{"id":356,"date":"2015-01-01T15:46:38","date_gmt":"2015-01-01T14:46:38","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=356"},"modified":"2015-01-18T21:44:53","modified_gmt":"2015-01-18T20:44:53","slug":"ladakh-transe-et-guerison","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=356","title":{"rendered":"Ladakh, transe et gu\u00e9rison"},"content":{"rendered":"

Lha-Tsan, g\u00e9nie des cimes*<\/h3>\n

Texte de Jean-Baptiste Rabouan<\/p>\n

Guid\u00e9s par les dieux ou poss\u00e9d\u00e9s par les d\u00e9mons, les villageois de l’Himalaya vivent en permanence avec les \u00eatres de l’invisible. Celui qui les ignore ou les irrite s’expose \u00e0 leur courroux. Les chamans saignent, les astrologues fr\u00e9missent. Voyage en qu\u00eate de myst\u00e8res r\u00e9els.<\/em><\/p>\n

Col Wori, 4700 m\u00e8tres d’altitude. Comme moi, Nawang est cal\u00e9 \u00e0 l’abri du vent, derri\u00e8re un rocher, face \u00e0 la pente. Une tasse de th\u00e9 chaud \u00e0 la main, nous admirons en silence le jeu des nuages et du vent sur les montagnes. Les cumulus se d\u00e9font en lambeaux sur les cimes et les rayons du soleil lancent une lumi\u00e8re frisante. Me voil\u00e0 une nouvelle fois dans les hauteurs du Ladakh, \u00e0 la recherche de r\u00e9alit\u00e9s myst\u00e9rieuses. Face aux dimensions \u00e9crasantes de l’Himalaya, je pense aux sages bouddhistes qui con\u00e7oivent l’existence de chaque \u00eatre vivant comme une \u00e9tincelle dans un flux d’\u00e9nergie. Cette \u00e9nergie est bien l\u00e0. Nous la sentons qui tourbillonne en nous et autour de nous.<\/p>\n

<\/div>\n

D’un seul coup, les ombres des montagnes font basculer notre camp dans l’obscurit\u00e9. La temp\u00e9rature chute de 20 \u00e0 0 degr\u00e9. Nous quittons notre poste d’observation pour rejoindre le cuisinier et les muletiers de l’exp\u00e9dition. Ils sont rassembl\u00e9s sous la tente-cuisine, autour des r\u00e9chauds \u00e0 p\u00e9trole. Le plus \u00e2g\u00e9 des muletiers a l’air inquiet. \u00ab\u00a0Il y a de puissants Tsan sur ce col, dit-il. Ils suivent le vent et descendent chaque nuit dans la vall\u00e9e. On ne peut pas les voir, mais celui qui se trouve sur leur chemin risque la folie, et m\u00eame la mort!\u00a0\u00bb Mon compagnon Nawang conna\u00eet bien les craintes de ces montagnards. D’une voix sereine, il rassure le muletier:<\/p>\n

\u00ab\u00a0\u00c9coute-moi, Tsering, la b\u00e9n\u00e9diction de Sha Rimpoche en personne nous prot\u00e8ge. Jamais un Tsan ne pourra nous faire du mal.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Une offrande d’edelweiss<\/em>
\n<\/span>Lorsque j’avais propos\u00e9 \u00e0 Nawang de m’accompagner sur la route des esprits magiques, les Tsan et les Lha, il avait tout de suite accept\u00e9, mais en ajoutant qu’il ne partirait pas sans la b\u00e9n\u00e9diction d’un grand lama. Dans tout le pays, Sha Rimpoche est connu pour \u00eatre un des grands mystiques du bouddhisme tib\u00e9tain. Apr\u00e8s plusieurs d\u00e9marches, c’est lui qui nous avait accord\u00e9 sa b\u00e9n\u00e9diction. En entendant Nawang prononcer son nom, les muletiers se calment aussit\u00f4t. Quelques instants plus tard, ils ne pensent d\u00e9j\u00e0 plus aux entit\u00e9s mena\u00e7antes qui r\u00f4dent dans la montagne.<\/p>\n

Le lendemain, le soleil est d\u00e9j\u00e0 haut quand notre petite caravane passe le col. Sur le chemin, Nawang me fait remarquer des signes favorables: trois yaks sauvages et de nombreuses marmottes. Au point le plus haut, nous trouvons un amoncellement de pierres et de cr\u00e2nes de yaks peints en rouge. Surmont\u00e9 de drapeaux de pri\u00e8res, c’est un lhato d\u00e9di\u00e9 au Lha qui habite le col et les environs. En passant, chacun s’\u00e9crie trois fois: \u00ab\u00a0Ki ki, so so, Lha gyalo!\u00a0\u00bb (les dieux sont victorieux!). Nawang et Tsering cueillent un bouquet d’edelweiss et le d\u00e9posent entre les dents d’un cr\u00e2ne de yak. Cette offrande nous prot\u00e9gera pendant la descente vers le village de Tanjer.<\/p>\n

Le conseil du lama<\/em>
\n<\/span>Apr\u00e8s deux jours de marche \u00e0 travers pierriers et tourbe molle, nous parvenons dans une \u00e9troite vall\u00e9e o\u00f9 gronde un affluent de la rivi\u00e8re Shyok. A moiti\u00e9 enfoui dans un piton rocheux, le monast\u00e8re de Tanjer domine la vall\u00e9e. Aujourd’hui la gompa n’est plus habit\u00e9e que par un lama solitaire. Chaque jour il officie, pratiquant les rituels qui permettent aux bouddhas et aux bodhisattvas de vivre \u00e0 Tanjer.<\/p>\n

Lorsqu’il reconna\u00eet parmi nous son ami Nawang, le lama nous re\u00e7oit \u00e0 bras ouverts. En quelques minutes, il dispose sous l’auvent de la gompa des tapis autour d’une table basse tib\u00e9taine orn\u00e9e de dragons sculpt\u00e9s, et nous pr\u00e9pare du th\u00e9 au beurre. Le moine veut savoir ce qui nous am\u00e8ne \u00e0 Tanjer.<\/p>\n

Quand il apprend que nous cherchons \u00e0 rep\u00e9rer les itin\u00e9raires suivis depuis toujours par les Lha et les Tsan, son visage s’aggrave. \u00ab\u00a0N’oubliez pas que les Tsan et m\u00eame les Lha sont comme nous prisonniers du samsara. Ils naissent, vivent et meurent dans le m\u00eame cycle du monde ph\u00e9nom\u00e9nal. Leur existence est parfois tr\u00e8s longue, mais comme nous ils sont soumis \u00e0 la loi de l’impermanence et connaissent la souffrance. Si nous leur construisons des lhatos ou des tsandos charg\u00e9s de pri\u00e8res et de mantras, c’est avant tout pour les aider \u00e0 comprendre les enseignements du Bouddha et les lib\u00e9rer du samsara. Mais on doit surtout veiller \u00e0 ne pas les irriter.\u00a0\u00bb Avant de prendre cong\u00e9, nous donnons quelques roupies au lama pour qu’il d\u00e9die un rituel \u00e0 Tara Bouddha, celle qui \u00e9carte les obstacles et prot\u00e8ge les voyageurs. Le lama nous met en garde contre les gu\u00e9s devenus dangereux avec la fonte des neiges. Malgr\u00e9 la protection de Tara, il nous sugg\u00e8re m\u00eame de consulter le lhaba, chaman local, avant de poursuivre notre route.<\/p>\n

La maison du lhaba est \u00e0 l’\u00e9cart du village. C’est une demeure modeste, mais les drapeaux de pri\u00e8res et le lhato construit sur la terrasse attestent de son importance religieuse. Enti\u00e8rement peint en rouge, le lhato est d\u00e9di\u00e9 \u00e0 un Lha-Tsan, c’est-\u00e0-dire une entit\u00e9 courrouc\u00e9e mais qu’un karma positif a \u00e9lev\u00e9 au rang de divinit\u00e9. A l’int\u00e9rieur, nous trouvons une dizaine de villageois assis par terre. Malades ou simplement pr\u00e9occup\u00e9s, ils sont venus qu\u00e9rir aupr\u00e8s du lhaba une gu\u00e9rison, un soulagement ou m\u00eame une r\u00e9ponse. Devant l’\u00e2tre, un petit autel est couvert d’offrandes: du riz, de l’orge, de l’eau lustrale et de l’encens. Ces quelques richesses votives inviteront le Lha-Tsan \u00e0 prendre possession du lhaba.<\/p>\n

La soie, le sang et l’oracle<\/em>
\n<\/span>Ce dernier, agenouill\u00e9 devant l’autel, a commenc\u00e9 de r\u00e9citer des mantras. Il est peu \u00e0 peu saisi de convulsions, signe que le Lha-Tsan r\u00e9pond \u00e0 ses invocations. La possession se confirme lorsqu’il se jette violemment contre le mur et se mart\u00e8le le dos \u00e0 coups de poing. Soudain, il saisit sur l’autel un couteau et s’entaille la langue d’un geste vif. Puis, devant l’assistance m\u00e9dus\u00e9e et apeur\u00e9e, il laisse couler son sang sur un miroir de cuivre. L’assistant fait signe au premier patient de s’avancer \u00e0 genoux. Apr\u00e8s avoir d\u00e9pos\u00e9 une \u00e9charpe de soie blanche sur les \u00e9paules du lhaba, il peut alors le questionner: \u00ab\u00a0Lhaba, ma fille veut \u00e9pouser un musulman de Kargil, et…\u00a0\u00bb Interrompant le villageois, le lhaba, toujours agit\u00e9 de convulsions, scrute son miroir tach\u00e9 de sang et d\u00e9clame: \u00ab\u00a0Va au monast\u00e8re de Sakti et commande aux moines de dire pour toi cent mille mantras d\u00e9di\u00e9s \u00e0 Padma Sambhava, puis envoie ta fille travailler une ann\u00e9e avec les jeunes de l’association bouddhiste de Leh. Allez, va maintenant.\u00a0\u00bb<\/p>\n

A chacun il ordonne des d\u00e9votions particuli\u00e8res. Il commande parfois d’aller trouver le m\u00e9decin traditionnel et dispense des conseils avec beaucoup de bon sens. Lorsque vient mon tour, je pose avec respect l’\u00e9charpe sur ses \u00e9paules. Mais avant que j’aie pu dire quoi que ce soit, il se redresse brutalement, entaille une nouvelle fois sa langue, faisant jaillir un peu plus de sang sur l’autel. D’une voix rauque, il \u00e9nonce l’oracle. Nawang, devenu bl\u00eame, me traduit les propos du lhaba. \u00ab\u00a0Ne va pas \u00e0 Likir, car un gongmo t’attend pour te d\u00e9truire. Il viendra \u00e0 toi par l’esprit de l’eau… Tu cherches trop \u00e0 comprendre la puissance des \u00eatres de l’invisible. Certains magiciens n’aiment pas \u00e7a. Ce sont eux qui ont lanc\u00e9 un gongmo \u00e0 tes trousses. Prends cette \u00e9charpe de soie et noue-l\u00e0 autour de ta taille. Elle te prot\u00e9gera, mais ne t’avance jamais au-del\u00e0 de Likir.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Le karma et la jeune fille<\/em>
\n<\/span>Naturellement, nous avions pr\u00e9vu de rejoindre la vall\u00e9e de l’Indus en passant par Likir, mais les effrayantes pr\u00e9dictions du lhaba me font h\u00e9siter. Depuis des ann\u00e9es je sillonne le Ladakh, et j’ai appris \u00e0 faire confiance aux signes, en d\u00e9pit de toute raison cart\u00e9sienne. Mais le bouddhisme m’a aussi enseign\u00e9 que chacun porte ses joies et ses souffrances au fond de lui-m\u00eame, et qu’il faudra in\u00e9vitablement les rencontrer lorsque les causes engendr\u00e9es par le karma seront arriv\u00e9es \u00e0 maturit\u00e9. Je dois accepter les risques du voyage \u00e0 Likir, pas seulement parce que c’est un site majeur pour mes recherches, mais aussi pour moi-m\u00eame. Je ne doute pas de la v\u00e9racit\u00e9 de l’oracle, mais je suis encore plus convaincu que la route qui m’attend a \u00e9t\u00e9 trac\u00e9e bien avant ma naissance. En Occident, on appelle \u00e7a le destin.<\/p>\n

Apr\u00e8s plusieurs jours de marche, nous atteignons Likir. En apercevant le monast\u00e8re, je remets en ceinture l’\u00e9charpe donn\u00e9e par le lhaba. Ma gourde est perc\u00e9e, je n’ai plus d’eau et l’air sec br\u00fble ma gorge. Nous croisons une jeune fille toute par\u00e9e de bijoux d’argent. Entre ses nattes resplendit une coiffe de turquoise qui lui descend jusqu’aux hanches. Troubl\u00e9 par sa beaut\u00e9, je la salue en joignant mes paumes au niveau du coeur. Elle me r\u00e9pond par un regard appuy\u00e9, presque effront\u00e9. Puis elle me sourit, ce qui m’\u00e9tonne fort, car les femmes ladakhies sont \u00e0 l’ordinaire plut\u00f4t timides. Encourag\u00e9, je me pr\u00e9sente et lui demande si elle conna\u00eet une source d’eau potable. Elle sort de son sac une bouteille d’eau claire et me la donne. Avant de continuer son chemin, elle m’invite \u00e0 venir chez elle lors de mon prochain passage. Tout excit\u00e9 par cette rencontre galante, je pars d’un pas l\u00e9ger, oubliant les avertissements du lhaba. Une heure plus tard, en enjambant un minuscule ruisseau, voil\u00e0 que je perds l’\u00e9quilibre. Je chute dans les pierres. La bouteille de la belle se brise et l’un des tessons s’enfonce profond\u00e9ment dans mon bras. La blessure est m\u00e9chante. Le sang coule abondamment et je reste \u00e0 moiti\u00e9 assomm\u00e9 entre les pierres. Nawang ne sait que faire. Nous sommes encore loin du village, les muletiers nous ont quitt\u00e9s la veille et il n’y a plus personne alentour.<\/p>\n

Un alli\u00e9 muet<\/em>
\n<\/span>Soudain, par je ne sais quel miracle, un lama surgit de derri\u00e8re un rocher. Rayonnant d’un sourire complice, il s’approche sans dire un mot et sort de sa besace quelques fioles et un bandage. Je retrouve mes esprits tandis que ses mains expertes nettoient la plaie et appliquent un pansement serr\u00e9. Apr\u00e8s m’avoir soign\u00e9 sans se d\u00e9faire de son sourire ni prononcer une seule parole, il nous quitte aussi rapidement qu’il est apparu. Nawang n’en croit pas ses yeux. Pour lui, il s’agit d’un authentique Tulpa, un \u00eatre mat\u00e9rialis\u00e9 par l’\u00e9nergie psychique d’un yogi qui peut agir dans le monde r\u00e9el mais ne peut parler. D\u00e8s que je retrouve la force de me lever et de marcher, Nawang me conduit chez l’ompo du premier village, \u00e0 quatre heures de marche, pour exorciser d\u00e9finitivement le gongmo.<\/p>\n

Le vieil homme nous re\u00e7oit dans sa cuisine, au milieu de livres \u00e9lim\u00e9s et d’ustensiles sacr\u00e9s. Nawang expose alors la situation. L’ompo d\u00e9roule une carte du ciel et se livre \u00e0 de savants calculs. D’apr\u00e8s lui, l’\u00e9charpe du lhaba a d\u00e9tourn\u00e9 de mon ventre le tesson de bouteille, m’\u00e9vitant ainsi une blessure beaucoup plus grave. Puis il confectionne rapidement une statuette avec de la farine et du beurre. Pas plus grande qu’une main d’enfant, l’effigie me repr\u00e9sente. L’ompo prononce alors des formules d’une voix \u00e9nergique pour attirer la force malveillante. Lorsqu’il est certain que le gongmo a \u00e9t\u00e9 leurr\u00e9 par le rituel, il saisit l’effigie, se pr\u00e9cipite \u00e0 l’ext\u00e9rieur et la lance le plus loin possible. Les chiens errants se r\u00e9galeront de ce g\u00e2teau de tsampa. L’ompo me donne une tape amicale sur le dos. \u00ab\u00a0Tu peux continuer ta route en paix, dit-il, mais observe toujours bien les signes de la nature: c’est le langage des dieux!\u00a0\u00bb<\/p>\n

Ce qui reste de cette histoire, c’est une cicatrice sur mon bras droit. Je ne saurai probablement jamais quelle a \u00e9t\u00e9 la part de r\u00e9el et celle de l’imaginaire dans cette aventure. Le monde des dieux et des \u00eatres divins, tel que j’ai pu l’approcher au Ladakh, est un monde qui prend racine dans les profondeurs de la conscience humaine. Comme le dit souvent Nawang: \u00ab\u00a0Un voyage sur terre a toujours une fin, mais un voyage dans l’esprit ne se terminera jamais.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Passionn\u00e9 par le monde indo-tib\u00e9tain, Jean-Baptiste Rabouan travaille depuis plus de quinze ann\u00e9es sur les aspects magico-religieux inh\u00e9rents aux traditions de l’Himalaya. Son exp\u00e9rience lui a valu de guider au Ladakh une \u00e9quipe de l’Universit\u00e9 de Louvain pour une \u00e9tude de psycho-ethnologie sur les m\u00e9decines tib\u00e9taines. Son ouvrage \u00ab\u00a0Ladakh – De la Transe \u00e0 l’Extase\u00a0\u00bb est publi\u00e9 aux Editions Peuples du Monde, \u00e0 Paris.<\/em><\/p>\n

 <\/p>\n

* Cet article est paru dans Animan, No 78, f\u00e9vrier 1997.<\/p>\n

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Lha-Tsan, g\u00e9nie des cimes* Texte de Jean-Baptiste Rabouan Guid\u00e9s par les dieux ou poss\u00e9d\u00e9s par les d\u00e9mons, les villageois de l’Himalaya vivent en permanence avec les \u00eatres de l’invisible. Celui qui les ignore ou les irrite s’expose \u00e0 leur courroux. Les chamans saignent, les astrologues fr\u00e9missent. Voyage en qu\u00eate de \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-356","page","type-page","status-publish","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/356","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=356"}],"version-history":[{"count":3,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/356\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1315,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/356\/revisions\/1315"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=356"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}