{"id":1906,"date":"2016-05-19T21:26:55","date_gmt":"2016-05-19T20:26:55","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/?page_id=1906"},"modified":"2016-05-19T22:10:03","modified_gmt":"2016-05-19T21:10:03","slug":"chroniques-insolites-de-lhistoire-du-maroc-par-mouna-hachim","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=1906","title":{"rendered":"Chroniques insolites de l’histoire du Maroc, par Mouna Hachim"},"content":{"rendered":"

\"MounaMouna Hachim est une historienne et une femme de lettres marocaine. Elle est\u00a0l’auteur de\u00a0Les Enfants de la Chaouia\u00a0(<\/cite>Casablanca,\u200e

\n

\"MounaQu\u2019est-ce que l\u2019histoire si ce n\u2019est \u00ab une fable convenue \u00bb selon la formule de Fontenelle attribu\u00e9e \u00e0 Napol\u00e9on !
\nTenter de d\u00e9broussailler les contes officiels \u00e9labor\u00e9s au fil des si\u00e8cles, soutenus avec force dans les manuels scolaires est un exercice p\u00e9rilleux mais somme toute passionnant.<\/p>\n

Enigmes, anecdotes, contrev\u00e9rit\u00e9s, \u00e9pisodes insolites, trahisons, guerres intestines, bains de sang\u2026 Autant de pages que certains pr\u00e9f\u00e8rent \u00e9dulcorer ou arracher des annales offrant une vue chronologique lisse, tourn\u00e9e sur les institutions et sur les r\u00e9alisations dans une succession de dates et de noms rebutants.
\nCes chroniques th\u00e9matiques, s’inscrivent dans une logique du droit \u00e0 l\u2019initiative historique, reposant sur des bases documentaires vari\u00e9es, abordant l’histoire du Maroc dans son ancrage large, africain et m\u00e9diterran\u00e9en, sous des angles moins conventionnels.<\/p>\n

Elles remontent le fil du temps depuis l’histoire des Berb\u00e8res durant la p\u00e9riode ant\u00e9islamique, en passant par leur r\u00f4le dans les guerres puniques, leur contribution au christianisme et \u00e0 la latinit\u00e9, les r\u00e9voltes les opposants aux Arabes, les principaux mythes fondateurs de la conqu\u00eate musulmane, les courants et royaumes h\u00e9t\u00e9rodoxes, jusqu\u2019au syst\u00e8me de Protection et le processus qui a men\u00e9 \u00e0 la signature du Trait\u00e9 du Protectorat.<\/p>\n

Sans pr\u00e9tendre apporter de r\u00e9ponse syst\u00e9matique aux probl\u00e9matiques abord\u00e9es, le livre pose de mani\u00e8re distanci\u00e9e le d\u00e9bat, autant par rapport \u00e0 certaines imageries nationalistes qu’occidentales, dans un souci d\u2019invitation \u00e0 une relecture de l\u2019histoire, loin de toute tentative d\u2019instrumentalisation, soucieuse de la rigueur scientifique tout en restant attractive pour le plus grand nombre.<\/p>\n

<\/small>
\nTable des mati\u00e8res<\/strong><\/p>\n

Avant-Propos
\nD\u2019o\u00f9 viennent les Berb\u00e8res?
\nAux sources africaines
\nH\u00e9ritage africain de la Gr\u00e8ce antique
\nRoyaumes ant\u00e9islamiques
\nDe la civilisation libyco-ph\u00e9nicienne
\nR\u00f4le des \u00abBerb\u00e8res\u00bb dans les guerres puniques
\nAfricanit\u00e9 et Romanit\u00e9
\nLe berceau nord-africain du christianisme latin
\nJuifs\u00a0marocains:Descendants des tribus d\u2019Isra\u00ebl ou Berb\u00e8res convertis?
\nLe souvenir oubli\u00e9 de Zarathoustra
\nRoyaume de Nekour: Premier \u00c9tat du Maroc musulman
\nR\u00e9voltes berb\u00e8res contre la conqu\u00eate arabo-musulmane
\nEnigmatique principaut\u00e9 des h\u00e9r\u00e9tiques Berghouata
\nLes B\u00e9ni Midrar kharijites, fondateurs de Sijilmassa
\nLes premiers idrissides \u00e9taient-ils chiites?
\nQuand les Idrissides furent expuls\u00e9s de F\u00e8s
\nOrigines maghr\u00e9bines de l’empire fatimide
\nLa parenth\u00e8se oubli\u00e9e des principaut\u00e9s z\u00e9n\u00e8tes
\nLes gens du Ribat\u00a0 (R\u00e9formateurs almoravides et almohades)
\nAu-del\u00e0 de l\u2019apport civilisationnel, la violence doctrinale
\nLes B\u00e9ni Ghania princes almoravides des \u00eeles Bal\u00e9ares
\nLes autres \u00abMahdi\u00bb, agitateurs politico-religieux et faux messies
\nLa marche vers l’ouest des b\u00e9douins B\u00e9ni Hilal
\nLes M\u00e9rinides. De la conqu\u00eate politique \u00e0 la conqu\u00eate symbolique
\nMythique Andalousie: Liens et ruptures
\nPeste noire, anarchie, Reconquista\u2026 Le temps des calamit\u00e9s
\nUne femme dans l\u2019histoire: al-Hurra, reine de T\u00e9touan
\nEffervescence maraboutique et toile complexe de la Jazouliya
\nD\u00e9buts de la dynastie Sa\u00e2dienne, soutiens et turbulences
\nMont\u00e9e vers le Nord des tribus sahariennes
\nFace \u00e0 l’empire ottoman: une totale ind\u00e9pendance?
\nAutre regard sur les Sa\u2019diens,\u00a0victorieux de la bataille des Trois Rois et conqu\u00e9rants du Soudan
\nSous le signe du chaos: Quand Larache fut c\u00e9d\u00e9e aux Espagnols
\nPrincipaut\u00e9s ethniques et religieuses et av\u00e8nement des Alaouites
\nL\u2019arm\u00e9e d\u2019esclaves noirs de Moulay Isma\u00efl\u00a0 et mises \u00e0 l\u2019\u00e9preuve
\nMoulay Slimane, les sympathies wahhabites et la crise dynastique
\nGuerre de T\u00e9touan, guerre d\u2019Afrique
\nAvant le trait\u00e9 du Protectorat: Occupation et syst\u00e8me de protection<\/p>\n

 <\/p>\n

Extrait de livre :<\/strong><\/p>\n

Au-del\u00e0 de l\u2019apport civilisationnel, la violence doctrinale<\/strong><\/p>\n

L\u2019histoire ne doit tomber ni dans la glorification ni dans la stigmatisation. Les ouvrages nationaux relatent \u00e0 juste titre les r\u00e9alisations almohades dont les traces sont encore \u00e9clatantes au Maghreb ou en Andalousie\u00a0; mais il est des \u00e9pisodes que certains feignent ne pas conna\u00eetre, les minimisant \u00e0 outrance ou les passant totalement sous silence. Il s\u2019agit des d\u00e9rives almohades \u00e0 l\u2019encontre de ceux qui ne partagent pas leur doctrine, qu\u2019ils soient musulmans ou Gens du Livre.<\/p>\n

D\u2019aucuns choisiront l\u2019aspect relatif \u00e0 l\u2019\u00e9tendue de leurs conqu\u00eates, l\u2019unification des deux-rives et l\u2019\u00e9largissement de leurs territoires en Andalousie et au Maghreb jusqu\u2019\u00e0 Tripoli \u00e0 l\u2019est, en \u00e9voquant leurs c\u00e9l\u00e8bres batailles dont la victoire retentissante d’Alarcos en 1195 dans la Nouvelle Castille ou la d\u00e9b\u00e2cle qui sonnera le glas de l’empire en 1212 \u00e0 Hisn al-Oqab,<\/em> dit en espagnol Las Navas de Tolosa.<\/p>\n

Il est certes confortable et valorisant d\u2019exposer les r\u00e9alisations architecturales, sans conteste\u00a0 admirables,\u00a0avec des chefs-d\u2019\u0153uvre comme la mosqu\u00e9e arch\u00e9typale de Tinmel, au coeur du Haut-Atlas, berceau de leur mouvement\u00a0; la Koutoubia (mosqu\u00e9e des libraires) dans leur capitale imp\u00e9riale, au minbar en bois de c\u00e8dre et incrustations de pi\u00e8ces d\u2019argent et de bois d\u2019\u00e9b\u00e8ne et de santal, et au minaret mod\u00e8le\u00a0; avec comme r\u00e9pliques, la Giralda, minaret de la Grande Mosqu\u00e9e almohade de S\u00e9ville et la Tour Hassan subsistant de la mosqu\u00e9e inachev\u00e9e \u00e0 Rabat\u00a0; la Grande Mosqu\u00e9e de Taza que les M\u00e9rinides dotent plus tard d’un imposant lustre en bronze, unique par sa taille en Orient et en Occident musulman, d\u00e9crit par les voyageurs et historiens \u00e0 travers les temps\u2026<\/p>\n

Leurs \u00e9difices civils ou militaires, conformes \u00e0 leur doctrine aust\u00e8re qu\u2019il s\u2019agisse des remparts de S\u00e9ville ou d’Ecija ; de la Tour de la Calahorra \u00e0 Cordoue, l’Alcazaba de Badajoz, l’Alcazar de Jerez de la Frontera, la Kasbah des Oudaya \u00e0 Rabat\u2026<\/p>\n

On peut aussi disserter au-del\u00e0 du rigorisme moral, de l\u2019\u00e9panouissement intellectuel et l’\u00e9closion d’une culture sp\u00e9cifique nourrie de ces influences synth\u00e9tis\u00e9es, sahariennes, m\u00e9diterran\u00e9ennes, orientales avec des figures comme les savants Abou-Bakr ibn Tufayl, originaire de Guadix, auteur entre autres du roman philosophique H<\/em>ay ibn Yaqd<\/em>a<\/em>n<\/em> (Le Vivant, fils du Vivifiant) donn\u00e9e comme \u0153uvre source de Robinson Cruso\u00e9\u00a0; ou Abou-Marwan Abd al-Malik de Cordoue (dit Avenzoar) dont la famille \u00e9tait \u00e9galement au service des pr\u00e9d\u00e9cesseurs almoravides.<\/p>\n

Que dire de la prosp\u00e9rit\u00e9 \u00e9conomique, des productions agricoles et artisanales, du d\u00e9veloppement du commerce et de l’industrie et de l\u2019ouverture sur la M\u00e9diterran\u00e9e et \u00e9changes avec les grands ports europ\u00e9ens comme Marseille ou avec les r\u00e9publiques maritimes de Venise, de Pise ou de G\u00eanes\u2026<\/p>\n

Et si les d\u00e9rives sont signal\u00e9es, elles sont relativis\u00e9es et mises sur le m\u00eame plan que celles pratiqu\u00e9es par tous les \u00c9tats \u00e0 travers les espaces et les temps, ce qui reste en partie juste compte tenue des violences inh\u00e9rentes aux pouvoir politiques m\u00eame \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019une communaut\u00e9.<\/p>\n

Dans son ouvrage, Les \u00e9crits avant l\u2019Ind\u00e9pendance<\/em>, l\u2019historien marocain Germain Ayache fustige cette manie de certains \u00e9crits de l\u2019\u00e8re coloniale de\u00a0 parler couramment du \u00ab\u00a0fanatisme\u00a0\u00bb almohade \u00a0\u00bb comme si, sous les souverains de cette dynastie, toute l’activit\u00e9 pratique,\u00a0 intellectuelle et artistique n’avait pas connu son plus bel essor ; comme s’ils n’avaient pas \u00e9t\u00e9 eux-m\u00eames vers\u00e9s dans toutes les disciplines lib\u00e9rales de leur \u00e9poque et n\u2019avaient pas accord\u00e9 leur amiti\u00e9 \u00e0 des penseurs rationalistes parmi lesquels Ibn Rush lui-m\u00eame\u00a0\u00bb<\/p>\n

Concernant justement ce rapport entre violence et pouvoir, le professeur-chercheur en pens\u00e9e et civilisation arabe Dominique\u00a0Urvoy \u00e9crit pour sa part: \u00ab\u00a0Pour Platon d\u00e9j\u00e0 il ne saurait y avoir de guerre que contre les Barbares et entre Grecs, il ne pouvait y avoir que des \u00ab\u00a0corrections fraternelles\u00a0\u00bb\u00a0; ce qui n\u2019a pas emp\u00each\u00e9 que ces \u00ab\u00a0corrections\u00a0\u00bb aboutissent \u00e0 la suppression de la moiti\u00e9 de la population grecque en quelques si\u00e8cles.\u00a0 De la m\u00eame fa\u00e7on, si fort que soit l\u2019esprit de la Oumma, il y a eu de nombreux conflits d\u2019autorit\u00e9, de nombreuses r\u00e9voltes ou r\u00e9volutions qui ont simplement abouti \u00e0 ce que, si le rebelle triomphe, il d\u00e9valorise la religiosit\u00e9 de son adversaire (Les Abbassides contre les Omeyyades, les Almohades contre les Almoravides)\u2026\u00a0\u00bb<\/p>\n

Sauf \u00e0 rappeler que cette violence fait partie intrins\u00e8que de la doctrine almohade au nom d\u2019une conception du jihad qui englobe \u00e9galement les musulmans et consid\u00e8re les gens du Livre comme incroyants.<\/p>\n

C\u2019est ainsi qu\u2019Ibn Toumert disait \u00e0 ses disciples: \u00ab\u00a0Appliquez-vous au Jihad des infid\u00e8les voil\u00e9s, il est plus important de les combattre que de combattre les chr\u00e9tiens et tous les infid\u00e8les deux fois ou plus encore\u00a0\u00bb.<\/p>\n

(\u2026)<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Mouna Hachim est une historienne et une femme de lettres marocaine. Elle est\u00a0l’auteur de\u00a0Les Enfants de la Chaouia\u00a0(Casablanca,\u200e 2004), du\u00a0Dictionnaire des noms de famille du Maroc\u00a0(Casablanca, 2007,\u00a0nouvelle \u00e9dition augment\u00e9e, Casablanca, \u00c9dition Le Fennec, 2011)\u00a0et vient de faire para\u00eetre\u00a0Chroniques insolites de notre histoire (Maroc, des origines \u00e0 1907),\u00a0Casablanca, 2016,\u00a0 Auto\u00e9dition – \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1907,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-1906","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/1906","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=1906"}],"version-history":[{"count":6,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/1906\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1913,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/1906\/revisions\/1913"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/1907"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=1906"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}