{"id":2033,"date":"2019-07-02T14:43:05","date_gmt":"2019-07-02T13:43:05","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/?page_id=2033"},"modified":"2019-08-11T10:13:50","modified_gmt":"2019-08-11T09:13:50","slug":"beethoven-lettres-a-limmortelle-bien-aimee","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=2033","title":{"rendered":"Beethoven: Lettres \u00e0 l\u2019immortelle bien aim\u00e9e"},"content":{"rendered":"
Le 6 juillet 1812 au matin.<\/p>\n Mon ange, mon tout, mon moi \u2014 quelques mots seulement aujourd’hui, et au crayon (le tien) \u2014 Ce n’est pas avant demain que mon logement sera d\u00e9finitivement arr\u00eat\u00e9 \u2014 Quelle mis\u00e9rable perte de temps pour de telles choses. Pourquoi ce profond chagrin alors que la n\u00e9cessit\u00e9 parle ? Notre amour peut-il exister autrement que par des sacrifices, par l’obligation de ne pas tout demander ? Peux-tu faire autrement que tu ne sois pas toute \u00e0 moi et moi \u00e0 toi ? \u2014 Ah ! Dieu, contemple la belle nature et tranquillise les esprits sur ce qui doit \u00eatre \u2014 L’amour exige tout, et de plein droit, ainsi en est-il de moi avec toi, de toi avec moi. Mais tu oublies si facilement que je dois vivre pour moi et pour toi ; si nous \u00e9tions compl\u00e8tement r\u00e9unis, tu \u00e9prouverais aussi peu que moi cette souffrance. \u2014 Mon voyage a \u00e9t\u00e9 terrible ! Je ne suis arriv\u00e9 ici qu’hier \u00e0 quatre heures du matin ! Comme on manquait de chevaux, la poste a pris une autre route, mais quel chemin \u00e9pouvantable ! A l’avant-dernier relais, on me conseilla de ne pas voyager de nuit \u2014 on me parla, pour m’effrayer, d’une for\u00eat \u00e0 traverser, mais cela n’a fait que m’exciter, et j’ai eu tort, la voiture aurait d\u00fb se briser dans ce terrible chemin, simple chemin de terre d\u00e9fonc\u00e9 \u2014 sans des postillons comme ceux que j’avais, je serais rest\u00e9 en route. Estherazy, par l’autre chemin, le chemin habituel, a subi le m\u00eame sort, avec huit chevaux, que moi avec quatre \u2014 pourtant j’ai \u00e9prouv\u00e9 un certain plaisir, comme toujours quand j’ai heureusement surmont\u00e9 un obstacle. \u2014 A pr\u00e9sent passons vite de choses ext\u00e9rieures \u00e0 des choses int\u00e9rieures ! Nous nous reverrons sans doute bient\u00f4t, aussi aujourd’hui je ne peux te faire part des consid\u00e9rations que j’ai faites sur ma vie pendant ces quelques jours \u2014 si nos c\u0153urs \u00e9taient toujours serr\u00e9s l’un contre l’autre, je n’en ferais pas de pareilles. Le c\u0153ur est plein de tant de choses \u00e0 te dire \u2014 Ah ! Il y a des moments o\u00f9 je trouve que la parole n’est absolument rien encore \u2014 courage \u2014 reste mon fid\u00e8le, mon unique tr\u00e9sor, mon tout, comme moi pour toi ; quant au reste, les dieux d\u00e9cideront de ce qui doit \u00eatre et de ce qui adviendra pour nous.\u00a0\u00bb<\/p>\n Ton fid\u00e8le Ludwig.<\/p>\n Lundi soir, 6 juillet 1812<\/p>\n Tu souffres, toi, mon \u00eatre le plus cher \u2014 \u00e0 l’instant j’apprends que les lettres doivent \u00eatre remises de tr\u00e8s grand matin. Lundi \u2014 jeudi \u2014 les seuls jours o\u00f9 la poste part d’ici pour Karlsbad. \u2014 Tu souffres \u2014 ah, l\u00e0 o\u00f9 je suis, tu es aussi avec moi, je parle avec moi et toi, je ferai en sorte que je puisse vivre avec toi, quelle vie !!! ainsi !!! sans toi \u2014 poursuivi ici et l\u00e0 par la bont\u00e9 des hommes que je d\u00e9sire aussi peu m\u00e9riter que je la m\u00e9rite \u2014 humilit\u00e9 de l’homme devant l’homme, elle me peine, et quand je me consid\u00e8re dans l’ensemble de l’univers, que suis-je, et qu’est celui qu’on appelle le plus Grand ? \u2014 et pourtant, l\u00e0 encore est la divinit\u00e9 de l’homme. Je pleure, quand je pense que tu ne recevras vraisemblablement que samedi la premi\u00e8re nouvelle de moi. \u2014 Quel que soit ton amour pour moi, je t’aime encore plus fort \u2014 mais ne te cache jamais de moi. \u2014 Bonne nuit \u2014 en bon curiste il faut que j’aille dormir. Ah ! Dieu, si pr\u00e8s, si loin ! Notre amour n’est-il pas un v\u00e9ritable \u00e9difice c\u00e9leste et aussi solide que la vo\u00fbte du ciel ?<\/p>\n Bon matin, le 7 juillet 1812<\/p>\n Au lit mes pens\u00e9es se pressent d\u00e9j\u00e0 vers toi, mon immortelle Bien-aim\u00e9e, parfois joyeuses, puis de nouveau tristes, demandant au Destin s’il nous exaucera. \u2014 Vivre, je ne le peux qu’enti\u00e8rement avec toi ou pas du tout, j’ai m\u00eame r\u00e9solu d’errer au loin jusqu’au jour o\u00f9 je pourrai voler dans tes bras et pourrai me dire tout \u00e0 fait dans ma patrie aupr\u00e8s de toi, puisque, tout entour\u00e9 par toi, je pourrai plonger mon \u00e2me dans le royaume des esprits. \u2014 Oui, h\u00e9las ! il le faut \u2014 tu te r\u00e9signeras d’autant mieux que tu connais ma fid\u00e9lit\u00e9 envers toi, jamais aucune autre ne peut poss\u00e9der mon c\u0153ur, jamais, jamais. O Dieu, pourquoi faut-il s’\u00e9loigner de ce qu’on aime ainsi, et pourtant ma vie \u00e0 Vienne maintenant est une vie mis\u00e9rable \u2014 ton amour a fait de moi \u00e0 la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. \u2014 A mon \u00e2ge, maintenant j’aurais besoin d’une certaine uniformit\u00e9 de vie \u2014 peut-elle exister, \u00e9tant donn\u00e9 notre liaison ? Mon ange, je viens d’apprendre que la poste part tous les jours \u2014 et il faut donc que je m’arr\u00eate afin que tu re\u00e7oives cette lettre tout de suite. \u2014 Sois calme, ce n’est que par une contemplation d\u00e9tendue de notre existence que nous pouvons atteindre notre but, qui est de vivre ensemble. \u2014 Sois calme, aime-moi. Aujourd’hui, hier, quelle aspiration baign\u00e9e de larmes vers toi, toi, toi, ma vie, mon tout ! \u2014 Adieu, oh ! Continue \u00e0 m’aimer \u2014 ne m\u00e9connais jamais le c\u0153ur tr\u00e8s fid\u00e8le de ton aim\u00e9.<\/p>\n L.<\/p>\n \u00c9ternellement \u00e0 toi, Lettres \u00e0 l\u2019immortelle bien aim\u00e9e \/ Brief an die unsterbliche Geliebte Le 6 juillet 1812 au matin. Mon ange, mon tout, mon moi \u2014 quelques mots seulement aujourd’hui, et au crayon (le tien) \u2014 Ce n’est pas avant demain que mon logement sera d\u00e9finitivement arr\u00eat\u00e9 \u2014 Quelle mis\u00e9rable perte de \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":2034,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-2033","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/2033","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=2033"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/2033\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":2036,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/2033\/revisions\/2036"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/2034"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=2033"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}Lettres \u00e0 l\u2019immortelle bien aim\u00e9e \/ Brief an die unsterbliche Geliebte<\/i><\/span><\/p>\n
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