{"id":1165,"date":"2015-01-15T19:54:13","date_gmt":"2015-01-15T18:54:13","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=1165"},"modified":"2015-01-18T11:08:23","modified_gmt":"2015-01-18T10:08:23","slug":"veda-dun-physicien","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=1165","title":{"rendered":"Veda d’un Physicien"},"content":{"rendered":"
Erwin Schr\u00f6dinger (Paris, Le Mail, 1982)<\/strong><\/p>\n \u00ab\u00a0Prix Nobel de physique, l’Autrichien Erwin Schr\u00f6dinger a \u00e9t\u00e9 avec Louis de Broglie, Niels Bohr et Werner Heisenberg, l’un des fondateurs de la m\u00e9canique quantique. Et l’on sait quelle r\u00e9volution radicale elle a introduit dans le champ de la pens\u00e9e scientifique du XX\u00e8me si\u00e8cle. La description de la r\u00e9alit\u00e9 par la physique quantique remet en effet totalement en question les philosophies mat\u00e9rialistes ou \u00ab\u00a0rationalistes\u00a0\u00bb classiques, allant jusqu’\u00e0 obliger \u00e0 un changement de r\u00e9f\u00e9rence de tous nos cadres de r\u00e9flexion. Afin de pouvoir penser la discipline qu’il inventait alors, Erwin Schr\u00f6dinger allait \u00eatre pouss\u00e9 \u00e0 sortir de la philosophie occidentale et \u00e0 se tourner vers la m\u00e9taphysique indienne, en particulier vers les textes du Veda, pour y trouver le cadre de pens\u00e9e qui lui semblait le plus ad\u00e9quat.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 16 ; \u00ab\u00a0Une v\u00e9ritable suppression de la m\u00e9taphysique ferait de l’art et de la science des squelettes p\u00e9trifi\u00e9e, d\u00e9pourvus d’\u00e2me, incapable du moindre d\u00e9veloppement ult\u00e9rieur.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 17 ; \u00ab\u00a0dresser successivement des barri\u00e8res pour limiter le r\u00f4le de la m\u00e9taphysique, dans la mesure o\u00f9 elle influe sur la description des faits tenus pour vrais dans divers domaines scientifiques ; mais la pr\u00e9server en m\u00eame temps en tant que soutien indispensable de notre connaissance g\u00e9n\u00e9rale aussi bien que particuli\u00e8re. L’apparente contradiction de cette formule constitue justement le probl\u00e8me \u00e0 r\u00e9soudre.<\/p>\n On peut avoir recours \u00e0 une image, en disant que nous avan\u00e7ons sur le chemin de la connaissance et qu’il faut nous laisser guider par la main invisible de la m\u00e9taphysique qui se tend vers nous comme sortant du brouillard\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 19 ; \u00ab\u00a0Cet \u00ab\u00a0\u00e9l\u00e9phantiasis\u00a0\u00bb partiel a fait n\u00e9gliger les autres orientations du d\u00e9veloppement de la culture, de la connaissance, de la pens\u00e9e occidentale ou appelez cela comme vous voudrez, et il a permis une d\u00e9cadence plus forte que jamais auparavant.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 20 ; \u00ab\u00a0l’\u00c9glise n’est plus qu’un parti politique, et la morale ne constitue rien d’autre qu’une restriction un peu g\u00eanante qui s’effondre \u00e0 son tour, une fois priv\u00e9e du soutien qui lui fut longtemps apport\u00e9 par la croyance en des \u00e9pouvantails devenus d\u00e9sormais inacceptables. Un atavisme g\u00e9n\u00e9ral semble s’\u00eatre pour ainsi dire manifest\u00e9. L’homme occidental menace de retomber \u00e0 un niveau ant\u00e9rieur de d\u00e9veloppement qu’il n’aurait jamais totalement surmont\u00e9: l’\u00e9go\u00efsme brutal l\u00e8ve sa face grima\u00e7ante et tend sa poigne implacable, endurcie par la vieille habitude ancestrale, vers la barre du navire en d\u00e9rive.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 26 ; \u00ab\u00a0il y a eu des philosophes grandement renomm\u00e9s -comme Schopenhauer- qui ont d\u00e9clar\u00e9 que notre monde \u00e9tait extr\u00eamement mal fait et triste, et d’autres -comme Leibniz- qui l’ont trouv\u00e9 le meilleur des mondes possibles.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 27 ; \u00ab\u00a0l’existence de ces relations nous ram\u00e8ne toujours vers la m\u00e9taphysique, c’est-\u00e0-dire vers quelque chose qui transcende ce qui est directement perceptible\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 54 ; \u00ab\u00a0Il est fort curieux que la philosophie occidentale, qui a presque universellement accept\u00e9 l’id\u00e9e que la mort de l’individu ne met aucunement fin \u00e0 quoi que ce soit d’essentiel de la vie, ait \u00e0 peine honor\u00e9 d’une pens\u00e9e (except\u00e9 chez Platon et Shopenhauer) cette autre id\u00e9e bien plus profonde et plus intimement joyeuse, et qui logiquement va de pair avec elle : l’id\u00e9e qu’il en est de m\u00eame pour la naissance <\/em>de l’individu ; que je ne suis pas cr\u00e9\u00e9 pour la premi\u00e8re fois, mais que je suis progressivement r\u00e9veill\u00e9 d’un profond sommeil. Alors mes espoirs et mes aspirations, mes peurs et mes soucis peuvent m’appara\u00eetre comme \u00e9tantles <\/em>m\u00eames que ceux de milliers d’humains qui ont v\u00e9cu avant moi. Et je peux esp\u00e9rer que ce que j’ai implor\u00e9 pour la premi\u00e8re fois il y a des si\u00e8cles pourra m’\u00eatre accord\u00e9 dans quelques centaines d’ann\u00e9es. Aucune pens\u00e9e ne peut germer en moi qui ne soit le prolongement de la pens\u00e9e d’un anc\u00eatre ; il n’y a pas en r\u00e9alit\u00e9 de nouveau germe (de pens\u00e9e), il y a l’\u00e9closion pr\u00e9d\u00e9termin\u00e9e d’un bourgeon sur l’arbre antique et sacr\u00e9 de la vie. p. 55 ; \u00ab\u00a0Quoiqu’il en soit, appliquer l’arithm\u00e9tique \u00e0 ces choses-l\u00e0 s’av\u00e8re pour le moins douteux.\u00a0\u00bb<\/p>\n Extraits de Ma conception du monde, le Veda d’un Physicien<\/em> par Erwin Schr\u00f6dinger (Paris, Le Mail, 1982).<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Ma conception du monde, le Veda d’un Physicien Erwin Schr\u00f6dinger (Paris, Le Mail, 1982) \u00ab\u00a0Prix Nobel de physique, l’Autrichien Erwin Schr\u00f6dinger a \u00e9t\u00e9 avec Louis de Broglie, Niels Bohr et Werner Heisenberg, l’un des fondateurs de la m\u00e9canique quantique. 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\n<\/em>
\np. 15 ; \u00ab\u00a0Il s’av\u00e8re en effet beaucoup plus difficile de rendre compr\u00e9hensible, de pr\u00e9senter rationnellement, ne serait-ce que le domaine sp\u00e9cialis\u00e9 le plus restreint de n’importe quelle branche des sciences, si on en retire toute m\u00e9taphysique.\u00a0\u00bb<\/p>\n
\nJe sais tr\u00e8s bien que la plupart de mes lecteurs, en d\u00e9pit de Schopenhauer et des Upanishads<\/em>, prendront ce que je viens de dire pour une m\u00e9taphore plaisante et ad\u00e9quate, et refuseront d’accepter \u00e0 la lettre l’axiome que toute conscience est Une<\/em> par essence.\u00a0\u00bb<\/p>\n