u00e2fiz (ceux qui consignent ou qui retiennent), ils surveillent consciencieusement les hommes auxquels ils rappelleront le Jour du Jugement leur moindre fait : \u00a0\u00bb Il est le Ma\u00eetre absolu de ses serviteurs. Il envoie vers vous ceux qui enregistrent vos actes. Ainsi lorsque surviendra l’heure de la mort pour l’un d’entre vous, nos envoy\u00e9s le rappelleront aussit\u00f4t, car ils ne sont pas n\u00e9gligents \u00a0\u00bb (S. Vl, 61). \u00a0\u00bb Bien au contraire ! Vous traitez de mensonge le Jugement, alors que des gardiens veillent sur vous : de nobles scribes qui savent ce que vous faites \u00a0\u00bb (S. LXXXII, 9 \u00e0 12), \u00a0\u00bb Un gardien se tient aupr\u00e8s de chaque \u00e2me \u00a0\u00bb (S. LXXXVI, 4). La tradition dit que deux anges se tiennent l’un \u00e0 droite de l’homme et \u00e9crit ses bonnes actions, l’autre \u00e0 sa gauche et inscrit les mauvaises.<\/p>\n Les anges jouent un r\u00f4le en vue d’assister les croyants. Ils se transforment en arm\u00e9e invisible et assistent les mudj\u00e2hid\u00een dans leur lutte contre les infid\u00e8les comme ce fut le cas au cours de la bataille de Badr : \u00ab\u00a0Dieu vous a cependant secourus \u00e0 Badr, alors que vous \u00e9tiez humili\u00e9s. Craignez Dieu ! Peut-\u00eatre serez-vous reconnaissants ! \u00ab\u00a0, \u00a0\u00bb Lorsque tu disais aux croyants : ne vous suffit-il pas que votre Seigneur vous aide avec trois mille de ses anges descendus vers vous ? \u00a0\u00bb (S. III, 123, 124).<\/p>\n Les anges ont des fonctions au ciel, sur terre et aussi dans l’au-del\u00e0. Il existe des gardiens du Feu ; ils sont au nombre de dix-neuf : \u00ab\u00a0Ses surveillants sont au nombre de dix-neuf. Nous n’avons pris que des Anges comme gardiens du Feu\u00a0\u00bb (S. LXXIV, 30, 31). Ils se tiennent en permanence devant ceux qui, \u00e0 la suite de leurs mauvais actes terrestres, se sont condamn\u00e9s \u00e0 vivre dans la G\u00e9henne. Appel\u00e9s al-zab\u00e2niya, ils sont de taille immense et d’une tr\u00e8s grande force : \u00a0\u00bb Des Anges gigantesques et puissants se tiendront autour de ce Feu \u00a0\u00bb (S. LXVI, 6).<\/p>\n Au Jugement dernier, huit anges porteront le Tr\u00f4ne de Dieu : \u00a0\u00bb Les Anges se tiendront sur ses confins, tandis que ce Jour-l\u00e0 huit d’entre eux porteront le Tr\u00f4ne de ton Seigneur \u00a0\u00bb (S. LXIX, 17). D’autres accueilleront les cr\u00e9atures de Dieu et leur diront : \u00a0\u00bb Voici le Jour qui vous a \u00e9t\u00e9 promis \u00a0\u00bb (S. XXI, 103). Ils introduiront les heureux au paradis : \u00ab\u00a0ceux que les Anges rappellent, alors qu’ils sont bons, et \u00e0 qui ils disent . \u00a0\u00bb \u00a0\u00bb La Paix soit sur vous ! Entrez au Paradis, en r\u00e9compense de vos actions ! \u00a0\u00bb (S. XVI, 32). Ils pr\u00e9cipiteront les damn\u00e9s dans la fournaise et participeront \u00e0 leurs supplices : \u00a0\u00bb Si tu voyais les Anges emporter les incr\u00e9dules ! Ils frapperont leurs visages et leurs dos : \u00ab\u00a0Go\u00fbtez le ch\u00e2timent du Feu pour prix de ce que vous avez fait. \u00a0\u00bb Dieu n’est pas injuste envers ses serviteurs \u00a0\u00bb (S. VIII, 50, 51).<\/p>\n Certains anges auront un pouvoir d’intercession. Ils imploreront Dieu afin qu’II pardonne aux repentis : \u00a0\u00bb lls croient en lui, ils implorent son pardon pour les croyants : Notre Seigneur ! Tu embrasses toute chose en ta Mis\u00e9ricorde et en ta Science : pardonne \u00e0 ceux qui reviennent repentants vers toi ; \u00e0 ceux qui suivent ton chemin ! \u00c9pargne-leur le ch\u00e2timent de la Fournaise \u00a0\u00bb (S. XL, 7). L’intercession des anges ne concerne bien s\u00fbr que les croyants : \u00a0\u00bb Dieu sait ce qui se trouve devant et derri\u00e8re eux ; ils n’interc\u00e8dent qu’en faveur de ceux que Dieu agr\u00e9e et ils sont p\u00e9n\u00e9tr\u00e9s de crainte \u00a0\u00bb (S. XXI, 28). Mais : \u00a0\u00bb Que d’anges dans les cieux dont l’intercession sera inutile sinon apr\u00e8s que Dieu l’aura permise pour qui il voudra et avec son agr\u00e9ment \u00a0\u00bb (S. LIII, 26)<\/p>\n <\/a>B\u00c9DOUIN <\/strong> De nombreuses tribus avaient embrass\u00e9 l’Islam et s’\u00e9taient mises \u00e0 la disposition du Proph\u00e8te. On distinguait en leur sein trois cat\u00e9gories d’hommes :<\/p>\n Ceux qui s’\u00e9taient convertis sinc\u00e8rement : \u00a0\u00bb Certains B\u00e9douins croient en Dieu et au Jour dernier. Ils consid\u00e8rent ce qu’ils d\u00e9pensent pour le bien comme des obligations offertes \u00e0 Dieu et un moyen de b\u00e9n\u00e9ficier des pri\u00e8res du Proph\u00e8te. N’est-ce pas une offrande qui leur sera compt\u00e9e ? Dieu les fera bient\u00f4t entrer dans sa mis\u00e9ricorde. Dieu est celui qui pardonne, il est mis\u00e9ricordieux \u00a0\u00bb (S. IX, 99).<\/p>\n Ceux dont la foi n’\u00e9tait qu’apparente : \u00a0\u00bb Plusieurs B\u00e9douins consid\u00e8rent leurs d\u00e9penses pour le bien comme une charge on\u00e9reuse ; ils guettent vos revers. Que le malheur retombe sur eux ! -Dieu est celui qui entend et qui sait-\u00a0\u00bb (S. IX, 98).<\/p>\n Ceux enfin qui s’opposaient ouvertement \u00e0 l’Islam, traitant l’Envoy\u00e9 de Dieu de menteur.<\/p>\n Les membres du second groupe juraient leur attachement \u00e0 l’Islam comme si leur conversion \u00e9tait un service rendu au Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb Les B\u00e9douins te rappellent leur soumission comme si c’\u00e9tait, de leur part, une faveur. Dis : ne me rappelez pas votre soumission comme une faveur : bien au contraire, c’est Dieu qui vous a accord\u00e9 la gr\u00e2ce d’\u00eatre dirig\u00e9s vers la foi, si vous \u00eates sinc\u00e8res\u00a0\u00bb (S. XLIX, 17). Ils r\u00e9pugnaient \u00e0 s’engager dans la lutte au nom de Dieu. A la veille des hostilit\u00e9s, ils se pr\u00e9sentaient au Proph\u00e8te et justifiaient leur non-participation en avan\u00e7ant des excuses fallacieuses : \u00a0\u00bb Ceux des B\u00e9douins qui all\u00e8guent des excuses sont venus demander d’\u00eatre dispens\u00e9s du combat \u00a0\u00bb (S. IX, 90).<\/p>\n Ces B\u00e9douins \u00e9taient des opportunistes. Ils n’envisageaient, dans leur conversion, que l’aspect politique. Ils attachaient peu d’importance au Proph\u00e8te et \u00e0 la croyance en un Dieu unique. Aussi n’h\u00e9sitaient-ils pas \u00e0 invoquer des pr\u00e9textes qui les \u00e9loignaient du champ de bataille chaque fois que leurs propres int\u00e9r\u00eats n’\u00e9taient pas en jeu. Ils expliquaient leur d\u00e9fection par de pr\u00e9tendus devoirs familiaux et par la n\u00e9cessit\u00e9 de s’occuper de leurs affaires qui avaient besoin d’\u00eatre fructifi\u00e9es en cette p\u00e9riode de l’ann\u00e9e : \u00a0\u00bb Ceux des B\u00e9douins qui sont rest\u00e9s en arri\u00e8re te diront : nos richesses et nos familles nous ont accapar\u00e9s ; demande pardon pour nous ! Ils prononcent avec leurs langues ce qui n’est pas dans leurs oeuvres \u00a0\u00bb (S. XLVIII, ll )<\/p>\n Ce dernier verset fait allusion \u00e0 un cas pr\u00e9cis. Des tribus b\u00e9douines des environs de M\u00e9dine avaient sign\u00e9 un pacte d’entraide mutuelle avec le Proph\u00e8te. Ils s’\u00e9taient engag\u00e9s \u00e0 accomplir le p\u00e8lerinage de la Mekke aux c\u00f4t\u00e9s des autres Musulmans. Ils avaient ensuite jug\u00e9 plus prudent de ne pas entreprendre ce d\u00e9placement, craignant qu’un conflit n’\u00e9clat\u00e2t entre les croyants et les pa\u00efens.<\/p>\n Le Coran fustige leur attitude ambigu\u00eb : \u00a0\u00bb Il n’appartient pas aux habitants de M\u00e9dine ni \u00e0 ceux des B\u00e9douins qui sont autour d’eux de rester en arri\u00e8re du Proph\u00e8te de Dieu ni de pr\u00e9f\u00e9rer leur propre vie \u00e0 la sienne \u00a0\u00bb (S. IX, 120).<\/p>\n Ces B\u00e9douins s’\u00e9taient certes soumis mais la foi n’avait point p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 leurs coeurs : \u00a0\u00bb Les B\u00e9douins disent : \u00a0\u00bb Nous croyons ! \u00a0\u00bb Dis : \u00a0\u00bb Vous ne croyez pas, mais dites plut\u00f4t : \u00a0\u00bb Nous nous soumettons… La foi n’est pas entr\u00e9e dans votre coeur ! Si vous ob\u00e9issez \u00e0 Dieu et \u00e0 son Proph\u00e8te, Dieu ne vous fera rien perdre de vos bonnes actions – Dieu est celui qui pardonne, il est mis\u00e9ricordieux \u00a0\u00bb (S. XLIX, 14).<\/p>\n Quant au troisi\u00e8me groupe, ses membres restaient bien s\u00fbr indiff\u00e9rents au d\u00e9roulement des \u00e9v\u00e9nements car ils n’y voyaient aucun avantage imm\u00e9diat. Ces B\u00e9douins ne prenaient m\u00eame pas la peine de se d\u00e9placer \u00e0 M\u00e9dine pour expliquer leur refus \u00e0 s’int\u00e9grer dans l’arm\u00e9e du Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb Ceux qui ont accus\u00e9 de mensonge Dieu et son Proph\u00e8te sont rest\u00e9s chez eux \u00a0\u00bb (S. IX, 90).<\/p>\n La r\u00e9ticence des B\u00e9douins aux combats est souvent cit\u00e9e dans le Coran, r\u00e9ticence qui se manifestait chaque fois qu’ils constataient que de leur participation ils ne tiraient aucun profit mat\u00e9riel. Leur r\u00e9pugnance \u00e0 mettre leur vie en danger \u00e9tait encore plus grande d\u00e8s qu’il s’agissait d’affronter les forces \u00e9gales ou sup\u00e9rieures aux leurs.<\/p>\n Le livre saint fait allusion \u00e0 ces guerres que l’Islam projetait de lancer, au lendemain de la conqu\u00eate de la Mekke, contre des tribus puissantes par leur nombre et leur exp\u00e9rience militaire qu’\u00e9taient les tribus des Haw\u00e2zin, les Ghataf\u00e2n et des Thaqif. Les B\u00e9douins apparemment islamis\u00e9s n’\u00e9prouvaient aucun enthousiasme \u00e0 s’attaquer \u00e0 des hommes aguerris qui, \u00e0 la veille des hostilit\u00e9s, campaient autour de Hunayn et de Ta’if : \u00a0\u00bb Dis \u00e0 ceux des B\u00e9douins qui sont rest\u00e9s en arri\u00e8re : vous serez bient\u00f4t appel\u00e9s \u00e0 combattre contre un peuple dou\u00e9 d’une force redoutable. Vous les combattrez, ou bien ils se soumettront \u00e0 Dieu. Si vous ob\u00e9issez, Dieu vous donnera une belle r\u00e9compense. Si vous tournez le dos -comme vous l’avez fait auparavant – il vous punira par un douloureux ch\u00e2timent\u00a0\u00bb (S. XLVIII, 16).<\/p>\n Ces mises en garde se justifiaient \u00e0 cause de ces tribus b\u00e9douines qui avaient maintes fois fait montre de trahison et avaient jou\u00e9 le double jeu. D’une fa\u00e7on g\u00e9n\u00e9rale, le Coran se montre d’une tr\u00e8s grande s\u00e9v\u00e9rit\u00e9 \u00e0 l’\u00e9gard des B\u00e9douins. Ceux-ci se distinguaient par la violence verbale, l’orgueil d\u00e9plac\u00e9, les mani\u00e8res frustes, le refus de toute discipline, r\u00e9fractaires \u00e0 tout ordre social et religieux. En mati\u00e8re religieuse, ils \u00e9taient hypocrites car au fond d’eux-m\u00eames, ils ne croyaient pas entre autres \u00e0 la R\u00e9surrection, au Jugement dernier : \u00a0\u00bb Les B\u00e9douins sont les plus violents en fait d’incr\u00e9dulit\u00e9 et d’hypocrisie et les plus enclins \u00e0 m\u00e9conna\u00eetre les lois contenues dans le Livre que Dieu a fait descendre sur son Proph\u00e8te -Dieu sait et il est juste \u00a0\u00bb (S. IX, 98).<\/p>\n Les B\u00e9douins \u00e9taient en outre allergiques au paiement des imp\u00f4ts. C’\u00e9tait certainement la raison fondamentale de leur hostilit\u00e9 \u00e0 l’Islam. Ils consid\u00e9raient que ce pr\u00e9l\u00e8vement sur les fortunes \u00e9tait une d\u00e9pense grevant inutilement leurs biens. Orgueilleux, convaincus de la justesse de leurs convictions, ils ne manquaient pas de souhaiter la d\u00e9faite des Musulmans, d\u00e9faite qui, selon leur opinion, justifierait leur comportement : \u00a0\u00bb Plusieurs B\u00e9douins consid\u00e8rent leurs d\u00e9penses pour le bien comme une charge on\u00e9reuse ; ils guettent vos revers. Que le malheur retombe sur eux !-Dieu est celui qui entend et qui sait-\u00a0\u00bb (S. IX 98).<\/p>\n Cette imposition sur les richesses les rendait m\u00e9fiants \u00e0 l’\u00e9gard de la nouvelle religion. Cependant, ils ne perdaient pas de vue leurs int\u00e9r\u00eats. Aussi acceptaient-ils de combattre dans le sentier de Dieu dans la mesure o\u00f9 ils trouvaient dans ces batailles un profit mat\u00e9riel appr\u00e9ciable. Cet app\u00e2t du gain les conduisait \u00e0 afficher publiquement leur foi d’un c\u00f4t\u00e9 et \u00e0 la renier int\u00e9rieurement d’un autre c\u00f4t\u00e9. Le Coran les classait parmi le groupe des hypocrites qui cachaient leur incr\u00e9dulit\u00e9 et trompaient de la sorte le Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb Parmi les B\u00e9douins qui vous entourent et parmi les habitants de M\u00e9dine, i1 y a des hypocrites obstin\u00e9s. Tu ne les connais pas, nous allons les ch\u00e2tier deux fois, puis il seront livr\u00e9s \u00e0 un terrible ch\u00e2timent \u00a0\u00bb (S. IX, 101).<\/p>\n L’hypocrisie et l’opportunisme des B\u00e9douins se d\u00e9voil\u00e8rent \u00e0 la mort du Proph\u00e8te. Ce fut pour eux l’occasion de clamer ouvertement leur incr\u00e9dulit\u00e9. Ils pass\u00e8rent aux actes en refusant de payer la Zakkat. Leur soul\u00e8vement f\u00fbt impitoyablement r\u00e9prim\u00e9 par Ab\u00fb Bakr.<\/p>\n <\/a>CLASSES SOCIALES<\/strong> Le Coran fait \u00e9tat de l’existence des classes sociales ; elles sont voulues par le Cr\u00e9ateur : \u00a0\u00bb Dieu a favoris\u00e9 certains d’entre vous plus que d’autres, dans la r\u00e9partition de ses dons \u00a0\u00bb (S. XVI, 71).<\/p>\n Les diff\u00e9rences de fortune sont donc explicitement reconnues. L’in\u00e9galit\u00e9 mat\u00e9rielle a \u00e9t\u00e9 d\u00e9cr\u00e9t\u00e9e par Dieu ; c’est Lui qui d\u00e9termine la richesse des uns et la pauvret\u00e9 des autres : \u00a0\u00bb Dieu dispense largement ou mesure ses dons \u00e0 qui il veut \u00a0\u00bb (S. XIII, 26).<\/p>\n Le Coran signale cependant que le comportement de ce que nous appelons la bourgeoisie et le salariat ne fut pas identique \u00e0 l’\u00e9gard de la R\u00e9v\u00e9lation. Le Livre saint dit clairement qu’au cours des temps, les nantis dans leur majorit\u00e9, s’\u00e9taient chaque fois montr\u00e9s hostiles aux proph\u00e8tes, porteurs d’un message de justice sociale ; ils faisaient davantage confiance au pouvoir de l’argent qu’au salut de l’\u00e2me. Leur attachement au culte des anc\u00eatres n’\u00e9tait en fait qu’un argument fallacieux pour justifier leur refus de la V\u00e9rit\u00e9 : \u00a0\u00bb Nous n’avons jamais envoy\u00e9 d’avertisseur \u00e0 une cit\u00e9 sans que ceux qui y vivent dans l’aisance ne disent : Nous sommes incr\u00e9dules envers vos messages \u00ab\u00a0, \u00a0\u00bb et sans qu’ils ne disent : nous sommes abondamment pourvus de richesses et d’enfants, nous ne serons donc pas ch\u00e2ti\u00e9s \u00a0\u00bb (S. XXXIV, 34, 35), \u00ab\u00a0Ainsi, nous n’avons envoy\u00e9 avant toi aucun avertisseur \u00e0 une cit\u00e9 sans que ceux qui y vivaient dans l’aisance ne disent : oui, nous avons trouv\u00e9 nos p\u00e8res suivant tous la m\u00eame voie et nous marchons sur leurs traces \u00a0\u00bb \u00a0\u00bb (S. XLIII, 23).<\/p>\n La mission du Proph\u00e8te illustre \u00e9galement les r\u00e9actions n\u00e9gatives de la classe ais\u00e9e. Elle s’\u00e9tait effectivement heurt\u00e9e \u00e0 ses d\u00e9buts \u00e0 une violente opposition de la bourgeoisie mercantile aussi bien arabe que juive. La politique sociale pr\u00e9conis\u00e9e par l’Islam d\u00e9non\u00e7ait l’id\u00e9e que les gens fortun\u00e9s se faisaient de la richesse amass\u00e9e par des moyens sans aucun rapport avec la notion de justice. Les privil\u00e8ges acquis par les riches, incompatibles avec l’int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral, \u00e9taient fl\u00e9tris par la religion, ce qui ne manquait pas d’irriter la bourgeoisie menac\u00e9e par les nouvelles perspectives. Cette \u00e9p\u00e9e de Damocl\u00e8s brandie sur leurs t\u00eates incita les idol\u00e2tres arabes et les monoth\u00e9istes juifs \u00a0\u00bb qui \u00e9coutent habituellement le mensonge \u00a0\u00bb et \u00a0\u00bb d\u00e9vorent des gains illicites\u00a0\u00bb (S. V, 42) \u00e0 nouer une alliance \u00e0 caract\u00e8re capitaliste contre la mont\u00e9e d’un mouvement social qui mettait en cause leur pouvoir et compromettait leurs biens.<\/p>\n Cette attitude s’expliquait d’un point de vue moral et mat\u00e9riel. La bourgeoisie avait peur, d’une part, de perdre son prestige politique puisque l’Islam imposait aux croyants une stricte \u00e9galit\u00e9 politique du moment que la pi\u00e9t\u00e9 \u00e9tait le seul crit\u00e8re de sup\u00e9riorit\u00e9 de l’homme sur son semblable, et d’autre part, de grever sa fortune du fait que Dieu rappelle que les biens accord\u00e9s \u00e0 Ses cr\u00e9atures lui appartiennent et que les pauvres y avaient droit.<\/p>\n Quant au salariat, l’histoire nous enseigne que la majorit\u00e9 des premiers convertis \u00e0 l’Islam \u00e9tait issue des classes d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9es. Les id\u00e9es sociales de la R\u00e9v\u00e9lation n’\u00e9taient pas \u00e9trang\u00e8res \u00e0 ces adh\u00e9sions. On distinguait parmi les adeptes de la premi\u00e8re heure : des jeunes appartenant \u00e0 l’oligarchie mekkoise ou \u00e0 des familles sans influence dans le milieu pa\u00efen (ils avaient pour la plupart moins de trente ans), les faibles, nomm\u00e9s ainsi parce qu’ils n’\u00e9taient rien sans la protection d’un clan, des \u00e9trangers rattach\u00e9s \u00e0 un clan en tant que client ou djar dont la position sociale n’avait aucune prise sur la vie mekkoise, les couches d\u00e9favoris\u00e9es, les sans ressources et les esclaves. A son origine, l’Islam \u00e9tait donc un mouvement de jeunes, d’\u00e9conomiquement faibles et d’hommes sans influence politique.<\/p>\n L’Islam est fonci\u00e8rement \u00e9galitariste dans sa substance. Les structures de la soci\u00e9t\u00e9 \u00e0 \u00e9difier se fondent sur la pi\u00e9t\u00e9 et la justice sociale. Sa doctrine vise \u00e0 l’\u00e9radication de la pauvret\u00e9. Elle fait de l’aide aux moins favoris\u00e9s une obligation de fa\u00e7on \u00e0 r\u00e9duire au maximum les diff\u00e9rences mat\u00e9rielles. Elle ne vise pas moins \u00e0 la suppression des stratifications sociales trop criardes. En r\u00e9sum\u00e9, elle a pour objet de maintenir l’\u00e9quilibre \u00e9conomique comme l’indique clairement ce verset coranique relatif \u00e0 la r\u00e9partition du butin : \u00a0\u00bb Ce que Dieu a octroy\u00e9 \u00e0 son Proph\u00e8te comme butin pris sur les habitants des cit\u00e9s appartient \u00e0 Dieu et \u00e0 son Proph\u00e8te, \u00e0 ses proches, aux orphelins, aux pauvres, au voyageur, afin que ce ne soit pas attribu\u00e9 \u00e0 ceux d’entre vous qui sont riches \u00a0\u00bb (S. LIX, 7).<\/p>\n Le Proph\u00e8te, avant sa mission, \u00e9tait un salari\u00e9, employ\u00e9 par sa future \u00e9pouse Khadija. La condition de celui qui n’a pour capital que la force de ses bras et de son cerveau ne pouvait donc qu’\u00eatre prot\u00e9g\u00e9e par l’Islam qui d’ailleurs est s\u00e9v\u00e8re \u00e0 l’\u00e9gard du patronat, celui qui ne paie pas l’ouvrier \u00e0 sa juste valeur : \u00a0\u00bb Donnez \u00e0 l’ouvrier, dit le Proph\u00e8te, son salaire, avant que la sueur ne s\u00e8che.\u00a0\u00bb<\/p>\n L’Islam s’oppose \u00e0 la th\u00e9saurisation, \u00e0 la concentration du capital, aux monopoles. Il condamne les exploiteurs et toutes les formes d’exploitation : \u00a0\u00bb Nul ne mange jamais quelque chose de meilleur que ce qu’il mange apr\u00e8s l’avoir gagn\u00e9 du travail de ses mains. \u00ab\u00a0<\/p>\n Si la Loi coranique ne pr\u00e9voit pas clairement la n\u00e9cessit\u00e9 de briser les structures \u00e9conomiques exploiteuses, la jurisprudence islamique, \u00e0 la lumi\u00e8re de l’interpr\u00e9tation du Livre Saint et de l’enseignement du Proph\u00e8te, pr\u00e9cise que les pauvres qui se voient refuser leur droit de partager le repas du riche sont autoris\u00e9s \u00e0 recourir aux m\u00e9thodes coercitives ; ils sont consid\u00e9r\u00e9s comme des martyrs s’ils p\u00e9rissent au cours de cette \u00e9preuve de force.<\/p>\n A son origine, les id\u00e9es conscientes d’une lutte de classes n’existaient pas. En tout cas, l’Islam ne se d\u00e9clara pas comme tel. Il prit l’apparence d’une opposition de gens de petite et moyenne conditions, influenc\u00e9s par les aspects sociaux du Message, aux gros poss\u00e9dants dot\u00e9s d’un pouvoir coercitif. Cette apparence dispara\u00eetra \u00e0 la veille de la mort du Proph\u00e8te. L’adh\u00e9sion massive des Mekkois \u00e9tait acquise sans consid\u00e9ration du milieu social auquel appartenaient les nouveaux convertis.<\/p>\n Il est ind\u00e9niable que l’Islam d\u00e8s sa naissance prit en consid\u00e9ration les maux politiques et sociaux avec la volont\u00e9 d’op\u00e9rer une r\u00e9volution au sein de la soci\u00e9t\u00e9. Ce serait n\u00e9anmoins une erreur d’attribuer l’adh\u00e9sion des premiers hommes \u00e0 des aspirations essentiellement politiques et \u00e9conomiques. La pierre angulaire du ralliement \u00e9tait bien l’Unicit\u00e9 de Dieu. Omar fut d’abord envo\u00fbt\u00e9 par la lecture des versets coraniques. Hamza se convertit au moment o\u00f9 il r\u00e9para l’offense subie par son neveu. \u00a0\u00bb S’attarder sur les cons\u00e9quences \u00e9conomiques de la pr\u00e9dication de Mohammad, dit Jean During, ne doit pas nous faire perdre de vue que son action se situe sur le plan religieux dans toute son ampleur. Quant \u00e0 ses disciples, il ne semble pas non plus qu’ils aient eu des motivations sociales ou politiques. Les membres des couches d\u00e9favoris\u00e9es cherchaient et trouvaient dans l’Islam une paix int\u00e9rieure garantie par la protection morale de la communaut\u00e9 naissante, sans parler de l’apport spirituel proprement dit dont ils b\u00e9n\u00e9ficiaient.\u00a0\u00bb<\/p>\n <\/a>CORAN <\/strong> Le Coran n’est pas une oeuvre cr\u00e9\u00e9e de toute pi\u00e8ce par un po\u00e8te (ch\u00e2’ir) <\/em>si g\u00e9nial, soit-il, ni celle d’un devin(k\u00e2hin)<\/em> aux puissances occultes. C’est une R\u00e9v\u00e9lation communiqu\u00e9e par Dieu \u00e0 Son Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb c’est l\u00e0, en v\u00e9rit\u00e9, la parole d’un noble Proph\u00e8te ; ce n’est pas la parole d’un po\u00e8te ; -votre foi est h\u00e9sitante – ce n’est pas la parole d’un devin ; comme vous r\u00e9fl\u00e9chissez peu ! – c’est une R\u00e9v\u00e9lation du Seigneur des mondes ! \u00a0\u00bb (S. LXIX, 40 \u00e0 43), \u00ab\u00a0Oui, le Coran est une R\u00e9v\u00e9lation du Seigneur des mondes \u00a0\u00bb (S. XXVI, 192).<\/p>\n Le Coran n’\u00e9tant pas le produit de sa propre r\u00e9flexion, le Proph\u00e8te, au moment de la \u00a0\u00bb descente \u00a0\u00bb (tanz\u00eel)<\/em> des versets, les r\u00e9p\u00e9tait afin d’en retenir le sens et les expressions. Dieu lui ordonna de s’abstenir d’user de ce proc\u00e9d\u00e9 car Il lui appartenait de r\u00e9unir la r\u00e9citation et de la faire comprendre \u00e0 Ses cr\u00e9atures : \u00a0\u00bb Ne remue pas ta langue en lisant le Coran comme si tu voulais h\u00e2ter la r\u00e9v\u00e9lation. Il nous appartient de le rassembler et de le lire. Suis sa r\u00e9citation lorsque nous le r\u00e9citons ; c’est \u00e0 nous qu’il appartient, ensuite, de le faire comprendre \u00a0\u00bb (S. LXXV, 16 \u00e0 19).<\/p>\n Le Messager de Dieu recevait la Parole divine par l’interm\u00e9diaire de l’ange Gabriel, nomm\u00e9 \u00a0\u00bb l'\u00a0\u00bbEsprit fid\u00e8le \u00a0\u00bb par le Coran. Le Proph\u00e8te, en sa qualit\u00e9 d’avertisseur, la transmettait \u00e0 son tour aux hommes : \u00a0\u00bb L’Esprit fid\u00e8le est descendu avec lui sur ton coeur pour que tu sois au nombre des avertisseurs \u00a0\u00bb (S. XXVI, 194, 195).<\/p>\n La R\u00e9v\u00e9lation se produisait ainsi : illettr\u00e9, donc incapable de lire les livres sacr\u00e9s encore moins en aram\u00e9en ou en h\u00e9breux, l’Envoy\u00e9 de Dieu recevait le message d’une fa\u00e7on auditive. Il percevait un fort tintement de cloche. Il \u00e9tait saisi d’une fi\u00e8vre si intense qu’une sueur abondante coulait de son front y compris pendant les p\u00e9riodes de grand froid. Il p\u00e2lissait et rougissait et tous ses membres tremblaient. Son corps s’alourdissait d’une mani\u00e8re telle qu’un jour son chameau ploya sous son poids.<\/p>\n Le Coran fut r\u00e9v\u00e9l\u00e9 graduellement durant plus de vingt ans, selon les circonstances politiques et religieuses. Ceci explique sa composition fragmentaire de sorte que les th\u00e8mes ne sont pas regroup\u00e9s par chapitres.<\/p>\n Le Livre sacr\u00e9 n’a pas \u00e9t\u00e9 recens\u00e9 selon l’ordre chronologique de la R\u00e9v\u00e9lation mais selon la longueur des sourates. Il en renferme cent quatorze de longueurs in\u00e9gales. La plus courte comprend trois versets et la plus longue en englobe deux cent quatre-vingt-six. Certaines, r\u00e9v\u00e9l\u00e9es \u00e0 La Mekke, d’autres \u00e0 M\u00e9dine, ont re\u00e7u un titre ; la vache, la fourmi, la caverne, les fractions, etc. Post\u00e9rieurement au Proph\u00e8te, le Coran fut divis\u00e9 en soixante parties (hizb)<\/em> et aussi en deux cents parties appel\u00e9es \u00a0\u00bb rub\u00fb’ \u00ab\u00a0<\/em>. Chaque sourate se compose de plusieurs versets (\u00e2y\u00e2t)<\/em>. Le Coran en comprend six mille deux cent dix-neuf qui sont autant de signes et de miracles. Le mot \u00e2y\u00e2<\/em> est souvent accompagn\u00e9 d’un adjectif comme clair, \u00e9vident… car son objet consiste \u00e0 convaincre les hommes.<\/p>\n Du temps du Proph\u00e8te, les versets coraniques \u00e9taient mis par \u00e9crit sur des os plats, des pierres, des peaux, des feuilles de palmiers… et aussi appris par coeur int\u00e9gralement ou en partie par les croyants. Abu Bakr rassembla tous ces fragments sur le conseil d’Omar et les r\u00e9unit en un seul opuscule. Un comit\u00e9 se chargea de ce travail. Cette d\u00e9cision fut prise \u00e0 la suite de la mort de plusieurs lecteurs du Coran lors de la guerre engag\u00e9e contre le faux proph\u00e8te Musa\u00eflima. Il \u00e9tait \u00e0 craindre la disparition \u00e0 la longue du texte sacr\u00e9. La recension officielle de ce dernier se r\u00e9alisa d\u00e9finitivement sous le khalife Othmane qui mit ainsi fin \u00e0 la diffusion d’autres \u00e9crits l\u00e9g\u00e8rement incorrects.<\/p>\n Diff\u00e9rentes expressions d\u00e9signent le Coran dont le style varie suivant les \u00e9poques de la R\u00e9v\u00e9lation. Outre le mot qur’\u00e2n<\/em> qui d\u00e9rive de la racine qara’a<\/em> (r\u00e9citer, lire), les quelques autres termes qui s’y appliquent sont\u00e7uhuf<\/em> (feuilles), Kit\u00e2b<\/em> (livre) ; deux appellations qui se r\u00e9f\u00e8rent \u00e9galement aux Livres ant\u00e9rieurs \u00e0 la pr\u00e9dication du Proph\u00e8te, Furq\u00e2n<\/em> qui d\u00e9finit aussi l’\u00c9criture confi\u00e9e \u00e0 Mo\u00efse, et aussi la \u00a0\u00bb M\u00e8re du Livre \u00a0\u00bb : \u00a0\u00bb Dieu efface ou confirme ce qu’il veut. La M\u00e8re du Livre se trouve aupr\u00e8s de lui \u00a0\u00bb (S. XIII, 39). Si les m\u00eames vocables sont parfois attribu\u00e9s aux \u00c9critures, c’est parce que celles-ci proviennent toutes de la m\u00eame source c\u00e9leste.<\/p>\n Le mot qur’\u00e2n<\/em> revient fr\u00e9quemment dans le Livre, accompagn\u00e9 de diff\u00e9rents qualificatifs : kar\u00eem<\/em> (noble),hak\u00eem<\/em> (plein de sagesse), madj\u00eed<\/em> (glorieux), ‘az\u00eem<\/em> (tr\u00e8s grand), etc. En outre, Dieu compare le Coran \u00e0 une lumi\u00e8re destin\u00e9e \u00e0 montrer aux hommes la seule voie \u00e0 suivre : \u00ab\u00a0O vous les hommes ! une preuve d\u00e9cisive vous est parvenue de la part de votre Seigneur : nous avons fait descendre sur vous une lumi\u00e8re \u00e9clatante \u00a0\u00bb (S. IV, 174). Cette lumi\u00e8re avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9pandue sur l’humanit\u00e9, et continue \u00e0 se r\u00e9pandre, par une lampe, en l’occurrence, le Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb O toi, le Proph\u00e8te ! Nous t’avons envoy\u00e9 comme t\u00e9moin, comme annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur, comme celui qui invoque Dieu -avec sa permission- et comme un brillant luminaire \u00a0\u00bb (S. XXXIII, 45, 46).<\/p>\n Le Coran a \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9 en arabe pour \u00eatre compris, \u00e0 l’origine, par un peuple arabe : \u00ab\u00a0c’est une R\u00e9v\u00e9lation en langue arabe claire \u00a0\u00bb (S. XXVI, 195), \u00ab\u00a0Oui, nous avons fait un Coran en arabe ! -Peut-\u00eatre comprendrez-vous \u00a0\u00bb (S. XLIII, 3). Il est consid\u00e9r\u00e9 comme \u00e9ternel et incr\u00e9\u00e9. Le texte que nous poss\u00e9dons est une copie dont le prototype \u00a0\u00bb Umm al-Kit\u00e2b \u00a0\u00bb (la M\u00e8re du Livre) est conserv\u00e9 au ciel sur une Table (lawh) <\/em>bien gard\u00e9e : \u00a0\u00bb Ceci est, au contraire, un Coran glorieux \u00e9crit sur une Table gard\u00e9e ! \u00a0\u00bb (S. LXXXV, 1, 22). Il est du point de vue phon\u00e9tique, graphique et linguistique identique \u00e0 l’original c\u00e9leste. Sa reproduction est inimitable (i’dj\u00e2z)<\/em> : \u00a0\u00bb Dis : si les hommes et les Djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable \u00e0 ce Coran, ils ne produiront rien qui lui ressemble, m\u00eame s’ils s’aidaient mutuellement \u00a0\u00bb (S. XVII, 88).<\/p>\n Il est recommand\u00e9 de lire et de relire le Coran, de le r\u00e9citer \u00e0 haute voix, tel est le conseil donn\u00e9 par Dieu au Proph\u00e8te et \u00e0 tous les musulmans : \u00a0\u00bb Tiens-toi debout, en pri\u00e8re, une partie de la nuit, la moiti\u00e9 ou un peu moins ou davantage et r\u00e9cite avec soin le Coran\u00a0\u00bb (S. LXXIII, 2, 3, 4), \u00a0\u00bb R\u00e9citez donc \u00e0 haute voix ce qui est possible du Coran \u00a0\u00bb (S. LXXIV, 20). Beaucoup de Musulmans l’apprennent par coeur d\u00e8s le jeune \u00e2ge.<\/p>\n Le Tout-Puissant incite les hommes \u00e0 se pencher d’une mani\u00e8re clairvoyante sur les donn\u00e9es du Coran et \u00e0 prendre comme base de r\u00e9flexion les prescriptions temporelles et spirituelles ainsi que les exemples historiques qui y sont contenus et qui d\u00e9finissent la conduite \u00e0 adopter dans la vie : \u00ab\u00a0Nous avons expos\u00e9 tout ceci dans ce Coran pour que les hommes r\u00e9fl\u00e9chissent\u00a0\u00bb (S. XVII, 41), \u00a0\u00bb Ceci est, pour les hommes, un appel \u00e0 la clairvoyance, une Direction et une Mis\u00e9ricorde en faveur d’un peuple qui croit fermement \u00a0\u00bb (S. XLV, 20).<\/p>\n Cette Direction est universelle car le Coran ne r\u00e9v\u00e8le pas une religion destin\u00e9e \u00e0 une seule race, \u00e0 une cat\u00e9gorie d\u00e9termin\u00e9e d’hommes. L’essence de son enseignement \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 contenu dans les Livres anciens : \u00ab\u00a0Ceci se trouvait d\u00e9j\u00e0 dans les Livres des Anciens \u00a0\u00bb (S. XXVI, 196). Le Livre saint est en effet un rappel des \u00a0\u00bb feuillets \u00a0\u00bb d’Abraham, de la Loi de Mo\u00efse, des Psaumes de David, de l’\u00c9vangile de J\u00e9sus… Dieu revient sur cette affirmation quatre fois en employant la m\u00eame formulation et dans la m\u00eame sourate : \u00a0\u00bb Oui, nous avons facilit\u00e9 la compr\u00e9hension du Coran en vue du rappel. Y a-t-il quelqu’un pour s’en souvenir ? \u00a0\u00bb (S. LIV, 17, 22, 32, 40).<\/p>\n Le Coran a inspir\u00e9 des oeuvres litt\u00e9raires, juridiques, historiques, artistiques, scientifiques, etc. La cr\u00e9ation \u00e9tant continue, gr\u00e2ce \u00e0 l’aide de Dieu, de nouvelles th\u00e9ories politiques, \u00e9conomiques, sociales, de nouvelles inventions scientifiques peuvent \u00eatre con\u00e7ues en tenant compte de la marche de l’histoire qui est impitoyable \u00e0 l’\u00e9gard des tra\u00eenards. Tous les probl\u00e8mes de la vie sont contenus dans le Coran. Ils n’existent certes pas sous forme de recettes de cuisine mais bien potentiellement. Il s’agit de confronter, chacun dans son domaine et sa sp\u00e9cialit\u00e9, la R\u00e9alit\u00e9 au Livre sacr\u00e9 et d’y d\u00e9couvrir les moyens de r\u00e9soudre ces probl\u00e8mes.<\/p>\n <\/a>DHOU al-QARNAIN <\/strong>(Alexandre le Grand) <\/strong>et GOG ET MAGOG (Ya’jouj et Ma’jouj)<\/strong> Dhou al-Qarna\u00efn est le nom que le Coran donne \u00e0 Alexandre le Grand. En arabe, qarn<\/em> signifie, entre autres, corne. \u00c9tant un moyen de d\u00e9fense du b\u00e9lier ou du taureau, ce terme fut utilis\u00e9 pour d\u00e9signer la force et le courage. Il d\u00e9signait \u00e9galement l’homme audacieux, vaillant, vigoureux dont la chevelure \u00e9tait tress\u00e9e et donnait ainsi l’apparence de cornes. Il fut appliqu\u00e9 aux personnes nobles par leur double ascendance. Quant \u00e0 la d\u00e9signation d’Alexandre par ce nom, elle serait en rapport avec son couvre-chef mac\u00e9donien. Tabari donne une autre explication : \u00a0\u00bb Alexandre est appel\u00e9 Dsoul-Qarna\u00efn pour cette raison qu’il alla d’un bout \u00e0 l’autre du monde. Le mot qarn<\/em> veut dire corne, et on appelle les extr\u00e9mit\u00e9s du monde cornes. Lui, \u00e9tant all\u00e9 aux deux extr\u00e9mit\u00e9s du monde, tant \u00e0 l’orient qu’\u00e0 l’occident, on l’appelle Dsoul-Qarnain. \u00ab\u00a0<\/p>\n Dieu donna \u00e0 Dhou al-Qarna\u00efn un grand empire d’o\u00f9 il tira sa puissance. Il lui ouvrit le chemin de l’orient et de l’occident et aplanit devant lui les obstacles pour lui permettre de r\u00e9aliser ses objectifs : \u00a0\u00bb lls t’interrogeront au sujet de Dhou al-Qarnain. Dis : je vais vous raconter une histoire qui le concerne. Nous avions affermi sa puissance sur la terre et nous l’avons combl\u00e9 de toutes sortes de biens. Il suivait son chemin\u00a0\u00bb (S. XVIII, 83, 84, 85).<\/p>\n A l’ouest, Dhou al-Qarna\u00efn vit le soleil se coucher dans une source br\u00fblante et rencontra aupr\u00e8s d’elle une peuplade en adoration devant elle : \u00ab\u00a0et quand il eut atteint le couchant du soleil, il vit que le soleil se couchait dans une source bouillante et il trouva un peuple aupr\u00e8s de cette source\u00a0\u00bb (S. XVIII, 86).<\/p>\n Nous ne savons rien de cette source et de ce peuple. Le Coran ne nous \u00e9claire pas \u00e0 ce sujet. Cheikh Hamza Boubekeur se r\u00e9f\u00e8re au commentaire de R\u00e2z\u00ee pour lequel l’expression \u00a0\u00bb source bouillante \u00a0\u00bb n’est qu’une m\u00e9taphore : \u00a0\u00bb La terre est ronde au milieu du ciel et il n’y a pas de doute sur la position du soleil dans la sph\u00e8re c\u00e9leste… Parvenu \u00e0 la limite de l`occident, Alexandre vit le soleil dispara\u00eetre comme dans une source – alors qu’il n’en \u00e9tait rien en r\u00e9alit\u00e9. Sa vision fut analogue \u00e0 celle d’un navigateur en mer qui assiste \u00e0 un coucher de soleil… qui dispara\u00eet en r\u00e9alit\u00e9 au-del\u00e0 de la mer. \u00a0\u00bb Quant \u00e0 la peuplade, il s’agirait d’hommes noirs appel\u00e9s N\u00e2sik.<\/p>\n Mis en face de ces hommes idol\u00e2tres, Dhou al-Qarna\u00efn fut mis par Dieu devant un dilemme : \u00a0\u00bb Nous lui d\u00eemes . O Dhou al-Qarnain ! Tu peux, ou bien ch\u00e2tier ces gens ou te montrer bienveillant envers eux\u00a0\u00bb (S. XVIII, 86). La r\u00e9ponse fut donn\u00e9e soit par Dieu, soit par Dhou al-Qarna\u00efn : \u00ab\u00a0Nous allons punir celui qui est injuste ; il sera bient\u00f4t ramen\u00e9 vers son Seigneur qui le ch\u00e2tiera d’un terrible ch\u00e2timent \u00ab\u00a0, \u00ab\u00a0Quant \u00e0 celui qui croit et qui fait le bien, une tr\u00e8s belle r\u00e9compense lui est r\u00e9serv\u00e9e et nous lui donnerons des ordres faciles \u00e0 ex\u00e9cuter \u00a0\u00bb (S. XVIII, 87, 88).<\/p>\n Dhou al-Qarna\u00efn poursuivit son chemin en direction de l’orient et arriva dans une r\u00e9gion d\u00e9sertique o\u00f9 la chaleur \u00e9tait accablante. Il y trouva un autre peuple qui ne portait aucun v\u00eatement et n’avait pas de maisons pour se prot\u00e9ger de l’ardeur du soleil : \u00a0\u00bb Il suivit ensuite un autre chemin. Quand il atteignit l’endroit o\u00f9 le soleil se l\u00e8ve, il vit que le soleil se levait sur un peuple auquel nous n’avions pas donn\u00e9 d’abri pour s’en prot\u00e9ger \u00a0\u00bb (S. XVIII, 89, 90).<\/p>\n Se lan\u00e7ant sur une autre route, Dhou al-Qarna\u00efn s’arr\u00eata devant une digue pr\u00e8s de laquelle vivaient des gens croyants, comme l’affirme Tabari. qui ne comprenaient que tr\u00e8s peu ce qu’on leur disait : \u00a0\u00bb Il suivait ensuite un autre chemin. Quand il eut atteint un pays situ\u00e9 entre deux digues, il trouva derri\u00e8re elles un peuple qui pouvait \u00e0 peine comprendre une parole \u00a0\u00bb (S. XVIII, 92, 93). La r\u00e9gion habit\u00e9e par ce peuple \u00e9tait une vall\u00e9e situ\u00e9e entre deux hautes montagnes. La population accueillit amicalement Dhou al-Qarna\u00efn et se soumit \u00e0 sa religion, celle de Dieu.<\/p>\n Deux peuples Ya’jouj et Ma’jouj vivaient au-del\u00e0 de ces montagnes. Tabari les d\u00e9crit non sans quelques exag\u00e9rations : \u00a0\u00bb Leur forme est comme celle des hommes, mais leur taille est de deux coud\u00e9es, et ils ont des oreilles si longues qu’elles tra\u00eenent par terre. Ils n’ont pas de v\u00eatement et vont tout nus, et s’accouplent en public, comme les \u00e2nes, les boeufs et les b\u00eates sauvages, sans avoir honte. Quand ils veulent dormir, ils mettent une oreille sous eux et se couvrent de l’autre. Ils n’ensemencent pas la terre ; leur nourriture consiste en graines crues et dess\u00e9ch\u00e9es de kharnoub. Ces hommes n’ont pas de religion et ne connaissent pas Dieu ; leur nombre ne diminue jamais, car nul d’entre eux ne meurt avant d’avoir engendr\u00e9 mille enfants, m\u00e2les et femelles. Ils sortaient souvent entre ces montagnes et attaquaient les croyant qui \u00e9taient de l’autre c\u00f4t\u00e9 de la montagne, et commettaient des violences. Ils tuaient tous ceux qu`ils rencontraient et d\u00e9voraient leur nourriture, herbes, fruits, jusqu’aux feuilles des arbres. Ce croyants n’\u00e9taient pas en \u00e9tat de leur r\u00e9sister. \u00ab\u00a0<\/p>\n Le peuple de la vall\u00e9e proposa \u00e0 Dhou al-Qarna\u00efn de construire, en \u00e9change d’une r\u00e9compense, une digue capable de repousser les assauts de Ya’jouj et Ma’jouj. Dhou al-Qarna\u00efn acc\u00e9da \u00e0 leur demande sar demander en retour aucun tribut : \u00a0\u00bb Ces gens dirent : O Dhou al-Qarnain ! Les Ya’jouj et les Ma’jouj s\u00e8ment le scandale sur la terre. Pourrions-non te payer un tribut qui te permettrait de construire une digue entre nous et eux \u00ab\u00a0, \u00a0\u00bb Il dit : la puissance que mon Seigneur m’a donn\u00e9e est meilleur. Aidez-moi donc avec z\u00e8le et je construirai un rempart entre vous et eux\u00a0\u00bb (S. XVIII, 94, 95).<\/p>\n Dhou al-Qarna\u00efn, aid\u00e9 d’un grand nombre d’hommes rassembl\u00e9s \u00e0 cet effet, construisit un immense rempart entre les deux montagnes en se servant de blocs de fer sur lesquels il versa du cuivre en fusion. La digue \u00e9tait si solide et si haute que le peuple des pygm\u00e9es (Ya’jouj) et celui de g\u00e9ants (Ma’jouj) ne purent plus l’escalader ou la percer : \u00ab\u00a0Apporte-moi des blocs de fer jusqu’\u00e0 ce que l’espace compris entre les deux monts soit combl\u00e9 \u00ab\u00a0, \u00a0\u00bb Il dit : soufflez jusqu’\u00e0 ce qu’un grand feu surgisse ! \u00ab\u00a0, \u00a0\u00bb Il dit : apportez-moi de l’airain fondu, je le verserai dessus \u00ab\u00a0, \u00a0\u00bb Les Ya’jouj, les Ma’jouj se montr\u00e8rent incapables d’escalader le rempart ou de pratiquer une br\u00e8che \u00a0\u00bb (S. XVIII, 96, 97).<\/p>\n Gr\u00e2ce \u00e0 cette barri\u00e8re insurmontable et infranchissable, les croyants ne furent plus menac\u00e9s par les Ya’jouj et les Ma’jouj. Mais \u00e0 la fin des temps ces deux peuples sauvages et barbares parviendront \u00e0 renverser la digue, envahiront la terre qu’ils d\u00e9vasteront et massacreront les hommes. Ensuite Dieu les an\u00e9antira \u00e0 leur tour.<\/p>\n <\/a>DJIHAD<\/strong> L’acception militaire du terme n’est pas exclue de la doctrine islamique comme d’ailleurs de celle des autres religions. Au Xe et XIe si\u00e8cles, les croisades conduites par le christianisme avaient bien des motivations religieuses. La reconqu\u00eate de l’Espagne ne se fit pas sans effusion de sang au nom de l’\u00c9glise catholique \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 les institutions mises en place par l’Islam respectaient les diff\u00e9rents cultes et sauvegardaient les personnes et les biens des gens du Livre.<\/p>\n Le djihad, en prenant la forme d’une guerre sainte, rev\u00eat un caract\u00e8re d\u00e9fensif. Deux exemples illustreront cette affirmation.<\/p>\n L’\u00c9tat islamique a pour devoir de porter secours aux Musulmans pers\u00e9cut\u00e9s par un gouvernement \u00e9tranger qui use de la force pour s’opposer \u00e0 un travail pacifique de propagande en vue d’instaurer le r\u00e8gne de Dieu sur terre. M\u00eame dans ce cas, le Coran interdit \u00e0 un pays musulman de s’attaquer \u00e0 un pays non-musulman li\u00e9 \u00e0 lui par un trait\u00e9 avant de d\u00e9noncer pr\u00e9alablement et publiquement cette alliance : \u00a0\u00bb S’ils vous demandent votre aide -au nom de la Religion, vous devez les secourir ; sauf s’il s’agissait de combattre un peuple avec lequel vous avez conclu une alliance. -Dieu voit ce que vous faites \u00a0\u00bb (S. VIII, 72).<\/p>\n La guerre sainte est \u00e9galement d\u00e9cr\u00e9t\u00e9e avec pour objectif de d\u00e9fendre la s\u00e9curit\u00e9 int\u00e9rieure de la communaut\u00e9 musulmane menac\u00e9e par des forces externes. Elle a donc pour objet de prot\u00e9ger les fronti\u00e8res contre l’agression ennemie. C’\u00e9tait, en quelque sorte, dans cette optique que l’\u00c9mir Abdelkader prit les armes contre l’envahisseur fran\u00e7ais. Nous n’ignorons pas les vaines tentatives entreprises en vue de christianiser et, d’une fa\u00e7on g\u00e9n\u00e9rale, de d\u00e9personnaliser le peuple alg\u00e9rien.<\/p>\n Le sens de djihad, tel qu’il est compris par une certaine opinion occidentale, est compl\u00e8tement erron\u00e9 parce que la d\u00e9finition \u00e9triqu\u00e9e qu’elle en donne fausse les conclusions qui s’en d\u00e9gagent. Des auteurs, pour accr\u00e9diter leur th\u00e8se, fournissent des exemples historiques et d\u00e9montrent que l’empire musulman s’\u00e9tait agrandi et que la Religion s’\u00e9tait \u00e9tendue au moyen du glaive.<\/p>\n Il ne fait aucun doute que l’Islam soumit \u00e0 son influence de nombreuses contr\u00e9es. La raison fondamentale de cette expansion territoriale ne visait pas tant la domination politique mais elle consistait \u00e0 combattre le mal et l’iniquit\u00e9, \u00e0 \u00e9tablir la paix et la justice, en d’autres termes \u00e0 rendre \u00e0 Dieu ce qui lui est d\u00fb sur terre.<\/p>\n Les populations conquises \u00e9taient libres de ne pas embrasser l’Islam puisque trois possibilit\u00e9s leur \u00e9taient offertes avant le d\u00e9clenchement des hostilit\u00e9s : la conversion, le paiement d’un tribut qui assurerait leur protection, et en troisi\u00e8me lieu la guerre. De plus, apr\u00e8s la victoire, il n’y avait point recours \u00e0 la violence pour imposer la nouvelle foi. La soumission \u00e0 l’Islam \u00e9tait un acte volontaire. Les populations avaient accueilli l’Islam comme une religion lib\u00e9ratrice, v\u00e9hiculant les id\u00e9es propres \u00e0 relever la dignit\u00e9 humaine bafou\u00e9e par le despotisme f\u00e9odal et la tyrannie politique sous lesquelles elles \u00e9taient \u00e9cras\u00e9es.<\/p>\n Les grands hommes de l’Islam qui port\u00e8rent haut l’\u00e9tendard de la foi islamique ne pouvaient pas s’opposer \u00e0 la th\u00e9orie coranique qui n’habilite pas le croyant \u00e0 faire usage de la force pour rallier les non-musulmans \u00e0 leur religion : \u00a0\u00bb Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communaut\u00e9. Mais il \u00e9gare qui il veut ; il dirige qui il veut. Vous seriez interrog\u00e9s sur ce que vous faisiez \u00a0\u00bb (S. XVI, 93). \u00a0\u00bb Pas de contrainte en religion ! La voie droite se distingue de l’erreur \u00a0\u00bb (S. II, 256).<\/p>\n En outre, le Coran interdit de s’attaquer aux endroits o\u00f9 Dieu est ador\u00e9. Il met clairement en garde contre la profanation des lieux du culte : \u00ab\u00a0Ne les combattez pas aupr\u00e8s de la Mosqu\u00e9e sacr\u00e9e, \u00e0 moins qu’ils ne luttent contre vous en ce lieu \u00a0\u00bb (S. II, 191). \u00a0\u00bb Si Dieu n’avait pas repouss\u00e9 certains hommes par d’autres, des ermitages auraient \u00e9t\u00e9 d\u00e9molis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosqu\u00e9es o\u00f9 le nom de Dieu est souvent invoqu\u00e9 \u00a0\u00bb (S. XXII, 40).<\/p>\n Le djihad, en tant que combat arm\u00e9, n’est pas au centre de la doctrine islamique. La guerre proprement dite est traduite par d’autres vocables : harb<\/em> ou qit\u00e2l<\/em>. Elle n’est en fait qu’un acte secondaire du v\u00e9ritable djihad que le Musulman doit mener continuellement et sans r\u00e9pit jusqu’\u00e0 la mort. En comparaison du v\u00e9ritable djihad qui consiste \u00e0 r\u00e9former les moeurs, la lutte arm\u00e9e, comme le dit Ghaz\u00e2l\u00ee, n’est qu'\u00a0\u00bb souffle de vent sur la mer agit\u00e9e \u00ab\u00a0.<\/p>\n Le djihad, comme la traduction en fran\u00e7ais l’indique, signifie l’effort par excellence. C’est donc la philosophie d’une lutte permanente physique mais aussi intellectuelle : \u00a0\u00bb Il est \u00e0 remarquer toutefois, dit le Cheikh Muhammad Abdou, que le mot \u00ab\u00a0Djihad\u00a0\u00bb, dont le sens litt\u00e9ral est l’effort, ne signifie pas seulement la guerre ext\u00e9rieure contre ceux qui ne croient pas, mais aussi la lutte int\u00e9rieure contre les passions mauvaises, la discipline morale, la victoire sur soi-m\u00eame. \u00ab\u00a0<\/p>\n Le terme est utilis\u00e9 pour d\u00e9finir un effort de pr\u00e9dication et de persuasion afin que l’Islam se r\u00e9pande \u00e0 travers le monde : \u00a0\u00bb Ne te soumets donc pas aux incr\u00e9dules ; lutte contre eux (djahid houm)<\/em>, avec force, au moyen du Coran\u00a0\u00bb, (S. XXV, 52). Il ne se restreint donc pas au combat men\u00e9 sur un champ de bataille. Il est un devoir qui consiste \u00e0 exhorter les gens pour qu’ils fassent le bien et qu’ils s’abstiennent de faire le mal : \u00a0\u00bb Puissiez-vous former une Communaut\u00e9 dont les membres appellent les hommes au bien : leur ordonnent ce qui est convenable et leur interdisent ce qui est bl\u00e2mable ; voil\u00e0 ceux qui seront heureux ! \u00a0\u00bb (S. III, 104).<\/p>\n Il ne s’agit pas, pour le Musulman, de contraindre ses semblables \u00e0 se plier \u00e0 la V\u00e9rit\u00e9. Son devoir est de r\u00e9futer l’opinion des adversaires en s’appuyant sur des preuves, de d\u00e9montrer par des arguments ce qui est Vrai et de convaincre de la mani\u00e8re la plus persuasive ceux qui doutent encore : \u00ab\u00a0Appelle les hommes dans le chemin de ton Seigneur, par la Sagesse et une belle exhortation ; discute avec eux de la meilleure mani\u00e8re \u00a0\u00bb (S. XVI, 125). Dans cet esprit, le Cheikh Muhammad Abdou dit : \u00a0\u00bb Les Musulmans ont l’obligation d’inviter au bien par la douceur, mais ils n’ont ni le droit ni le devoir d’employer une contrainte quelconque pour attirer les gens \u00e0 l’Islam, car sa lumi\u00e8re est assez puissante pour p\u00e9n\u00e9trer les coeurs. \u00ab\u00a0<\/p>\n Le djihad est aussi un \u00a0\u00bb effort raisonn\u00e9 \u00a0\u00bb exerc\u00e9 sur soi-m\u00eame. Le bien et le mal s’opposent en nous perp\u00e9tuellement. Il est demand\u00e9 de combattre les mauvais penchants, de respecter donc les prescriptions coraniques pour r\u00e9aliser, d’une part, son unit\u00e9 personnelle et instaurer, d’autre part, au sein de la soci\u00e9t\u00e9 un ordre social o\u00f9 r\u00e8gnent la justice et la libert\u00e9 individuelle et collective. Cette t\u00e2che ne se concr\u00e9tise que gr\u00e2ce \u00e0 un effort continuel afin de valoriser ses connaissances et d’\u00e9lever le niveau culturel et moral de la communaut\u00e9 musulmane.<\/p>\n La d\u00e9finition du v\u00e9ritable djihad est donn\u00e9e par le Proph\u00e8te lui-m\u00eame qui, au retour d’une bataille, a dit : \u00a0\u00bb Nous sommes revenus de la petite guerre sainte \u00e0 la grande guerre sainte \u00ab\u00a0, c’est-\u00e0-dire, pr\u00e9cise-t-il \u00e0 ses Compagnons : \u00a0\u00bb la guerre contre l’\u00e2me \u00ab\u00a0, tant il est vrai qu’en chaque croyant sommeille des germes d’infid\u00e9lit\u00e9.<\/p>\n <\/a>DJINN<\/strong> Il y a de bons et de mauvais djinns. Au m\u00eame titre que les hommes, ils p\u00e9riront tous et seront ressuscit\u00e9s, ensuite rassembl\u00e9s au Jour du Jugement dernier. Quant \u00e0 l’arm\u00e9e d’Ibl\u00ees, elle sera pr\u00e9cipit\u00e9e dans le Feu : \u00a0\u00bb O assembl\u00e9es des djinns et des hommes ! Des proph\u00e8tes choisis parmi vous ne sont-ils pas venus \u00e0 vous, en vous exposant mes Signes, en vous avertissant de la Rencontre de votre Jour que voici ? \u00a0\u00bb (S. Vl, 130). \u00ab\u00a0Je remplirai certainement la G\u00e9henne de Djinns et d’hommes r\u00e9unis \u00a0\u00bb (S. Xl, 119)<\/p>\n D’autres djinns sont au contraire soumis \u00e0 Dieu. Il y a parmi eux des pr\u00e9dicateurs. Ils iront au paradis comme ceux qui \u00e9cout\u00e8rent la r\u00e9citation du Coran faite par le Proph\u00e8te \u00e0 son retour de Ta’\u00eff o\u00f9 il alla pr\u00eacher vainement la bonne parole aux habitants de cette oasis et demander par la m\u00eame occasion leur aide : \u00a0\u00bb Lorsque nous avons amen\u00e9 devant toi une troupe de Djinns pour qu’ils \u00e9coutent le Coran et qu’ils furent pr\u00e9sent\u00e9s, ils dirent : \u00ab\u00a0\u00c9coutez en silence !\u00a0\u00bb et, quand ce fut termin\u00e9, ils retourn\u00e8rent en avertisseurs aupr\u00e8s de leur peuple \u00a0\u00bb (S. XLVI, 29).<\/p>\n Les djinns ont en effet leur propre communaut\u00e9. Ils peuplent les lieux o\u00f9 il y a de l’eau, des endroits inhabit\u00e9s, des maisons en ruines et tout autre endroit d\u00e9sert. La croyance populaire leur attribue une corporalit\u00e9 ; ils peuvent se pr\u00e9senter sous forme d’animaux ou d’\u00eatres humains.<\/p>\n Des djinns exercent sournoisement leur r\u00f4le n\u00e9faste aupr\u00e8s des hommes comme ils l’avaient exerc\u00e9 \u00e9galement aupr\u00e8s des proph\u00e8tes. Ils forgeaient des mensonges qu’ils susurraient aux envoy\u00e9s de Dieu en les enveloppant d’un joli langage : \u00a0\u00bb Nous avons suscit\u00e9, \u00e0 chaque proph\u00e8te, un ennemi : des hommes d\u00e9moniaques et des Djinns qui se sugg\u00e8rent les uns aux autres le clinquant des paroles trompeuses \u00a0\u00bb (S. VI, 112).<\/p>\n Les pa\u00efens adoraient les djinns et les associaient \u00e0 Dieu leur Cr\u00e9ateur. Ils voyaient en eux des fils ou des filles du Seigneur : \u00ab\u00a0Ils ont attribu\u00e9 \u00e0 Dieu les Djinns comme associ\u00e9s, mais c’est lui qui a cr\u00e9\u00e9 les Djinns. Ils ont imagin\u00e9, dans leur ignorance, que Dieu a des fils et des filles. Gloire \u00e0 lui ! Il est tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9 au-dessus de ce qu’ils imaginent\u00a0\u00bb (S. VI, 100).<\/p>\n Selon leur croyance, Satan \u00e9tait le fr\u00e8re de Dieu et les anges des enfants n\u00e9s de d\u00e9mons femelles unies au Seigneur : \u00ab\u00a0Ils \u00e9tablissent une parent\u00e9 entre lui et les Djinns, mais les Djinns savent qu’ils seront r\u00e9prouv\u00e9s \u00a0\u00bb (S. XXXVII, 158).<\/p>\n Les rationalistes musulmans nient l’existence r\u00e9elle des djinns. Les Mu’tazilites et \u00e0 leur suite le philosophe et m\u00e9decin Ibn Sin\u00e2, l’historien et sociologue Ibn Khaldoun, entre autres, y voyaient plut\u00f4t des all\u00e9gories. D’aucuns consid\u00e8rent que les djinns sont une allusion \u00e0 l’existence des microbes. De telles id\u00e9es ne sont pas partag\u00e9es par la majorit\u00e9 de l’opinion musulmane laquelle pour se soustraire aux influences mal\u00e9fiques de ces d\u00e9mons, pr\u00e9conise de chercher refuge aupr\u00e8s de Dieu en r\u00e9citant les deux courtes sourates suivantes : \u00a0\u00bb Dis : Je cherche la protection du Seigneur de l’aube contre le mal qu’il a cr\u00e9\u00e9 ; contre le mal de l’obscurit\u00e9 lorsqu’elle s’\u00e9tend ; contre le mal de celles qui soufflent sur les noeuds ; contre le mal de l’envieux, lorsqu’il porte envie \u00a0\u00bb (S. CXIII). \u00a0\u00bb Dis : Je cherche la protection du Seigneur des hommes, Roi des hommes, Dieu des hommes, contre le mal du tentateur qui se d\u00e9robe furtivement ; contre celui qui souffle le mal dans le coeur des hommes, qu’il soit au nombre des djinns ou des hommes \u00ab\u00a0, (S. CXIV).<\/p>\n La croyance aux djinns n’est pas l’apanage de l’Islam. Les peuples anciens, perses, babyloniens, etc. croyaient \u00e0 ces puissances naturelles. Le christianisme et le juda\u00efsme n’ignorent pas ces ph\u00e9nom\u00e8nes et beaucoup de leurs adeptes ne manquent pas de conjurer le mauvais sort par des incantations et la confection de talismans.<\/p>\n Les Zora\u00efstes disaient que les d\u00e9mons avaient \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9s par celui qui, d’apr\u00e8s eux, personnifiait le mal, \u00e0 savoir Ahriman. La religion chinoise admet que le monde est habit\u00e9 par des bons et des mauvais esprits. Les Hindous croient aux puissances myst\u00e9rieuses d\u00e9tenues \u00e0 la fois par des dieux et des d\u00e9mons.<\/p>\n La croyance aux djinns et les superstitions qui s’y rattachent se v\u00e9rifient de nos jours dans les milieux intellectuellement avanc\u00e9s. Les esprits cultiv\u00e9s n’ont fait que donner aux djinns d’autres appellations telles que g\u00e9nie ou esprit invisible. \u00ab\u00a0La seule diff\u00e9rence, dit Cheikh Hamza Boubekeur, entre la croyance ancienne et la croyance moderne aux d\u00e9mons \u00e0 travers les civilisations, c’est qu’elle est devenue plus discr\u00e8te, plus libre, plus aimable, plus individuelle, alors que nagu\u00e8re elle \u00e9tait au centre de la vie religieuse des communaut\u00e9s religieuses. \u00ab\u00a0<\/p>\n <\/a>\u00c9POUSES (du Proph\u00e8te) <\/strong> Par contre, Dieu interdit au Proph\u00e8te et par voie de cons\u00e9quence \u00e0 tous les Musulmans la pratique pa\u00efenne des Arabes qui \u00e9changeaient leurs femmes d\u00e9finitivement ou temporairement comme Il lui avait interdit de prendre d’autres femmes autres que celles qu’il avait d\u00e9j\u00e0 \u00e9pous\u00e9es avant cette r\u00e9v\u00e9lation : \u00a0\u00bb Il ne t’est plus permis de changer d’\u00e9pouses ni de prendre d’autres femmes, en dehors de tes esclaves m\u00eame si tu es charm\u00e9 par la beaut\u00e9 de certaines d’entre elles. -Dieu voit parfaitement toute chose \u00a0\u00bb (S. XXXIII, 52).<\/p>\n Avant la pr\u00e9dication, \u00e0 l’\u00e2ge de vingt-cinq ans, le Proph\u00e8te se maria \u00e0 la veuve Khadija, fille de Khuwailid, son a\u00een\u00e9e de quinze ans. Il eut trois fils qui moururent en bas \u00e2ge et quatre filles : Zainab, Ruqayya, Umm Kaltoum et Fatima. Il resta monogame jusqu’\u00e0 la mort de Khadija. Il \u00e9pousa par la suite, \u00e0 diff\u00e9rentes p\u00e9riodes, neuf femmes dont nous donnons une tr\u00e8s br\u00e8ve biographie.<\/p>\n 1 – A\u00efsha, fille d’Abu Bakr. Elle fut promise au Proph\u00e8te quand elle avait \u00e0 peine sept ans. Elle fut sa pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e. Nous lui devons l’\u00e9nonc\u00e9 d’un grand nombre de Hadith. Elle est la seule dont le Coran parle \u00e0 la suite de ce qui est appel\u00e9 l’affaire du collier. Elle rendit l’\u00e2me en 57 de l’H\u00e9gire.<\/p>\n 2 – Hafsa, fille d’Omar. Elle fut veuve \u00e0 l’\u00e2ge de vingt-deux ans de Khuma\u00ef ibn Hudhafa qui mourut \u00e0 la bataille d’Uhud. Contrairement \u00e0 la grande majorit\u00e9 des femmes de son \u00e9poque, elle savait lire et \u00e9crire.<\/p>\n 3 – Umm Habiba, fille d’Abu Sufyan. Elle \u00e9tait pr\u00e9c\u00e9demment mari\u00e9 \u00e0 ‘Ubaidallah ibn Jahch et l’accompagna en Abyssinie lors de la premi\u00e8re \u00e9migration. Elle quitta son \u00e9poux qui avait embrass\u00e9 le christianisme. Au moment de son mariage, son p\u00e8re \u00e9tait encore un farouche adversaire de l’Islam.<\/p>\n 4 – Sawda, fille de Zama’. Elle \u00e9tait d’abord mari\u00e9e \u00e0 as-Sukran ibn ‘Am. Elle \u00e9migra en Abyssinie pour \u00e9chapper aux pers\u00e9cutions des pa\u00efens qora\u00efshites. Elle avait cinquante ans lors de son mariage avec le Proph\u00e8te. Elle mourut sous le r\u00e8gne d’Omar.<\/p>\n 5 – Umm Salama, fille d’Abu Umayya et proche parente de Khalid ibn Walid surnomm\u00e9 par le Proph\u00e8te \u00a0\u00bb l’\u00e9p\u00e9e de Dieu \u00ab\u00a0. C’\u00e9tait une femme cultiv\u00e9e pour l’\u00e9poque et \u00e9crivait des po\u00e8mes. Elle s’expatria en Abyssinie avec son premier mari nomm\u00e9 Abu Salama qui trouva la mort \u00e0 la bataille d’Uhud. Elle fut rappel\u00e9e \u00e0 Dieu en l’an 61 de l’H\u00e9gire.<\/p>\n 6 – Za\u00efnab, fille de Jahch, cousine du Proph\u00e8te, pr\u00e9c\u00e9demment mari\u00e9 \u00e0 Za\u00efd ibn Haritha, esclave affranchi et fils adoptif de l’Envoy\u00e9 de Dieu. Les circonstances du mariage, qui eut lieu en l’an trois de l’H\u00e9gire, sont d\u00e9crites dans le chapitre relatif \u00e0 l’adoption. Sa mort remonte \u00e0 l’an 20 de l’H\u00e9gire.<\/p>\n 7 – Juwa\u00efriyya, fille d’al Harith, chef pa\u00efen de la tribu des Banu Mustaliq qui, \u00e0 la t\u00eate de sa tribu, fut battu par les troupes musulmanes. Juwa\u00efriyya figurait parmi les captifs. Elle se convertit \u00e0 l’Islam et demanda au Proph\u00e8te de l’aider \u00e0 payer sa ran\u00e7on en \u00e9change de sa lib\u00e9ration. Le Messager de Dieu lui proposa de devenir son \u00e9pouse, demande qu’elle accepta. Elle d\u00e9c\u00e9da en l’an 57 de l’H\u00e9gire.<\/p>\n 8 – Safiya, juive de Kha\u00efbar, convertie \u00e0 l’Islam. Le Proph\u00e8te l’\u00e9pousa en l’an 7 de l’H\u00e9gire apr\u00e8s la reddition de sa tribu.<\/p>\n 9 – Maymuma, fille d’al-Harith, autre que celui pr\u00e9c\u00e9demment cit\u00e9. Elle \u00e9tait veuve et \u00e2g\u00e9e de trente-six ans au moment de son mariage qui eu lieu en l’an 7 de l’H\u00e9gire, une ann\u00e9e apr\u00e8s la tr\u00eave de Hudalbiya.<\/p>\n Le Proph\u00e8te eut \u00e9galement deux concubines cit\u00e9es par la tradition Ra\u00efhana qui \u00e9tait juive convertie \u00e0 l’Islam, et Maria, d’origine copte qui lui donna un fils nomm\u00e9 Ibrahim lequel mourut en bas \u00e2ge.<\/p>\n A propos de tous ces mariages, Muhammad Hamidullah donne cette explication : \u00ab\u00a0…d’apr\u00e8s le Qur’\u00e2n, quatre est le nombre maximum de femmes qu’un Musulman a le droit de r\u00e9unir en mariage. Le Proph\u00e8te ne se sentait jamais au-dessus des lois qu’il \u00e9non\u00e7ait. Pourquoi donc eut-il plus de libert\u00e9 dans cette mati\u00e8re ? \u00c9tait-ce un privil\u00e8ge particulier, bas\u00e9 su les r\u00e9v\u00e9lations divines ? Le Qur’\u00e2n n’en parle pas ; et les traditions, bas\u00e9es sur les paroles du Proph\u00e8te, ne renferment rien non plus sur ce point, que je sache. Reste une autre possibilit\u00e9 : la restriction du nombre d’\u00e9pouse serait une d\u00e9cision post\u00e9rieure \u00e0 sa derni\u00e8re c\u00e9l\u00e9bration de mariage. Le faits ne contredisent pas cette hypoth\u00e8se.\u00a0\u00bb<\/p>\n Les sc\u00e8nes de m\u00e9nage n’\u00e9pargnaient pas la maison du Proph\u00e8te, sc\u00e8nes parfois envenim\u00e9es par la jalousie d’A\u00efsha. Elles avaient \u00e0 un moment donn\u00e9 si exasp\u00e9r\u00e9 l’Envoy\u00e9 de Dieu qu’il d\u00e9cida de se s\u00e9parer de ses \u00e9pouses pendant un mois avant de les reprendre. Une r\u00e9v\u00e9lation \u00e9non\u00e7a \u00e0 cet effet les droits du Proph\u00e8te en la mati\u00e8re : \u00ab\u00a0Il n’y a pas de reproche \u00e0 te faire si tu fais attendre celle d’entre elles que tu voudras et si tu recherches de nouveau quelques-unes de celles que tu avais \u00e9cart\u00e9es. Voil\u00e0 ce qui est le plus propre \u00e0 les r\u00e9jouir, \u00e0 leur \u00f4ter tout sujet de tristesse afin que toutes soient contentes de ce que tu leur accordes. -Dieu conna\u00eet le contenu de vos coeurs. Dieu sait tout et il est plein de mansu\u00e9tude \u00a0\u00bb (S. XXXIII, 51).<\/p>\n Les femmes du Proph\u00e8te se montraient parfois exigeantes. Les exp\u00e9ditions avaient procur\u00e9 aux Musulmans un butin consid\u00e9rable qui avait permis d’\u00e9lever leur niveau de vie. Les \u00e9pouses du Messager de Dieu ne recevaient pas les m\u00eames avantages que les autres femmes ; elles enviaient alors les beaux v\u00eatements de ces derni\u00e8res et, d’une fa\u00e7on g\u00e9n\u00e9rale, I’\u00e9l\u00e9vation de leur niveau social. Dieu les pla\u00e7a devant le dilemme suivant : vivre dans l’opulence, et dans ce cas, elles devaient consentir \u00e0 divorcer apr\u00e8s avoir re\u00e7u tous les moyens mat\u00e9riels les autorisant \u00e0 jouir des bienfaits de ce monde, ou bien, demeurer les \u00e9pouses du Proph\u00e8te mais accepter leurs conditions actuelles avec la certitude de b\u00e9n\u00e9ficier d’une belle r\u00e9compense dans l’au-del\u00e0 : \u00a0\u00bb 0 Proph\u00e8te ! Dis \u00e0 tes \u00e9pouses : si vous d\u00e9sirez la vie de ce monde et son faste, venez : je vous procurerai quelques avantages puis je vous donnerai un g\u00e9n\u00e9reux cong\u00e9. Si vous recherchez Dieu, son Proph\u00e8te et la demeure derni\u00e8re, sachez que Dieu a pr\u00e9par\u00e9 une r\u00e9compense sans limites pour celles d’entre vous qui font le bien\u00a0\u00bb (S. XXXIII, 28, 29). Toutes les \u00e9pouses opt\u00e8rent pour la seconde solution.<\/p>\n Les \u00e9pouses du Proph\u00e8te \u00e9taient tenues d’avoir une conduite exemplaire et de soigner leur langage afin d’\u00e9viter les mauvaises interpr\u00e9tations que les d\u00e9bauch\u00e9s et les malintentionn\u00e9s tireraient de leurs propos : \u00ab\u00a00 vous, les femmes du Proph\u00e8te ! Vous n’\u00eates pas comparables \u00e0 aucune autre femme Si vous \u00eates pieuses, ne vous rabaissez pas dans vos propos afin que celui dont le coeur est malade ne vous convoite pas. Usez d’un langage convenable\u00a0\u00bb (S. XXXIII, 32).<\/p>\n Dieu leur ordonna d’\u00eatre dignes et de s’abstenir de toute forme de coquetterie qui rappellerait les moeurs des femmes du paganisme. Il leur \u00e9tait recommand\u00e9 l’ob\u00e9issance \u00e0 Dieu et \u00e0 son Proph\u00e8te, ce qui les aidera \u00e0 s’\u00e9loigner de toute imperfection. Cette recommandation s’adressait \u00e9galement \u00e0 toute la famille du Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb Restez dans vos maisons, ne vous montrez pas dans vos atours comme le faisaient les femmes du temps de l’ancienne ignorance. Acquittez-vous de la pri\u00e8re ; faites l’aum\u00f4ne, ob\u00e9issez \u00e0 Dieu et \u00e0 son Proph\u00e8te : o vous, les gens de la Maison ! Dieu veut seulement \u00e9loigner de vous la souillure et vous purifier totalement,\u00a0\u00bb<\/p>\n \u00ab\u00a0Souvenez-vous des versets de Dieu et de la Sagesse qui vous ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9cit\u00e9s dans vos maisons. Dieu est, en v\u00e9rit\u00e9, subtil et bien inform\u00e9\u00a0\u00bb (S. XXXIII, 33, 34).<\/p>\n Dieu leur ordonna aussi la discr\u00e9tion ; elles ne devaient pas d\u00e9voiler les secrets r\u00e9v\u00e9l\u00e9s au Proph\u00e8te comme ce fut le cas de l’une d’elles, Hafsa qui \u00e9bruita un fait qui n’aurait pas d\u00fb l’\u00eatre : \u00ab\u00a0Lorsque le Proph\u00e8te confia un secret \u00e0 l’une de ses \u00e9pouses et qu’elle le communiqua \u00e0 sa compagne, Dieu en informa le Proph\u00e8te, celui-ci en d\u00e9voila une partie et garda l’autre cach\u00e9e. Lorsqu’il l’eut avertie de son indiscr\u00e9tion, elle dit : qui donc t’a mis au courant ? Il r\u00e9pondit : Celui qui sait tout et qui est bien inform\u00e9 m’en a avis\u00e9 \u00a0\u00bb (S. LXVI, 3).<\/p>\n En leur qualit\u00e9 d’\u00e9pouses du Proph\u00e8te, Dieu avait pr\u00e9vu pour elles une double peine pour toutes infractions aux pr\u00e9ceptes de l’Islam, compar\u00e9e la sanction r\u00e9serv\u00e9e aux autres croyants pour la m\u00eame faute. Inversement une double r\u00e9compense leur avait \u00e9t\u00e9 promise si elles se soumettaient fid\u00e8lement aux injonctions de Dieu et de son Proph\u00e8te : \u00a0\u00bb 0 vous, les femmes du Proph\u00e8te ! Celle d’entre vous qui se rendra coupable d’une turpitude manifeste, recevra deux fois le double du ch\u00e2timent. Cela est facile pour Dieu. Et nous accorderons une double r\u00e9compense \u00e0 celle d’entre vous qui est d\u00e9vou\u00e9e envers Dieu et son Proph\u00e8te, \u00e0 celle qui fait le bien, et nous lui avons pr\u00e9par\u00e9 une noble part \u00a0\u00bb (S. XXXIII, 30, 31).<\/p>\n Les femmes du Proph\u00e8te \u00e9taient consid\u00e9r\u00e9es comme les m\u00e8res des croyants. A ce titre, apr\u00e8s la mort du Proph\u00e8te, elles devaient rester veuves car aucune personne ne se marie avec sa propre m\u00e8re : \u00ab\u00a0Vous ne devez pas offenser le Proph\u00e8te de Dieu, ni jamais vous marier avec ses anciennes \u00e9pouses : ce serait, de votre part, une \u00e9normit\u00e9 devant Dieu \u00a0\u00bb (S. XXXIII, 53 ).<\/p>\n <\/a>ESCLAVE<\/strong> L’Islam ne pouvait pas m\u00e9conna\u00eetre les r\u00e9alit\u00e9s objectives d’un Hij\u00e2z primitif et patriarcal, aux moyens de production traditionnels. Il \u00e9tait amen\u00e9 \u00e0 \u00e9noncer une r\u00e9glementation juridique et des concepts moraux qui r\u00e9formeraient profond\u00e9ment les relations socio-\u00e9conomiques en prenant en consid\u00e9ration la psychologie des tribus et leurs conditions \u00e9conomiques sans d\u00e9truire syst\u00e9matiquement ou d\u00e9s\u00e9quilibrer brutalement les institutions coutumi\u00e8res de l’\u00e9difice social. En reconnaissant un \u00e9tat de fait, il \u00e9dictait des dispositions pour supprimer les abus ou adoucir les mesures rigoureuses qui faussaient les r\u00e8gles de l’\u00e9galit\u00e9 et de la libert\u00e9 avec comme objectif, \u00e0 plus ou moins longue \u00e9ch\u00e9ance, l’\u00e9limination de cet accident de l’histoire.<\/p>\n Des raisons psychologiques et objectives, avons-nous dit, n’incitaient pas en faveur de l’abolition radicale d’une institution \u00e9tablie en Arabie depuis des mill\u00e9naires. L’Islam n’avait pas cependant attendu les progr\u00e8s de l’industrialisation pour fixer des lois assurant un traitement humain aux esclaves et pour \u00e9noncer simultan\u00e9ment une proc\u00e9dure qui devait aboutir progressivement \u00e0 leur lib\u00e9ration. Le Coran et le Hadith, en pr\u00f4nant l’\u00e9galit\u00e9 naturelle des hommes, am\u00e9lioraient les conditions de l’esclave et garantissaient ainsi sa s\u00e9curit\u00e9 morale et mat\u00e9rielle.<\/p>\n Tous les hommes sont esclaves de Dieu et de Lui seul. Le Proph\u00e8te rejeta cette d\u00e9nomination \u00a0\u00bb esclave \u00a0\u00bb g\u00e9n\u00e9ralement r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 la cat\u00e9gorie de gens qui, dans la hi\u00e9rarchie sociale, repr\u00e9sentait la classe la plus d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9e. Il proclama que les hommes libres et les esclaves sont fr\u00e8res. Le Coran interdit aux premiers d’adopter une attitude de suffisance \u00e0 l’\u00e9gard des seconds et ordonna au contraire de leur manifester une bont\u00e9 \u00e9gale \u00e0 celle qui \u00e9tait due \u00e0 la famille, aux voisins et aux \u00e9trangers de passage: \u00ab\u00a0Adorez Dieu ! Ne lui associez rien ! Vous devez user de bont\u00e9 envers vos parents, vos proches, le client qui est votre alli\u00e9 et celui qui vous est \u00e9tranger ; le compagnon qui est proche de vous; le voyageur et vos esclaves. Dieu n’aime pas celui qui est insolent et plein de gloriole \u00a0\u00bb (S. IV, 36).<\/p>\n Sur le plan mat\u00e9riel, Dieu exhorta les fortun\u00e9s, non pas \u00e0 partager leur richesse avec leurs esclaves, mais \u00e0 leur remettre le surplus de leurs biens afin d’\u00e9lever leur condition mat\u00e9rielle: \u00a0\u00bb … Que ceux qui ont \u00e9t\u00e9 favoris\u00e9s ne reversent pas ce qui leur a \u00e9t\u00e9 accord\u00e9 \u00e0 leurs esclaves, au point que ceux-ci deviennent leurs \u00e9gaux. Nieront-ils les bienfaits de Dieu ?\u00a0\u00bb (S. XVI, 71). Pr\u00e9cisons qu’il s’agit d’une \u00e9galit\u00e9 d’un point de vue mat\u00e9riel et non pas politique.<\/p>\n Le but envisag\u00e9 consistait \u00e0 leur fournir les m\u00eames v\u00eatements et la m\u00eame nourriture destin\u00e9s \u00e0 eux-m\u00eames comme le dit le Proph\u00e8te: \u00a0\u00bb Ce sont fr\u00e8res ! Habillez-les comme vous vous habillez. Donnez-leur \u00e0 manger ce que vous mangez. \u00ab\u00a0<\/p>\n Quant \u00e0 l’affranchissement des esclaves, le Coran \u00e9non\u00e7a une s\u00e9rie de dispositions.<\/p>\n Tout croyant qui tuait involontairement un autre croyant devait, en plus du prix du sang, lib\u00e9rer un esclave: \u00a0\u00bb Celui qui tue un croyant par erreur affranchira un esclave croyant \u00a0\u00bb (S. IV, 92).<\/p>\n Celui qui faisait un serment et se parjurait avait le choix entre nourrir ou v\u00eatir dix pauvres, je\u00fbner trois jours ou encore affranchir un esclave : \u00a0\u00bb Dieu… vous punira pour les serments prononc\u00e9s d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment. L’expiation en sera de nourrir dix pauvres – de ce que vous nourrissez normalement votre famille- ou de les v\u00eatir, ou d’affranchir un esclave \u00a0\u00bb (S. V, 89).<\/p>\n Celui qui pronon\u00e7ait la formule de r\u00e9pudiation et qui revenait ensuite sur sa d\u00e9cision \u00e9tait tenu \u00e9galement, \u00e0 titre d’expiation, de lib\u00e9rer un esclave avant de reprendre son \u00e9pouse: \u00a0\u00bb Ceux qui r\u00e9pudient leurs femmes avec la formule : \u00a0\u00bb Sois pour moi comme le dos de ma m\u00e8re et qui la r\u00e9p\u00e8tent, devront affranchir un esclave avant de pratiquer de nouveau la cohabitation. Vous \u00eates exhort\u00e9s \u00e0 agir ainsi. Dieu est parfaitement inform\u00e9 de ce que vous faites \u00a0\u00bb (S. LVIII, 3). Il est \u00e0 faire remarquer qu’il s’agit d’une formule de r\u00e9pudiation en usage chez les pa\u00efens.<\/p>\n Les mauvais traitements inflig\u00e9s \u00e0 des esclaves entra\u00eenaient obligatoirement leur mise en libert\u00e9: \u00a0\u00bb Celui qui corrige excessivement son esclave dit le Proph\u00e8te, ou le gifle, expie sa faute par l’affranchissement. \u00ab\u00a0<\/p>\n Le Coran inclut, parmi les actes m\u00e9ritoires, le rachat des esclaves et destina aussi, \u00e0 cet effet, une partie de la Zakkat (imp\u00f4t l\u00e9gal): \u00a0\u00bb Comment pourrais-tu savoir ce qu’est la voie ascendante ? C’est racheter un captif \u00a0\u00bb (S. XC, 12, 13). \u00a0\u00bb La pi\u00e9t\u00e9 ne consiste pas \u00e0 tourner votre face vers l’Orient ou l’Occident. L’homme bon est celui qui croit en Dieu… Celui qui, pour l’amour de Dieu donne son bien… pour le rachat des captifs \u00a0\u00bb (S. II, 177) \u00a0\u00bb Les aum\u00f4nes sont destin\u00e9es… au rachat des captifs \u00a0\u00bb (S. IX, 60). A cette \u00e9poque, tout captif qui n’\u00e9tait pas lib\u00e9r\u00e9 contre ran\u00e7on \u00e9tait soumis \u00e0 la condition d’esclave.<\/p>\n Le Coran et \u00e9galement le Hadith encourag\u00e8rent donc les croyants \u00e0 introduire dans leurs bonnes oeuvres la lib\u00e9ration des esclaves. Ces derniers pour leur part, avait la possibilit\u00e9 d’obtenir leur affranchissement versant \u00e0 leur ma\u00eetre la somme \u00e9quivalant \u00e0 leur prix d’achat. Ils \u00e9taient donc en droit de demander \u00e0 leur propri\u00e9taire l’autorisation de travailler \u00e0 leur compte, en dehors des heures de service, chez une tierce personne. En possession d’un capital cons\u00e9quent, ils demandaient alors leur lib\u00e9ration. Les anciens ma\u00eetres devaient leur remettre un acte d’affranchissement et une aide mat\u00e9rielle et financi\u00e8re suffisante pour ne pas retomber dans l’esclavage comme ce fut le cas beaucoup plus tard en Am\u00e9rique: \u00a0\u00bb R\u00e9digez un contrat d’affranchissement pour ceux de vos esclaves qui le d\u00e9sirent, si vous reconnaissez en eux des qualit\u00e9s et donnez-leur des biens que Dieu vous a accord\u00e9s \u00a0\u00bb (S. XXIV, 33).<\/p>\n L’histoire nous apprend que la juridiction musulmane, \u00e0 partir du r\u00e8gne des Omayyades, tol\u00e9ra l’h\u00e9r\u00e9dit\u00e9 des esclaves, leur achat et leur capture. C’\u00e9taient des mesures que le Coran ne pr\u00e9voyait pourtant pas; elles n’\u00e9taient en vigueur ni au temps du Proph\u00e8te, ni sous les khalifes \u00a0\u00bb bien dirig\u00e9s. \u00ab\u00a0<\/p>\n Il est \u00e9vident que les textes coraniques et les Hadith peuvent se conformer \u00e0 la vie moderne. Nous mentionnerons \u00e0 titre d’exemple cette adaptation judicieuse de Marcel A. Boisard d’un Hadith: \u00a0\u00bb Vos subordonn\u00e9s (esclaves) sont vos fr\u00e8res que Dieu a plac\u00e9s sous vos ordres. Que celui qui emploie un ouvrier (poss\u00e8de un esclave) ne le charge d’aucune t\u00e2che d\u00e9passant ses forces; s’il doit le faire, qu’il vienne \u00e0 son aide. Si l’employ\u00e9 (esclave) commet une faute, qu’il la lui pardonne, ou qu’il le r\u00e9voque (qu’il l’\u00e9change), mais ne le maltraite pas (torture) point. \u00ab\u00a0<\/p>\n Des textes juridiques relatifs au monde du travail sont \u00e9labor\u00e9s en vue d’organiser le bon fonctionnement des entreprises. Ils n’ont pas n\u00e9anmoins cette empreinte spirituelle qui moralise les relations patron-ouvriers. La m\u00eame projection dans la vie contemporaine peut ais\u00e9ment se r\u00e9aliser \u00e0 propos de toutes les formes de servitude: l’exploitation, la colonisation, l’oppression et la tyrannie, l’injustice, l’in\u00e9galit\u00e9 sociale…<\/p>\n Il n’est donc pas superflu de parler d’esclavage \u00e0 une \u00e8re o\u00f9 cette institution est compl\u00e8tement abolie si d’autres formes de servitude n’existaient pas encore. Les colonisateurs, les dictateurs asservissent toujours des peuples. Dans les r\u00e9gimes dit d\u00e9mocratiques, les relations patron-ouvriers rel\u00e8vent de l’exploitation \u00e9conomique et de la domination politique. Il s’agit de nos jours de contribuer \u00e0 la lib\u00e9ration de l’homme de toutes les formes d’ali\u00e9nation, de participer \u00e0 la lutte pour le recouvrement de la dignit\u00e9 humaine et l’\u00e9panouissement des libert\u00e9s. En d’autres termes, il convient d’agir inlassablement pour que l’\u00e9galit\u00e9 naturelle des hommes entre eux et devant Dieu ne soit pas un vain mot.<\/p>\n <\/a>ESPRIT<\/strong> Dans le Coran, l’expression \u00a0\u00bb Esprit fid\u00e8le \u00a0\u00bb est attribu\u00e9e \u00e0 l’ange Gabriel en sa qualit\u00e9 d’interm\u00e9diaire entre Dieu et le Proph\u00e8te quant \u00e0 la communication de la R\u00e9v\u00e9lation: \u00a0\u00bb Oui, le Coran est une R\u00e9v\u00e9lation du Seigneur des mondes; -l’Esprit fid\u00e8le est descendu avec lui sur ton coeur pour que tu sois au nombre des avertisseurs \u00a0\u00bb (S. XXVI, 192, 193, 194).<\/p>\n Gabriel, \u00e9tant l’ange de la R\u00e9v\u00e9lation, Dieu l’envoyait aux serviteurs choisis par Lui pour en faire des avertisseurs aupr\u00e8s des hommes : \u00a0\u00bb L’Esprit provient de son Commandement, il le lance sur qui il veut parmi ses serviteurs avec la mission d’avertir les hommes \u00a0\u00bb (S. XL, 15).<\/p>\n Le mot s’applique \u00e9galement au m\u00eame ange quand celui-ci apparut sous une forme humaine \u00e0 Marie, m\u00e8re de J\u00e9sus: \u00a0\u00bb Nous lui avons envoy\u00e9 notre Esprit; il se pr\u00e9senta devant elle sous la forme d’un homme parfait \u00a0\u00bb (S. XIX, 17).<\/p>\n \u00a0\u00bb L’Esprit de saintet\u00e9 \u00a0\u00bb est aussi une d\u00e9nomination de l’ange Gabriel d\u00e9sign\u00e9 par Dieu pour assister J\u00e9sus dans sa mission: \u00a0\u00bb Nous avons accord\u00e9 des preuves incontestables \u00e0 J\u00e9sus, fils de Marie, et nous l’avons fortifi\u00e9 par l’Esprit de Saintet\u00e9 \u00a0\u00bb (S. II, 87 et 253), \u00a0\u00bb O J\u00e9sus, fils de Marie\u2026 Je t’ai fortifi\u00e9 par l’Esprit de Saintet\u00e9 \u00a0\u00bb (S. V, 110).<\/p>\n Le terme \u00a0\u00bb Esprit \u00a0\u00bb revient dans le Coran pour d\u00e9signer le Souffle divin qui avait donn\u00e9 vie \u00e0 Adam : \u00a0\u00bb Apr\u00e8s que je l’aurai harmonieusement form\u00e9, et quand j’aurai insuffl\u00e9 en lui de mon esprit \u00a0\u00bb (S. XV, 29).<\/p>\n Il est encore utilis\u00e9 dans le sens de \u00a0\u00bb Souffle \u00a0\u00bb quant \u00e0 la conception de J\u00e9sus, celui-ci \u00e9tant le \u00a0\u00bb Verbe de Dieu \u00a0\u00bb (kalimatu-hu<\/em>): \u00a0\u00bb Sa parole qu’il a jet\u00e9e en Marie \u00a0\u00bb (S. IV, 171). \u00a0\u00bb Et celle qui \u00e9tait rest\u00e9e vierge… nous lui avons insuffl\u00e9 de notre Esprit. Nous avons fait d’elle et de son fils un Signe pour les mondes \u00a0\u00bb (S. XXI, 91). Notons que Dieu ne dit pas \u00a0\u00bb fils \u00ab\u00a0, mais \u00a0\u00bb fils de Marie \u00ab\u00a0, expression qui revient chaque fois qu’il est question de J\u00e9sus.<\/p>\n Comme nous l’avons indiqu\u00e9, la d\u00e9finition traditionnelle de \u00a0\u00bb Esprit fid\u00e8le \u00a0\u00bb et \u00a0\u00bb Esprit de Saintet\u00e9 \u00a0\u00bb se r\u00e9f\u00e8re \u00e0 l’ange Gabriel. Ibn Sin\u00e2, par contre, fait une distinction entre les deux expressions. En ce qui le concerne, \u00a0\u00bb Esprit de Saintet\u00e9 \u00a0\u00bb est bien de l’ordre des Ch\u00e9rubins, quant \u00e0 \u00a0\u00bb Esprit fid\u00e8le \u00ab\u00a0, d’un rang inf\u00e9rieur, est de l’ordre des \u00a0\u00bb substances spirituelles immuables \u00ab\u00a0.<\/p>\n <\/a>\u00c9VANGILE <\/strong> Dieu envoya J\u00e9sus pour confirmer ce qui avait \u00e9t\u00e9 ant\u00e9rieurement r\u00e9v\u00e9l\u00e9 \u00e0 Mo\u00efse et r\u00e9habiliter l’enseignement divin que les hommes et le temps avaient alt\u00e9r\u00e9. Il lui donna \u00e0 cet effet l’\u00c9vangile pour exhorter les hommes \u00e0 suivre la vraie Direction. L’\u00c9vangile avait donc pour but non pas d’abolir la Loi d\u00e9j\u00e0 contenue dans la Tora mais bien de redresser les d\u00e9viations et de remettre ceux qui craignaient Dieu dans la Voie vraie : \u00a0\u00bb N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les proph\u00e8tes, je ne suis pas venu abroger, mais accomplir \u00a0\u00bb (Matthieu : V, 17). Cette parole de J\u00e9sus est confirm\u00e9e par le Coran: \u00a0\u00bb Nous avons envoy\u00e9, \u00e0 la suite des proph\u00e8tes, J\u00e9sus, fils de Marie, pour confirmer ce qui \u00e9tait avant lui, de la Tora. Nous lui avons donn\u00e9 l’\u00c9vangile o\u00f9 se trouvent une Direction et une Lumi\u00e8re, pour confirmer ce qui \u00e9tait avant lui de la Tora, une Direction et un avertissement destin\u00e9s \u00e0 ceux qui craignent Dieu \u00a0\u00bb (S. V, 46).<\/p>\n J\u00e9sus n’a pas \u00e9crit l’\u00c9vangile. Il ne l’a pas \u00e9galement dict\u00e9. Ce fut la t\u00e2che d’hommes qui n’ont pas v\u00e9cu les \u00e9v\u00e9nements de la vie de J\u00e9sus. Le r\u00e9cit de sa vie et le pr\u00eache qu’il a fait oralement durant trois ann\u00e9es ont \u00e9t\u00e9 reproduits plus ou moins fid\u00e8lement en aram\u00e9en ou en h\u00e9breu sur la foi de t\u00e9moignages indirects.<\/p>\n Plusieurs versions de l’\u00c9vangile ont \u00e9t\u00e9 \u00e9crites parmi lesquelles une soixantaine appel\u00e9es apocryphes. Les faits ont \u00e9t\u00e9 relat\u00e9s \u00e0 une \u00e9poque ult\u00e9rieure \u00e0 celle de J\u00e9sus. Le temps aidant, des omissions et des alt\u00e9rations se sont n\u00e9cessairement produites sinon l’histoire n’aurait pas enregistr\u00e9 le d\u00e9veloppement d’une diversit\u00e9 de sectes chr\u00e9tiennes aux doctrines contradictoires, quant au fond, par nombre de leurs aspects.<\/p>\n La m\u00e9moire des hommes n’est pas infaillible encore moins si les \u00e9v\u00e9nements enregistr\u00e9s datent de plus d’un si\u00e8cle. Les amputations et les d\u00e9formations sont toujours pr\u00e9vues et J\u00e9sus n’a pas manqu\u00e9 en son temps de mettre en garde contre les transgressions de la Loi divine. L’\u00c9vangile selon Matthieu le rappelle : \u00a0\u00bb Car, en v\u00e9rit\u00e9, je vous le d\u00e9clare, avant que passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i ne passera de la loi, que tout ne soit arriv\u00e9. D\u00e8s lors celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux hommes \u00e0 faire de m\u00eame sera d\u00e9clar\u00e9 le plus petit dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-l\u00e0 sera d\u00e9clar\u00e9 grand dans le Royaume des cieux. Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux \u00a0\u00bb (V, 18 \u00e0 20).<\/p>\n Au moment de la pr\u00e9dication du dernier des proph\u00e8tes, il \u00e9tait \u00e9vident que l’\u00c9vangile tel qu’il a \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9 n’a pas \u00e9t\u00e9 respect\u00e9, ce qui provoquera des pol\u00e9miques entre les Chr\u00e9tiens qui \u00e9mettaient, \u00e0 partir des erreurs accumul\u00e9es dans la transmission du message de J\u00e9sus, des interpr\u00e9tations erron\u00e9es, des additions d\u00e9viant le fond du v\u00e9ritable sens de la Loi, de faux jugements sur l’Islam. Ce fut ainsi que la Parole de Dieu communiqu\u00e9e \u00e0 J\u00e9sus revient, sous une autre forme, dans la bouche du Proph\u00e8te Muhammad : \u00a0\u00bb Que les gens de l’\u00c9vangile jugent les hommes d’apr\u00e8s ce que Dieu a r\u00e9v\u00e9l\u00e9. Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’apr\u00e8s ce que Dieu a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 \u00a0\u00bb (S. V, 47). \u00a0\u00bb S’ils avaient observ\u00e9 la Tora, l’\u00c9vangile et ce qui leur a \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9 par leur Seigneur, Ils auraient certainement joui des biens du ciel et de ceux de la terre. Il existe parmi eux des gens mod\u00e9r\u00e9s, mais beaucoup d’entre eux font le mal \u00ab\u00a0. \u00a0\u00bb Dis : O gens du Livre ! Vous ne vous appuyez sur rien, tant que vous n’observez pas la Tora et l’\u00c9vangile et ce qui a \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9 par votre Seigneur \u00a0\u00bb (S. V, 66, 68).<\/p>\n L’\u00c9glise chr\u00e9tienne n’a officialis\u00e9 des \u00c9vangiles que ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ces \u00e9crits se caract\u00e9risent \u00e9galement par des contradictions et des anachronismes historiques. Compar\u00e9s au Coran r\u00e9v\u00e9l\u00e9 pour confirmer les \u00c9critures anciennes, ils renferment, entre autres, \u00e0 la suite de la traduction du texte grec, un contresens relatif \u00e0 la mission de Muhammad.<\/p>\n Le Coran rappelle que J\u00e9sus a annonc\u00e9 la venue d’un Messager nomm\u00e9 \u00a0\u00bb Ahmad \u00a0\u00bb : .. J\u00e9sus, fils de Marie, dit : O fils d’Isra\u00ebl ! Je suis, en v\u00e9rit\u00e9, le proph\u00e8te de Dieu envoy\u00e9 vers vous pour confirmer ce qui, de la Tora, existait avant moi, pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un Proph\u00e8te qui viendra apr\u00e8s moi et dont le nom sera Ahmad \u00a0\u00bb (S. LXI, 6). Nous trouvons cette indication dans l’\u00c9vangile de Jean qui rapporta les derniers entretiens de J\u00e9sus avant son arrestation et sa condamnation.<\/p>\n \u00a0\u00bb Le Paraclet, l’Esprit Saint que le p\u00e8re enverra en mon nom, vous communiquera toutes choses, et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit \u00a0\u00bb (XIV, 26). Il est dit encore dans un autre passage : \u00a0\u00bb Cependant, je vous ai dit la v\u00e9rit\u00e9: c’est votre avantage que je m’en aille ; en effet, si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas \u00e0 vous ; si au contraire, je pars, je vous l’enverrai. Et lui, par sa venue, il confondra le monde en mati\u00e8re de p\u00e9ch\u00e9, de justice et de jugement… J’ai encore bien des choses \u00e0 vous dire mais actuellement, vous n’\u00eates pas \u00e0 m\u00eame de les supporter ; lorsque viendra l’Esprit de v\u00e9rit\u00e9, il vous fera acc\u00e9der \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9 toute enti\u00e8re, car il ne parlera pas de son vrai chef, mais il dira ce qu’il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir. Il me glorifiera car il recevra de ce qui est moi et il vous le communiquera… \u00a0\u00bb (XVI, 7 \u00e0 14).<\/p>\n C’est le mot Paraclet qui soul\u00e8ve les divergences entre Chr\u00e9tiens et Musulmans. Il a \u00e9t\u00e9 traduit du mot grecParakl\u00eatos<\/em> qui signifie d\u00e9fense ou intercesseur. Il aurait fallu certainement lire P\u00e9riclytos<\/em> qui a pour sens le \u00a0\u00bb lou\u00e9 \u00ab\u00a0, c’est-\u00e0-dire Ahmad.<\/p>\n La lecture de ces passages de l’\u00c9vangile de Jean montre que la personne qui viendra apr\u00e8s J\u00e9sus sera envoy\u00e9e par Dieu. Elle ne fera que communiquer ce qu’elle entendra. Elle confondra ceux qui ont jug\u00e9 J\u00e9sus et l’on fait condamner. J\u00e9sus, avant de quitter ce monde, affirma \u00e9galement \u00e0 ses disciples que sa doctrine \u00e9tait intentionnellement incompl\u00e8te. L’intercesseur annonc\u00e9 d\u00e9veloppera son enseignement et transmettra \u00e0 l’humanit\u00e9 la V\u00e9rit\u00e9 dans son int\u00e9gralit\u00e9. Il fera comprendre avec plus d’\u00e9vidence ce qu’est Direction et ach\u00e8vera ainsi son oeuvre. N’est-ce pas l\u00e0 la mission du Proph\u00e8te Muhammad ?<\/p>\n Apr\u00e8s avoir analys\u00e9 les textes ci-dessus de l’\u00c9vangile, compar\u00e9s au texte grec de base, Maurice Bucaille conclut : \u00a0\u00bb On est alors conduit en toute logique \u00e0 voir dans le Paraclet de Jean un \u00eatre humain comme J\u00e9sus, dou\u00e9 de facult\u00e9 d’audition et de parole, facult\u00e9s que le texte grec de Jean implique de fa\u00e7on formelle. J\u00e9sus annonce donc que Dieu enverra plus tard un \u00eatre humain sur cette terre pour y avoir le R\u00f4le d\u00e9fini par Jean qui est, soit dit en un mot, celui d’un proph\u00e8te entendant la voix de Dieu et r\u00e9p\u00e9tant aux hommes son message. Telle est l’interpr\u00e9tation logique du texte de Jean si l’on donne aux mots leur sens r\u00e9el.<\/p>\n \u00a0\u00bb La pr\u00e9sence des mots Esprit Saint dans le texte que nous poss\u00e9dons aujourd’hui pourrait fort bien relever d’une addition ult\u00e9rieure tout \u00e0 fait volontaire, destin\u00e9e \u00e0 modifier le sens primitif d’un passage qui, annon\u00e7ant la venue d’un proph\u00e8te apr\u00e8s J\u00e9sus, \u00e9tait en contradiction avec l’enseignement des \u00c9glises chr\u00e9tiennes naissantes, voulant que J\u00e9sus f\u00fbt dernier des proph\u00e8tes. \u00ab\u00a0<\/p>\n Dieu r\u00e9v\u00e9la la Tora et ensuite l’\u00c9vangile; tels qu’ils ont \u00e9t\u00e9 enseign\u00e9s par Mo\u00efse et J\u00e9sus, ils gardent, pour le Musulman, toute leur autorit\u00e9. En d’autres termes, la doctrine des \u00c9critures pratiqu\u00e9es actuellement n’est pas \u00e0 rejeter en bloc car le Coran est la V\u00e9rit\u00e9 qui confirme les r\u00e9v\u00e9lations ant\u00e9rieures: \u00a0\u00bb Il a fait descendre sur toi (il s’agit du Proph\u00e8te Muhammad) le Livre, en toute v\u00e9rit\u00e9; celui-ci d\u00e9clare v\u00e9ridique ce qui \u00e9tait avant toi. Il avait fait descendre la Tora et l’\u00c9vangile -Direction, auparavant, pour les hommes- et il avait fait descendre la Loi \u00a0\u00bb (S. III, 3, 4). A ce titre, nous ne devons pas nous \u00e9tonner de relever des similitudes entre les trois religions monoth\u00e9istes au lieu de s’obstiner \u00e0 d\u00e9couvrir mal intentionnellement des sources terrestres au Coran, sachant pertinemment bien que la R\u00e9v\u00e9lation est UNE. Dans leur authenticit\u00e9, la Tora, l’\u00c9vangile, et avant eux tout ce qui a \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9 et promis \u00e0 Abraham en territoires et en bienfaits spirituels ainsi qu’\u00e0 tous les autres proph\u00e8tes appartient \u00e9galement au patrimoine du monde musulman.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Dictionnaire \u00e9l\u00e9mentaire de l’Islam par Tahar Ga\u00efd [extraits] Extraits de Dictionnaire \u00e9l\u00e9mentaire de l’Islam, par Tahar Ga\u00efd (Alger, Office des publications universitaires, 2e \u00e9dition, 1986). 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