{"id":1127,"date":"2015-01-15T19:21:24","date_gmt":"2015-01-15T18:21:24","guid":{"rendered":"http:\/\/www.archipress.org\/wp\/?page_id=1127"},"modified":"2015-01-18T11:42:44","modified_gmt":"2015-01-18T10:42:44","slug":"sagesse-des-sages","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/www.archipress.org\/?page_id=1127","title":{"rendered":"Sagesse des sages"},"content":{"rendered":"
Fritjof Capra (L’Age du verseau, Paris, 1988)<\/strong><\/p>\n L’auteur est physicien dipl\u00f4m\u00e9 de l’universit\u00e9 de Vienne. Il a \u00e9crit Le Tao de la Physique<\/em> et Le temps du changement <\/em>.<\/p>\n extraits significatifs :<\/em><\/p>\n p. 10 ; \u00ab\u00a0(…) tout au long des quinze derni\u00e8res ann\u00e9es, j’ai poursuivi un seul th\u00e8me avec coh\u00e9rence -le changement fondamental de la conception du monde qui a lieu dans les sciences et dans la soci\u00e9t\u00e9, le d\u00e9ploiement d’une nouvelle conception de la r\u00e9alit\u00e9 et les implications sociales de cette transformation culturelle\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 13 ; \u00ab\u00a0Mon int\u00e9r\u00eat pour un changement de conception du monde en science et dans la soci\u00e9t\u00e9 s’accrut lorsque, \u00e0 dix-neuf ans, jeune \u00e9tudiant en physique, je lus Physique et Philosophie <\/em>, le c\u00e9l\u00e8bre essai de Werner Heisenberg sur l’histoire et la philosophie de la physique quantique.<\/p>\n (…) Cette exploration les mit en contact avec une r\u00e9alit\u00e9 \u00e9trange et inattendue qui d\u00e9truisit les bases de leur conception du monde et les obligea \u00e0 penser d’une fa\u00e7on totalement nouvelle. Le monde qu’ils observaient n’apparaissait plus comme une machine compos\u00e9e d’une multitude d’objets distincts, mais plut\u00f4t comme un tout indivisible , un r\u00e9seau de relations incluant l’observateur humain d’une mani\u00e8re essentielle\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 14 ; \u00ab\u00a0Niels Bohr, de seize ans l’a\u00een\u00e9 de Heisenberg, \u00e9tait un homme dot\u00e9 d’une grande intuition et d’une conscience profonde des myst\u00e8res du monde ; un homme influenc\u00e9 par la philosophie religieuse de Kierkegaard et les \u00e9crits mystiques de William James.<\/p>\n (…) Beaucoup de ces paradoxes \u00e9taient dus \u00e0 la nature double de la mati\u00e8re subatomique, qui appara\u00eet tant\u00f4t en tant que particule, tant\u00f4t en tant qu’onde. \u00ab\u00a0Les \u00e9lectrons, disaient les physiciens en ces temps-l\u00e0, sont des particules tous les lundis et mercredis, et ondes tous les mardis et jeudis.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 17 ; \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbLa limitation cart\u00e9sienne, \u00e9crivait Heisenberg, a profond\u00e9ment p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 l’esprit humain durant les trois si\u00e8cles qui suivirent Descartes, et il faudra longtemps avant qu’elle ne soit remplac\u00e9e par une attitude vraiment diff\u00e9rente \u00e0 l’\u00e9gard du probl\u00e8me de la r\u00e9alit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) On peut dire en fait que les ann\u00e9es 60 ont cess\u00e9 seulement en d\u00e9cembre 80 avec le coup de feu qui a tu\u00e9 John Lennon\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 18 ; paroles d’une chanson de Lennon :<\/p>\n \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbVous pouvez dire que je suis un r\u00eaveur,<\/p>\n Mais je ne suis pas le seul.<\/p>\n J’esp\u00e8re qu’un jour vous nous rejoindrez,<\/p>\n Et le monde vivra dans l’unit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) Le livre de Kuhn me fit vraiment conna\u00eetre la notion de paradigme scientifique, qui devait devenir essentielle \u00e0 mon travail bien des ann\u00e9es plus tard. Le terme \u00ab\u00a0paradigme\u00a0\u00bb, \u00e9tait employ\u00e9 par Kuhn pour marquer un cadre conceptuel partag\u00e9 par une communaut\u00e9 de scientifiques et qui leur fournissait des probl\u00e8mes et des solutions types.<\/p>\n (…) Un paradigme, pour moi, devait signifier la totalit\u00e9 des pens\u00e9es, des perceptions et des valeurs qui forment une conception particuli\u00e8re de la r\u00e9alit\u00e9, conception qui est \u00e0 la base de l’organisation d’une soci\u00e9t\u00e9\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 19 ; \u00ab\u00a0Les hippies s’opposaient \u00e0 beaucoup d’aspects de la civilisation que nous aussi trouvions peu s\u00e9duisants. Pour se distinguer des coupes en brosse et des costumes en polyester des hommes d’affaires bien-pensants, ils avaient les cheveux longs, portaient des v\u00eatements color\u00e9s et personnalis\u00e9s, des fleurs, des perles et d’autres bijoux. Ils vivaient de fa\u00e7on naturelle, sans d\u00e9sinfectants ni d\u00e9odorants , beaucoup \u00e9taient v\u00e9g\u00e9tariens, beaucoup pratiquaient le yoga ou toute autre forme de m\u00e9ditation. Ils faisaient souvent leur propre bain ou pratiquaient quelque art. Ils \u00e9taient appel\u00e9s \u00ab\u00a0sales hippies\u00a0\u00bb par la soci\u00e9t\u00e9 bien-pensante, mais se nommaient eux-m\u00eames \u00ab\u00a0le Beau Peuple\u00a0\u00bb. M\u00e9contents d’un syst\u00e8me \u00e9ducatif qui \u00e9tait organis\u00e9 pour pr\u00e9parer les jeunes \u00e0 une soci\u00e9t\u00e9 qu’ils rejetaient, beaucoup de hippies sortirent du syst\u00e8me \u00e9ducatif, m\u00eame s’ils \u00e9taient souvent tr\u00e8s dou\u00e9s. Cette subculture fut imm\u00e9diatement identifiable et tr\u00e8s fortement agenc\u00e9e. Elle eut ses propres rituels, sa musique, sa po\u00e9sie et sa litt\u00e9rature, une fascination commune pour le spirituel et l’occultisme, et la vision partag\u00e9e d’une soci\u00e9t\u00e9 paisible et belle. La musique rock et les drogues psych\u00e9d\u00e9liques furent des liens puissants qui influenc\u00e8rent l’art et le mode de vie de la culture hippie\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 38 ; \u00ab\u00a0Pendant que Heisenberg me racontait ces histoires, je remarquai qu’il avait sur son bureau Le Hasard et la N\u00e9cessit\u00e9<\/em> de Jacques Monod et, comme je venais de lire ce livre avec int\u00e9r\u00eat, j’\u00e9tais curieux de conna\u00eetre l’opinion de Heisenberg. Je lui dis que je pensais que Monod, dans sa tentative de r\u00e9duire la vie \u00e0 un jeu de roulette dirig\u00e9 par des probabilit\u00e9s de m\u00e9canique quantique, n’avait pas vraiment compris la m\u00e9canique quantique. Heisenberg m’approuva et ajouta qu’il avait trouv\u00e9 triste que l’excellente vulgarisation de Monod en biologie mol\u00e9culaire s’accompagn\u00e2t de tant de philosophie de bas \u00e9tage.<\/p>\n Cela me conduisit \u00e0 discuter du cadre philosophique g\u00e9n\u00e9ral sous-jacent \u00e0 la physique quantique, et en particulier de sa relation avec celui des traditions mystiques orientales. Heisenberg me dit qu’il avait souvent pens\u00e9 que les contributions importantes des physiciens japonais au cours des d\u00e9cennies r\u00e9centes pourraient \u00eatre dues \u00e0 la similitude des bases des traditions philosophiques orientales et de la philosophie de la physique quantique. Je remarquai que les discussions que j’avais eues avec des coll\u00e8gues japonais ne m’avaient pas indiqu\u00e9 qu’ils \u00e9taient conscients de cette connexion, et Heisenberg approuva : \u00ab\u00a0Les physiciens japonais ont un v\u00e9ritable tabou pour parler de leur propre culture, tellement ils ont \u00e9t\u00e9 influenc\u00e9s par les \u00c9tats-Unis.\u00a0\u00bb Heisenberg pensait que les physiciens indiens \u00e9taient un peu plus ouverts en cela, ce qui avait \u00e9t\u00e9 aussi mon impression.<\/p>\n Lorsque j’interrogeai Heisenberg sur ses propres opinions au sujet de la philosophie orientale, il me dit que non seulement il avait \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s conscient des parall\u00e8les entre la physique quantique et la pens\u00e9e orientale, mais aussi que son propre travail avait \u00e9t\u00e9 influenc\u00e9, au moins au niveau subconscient, par la philosophie indienne.<\/p>\n En 1929, Heisenberg passa quelque temps en Inde, invit\u00e9 par le c\u00e9l\u00e8bre po\u00e8te Rabindranath Tagore, avec qui il eut de longues conversations sur la science et la philosophie indienne. Cette introduction \u00e0 la pens\u00e9e indienne lui procura un grand r\u00e9confort. Il commen\u00e7a \u00e0 voir que la reconnaissance de la relativit\u00e9 et de l’impermanence en tant qu’aspects fondamentaux de la r\u00e9alit\u00e9 physique, qui avait \u00e9t\u00e9 si difficile \u00e0 accepter pour ses coll\u00e8gues physiciens et pour lui-m\u00eame, \u00e9tait le fondement m\u00eame des traditions spirituelles indiennes. \u00ab\u00a0Apr\u00e8s ces conversations avec Tagore, dit-il, quelques-unes des id\u00e9es qui avaient paru si folles prirent soudain un sens. Cela m’aida beaucoup.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) \u00ab\u00a0Vous savez, nous sommes des physiciens d’un genre diff\u00e9rent, vous et moi. Mais, de temps en temps, nous devons juste hurler avec les loups.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 51 ; D\u00e9claration du physicien Chew lors d’une conf\u00e9rence publique donn\u00e9e \u00e0 Boston : \u00ab\u00a0Je me souviens tr\u00e8s vivement de mon \u00e9tonnement et de ma contrari\u00e9t\u00e9 -je crois que c’\u00e9tait en 1969- quand mon fils, alors en derni\u00e8re ann\u00e9e de lyc\u00e9e et qui \u00e9tudiait, la philosophie orientale, me parla du bouddhisme Mahayana. J’\u00e9tais stup\u00e9fait et g\u00ean\u00e9 quand je d\u00e9couvris que mes recherches \u00e9taient en quelque sorte fond\u00e9es sur des id\u00e9es qui avaient l’air terriblement non scientifiques quand elles \u00e9taient associ\u00e9es \u00e0 des enseignements bouddhiques.<\/em><\/p>\n Maintenant, bien-s\u00fbr, d’autres physiciens des particules, puisqu’ils travaillent sur la th\u00e9orie des quanta et la relativit\u00e9, sont dans la m\u00eame situation. Cependant, la plupart d’entre eux admettent difficilement ce qui arrive \u00e0 leur disciplines, qui est appr\u00e9ci\u00e9e pour son caract\u00e8re objectif. Mais, pour moi, l’embarras que j’ai ressenti en 1969 a \u00e9t\u00e9 peu \u00e0 peu remplac\u00e9 par une sensation d’\u00e9merveillement, combin\u00e9e \u00e0 une sensation de gratitude parce que je suis vivant pour assister \u00e0 une telle p\u00e9riode de d\u00e9veloppement<\/em> .\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 55 ; \u00ab\u00a0Chew est un penseur lent, m\u00e9ticuleux et intuitif, et le voir se battre avec un probl\u00e8me est devenu une exp\u00e9rience fascinante. Souvent, une id\u00e9e surgissait des profondeurs de son esprit jusqu’au niveau conscient, et je le regardais \u00e9claircir sa pens\u00e9e avec des gestes h\u00e9sitants, avant de la formuler avec des mots soigneusement choisis. J’ai toujours senti que Chew avait sa matrice-S dans la peau, qu’il utilisait son langage corporel pour donner une forme tangible \u00e0 ses id\u00e9es abstraites.<\/p>\n Depuis le d\u00e9but de nos discussions, je m’\u00e9tais interrog\u00e9 sur les r\u00e9f\u00e9rences philosophiques de Chew. Je savais que la pens\u00e9e de Bohr avait \u00e9t\u00e9 influenc\u00e9e par Kierkegaard et William James, et que Heisenberg avait \u00e9tudi\u00e9 Platon, et Schr\u00f6dinger les Upanishads<\/em>. Etant donn\u00e9 la nature radicale de la philosophie bootstrap<\/em> de Chew, j’\u00e9tais curieux de d\u00e9terminer l’influence de la philosophie, de l’art ou de la religion sur sa pens\u00e9e. Mais, chaque fois que je parlais avec lui, je m’absorbais tellement dans nos discussions de physique que cela me semblait une perte de temps d’interrompre le flot de la discussion et de lui demander quelles \u00e9taient ses r\u00e9f\u00e9rences philosophiques. Il me fallut plusieurs ann\u00e9es pour lui poser la question et, quand je le fis, je fus totalement surpris par la r\u00e9ponse.<\/p>\n Il me dit que, pendant sa jeunesse, il avait essay\u00e9 de se modeler d’apr\u00e8s son professeur, Enrico Fermi, c\u00e9l\u00e8bre pour son approche pragmatique de la physique. \u00ab\u00a0Fermi \u00e9tait un pragmatiste extr\u00eame qui ne s’int\u00e9ressait pas vraiment \u00e0 la philosophie, expliqua Chew (…)\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 57 ; \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbPort\u00e9e jusqu’\u00e0 son extr\u00eame logique, \u00e9crit Chew, la conjecture bootstrap<\/em> implique que l’existence de la conscience, de m\u00eame que tous les autres aspects de la nature, est n\u00e9cessaire \u00e0 l’autocoh\u00e9rence du tout.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 60 ; \u00ab\u00a0(…) \u00e0 l’inverse de Chew, Bohm a \u00e9t\u00e9 fortement influenc\u00e9 par un philosophe et sage, Krishnamurti qui, au fil des ans, devint son ma\u00eetre spirituel\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 62 ; \u00ab\u00a0(…) Heisenberg \u00e9crivit dans Physique et Philosophie<\/em> que les fondements de la physique classique, c’est-\u00e0-dire de l’\u00e9difice m\u00eame que Descartes avait construit, bougeaient :<\/p>\n \u00ab\u00a0La r\u00e9action violente aux r\u00e9cents d\u00e9veloppements de la physique moderne peut seulement \u00eatre comprise quand on se rend compte qu’ici les fondements de la physique ont commenc\u00e9 \u00e0 bouger et que le mouvement a caus\u00e9 le sentiment que le sol pourrait se d\u00e9rober sous la science<\/em> .\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 63 ; \u00ab\u00a0Einstein, dans son autobiographie, d\u00e9crivit ses sentiments en termes tr\u00e8s similaires \u00e0 ceux de Heisenberg :<\/p>\n \u00ab\u00a0C’\u00e9tait comme si le sol s’\u00e9tait d\u00e9rob\u00e9 sous nos pas, sans fondements solides nulle part sur lesquels on aurait pu construire <\/em>.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 64 ; \u00ab\u00a0Quand les physiciens commenc\u00e8rent \u00e0 explorer les ph\u00e9nom\u00e8nes atomiques au d\u00e9but du si\u00e8cle, ils prirent conscience du fait que tous les concepts et th\u00e9ories que nous utilisons pour d\u00e9crire la nature sont limit\u00e9s. a cause des limitations essentielles de l’esprit rationnel, nous devons accepter le fait que, comme l’a dit Heisenberg, \u00ab\u00a0chaque mot ou concept, aussi clair qu’il semble, a seulement une \u00e9tendue limit\u00e9e d’application\u00a0\u00bb. Les th\u00e9ories scientifiques ne peuvent jamais fournir une description compl\u00e8te et d\u00e9finitive de la r\u00e9alit\u00e9. Elles seront toujours des approximations de la vraie nature des choses. Les scientifiques ne s’occupent pas de la r\u00e9alit\u00e9 ; ils s’occupent de descriptions limit\u00e9es et approximatives de la r\u00e9alit\u00e9\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 65 ; \u00ab\u00a0La plus belle illustration de l’attitude de Chew a \u00e9t\u00e9, pour moi, une interview qu’il accorda \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision britannique il y a quelques ann\u00e9es. Lorsqu’on lui demanda ce qu’il consid\u00e9rait comme la plus grande d\u00e9couverte de la science dans la prochaine d\u00e9cennie, il ne mentionna aucune grande th\u00e9orie unificatrice ou nouvelle d\u00e9couverte exaltante, mais dit simplement : \u00ab\u00a0l’acceptation du fait que tous nos concepts sont des approximations\u00a0\u00bb.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 70 ; \u00ab\u00a0Descartes, comme je devais l’apprendre plus tard, utilisa la m\u00e9taphore d’un arbre pour pr\u00e9senter le savoir humain, ses racines \u00e9tant la m\u00e9taphysique et les branches toutes les autres sciences\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 72 ; Dans La Nature et la Pens\u00e9e <\/em>, Bateson \u00e9crivit :<\/p>\n \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbAu cours de mon existence, j’ai mis les descriptions de briques et de brocs, de boules de billard et de galaxies dans une bo\u00eete… et je les y ai laiss\u00e9es en paix. Dans une autre bo\u00eete, j’ai mis les choses vivantes : les crabes, les hommes, les probl\u00e8mes de beaut\u00e9…<\/em>\u00ab\u00a0\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 92-93 ; \u00a0\u00bb (…) Laing remettait en question l’autorit\u00e9 des institutions psychiatriques qui privaient les malades mentaux de leurs droits \u00e9l\u00e9mentaires d’\u00eatres humains :<\/p>\n \u00ab\u00a0La personne \u00ab\u00a0emprisonn\u00e9e\u00a0\u00bb \u00e9tiquet\u00e9e comme malade, et sp\u00e9cifiquement comme \u00ab\u00a0schizophr\u00e8ne\u00a0\u00bb, est rabaiss\u00e9e de son statut l\u00e9gal et compl\u00e8tement existentiel d’agent humain et personne responsable, au rang de quelqu’un qui n’est plus en possession de sa propre d\u00e9finition de lui-m\u00eame, incapable de garder ses propres possessions, exclu de l’exercice de sa libert\u00e9 en ce qui concerne les gens qu’il rencontre, ce qu’il fait. Son temps ne lui appartient plus et l’espace qu’il occupe n’est plus de son choix. Apr\u00e8s avoir subi un c\u00e9r\u00e9monial de rabaissement appel\u00e9 examen psychiatrique, il est d\u00e9pourvu de ses droits civiques en \u00e9tant emprisonn\u00e9 dans une institution totalitaire appel\u00e9e h\u00f4pital \u00ab\u00a0psychiatrique\u00a0\u00bb. Plus compl\u00e8tement, plus radicalement que n’importe o\u00f9 dans notre soci\u00e9t\u00e9, il est invalid\u00e9 en tant qu’\u00eatre humain<\/em> .\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 93 ; \u00a0\u00bb Au lieu de traiter la schizophr\u00e9nie et les autres formes de psychoses comme les maladies, il les consid\u00e9ra comme des strat\u00e9gies sp\u00e9ciales que les gens inventent pour survivre dans des conditions impossibles \u00e0 vivre. Cette d\u00e9marche mena \u00e0 un changement radical de perspective, ce qui conduisit Laing \u00e0 voir la folie comme une r\u00e9ponse sens\u00e9e \u00e0 un environnement social fou. Dans La politique de l’exp\u00e9rience <\/em>, il exprima une critique sociale tranchante qui s’accorda avec la critique de la contre-culture et demeure aussi valable aujourd’hui qu’il y a vingt ans\u00a0\u00bb. Laing vit \u00e0 Hampstead en Angleterre.<\/p>\n p. 96 ; \u00ab\u00a0Cette conclusion provoqua un changement \u00e9norme dans ma perspective, continua Grof. Je me suis rendu compte que, plut\u00f4t que d’\u00e9tudier les effets sp\u00e9cifiques d’une drogue psychoactive sur le cerveau, je pourrais utiliser le LSD comme un outil puissant pour l’exploration de l’esprit humain. La capacit\u00e9 du LSD et des autres drogues psych\u00e9d\u00e9liques \u00e0 r\u00e9v\u00e9ler \u00e0 l’investigation scientifique des ph\u00e9nom\u00e8nes et des processus invisibles sans cela donne \u00e0 ces substances un potentiel unique. Il ne me semble pas exag\u00e9r\u00e9 de comparer leur importance pour la psychiatrie et la psychologie \u00e0 celle du microscope pour la m\u00e9decine ou du t\u00e9lescope pour l’astronomie.<\/p>\n (…) Le r\u00e9sultat en fut une nouvelle cartographie psychologique, que Grof publia dans son premier livre,Royaumes de l’inconscient humain <\/em>\u00ab\u00a0.<\/p>\n p. 97 ; \u00ab\u00a0Ce dont nous avons besoin maintenant est une \u00ab\u00a0psychologie bootstrap <\/em>\u00a0\u00bb qui int\u00e9grerait les diff\u00e9rents syst\u00e8mes dans une collection de cartes couvrant toute l’\u00e9tendue de la conscience humaine\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 109 ; \u00ab\u00a0L’un des savants \u00e0 qui j’ai rendu visite \u00e9tait David Bohm, avec qui j’avais discut\u00e9 des r\u00e9centes d\u00e9couvertes en physique bootstrap<\/em> et des relations que je voyais entre ses th\u00e9ories et celles de Chew. Une autre visite m\u00e9morable fut celle \u00e0 Joseph Needham, \u00e0 Cambridge. Needham est \u00e0 la fois biologiste et l’un des plus importants historiens de la science et de la technologie chinoises. Son travail monumental, La tradition scientifique chinoise <\/em>, a grandement influenc\u00e9 ma pens\u00e9e quand j’\u00e9crivais Le Tao de la physique <\/em>, mais je n’avais jamais os\u00e9 lui rendre visite. Maintenant j’avais suffisamment confiance pour prendre contact avec lui, et il m’invita tr\u00e8s gentiment \u00e0 d\u00eener \u00e0 son coll\u00e8ge, Gonville-et-Ca\u00efus, o\u00f9 j’ai pass\u00e9 une soir\u00e9e tr\u00e8s int\u00e9ressante en sa compagnie\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 117 ; \u00ab\u00a0L’histoire de mon amiti\u00e9 avec Grof est aussi celle de mon association avec Esalen, qui a \u00e9t\u00e9 un lieu d’inspiration et de soutien pour moi pendant toute une d\u00e9cennie. L’Institut Esalen a \u00e9t\u00e9 fond\u00e9 par Michael Murphy et Richard Price dans une partie magnifique de la propri\u00e9t\u00e9 appartenant \u00e0 la famille Murphy. Une grande mesa c\u00f4ti\u00e8re forme plusieurs terre-pleins s\u00e9par\u00e9s par une rivi\u00e8re o\u00f9 les Indiens Esalen enterraient leurs morts et c\u00e9l\u00e9braient leurs rites sacr\u00e9s. Des sources chaudes jaillissent des rochers sur une falaise au-dessus de l’oc\u00e9an. Le grand-p\u00e8re de Murphy avait achet\u00e9 ce morceau de terrain en 1910 et y avait construit une demeure aujourd’hui surnomm\u00e9e \u00ab\u00a0la Grande Maison\u00a0\u00bb dans la communaut\u00e9 d’Esalen\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 119-120 ; \u00ab\u00a0Au cours de ces quatre semaines, un groupe de deux douzaines de participants vit dans la Grande Maison et collabore avec divers conf\u00e9renciers invit\u00e9s pour deux ou trois jours chacun. Le s\u00e9minaire est organis\u00e9 autour d’un th\u00e8me central, la nouvelle conception de la r\u00e9alit\u00e9 qui \u00e9merge et l’expansion de la conscience correspondante. La caract\u00e9ristique unique des \u00ab\u00a0mois Grof\u00a0\u00bb, c’est que Stan et Christina proposent \u00e0 leurs participants non seulement un enrichissement intellectuel par le biais de la discussion stimulantes et provocatrices mais un contact empirique avec les id\u00e9es discut\u00e9es, par le biais de l’art, de la pratique de la m\u00e9ditation, du rituel et d’autres modes de connaissance non rationnels. Depuis que j’ai rencontr\u00e9 Grof, j’ai particip\u00e9 \u00e0 leur s\u00e9minaire chaque fois que je le pouvais, et ceci m’a \u00e9norm\u00e9ment aid\u00e9 \u00e0 formuler mes id\u00e9es et \u00e0 les mettre \u00e0 l’\u00e9preuve.<\/p>\n (…) Au cours du d\u00e9bat, un psychiatre de Harvard remarqua : \u00ab\u00a0Il me semble que vous avez aid\u00e9 ces patients \u00e0 r\u00e9soudre leurs probl\u00e8mes n\u00e9vrotiques, mais vous les avez rendus psychotiques.\u00a0\u00bb<\/p>\n -Ce commentaire, expliqua Grof, est typique d’un malentendu tr\u00e8s r\u00e9pandu et probl\u00e9matique en psychiatrie. Les crit\u00e8res utilis\u00e9s pour d\u00e9finir la sant\u00e9 mentale -sens de l’identit\u00e9, reconnaissance du temps et de l’espace, perception de l’environnement, etc.- demandent que les perceptions et les opinions d’une personne soient conformes au cadre cart\u00e9sien-newtonien. La conception cart\u00e9sienne du monde n’est pas seulement le principal cadre de r\u00e9f\u00e9rence, elle est vue comme la seule description valable de la r\u00e9alit\u00e9. Tout le reste est consid\u00e9r\u00e9 comme psychotique par les psychiatres conventionnels.<\/p>\n Ses observations d’exp\u00e9riences transpersonnelles lui ont montr\u00e9 que la conscience humaine semble capable de deux modes de conscience compl\u00e9mentaires. Dans le mode cart\u00e9sien-newtonien, nous percevons la r\u00e9alit\u00e9 quotidienne en termes d’objets s\u00e9par\u00e9s, d’espace \u00e0 trois dimensions et de temps lin\u00e9aire. Dans le mode transpersonnel, les limitations habituelles de la perception sensorielle et du raisonnement logique sont transcend\u00e9es et notre perception passe d’objets solides \u00e0 des<\/p>\n structures d’\u00e9nergie fluide. Grof souligna qu’utilisait d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment le terme \u00ab\u00a0compl\u00e9mentaire\u00a0\u00bb pour d\u00e9crire les deux modes de conscience, parce que les modes de perception correspondants peuvent \u00eatre appel\u00e9s \u00ab\u00a0du genre d’une particule\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0du genre d’une onde\u00a0\u00bb, par analogie \u00e0 la physique quantique.<\/p>\n J’\u00e9tais fascin\u00e9 par ce commentaire, voyant soudain un cercle ferm\u00e9 d’influence dans l’histoire des sciences. Je fis remarquer \u00e0 Grof que Niels Bohr avait \u00e9t\u00e9 inspir\u00e9 par la psychologie quand il avait choisi le terme de \u00ab\u00a0compl\u00e9mentarit\u00e9\u00a0\u00bb pour d\u00e9crire la relation entre les aspects de particule et d’onde de la mati\u00e8re subatomique. Il avait \u00e9t\u00e9 impressionn\u00e9, en particulier, par la description de William James des modes compl\u00e9mentaires de conscience chez les schizophr\u00e8nes. A pr\u00e9sent, Grof ramenait le concept \u00e0 la psychologie, l’enrichissant encore par l’analogie \u00e0 la physique quantique\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 121 ; \u00ab\u00a0Grof approuva : \u00ab\u00a0Une personne fonctionnant exclusivement sur le mode cart\u00e9sien peut \u00eatre exempte de sympt\u00f4mes manifest\u00e9s mais ne peut pas \u00eatre consid\u00e9r\u00e9es comme mentalement saine. De tels individus m\u00e8nent une vie centr\u00e9e sur leur ego, comp\u00e9titive, orient\u00e9e vers un but. Ils ont tendance \u00e0 \u00eatre incapables de tirer satisfaction des activit\u00e9s ordinaires de la vie quotidienne et \u00e9loign\u00e9es de leur monde int\u00e9rieur. Pour les gens dont l’existence est domin\u00e9e par ce mode d’exp\u00e9rience, aucun degr\u00e9 de richesse, de pouvoir ou de c\u00e9l\u00e9brit\u00e9 n’apportera une satisfaction authentique. ils deviennent inspir\u00e9s par une sensation d’insignifiance, de futilit\u00e9 et m\u00eame d’absurdit\u00e9 qu’aucun succ\u00e8s ext\u00e9rieur ne peut dissiper.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 123 ; \u00ab\u00a0A cette \u00e9poque, je connaissais le cadre cart\u00e9sien-newtonien de la psychanalyse, apr\u00e8s ma premi\u00e8re conversation avec Stan Grof, mais j’en savais tr\u00e8s peu sur la psychologie jungienne. Il apparut, lors de ces conversations avec June Singer sont \u00e9quivalentes \u00e0 celles existant entre la physique classique et la physique moderne. Singer me dit que Jung lui-m\u00eame, qui \u00e9tait en contact avec plusieurs des physiciens de pointe de son temps, \u00e9tait conscient de ces parall\u00e8les.<\/p>\n (…) Son concept de l’inconscient collectif, en particulier, implique un lien entre l’individu et l’humanit\u00e9 en entier, qui ne peut \u00eatre compris dans un cadre m\u00e9caniste. Jung eut aussi recours \u00e0 des concepts similaires de ceux utilis\u00e9s en physique quantique. Il voyait l’inconscient comme un processus \u00ab\u00a0des structures dynamiques collectivement pr\u00e9sentes\u00a0\u00bb qu’il appelait arch\u00e9types. Ces arch\u00e9types, selon Jung, sont inclus dans un r\u00e9seau de relations o\u00f9 chacun, en fin de compte, implique tous les autres\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 124 ; \u00ab\u00a0Ce fut seulement plusieurs ann\u00e9es plus tard, gr\u00e2ce \u00e0 l’influence de Gregory Bateson et d’autres th\u00e9oriciens syst\u00e9miques, que ma pens\u00e9e changea d’une mani\u00e8re significative. Une fois que j’avais mis la conception syst\u00e9mique de la vie au centre de ma synth\u00e8se du nouveau paradigme, il devint relativement facile de voir que la th\u00e9orie jungienne de l’\u00e9nergie psychique pouvait \u00eatre reformul\u00e9e en langage syst\u00e9mique moderne et rendue ainsi coh\u00e9rente avec les d\u00e9veloppements courants les plus avanc\u00e9s dans les sciences de la vie\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 13; \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbCette situation d\u00e9coule de quelque chose qui est arriv\u00e9e \u00e0 la conscience europ\u00e9enne \u00e0 l’\u00e9poque de Galil\u00e9e et de Giordano Bruno, expliqua Laing, commen\u00e7ant son argumentation. Ces deux hommes incarnent deux paradigmes -Bruno, qui a \u00e9t\u00e9 tortur\u00e9 et br\u00fbl\u00e9 pour avoir affirm\u00e9 qu’il y avait des mondes infinis ; et Galil\u00e9e, qui a dit que la m\u00e9thode scientifique \u00e9tait d’\u00e9tudier le monde comme s’il n’y avait pas de conscience ni de cr\u00e9atures vivantes dedans. Galil\u00e9e \u00e9non\u00e7a que seuls les ph\u00e9nom\u00e8nes quantifiables \u00e9taient admis dans le domaine de la science. Galil\u00e9e dit : \u00ab\u00a0Rien de ce qui ne peut \u00eatre mesur\u00e9 et quantifi\u00e9 n’est scientifique.\u00a0\u00bb Et dans la science post-galil\u00e9enne cela en est venu \u00e0 signifier : \u00ab\u00a0Ce qui ne peut \u00eatre quantifi\u00e9 n’est pas r\u00e9el.\u00a0\u00bb Ce fut la plus profonde corruption de la vision grecque de la nature en tant que physis <\/em>, qui est vivante, toujours en transformation, et non divorc\u00e9e de nous. Le programme de Galil\u00e9e nous propose un monde mort : dehors la vision, le son, le go\u00fbt, le toucher et l’odorat, et avec eux sont partis depuis la sensibilit\u00e9 esth\u00e9tique et \u00e9thique, les valeurs, la qualit\u00e9, l’\u00e2me, la conscience, l’esprit\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 133 ; \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbL’Univers est une grande machine aujourd’hui, dit-il. C’est un hologramme. Qui sait quelle cr\u00e9celle intellectuelle nous allons secouer demain.\u00a0\u00bb Nous nous renvoy\u00e2mes des arguments pendant un certain temps, et \u00e0 un moment, Ronnie se pencha \u00e0 nouveau vers moi et dit doucement : \u00ab\u00a0Tu te rends compte que ces questions, je me les pose aussi. Je ne suis pas simplement en train de t’attaquer, toi ou d’autres scientifiques. Je suis \u00e0 mettre dans le m\u00eame panier. Je ne serais pas aussi agressif, s’il ne s’agissait pas d’un combat personnel.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) Dans cette phase critique, Laing me d\u00e9fiait de d’\u00e9tendre mon cadre encore plus loin -plus loin que tout ce que j’avais essay\u00e9- pour incorporer la qualit\u00e9, les valeurs, la qualit\u00e9, les valeurs, l’exp\u00e9rience, la conscience\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 142-143 ; \u00ab\u00a0Le cadre de ce syst\u00e8me est radicalement diff\u00e9rent du cadre ordinaire de notre vie quotidienne, continua Grof. Il se fonde sur le concept d’Esprit Universel, ou Conscience Cosmique, qui est la force cr\u00e9atrice derri\u00e8re le dessein cosmique. Tous les ph\u00e9nom\u00e8nes dont nous faisons l’exp\u00e9rience sont compris comme des exp\u00e9riences dans la conscience, ex\u00e9cut\u00e9es par l’Esprit Universel dans une pi\u00e8ce cr\u00e9atrice infiniment ing\u00e9nieuse. Les probl\u00e8mes et les paradoxes d\u00e9routants associ\u00e9s \u00e0 l’existence humaine sont consid\u00e9r\u00e9s comme des d\u00e9ceptions combin\u00e9es d’une fa\u00e7on compliqu\u00e9e, invent\u00e9es par l’Esprit universel et construits dans le jeu cosmique, la signification ultime de l’existence humaine est d’exp\u00e9rimenter compl\u00e8tement tous les \u00e9tats d’esprit associ\u00e9s \u00e0 l’aventure fascinante de la conscience, \u00eatre un acteur et un partenaire de jeu intelligent dans le jeu cosmique. Dans ce contexte, la conscience n’est pas quelque chose que l’on peut d\u00e9duire ou expliquer en termes de quelque chose d’autre. C’est un fait premier de l’existence d’o\u00f9 tout le reste s’\u00e9l\u00e8ve. Tel serait, tr\u00e8s bri\u00e8vement, mon credo. C’est un contexte dans lequel je peux vraiment int\u00e9grer toutes mes observations et exp\u00e9riences.<\/p>\n Il y eut un long silence apr\u00e8s le r\u00e9sum\u00e9 inspir\u00e9 de Grof sur les plus profonds aspects de ses recherches psych\u00e9d\u00e9liques, et ce fut Laing qui le rompit avec un \u00e9nonc\u00e9 po\u00e9tique tr\u00e8s fort : \u00ab\u00a0La vie, tel un d\u00f4me de verre multicolore, teinte la blanche splendeur de l’\u00e9ternit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) Bien-s\u00fbr, nous prenons des risques en utilisant des mots pour nous r\u00e9f\u00e9rer \u00e0 ces myst\u00e8res. Il n’y a pas grand-chose que l’on puisse r\u00e9ellement dire sur ce qui est ineffable\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 145 ; \u00ab\u00a0(…) avant qu’il y ait les outils ad\u00e9quats les visions int\u00e9rieures n’ont pu \u00eatre reli\u00e9es aux faits scientifiques ext\u00e9rieurs. Serais-tu d’accord, pour dire que, maintenant que nous avons ces outils, nous devrions pouvoir combiner l’information venant des \u00e9tats int\u00e9rieurs avec une connaissance acquise par la science et la technologie objectives dans une nouvelle conception de la r\u00e9alit\u00e9 ?<\/p>\n – Oui c’est vrai, approuva Laing. Je pense… que la jonction est l’aventure la plus excitante de l’esprit contemporain. alors que tout est toujours l\u00e0 depuis le d\u00e9but et \u00e0 la fin, il y a aussi un processus d’\u00e9volution, et l’\u00e9volution de notre temps est exactement cette possibilit\u00e9 de synth\u00e8se de ce que nous voyons en regardant les choses de l’ext\u00e9rieur avec ce que nous pouvons savoir de l’int\u00e9rieur\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 146 ; \u00ab\u00a0C’est par le biais de l’exp\u00e9rience, insiste Laing, que nous nous r\u00e9v\u00e9lons l’un l’autre, et c’est l’exp\u00e9rience qui donne un sens \u00e0 notre vie. \u00ab\u00a0L’exp\u00e9rience tisse le sens et les faits en une robe sans couture\u00a0\u00bb, avait-il dit une fois \u00e0 Saragosse, et le livre qu’il \u00e9tait en train d’\u00e9crire \u00e0 ce moment-l\u00e0 est intitul\u00e9, d’une fa\u00e7on caract\u00e9ristique, La Voix de l’exp\u00e9rience <\/em>\u00ab\u00a0.<\/p>\n p. 149 ; \u00a0\u00bb * Un ouvrage cosign\u00e9 par Carl Simonton et sa femme a \u00e9t\u00e9 traduit en fran\u00e7ais sous le titre Gu\u00e9rir envers et contre tous<\/em> (Edition de l’Ep\u00e9e) <\/span>\u00ab\u00a0.<\/span><\/p>\n p. 151 ; \u00ab\u00a0Les participants ont tous reconnu que l’\u00e9volution des paradigmes dans la science s’\u00e9cartait d’une vision m\u00e9caniste et r\u00e9ductrice de la nature humaine, en faveur d’une approche holistique et \u00e9cologique. ils ont tr\u00e8s bien vu que l’approche m\u00e9caniste de la m\u00e9decine conventionnelle, qui d\u00e9rive de la conception cart\u00e9sienne selon laquelle le corps humain serait un m\u00e9canisme d’horlogerie, constitue la cause principale de la crise que traversent aujourd’hui les soins de sant\u00e9. ils ont tr\u00e8s s\u00e9v\u00e8rement critiqu\u00e9 notre syst\u00e8me de m\u00e9decine intensive, fond\u00e9e sur l’hospitalisation et ax\u00e9e sur le m\u00e9dicament ; nombre de participants pensaient que la m\u00e9decine scientifique moderne a trouv\u00e9 ses limites et n’est plus capable d’am\u00e9liorer la sant\u00e9 publique, ni m\u00eame d’en maintenir le niveau\u00a0\u00bb:<\/p>\n p. 153 ; \u00ab\u00a0Simonton a alors donn\u00e9 une description des sch\u00e9mas significatifs de la vie et de la r\u00e9activit\u00e9 \u00e9motionnelle de malades canc\u00e9reux. Ces sch\u00e9mas lui ont sugg\u00e9r\u00e9 la notion de \u00ab\u00a0personnalit\u00e9 canc\u00e9reuse\u00a0\u00bb, c’est-\u00e0-dire la notion d’un sch\u00e9ma comportemental de r\u00e9action au stress, qui contribue largement \u00e0 l’apparition du cancer, de la m\u00eame fa\u00e7on qu’un autre type de comportement contribue aux affections cardiaques\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 156 ; \u00ab\u00a0Les ouvrages de Needham m’avaient laiss\u00e9 le souvenir que la philosophie chinoise prise dans son ensemble s’int\u00e9ressait plus aux relations r\u00e9ciproques entre les diverses parties du corps qu’\u00e0 la r\u00e9duction de celles-ci \u00e0 des \u00e9l\u00e9ments de base. Margaret Lock partageait ce point de vue, ajoutant que l’attitude chinoise appel\u00e9e par Needham \u00ab\u00a0pens\u00e9e corr\u00e9lative\u00a0\u00bb mettait aussi l’accent sur les sch\u00e9mas de synchronisme, plut\u00f4t que sur les relations de causalit\u00e9. Selon Needham, dans la conception chinoise, si toute chose se comporte comme elle le fait, c’est parce que sa position au sein d’un univers de relations r\u00e9ciproques lui donne une nature qui lui est propre et qui l’emp\u00eache de se comporter diff\u00e9remment.<\/p>\n (…) Margaret Lock m’a dit que l’une des meilleures interpr\u00e9tations qu’elle connaisse avait \u00e9t\u00e9 donn\u00e9e par Manfred Porkert dans sa grande \u00e9tude sur la m\u00e9decine chinoise, dont elle m’a vivement incit\u00e9 \u00e0 \u00e9tudier les travaux. Avec Needham, m’a-t-elle expliqu\u00e9, Porkert est un des rares chercheurs occidentaux qui soient capables de lire les classiques chinois dans les textes originaux. D’apr\u00e8s Porkert, le terme yin<\/em> correspond \u00e0 tout ce qui est constricteur, r\u00e9actif et conservateur, le terme yang<\/em> correspondant \u00e0 tout ce qui est dilatateur, agressif et exigeant\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 181 ; \u00ab\u00a0Au cours d’une longue conversation qui a suivi ma conf\u00e9rence, Dimalanta m’a dit apercevoir plusieurs parall\u00e9lisme entre mes id\u00e9es et sa pratique de la psychiatrie. Il a insist\u00e9 sur les limitations du langage courant, sur le r\u00f4le du paradoxe et sur l’importance des m\u00e9thodes intuitives et non rationnelles\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 204-205 ; \u00ab\u00a0– Je pense que c’est tout \u00e0 fait possible ; mais je ne crois pas que ce serait particuli\u00e8rement bon pour notre culture.<\/p>\n – Parce que, alors, nous d\u00e9couvririons autre chose ?<\/p>\n – Tout juste. Le psychisme remplacerait le cancer par quelque autre maladie. Si nous regardons les sch\u00e9mas pathologiques \u00e0 travers l’histoire, nous nous apercevons que c’est ce qui est toujours arriv\u00e9 : qu’il se soit agi de la peste, de la tuberculose, de la poliomy\u00e9lite ou de toute autre maladie, nous sommes pass\u00e9s \u00e0 autre chose d\u00e8s qu’elle a \u00e9t\u00e9 ma\u00eetris\u00e9e\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 206 ; \u00ab\u00a0J’ai poursuivi la synth\u00e8se de mon cadre conceptuel, tout en reconnaissant ses incoh\u00e9rences et en esp\u00e9rant que je finirais par mettre au point un mod\u00e8le cybern\u00e9tique de la sant\u00e9 int\u00e9grant les dimensions psychologiques et sociales. Cette situation bien peu satisfaisante devait se modifier du tout au tout un an plus tard, lorsque j’ai \u00e9tudi\u00e9 la th\u00e9orie des syst\u00e8me auto-organisateurs de Prigogine et que je l’ai reli\u00e9e \u00e0 la notion d’esprit chez Bateson\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 208 ; \u00ab\u00a0(…) j’ai pratiqu\u00e9 la pr\u00e9vention par la chiropraxie et le travail corporel…\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 211 ; \u00ab\u00a0La critique \u00e9tait empreinte de scepticisme, mais elle r\u00e9sumait assez bien les principaux th\u00e8mes pr\u00e9sent\u00e9s par Schumacher. \u00ab\u00a0Comment peut-on soutenir que l’\u00e9conomie am\u00e9ricaine est efficace si elle utilise quarante pour cent des ressources mondiales en produits de base pour subvenir aux besoins de six pour cent de la population du monde, sans am\u00e9lioration notable du bonheur et du bien-\u00eatre de l’homme, de la paix et de la culture ?\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 212 ; \u00ab\u00a0L’American Way of Life est la v\u00e9ritable religion de la majorit\u00e9 des Am\u00e9ricains. Leur dieu, c’est l’argent et la maximisation du profit leur tient lieu de liturgie. Le drapeau am\u00e9ricain est devenu le symbole de ce mode de vie et son culte est entour\u00e9 d’une ferveur religieuse. (…)<\/em><\/p>\n La soci\u00e9t\u00e9 am\u00e9ricaine est enti\u00e8rement tourn\u00e9e vers le travail, le profit et la consommation de biens mat\u00e9riels. L’objectif essentiel des Am\u00e9ricains est de gagner le plus d’argent possible …<\/span><\/em><\/p>\n (…) L’expansion \u00e9conomique d\u00e9truit la beaut\u00e9 des paysages \u00e0 coups de vilaines constructions ; elle pollue l’air, elle empoisonne les rivi\u00e8res et les lacs. Par un incessant conditionnement psychologique, elle d\u00e9pouille les gens de leur sens esth\u00e9tique, cependant qu’elle d\u00e9truit peu \u00e0 peu la beaut\u00e9 de leur environnement <\/em>.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 214-215 ; \u00ab\u00a0(…) toute th\u00e9orie \u00e9conomique est assise sur un certain syst\u00e8me de valeurs et sur une certaine conception de la nature humaine.<\/p>\n (…) L’un correspond au syst\u00e8me mat\u00e9rialiste que nous connaissons aujourd’hui, dans lequel le niveau de vie se mesure par le volume annuel de la consommation et qui s’efforce par cons\u00e9quent de maximiser la consommation en optimisant simultan\u00e9ment la production. L’autre syst\u00e8me est celui de l’\u00e9conomie bouddhiste, fond\u00e9e sur les notions de \u00ab\u00a0subsistance convenable\u00a0\u00bb et de \u00ab\u00a0voie moyenne\u00a0\u00bb ; il vise \u00e0 maximiser le bien-\u00eatre de l’homme en optimalisant la production.<\/p>\n (…) \u00ab\u00a0L’id\u00e9e qu’il pourrait exister une croissance de caract\u00e8re pathologique, une croissance malsaine, perturbatrice ou destructrice constitue (aux yeux de l’\u00e9conomiste moderne) une id\u00e9e perverse qu’il faut emp\u00eacher de s’exprimer\u00a0\u00bb, poursuit Schumacher dans sa cinglante critique.<\/p>\n (…) \u00ab\u00a0l’intuition toute simple sugg\u00e8re qu’une progression infinie de la consommation n’est pas possible dans un monde fini\u00a0\u00bb.<\/p>\n (…) Pour Schumacher, \u00ab\u00a0l’\u00e9cologie devrait \u00eatre une mati\u00e8re obligatoire dans les \u00e9tudes d’\u00e9conomie\u00a0\u00bb ; il observe que, \u00e0 la diff\u00e9rence de tous les syst\u00e8mes naturels, qui s’\u00e9quilibrent, s’adaptent et se purifient d’eux-m\u00eames, notre pens\u00e9e \u00e9conomique et technologique ne reconna\u00eet aucun principe d’auto-limitation. \u00ab\u00a0Dans le syst\u00e8me subtil de la nature, la technologie et en particulier la supertechnologie du monde moderne se comporte comme une corps \u00e9tranger, et nous apercevons d’innombrables signes de rejet\u00a0\u00bb, conclut Schumacher.<\/p>\n (…) L’ouvrage de Schumacher ne contient pas seulement une critique \u00e9loquente et solidement articul\u00e9e ; il propose aussi l’esquisse d’une vision alternative. Celle-ci est tout \u00e0 fait radicale. Nous avons besoin d’un mode de pens\u00e9e enti\u00e8rement nouveau, qui ait pour principe de cas de l’homme, d’une \u00e9conomie politique con\u00e7ue sous une optique selon laquelle \u00ab\u00a0l’homme a une importance\u00a0\u00bb. Mais l’homme ne peut \u00eatre lui-m\u00eame qu’\u00e0 l’int\u00e9rieur de groupes r\u00e9duits dont il puisse faire le tour facilement, observe Schumacher qui en vient ainsi \u00e0 sa conclusion : il nous faut apprendre \u00e0 penser en termes d’unit\u00e9s petites et maniables ; d’o\u00f9 l’aphorisme \u00ab\u00a0Small is Beautiful <\/em>\u00ab\u00a0.<\/p>\n (…) \u00ab\u00a0La sagesse exige un changement d’orientation des sciences et de la technologie, dans la direction de l’organique, de ce qui est mesur\u00e9, non violent, de ce qui est beau.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 219 ; \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbC’est tout le concept de mod\u00e8le math\u00e9matique qu’il faut mettre en question. La contrepartie de ce genre de mod\u00e8le, c’est la perte de la qualit\u00e9, c’est-\u00e0-dire de ce qui a le plus d’importance.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 229 ; \u00ab\u00a0(…) Bacon repr\u00e9sentait un lien tr\u00e8s important entre deux des principaux maillons du paradigme d’autrefois : d’un c\u00f4t\u00e9, la conception m\u00e9caniste de la r\u00e9alit\u00e9 et de l’autre, l’obsession dominatrice du m\u00e2le dans la soci\u00e9t\u00e9 patriarcale. Bacon a \u00e9t\u00e9 le premier \u00e0 formuler une th\u00e9orie claire de l’approche empirique de la science et pr\u00f4nait sa m\u00e9thode d’investigation en des termes charg\u00e9s de passion et souvent m\u00eame de perversit\u00e9 : il faut \u00ab\u00a0pourchasser la nature dans ses vagabondages\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0l’asservir\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0la placer sous contrainte\u00a0\u00bb, l’objectif de l’homme de science \u00e9tant de lui \u00ab\u00a0extorquer ses secrets par la torture\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 238 ; \u00ab\u00a0Au printemps 1978, j’ai achet\u00e9 l’ouvrage de Hazel Henderson intitul\u00e9 Creating Alternative Futures<\/em>(\u00ab\u00a0Vers des avenirs alternatifs\u00a0\u00bb), recueil d’essais qui venait d’\u00eatre publi\u00e9\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 241 ; \u00ab\u00a0L’ouvrage de Hazel Henderson d\u00e9bute sur l’affirmation claire et vigoureuse que la mauvaise gestion de notre \u00e9conomie remet en question les concepts fondamentaux de la pens\u00e9e \u00e9conomique. L’auteur cite \u00e0 l’appui de sa th\u00e8se une foule de preuves et notamment des d\u00e9clarations de grands \u00e9conomistes reconnaissant que leur discipline est entr\u00e9e dans une impasse. Elle observe, ce qui est peut-\u00eatre plus important, que les anomalies devant lesquelles les \u00e9conomistes ne savent plus quoi dire sont d\u00e9sormais douloureusement \u00e9videntes pour tout un chacun.<\/p>\n (…) Pour Hazel Henderson, l’\u00e9conomie politique se trouve dans une impasse parce qu’elle repose sur un syst\u00e8me de pens\u00e9e d\u00e9pass\u00e9 qui appelle une r\u00e9vision radicale\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 242 ; \u00ab\u00a0Les co\u00fbts sociaux, tels que ceux des accidents, des proc\u00e8s, de la sant\u00e9 publique, sont ajout\u00e9s au PNB comme s’ils repr\u00e9sentaient des contributions positives, alors qu’ils devraient en \u00eatre retranch\u00e9s. Hazel Henderson cite ici une remarque incisive de Ralph Nader : \u00ab\u00a0Chaque accident de la route se traduit par une progression du PNB\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 243 ; \u00ab\u00a0Comme le dit Hazel Henderson : \u00ab\u00a0L’\u00e9conomie politique a plac\u00e9 sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le mat\u00e9rialisme, l’esprit de comp\u00e9tition, la gloutonnerie, la vanit\u00e9, l’\u00e9go\u00efsme, la myopie intellectuelle et la toute b\u00eate cupidit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n Le d\u00e9s\u00e9quilibre de notre \u00e9chelle des valeurs, poursuit Hazel Henderson, est \u00e0 l’origine d’un probl\u00e8me \u00e9conomique fondamental, celui de notre obsession de croissance sans limites.<\/p>\n Mais Hazel Henderson montre, preuves \u00e0 l’appui, le caract\u00e8re totalement irr\u00e9aliste de ce mod\u00e8le de croissance fond\u00e9 sur le \u00ab\u00a0d\u00e9goulinement\u00a0\u00bb. Les taux de croissance \u00e9lev\u00e9s ne facilitent gu\u00e8re la solution des probl\u00e8mes sociaux et humains\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 244 ; \u00ab\u00a0Hazel Henderson souligne aussi que l’obsession g\u00e9n\u00e9rale de la croissance s’est traduite par une ressemblance frappante entre les \u00e9conomies capitalistes et les \u00e9conomies socialistes : \u00ab\u00a0L’inanit\u00e9 de la dialectique st\u00e9rile du capitalisme et du communisme appara\u00eetra d’elle-m\u00eame, car les deux syst\u00e8mes sont fond\u00e9s sur le mat\u00e9rialisme, (…) l’un et l’autre ont pour dieux la croissance industrielle et le progr\u00e8s technologique, accompagn\u00e9s d’une d\u00e9centralisation et d’un contr\u00f4le bureaucratique toujours renforc\u00e9s.\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 246 ; Hazel Henderson ; \u00ab\u00a0\u00a0\u00bbJe ne suis pas \u00e9conomiste, a-t-elle corrig\u00e9. je ne crois pas en l’\u00e9conomie politique.<\/p>\n (…) Je n’ai pas de patience avec les gens qui, en mati\u00e8re de changement dans la soci\u00e9t\u00e9 se contentent de paroles : je passe mon temps \u00e0 leur dire qu’il faut parler en marchant\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 248 ; Adrienne Rich, Na\u00eetre d’une femme<\/em><\/p>\n Betty Friedan, La Femme mystifi\u00e9e<\/em><\/p>\n \u00ab\u00a0Elle m’a rappel\u00e9 que, dans notre soci\u00e9t\u00e9, les valeurs qui sont favoris\u00e9es et investies d’un pouvoir politique sont des valeurs typiquement masculines -l’esprit de comp\u00e9tition, le go\u00fbt de la domination, le besoin d’expansion-, tandis que les valeurs ignor\u00e9es et souvent m\u00e9pris\u00e9es -l’esprit de coop\u00e9ration, les activit\u00e9s nourrici\u00e8res et \u00e9ducatives, l’humilit\u00e9, et l’amour de la paix- sont qualifi\u00e9es de f\u00e9minines.<\/p>\n (…) Et Hazel Henderson de prolonger ma pens\u00e9e : \u00ab\u00a0C’est g\u00e9n\u00e9ralement aux femmes et aux minorit\u00e9s ethniques que reviennent les travaux qui rendent la vie plus agr\u00e9able et cr\u00e9ent l’ambiance dans laquelle r\u00e9ussissent les champions de la comp\u00e9tition.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 249 ; \u00ab\u00a0(…) le sous-titre de son livre \u00e9tait La Mort de l’\u00e9conomie politique<\/em> et qu’elle soutenait \u00e0 plusieurs reprises que l’\u00e9conomie politique n’\u00e9tait plus viable en tant que science sociale.<\/p>\n (…) Les sciences conserveront donc une valeur sur le plan micro-\u00e9conomique ? Au niveau de la gestion d’entreprise, par exemple ?\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 252 ; \u00ab\u00a0(…) le prestigieux Institute for Advanced Study, o\u00f9 ont vu le jour bien des d\u00e9couvertes en physique th\u00e9orique\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 254 ; \u00ab\u00a0_ A strictement parler, l’\u00e9conomie politique moderne est une invention du XVII\u00e8me si\u00e8cle, due \u00e0 Sir William Petty, lequel \u00e9tait contemporain de Newton et fr\u00e9quentait les m\u00eames milieux que lui, je suppose. Je crois que la Political Arithmetics<\/em> de Petty devait beaucoup \u00e0 Newton et Descartes\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 255 ; \u00ab\u00a0John Locke, le remarquable philosophe des Lumi\u00e8res, a pos\u00e9 une autre pierre angulaire de l’\u00e9conomie politique moderne, a poursuivi Hazel Henderson. C’est lui qui a \u00e9mis l’id\u00e9e que les prix sont d\u00e9termin\u00e9s de mani\u00e8re objective par l’offre et par la demande. Cette loi de l’offre et de la demande a re\u00e7u m\u00eame statut que les lois m\u00e9caniques de Newton et le conserve de nos jours dans la plupart des analyses \u00e9conomiques, ce qui donne une bonne illustration des relents newtoniens de notre \u00e9conomie politique. Ainsi les courbes de l’offre et de la demande, dont l’interpr\u00e9tation figure dans tous les manuels \u00e9l\u00e9mentaires d’\u00e9conomie politique, reposent sur l’hypoth\u00e8se que les agents \u00e9conomiques \u00ab\u00a0gravitent\u00a0\u00bb de mani\u00e8re automatique et sans \u00ab\u00a0frottements frictionnels\u00a0\u00bb vers la situation \u00ab\u00a0d’\u00e9quilibre\u00a0\u00bb correspondant au prix d\u00e9termin\u00e9 par l’intersection des courbes.<\/p>\n (…) D’o\u00f9 les efforts qui ont \u00e9t\u00e9 faits par la suite pour transformer l’\u00e9conomie politique en une science math\u00e9matique exacte. \u00ab\u00a0Mais le probl\u00e8me qui se posait, et qui se pose toujours, est que les variables retenues dans ce mod\u00e8les math\u00e9matiques ne peuvent \u00eatre quantifi\u00e9es de fa\u00e7on rigoureuses, mais sont d\u00e9finies \u00e0 partir d’hypoth\u00e8ses qui souvent enl\u00e8vent tout r\u00e9alisme aux mod\u00e8les.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) J’ai alors entendu une description tr\u00e8s vivante du climat intellectuel \u00e0 l’\u00e9poque de Smith -sous l’influence de David Hume, de Thomas Jefferson, de Benjamin Franklin et de James Watt-\u00ab\u00a0.<\/p>\n p. 256 ; \u00ab\u00a0C’est la \u00ab\u00a0main invisible\u00a0\u00bb du march\u00e9 qui guide les int\u00e9r\u00eats particuliers dans la voie de l’harmonie du bien commun…<\/p>\n (…) – C’est toute la notion de libert\u00e9 des march\u00e9s qui para\u00eet probl\u00e9matique de nos jours.<\/p>\n (…) Dans la plupart des soci\u00e9t\u00e9s industrielles, des entreprises g\u00e9antes contr\u00f4lent l’offre de biens, cr\u00e9ent des demandes artificielles par la publicit\u00e9 et exercent une influence d\u00e9cisive sur la politique nationale. La puissance \u00e9conomique et politique de ces g\u00e9ants s’infiltre dans tous les aspects de la vie publique. Il y a bien longtemps qu’ont disparu les march\u00e9s libres, \u00e9quilibr\u00e9s par le jeu de l’offre et de la demande. Ils n’existent plus que dans l’esprit de Milton Friedman* !<\/p>\n (…) * Economiste am\u00e9ricain fondateur de l’\u00e9cole mon\u00e9tariste dite de Chicago, dans les ann\u00e9es 70 <\/span>\u00ab\u00a0.<\/span><\/p>\n p. 257 ; \u00ab\u00a0(…) Marx, comme la plupart des penseurs du XIX\u00e8me si\u00e8cle, se souciait beaucoup d’adopter une approche scientifique et a souvent tent\u00e9 de formuler ses th\u00e9ories dans un langage cart\u00e9sien.<\/p>\n (…) D’un autre c\u00f4t\u00e9, la pens\u00e9e de Marx est tout \u00e0 fait abstraite et tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9e des humbles r\u00e9alit\u00e9s de la production au niveau local. Il partageait en cela l’opinion de l’\u00e9lite intellectuelle de son temps sur les vertus de l’industrialisation et sur la modernisation de ce qu’il appelait \u00ab\u00a0l’idiotie de la vie rurale\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 258 ; \u00ab\u00a0(…) une phrase trouv\u00e9e dans Le Capital<\/em> :<\/p>\n \u00ab\u00a0Tout progr\u00e8s de l’agriculture capitaliste constitue un progr\u00e8s non seulement dans l’art de d\u00e9pouiller, mais aussi dans celui de d\u00e9pouiller le sol <\/em>.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) C’est pourquoi, supposait-elle, les marxistes ont si longtemps ignor\u00e9 le \u00ab\u00a0Marx \u00e9cologique\u00a0\u00bb.<\/p>\n \u00ab\u00a0(…) Voil\u00e0 peut-\u00eatre pourquoi Marx disait \u00e0 la fin de sa vie : Je ne suis pas marxiste\u00a0\u00bb\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 259 ; \u00ab\u00a0La plupart des \u00e9conomistes tentent aujourd’hui d’obtenir un \u00ab\u00a0r\u00e9glage fin\u00a0\u00bb de l’\u00e9conomie en se servant des rem\u00e8des keyn\u00e9siens que sont la cr\u00e9ation mon\u00e9taire, la manipulation des taux d’int\u00e9r\u00eat, l’all\u00e9gement ou l’alourdissement de la fiscalit\u00e9, etc.<\/p>\n (…) La th\u00e9orie classique a \u00e9t\u00e9 pratiquement mise la t\u00eate en bas\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 260 ; \u00ab\u00a0-Ces m\u00e9thodes ne sont pas efficaces, car elles ignorent la d\u00e9tail de la structure de l’\u00e9conomie et ne tiennent pas compte du caract\u00e8re qualitatif de ses probl\u00e8mes. Le mod\u00e8le Keyn\u00e9sien est d\u00e9sormais inad\u00e9quat, parce qu’il n\u00e9glige un grand nombre de facteurs sans lesquels on ne peut comprendre la situation de l’\u00e9conomie.<\/p>\n Hazel Henderson m’a pr\u00e9cis\u00e9 que le mod\u00e8le keyn\u00e9sien est centr\u00e9 sur l’\u00e9conomie nationale, qu’elle dissocie du contexte mondial, sans tenir compte des arrangements conclus au plan international. Il oublie la puissance politique \u00e9crasante des soci\u00e9t\u00e9s multinationales, il ignore le contexte politique et ne prend pas en consid\u00e9ration le co\u00fbt social et environnemental de l’activit\u00e9 \u00e9conomique : \u00ab\u00a0L’approche keyn\u00e9sienne est capable, au mieux, de fournir une s\u00e9rie de sc\u00e9narios possibles ; elle est incapable de d\u00e9boucher sur des pr\u00e9visions ponctuelles. Comme la plus grande partie de la pens\u00e9e \u00e9conomique cart\u00e9sienne, son utilit\u00e9 appartient au pass\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) – L’inflation, ce n’est que l’addition de toutes les variables que les \u00e9conomistes ont oubli\u00e9 de mettre dans leurs mod\u00e8les. Toutes ces variables viennent maintenant nous hanter, comme des revenants\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 261 ; \u00ab\u00a0La premi\u00e8re de ces sources, d’apr\u00e8s elle, est li\u00e9e au fait, encore ignor\u00e9 par la plupart des \u00e9conomistes, que la production de richesses repose sur les ressources naturelles et sur l’\u00e9nergie.<\/p>\n (…) \u00ab\u00a0La d\u00e9pendance excessive de notre \u00e9conomie par rapport aux ressources naturelles et \u00e0 l’\u00e9nergie est bien traduite par le fait qu’elle est assise sur le capital plus que sur le travail, m’a expliqu\u00e9 mon interlocutrice. Le capital repr\u00e9sente le potentiel de demain, qui a \u00e9t\u00e9 extrait de l’exploitation men\u00e9e hier des ressources naturelles. Ces ressources tendant \u00e0 se r\u00e9duire, le capital devient lui-m\u00eame une ressource rare.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) – Votre id\u00e9e serait donc qu’une \u00e9conomie largement assise sur le capital engendre \u00e0 la fois l’inflation et le ch\u00f4mage ?<\/p>\n – Exactement. La sagesse conventionnelle en mati\u00e8re d’\u00e9conomie veut que, sur un march\u00e9 libre, l’inflation et le ch\u00f4mage constituent des aberrations temporaires par rapport \u00e0 une situation d’\u00e9quilibre et qu’il faille choisir entre l’inflation et le ch\u00f4mage.<\/p>\n (…) Le pr\u00e9tendu choix entre l’inflation et le ch\u00f4mage est un concept totalement irr\u00e9aliste. Nous nous trouvons aujourd’hui au beau milieu de ce que nous appelons la \u00ab\u00a0stagflation\u00a0\u00bb des ann\u00e9es 70 et la coexistence de l’inflation et du ch\u00f4mage est d\u00e9sormais courante dans toute les soci\u00e9t\u00e9s industrielles\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 262 ; \u00ab\u00a0Pour Hazel Henderson, ce sont les co\u00fbts sociaux sans cesse accrus de la croissance illimit\u00e9e qui constituent la seconde des causes principales de l’inflation :<\/p>\n (…) – Notez bien qu’aucune de ces activit\u00e9s n’ajoute quoi que ce soit \u00e0 la production de biens r\u00e9els. Elles contribuent donc toutes \u00e0 l’inflation\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 263 ; \u00ab\u00a0(…) il y a le co\u00fbt des soins aux victimes humaines de toute cette technologie d\u00e9sordonn\u00e9e : les marginaux, les drogu\u00e9s, les gens sans formation, tous ceux qui ne savent pas se d\u00e9brouiller dans le labyrinthe de la vie urbaine.\u00a0\u00bb Elle m’a rappel\u00e9 aussi les pannes et les accidents de plus en plus fr\u00e9quents, qui ajoutent encore \u00e0 tous ces co\u00fbts sociaux impr\u00e9vus. \u00ab\u00a0Si vous prenez tout cela en compte, vous vous apercevez que l’on passe plus de temps \u00e0 maintenir le syst\u00e8me en \u00e9tat de marche et \u00e0 r\u00e9glementer qu’\u00e0 produire des biens et services utiles. Autant d’activit\u00e9s qui sont donc hautement inflationnistes.\u00a0\u00bb<\/p>\n \u00ab\u00a0J’ai toujours dit, a-t-elle ajout\u00e9 pour r\u00e9sumer son id\u00e9e, que nous rencontrerions les limites sociales, psychologiques et intellectuelles de la croissance bien avant de nous heurter \u00e0 ses limites physiques.\u00a0\u00bb<\/p>\n (…) Mon interlocutrice avait rendu \u00e9vident pour moi que l’inflation est beaucoup plus qu’un probl\u00e8me \u00e9conomique, qu’il faut y voir le sympt\u00f4me \u00e9conomique d’une crise de la soci\u00e9t\u00e9 et de la technologie.<\/p>\n (…) Hazel Henderson m’a ensuite assur\u00e9 que les m\u00e9thodes keyn\u00e9siennes traditionnelles ne peuvent plus r\u00e9soudre nos probl\u00e8mes \u00e9conomiques : elles d\u00e9placent seulement les probl\u00e8mes \u00e0 travers le r\u00e9seau des relations sociales et \u00e9cologiques\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 265 ; \u00ab\u00a0Mes entretiens de l’\u00e9t\u00e9 pr\u00e9c\u00e9dent avec Gregory Bateson m’avaient rendu bien conscient qu’il \u00e9tait important de reconna\u00eetre l’absence de lin\u00e9arit\u00e9 dans tous les syst\u00e8mes vivants.<\/p>\n (…) Une strat\u00e9gie qui peut r\u00e9ussir \u00e0 un moment donn\u00e9 peut \u00eatre tout \u00e0 fait inappropri\u00e9e \u00e0 un autre\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 266 ; \u00ab\u00a0– Il en va de m\u00eame dans une \u00e9conomie. La maximisation du profit, de l’efficacit\u00e9 et du PNB accro\u00eet les rigidit\u00e9s de l’\u00e9conomie et de l’environnement.<\/p>\n (…) Elle devait aussi souligner l’existence de cet autre type de fluctuation qu’est le cycle de la croissance et du d\u00e9clin, caract\u00e9ristique de toute forme de vie.<\/p>\n (…) Ils ne peuvent (les dirigeants de soci\u00e9t\u00e9s<\/em>) tout simplement pas comprendre que, dans tout syst\u00e8me vivant, le d\u00e9p\u00e9rissement et la mort sont la condition pr\u00e9alable d’une nouvelle naissance\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 276-277 ; \u00ab\u00a0La technologie actuelle, \u00e0 laquelle je donne le nom de \u00ab\u00a0technologie du machisme\u00a0\u00bb ou de \u00ab\u00a0technologie du big band\u00a0\u00bb, a s\u00fbrement quelque chose \u00e0 voir avec le fait que sont r\u00e9compens\u00e9es les activit\u00e9s de concurrence et d\u00e9courag\u00e9es celles de coop\u00e9ration.<\/p>\n (…) L’erreur du darwinisme appliqu\u00e9 \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 a \u00e9t\u00e9 de consid\u00e9rer la nature d’une mani\u00e8re tr\u00e8s rudimentaire et de voir seulement la taille des griffes et des dents : seulement la comp\u00e9tition et pas du tout l’\u00e9chelon mol\u00e9culaire de la coop\u00e9ration, qui est tout simplement trop subtil\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 278-279 ; \u00ab\u00a0Le prochain bond en avant, s’il s’en produit un, devra \u00eatre de nature culturelle, et je crois que c’est bien d cela qu’il s’agit dans tout ce dont nous sommes en train de parler\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 288 ; \u00ab\u00a0Lock : A Montr\u00e9al, l’h\u00f4pital des Enfants malades incite son personnel \u00e0 limiter \u00e0 une quarantaine le nombre des m\u00e9dicaments qu’il utilise. la direction estime que cette quarantaine de sp\u00e9cialit\u00e9s permet de traiter tous les probl\u00e8mes, et figurent dans ce nombre l’aspirine, la p\u00e9nicilline, etc.\u00a0\u00bb<\/p>\n p. 289 ; \u00ab\u00a0Simonton : (…) il y a ces d\u00e9marcheurs qui entrent chez vous avec des cadeaux. Ces gens-l\u00e0 gagnent leur vie avec le nombre de m\u00e9dicaments qu’ils arrivent \u00e0 vous imposer. Ils vous mettent en condition d\u00e8s la facult\u00e9 de m\u00e9decine , ils vous apportent un tout nouveau st\u00e9thoscope ; ils vous font cadeau de sacs de voyage , ils vous invitent \u00e0 des r\u00e9ceptions. Il y a quelques aspects malsains dans tout cela. Mon beau-fr\u00e8re est g\u00e9n\u00e9raliste dans l’Oklahoma et je ne vous dirai pas tout ce que les d\u00e9marcheurs lui apportent, mais il passe son temps \u00e0 utiliser des m\u00e9dicaments nouveaux\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 290 ; \u00ab\u00a0Simonton : (…) l’on ne sait g\u00e9n\u00e9ralement pas \u00e0 quel point la sant\u00e9 de nos m\u00e9decins est mauvaise. L’esp\u00e9rance de vie des m\u00e9decins am\u00e9ricains est de dix \u00e0 quinze ans inf\u00e9rieure \u00e0 celle de l’Am\u00e9ricain moyen.<\/p>\n Lock : Non seulement le taux de maladie physique est plus \u00e9lev\u00e9 chez les m\u00e9decins, mais les divorces, les suicides et autres pathologies sociales sont plus fr\u00e9quentes chez eux\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 291 ; \u00ab\u00a0Shlain : (…) La comp\u00e9tition et l’agressivit\u00e9 sont particuli\u00e8rement vigoureuses dans les facult\u00e9s de m\u00e9decine\u00a0\u00bb.<\/p>\n p. 292 ; \u00ab\u00a0Dimalanta : En psychiatrie, la pression qui tend \u00e0 contraindre le praticien d’\u00eatre un missionnaire est consid\u00e9rable : il faudrait sauver les autres et s’oublier soi-m\u00eame. C’est l’une des raisons qui expliquent le taux \u00e9lev\u00e9 des suicides chez les psychiatres. Les patients transf\u00e8rent leurs probl\u00e8mes sur le psychiatre et, si celui-ci n’est pas en mesure de prendre soin de lui-m\u00eame, il arrive \u00e0 un point o\u00f9 il tombe dans le d\u00e9sespoir et o\u00f9 il se suicide\u00a0\u00bb.<\/p>\n Sagesse des Sages, conversations avec des personnalit\u00e9s remarquables Fritjof Capra (L’Age du verseau, Paris, 1988) \u00ab\u00a0Depuis quinze ans, Fritjof Capra plaide pour l’abandon d’une conception trop m\u00e9caniste -voire cart\u00e9sienne- du monde\u00a0\u00bb. Ce livre est une rencontre avec des personnes tels que Werner Heisenberg, Krishnamurti, Ronald D. Laing, Alan Watts, Gregory \u2026 Lire plus \/ Read more<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1205,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"ngg_post_thumbnail":0,"footnotes":""},"class_list":["post-1127","page","type-page","status-publish","has-post-thumbnail","hentry"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/1127","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/types\/page"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fcomments&post=1127"}],"version-history":[{"count":3,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/1127\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1206,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/pages\/1127\/revisions\/1206"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=\/wp\/v2\/media\/1205"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.archipress.org\/index.php?rest_route=%2Fwp%2Fv2%2Fmedia&parent=1127"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}<\/h4>\n
\u00ab\u00a0Depuis quinze ans, Fritjof Capra plaide pour l’abandon d’une conception trop m\u00e9caniste -voire cart\u00e9sienne- du monde\u00a0\u00bb. Ce livre est une rencontre avec des personnes tels que Werner Heisenberg, Krishnamurti, Ronald D. Laing, Alan Watts, Gregory Bateson et surtout Hazel Henderson. \u00ab\u00a0Capra a approfondi une r\u00e9flexion singuli\u00e8re (…) Notre avenir, notre survie m\u00eame, passent par une nouvelle sagesse : celle d’individus susceptibles de travailler \u00e0 l’\u00e9largissement de leur propre conscience\u00a0\u00bb.<\/p>\n