{"id":389,"date":"2015-01-01T19:06:55","date_gmt":"2015-01-01T18:06:55","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=389"},"modified":"2015-01-20T09:23:36","modified_gmt":"2015-01-20T08:23:36","slug":"jacques-berque-en-relisant-le-coran","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=389","title":{"rendered":"Jacques Berque. En relisant le Coran"},"content":{"rendered":"
Passeur des deux rives<\/strong><\/p>\n \u00ab\u00a0Elle semble excentr\u00e9e de ma personne par une dict\u00e9e sup\u00e9rieure. C\u2019est ainsi que les musulmans la sentent. Or je fais miennes leurs attitudes quand j\u2019\u00e9tudie leur Livre, tout en gardant la distance propre (…)<\/p>\n Je me mets dans leur tunique, ataqamma\u00e7u<\/em>, dirait l\u2019arabe, en restant moi-m\u00eame. Comment est-ce possible ? Sympathie ? empathy <\/em> ? Max Weber a d\u00e9m\u00eal\u00e9 ces ambigu\u00eft\u00e9s. Moi, ce que je constate, c\u2019est que cette fusion passag\u00e8re fortifie en moi tout ensemble l\u2019identique et le diff\u00e9rent.\u00a0\u00bb<\/p>\n L’homme-sage du tissage et du m\u00e9tissage <\/strong>(PDF<\/a><\/b>) <\/p>\n Membre de l’Acad\u00e9mie de langue arabe du Caire, professeur honoraire au Coll\u00e8ge de France, sociologue et orientaliste, Jacques Berque (1910-1995), parfois d\u00e9nomm\u00e9 \u00ab\u00a0le passeur entre les deux rives\u00a0\u00bb, avait donn\u00e9 \u00e0 l’Institut du monde arabe des conf\u00e9rences o\u00f9, apr\u00e8s la publication de son Essai de traduction du Coran<\/a>, il pr\u00e9sentait \u00e0 un large public le livre fondateur de l’Islam.<\/p>\n Seize ann\u00e9es de travail, et une vie tout enti\u00e8re consacr\u00e9e \u00e0 l’\u00e9tude de l’Islam, avaient \u00e9t\u00e9 n\u00e9cessaires au professeur Jacques Berque pour proposer son \u00ab essai de traduction \u00bb du Coran. \u00c0 la fois savante et litt\u00e9raire, cette oeuvre monumentale, t\u00e9moignant d’une intime familiarit\u00e9 avec le monde arabe et la tradition de l’Islam, fut salu\u00e9e comme un \u00e9v\u00e9nement pour l’approche de cette culture par le public francophone.<\/p>\n Apr\u00e8s quatre ans de travail suppl\u00e9mentaires, Jacques Berque, qui fut l’infatigable explorateur des mille subtilit\u00e9s de la langue coranique, am\u00e9liora son texte en y apportant des centaines de retouches d’apr\u00e8s les remarques de lecteurs \u00e9rudits, et particuli\u00e8rement celles de cheikhs de l’Islam. Cette seconde \u00e9dition, enti\u00e8rement r\u00e9vis\u00e9e, nous fait red\u00e9couvrir le Coran dans le souffle de ses origines, ouvrant les perspectives d’un Islam \u00e9clair\u00e9 o\u00f9 foi et raison auraient toutes deux leur place.<\/p>\n \u00c0 une apparente incoh\u00e9rence, Jacques Berque oppose de saisissantes r\u00e9gularit\u00e9s qui laissent entrevoir une composition en entrelacs. Le message conjugue la transmission de l’absolu et le traitement de donn\u00e9es conjoncturelles : Ainsi les valeurs permanentes qu’il \u00e9dicte s’inscriront-elles dans le temps des hommes. \u00c0 l’ heure o\u00f9 certains pr\u00f4nent l’extension d’une \u00ab\u00a0shar\u00ee’a\u00a0\u00bb fig\u00e9e, ou seulement d\u00e9duite, Jacques Berque souligne l’appel du texte \u00e0 la raison, ses ouvertures \u00e0 l’innovation. Enfin, la langue, qualifi\u00e9e traditionnellement d’inimitable, illustre la transfiguration de parlers arabes r\u00e9els en un syst\u00e8me linguistique aux propri\u00e9t\u00e9s singuli\u00e8res. Relire le Coran se veut moins une introduction \u00e9rudite qu’un guide pour aborder par l’intelligence et le coeur l’une des pi\u00e8ces de ce patrimoine universel o\u00f9 Jules Michelet voyait la \u00ab\u00a0Bible de l’humanit\u00e9\u00a0\u00bb.<\/p>\n<\/p>\n
\npar R\u00e9da Benkirane, Bledmag<\/em>, Casablanca, Hors-s\u00e9rie No 4, f\u00e9vrier 2010.<\/p>\n<\/a>Extrait de Le Coran, essai de traduction<\/em>, par Jacques Berque, \u00e9ditions revue et corrig\u00e9e, Albin Michel, 1995 (Sindbad, 1990), reparu sous le titre Relire le Coran<\/em>, Albin Michel, 1993.<\/p>\n