Pour se repérer
dans l'imbroglio religieux
moyen-oriental

Zoroastrisme
Fondé par Zoroastre (appelé aussi Zarathoustra), un prophète iranien du VIe siècle avant J.-C., le zoroastrisme apparaît comme une tentative d'organiser le domaine divin en deux camps: d'un côte se trouve le Bien, le Seigneur Sage, Ahura Mazda, qui incarne la lumière, la vérité, et de l'autre, le Mal, qui représente l'aspect destructif des choses. Le zoroastrisme devint la religion officielle de la Perse et subit des transformations au cours des siècles, Ahura Mazda donnant naissance à des frères jumeaux Ormazd (le Bien) et Ahriman (le Mal) qui devaient régner alternativement sur le monde jusqu'à la victoire finale du Bien. Le zoroastrisme a profondément influencé les religions révélées du Proche-Orient: judaïsme, christianisme et islam.

Manichéisme
Fondé par Manès (215-275 ap. J.-C.), un citoyen de Ctésiphon tout juste devenue la capitale de l'empire sassanide (226-651), le manichéisme est une forme hérétique du zoroastrisme. I1 repose sur un dualisme radical de type gnostique: la Lumière cherche désespérément à se dégager des Ténèbres et de la matière qui l'oppriment. Pour sauver les âmes des Ténèbres, Dieu envoie des prophètes - Bouddha, Zoroastre, Jésus, puis Mani - pour leur montrer le chemin à suivre, chemin austère fait de jeûne, de continence et de repas végétariens. Croyant à la prédestination, le manichéisme influença également le christianisme, avec lequel il se trouvait en concurrence. Mani fut persécuté par les Sassanides.

Mazdéisme
Fondé par Mazdak au Ve siècle, le mazdéisme est une tentative de rendre le manichéisme plus souriant. On retrouve le Bien et le Mal en conflit, mais avec quelques accommodements. La rigueur à l'égard du sexe et des biens notamment est assouplie, Mazdak militant pour une forme de communisme des biens et de partage des femmes. Cette doctrine ne plut que très modérément au clergé et à l'élite zoroastriennes orthodoxes, mais la conversion du roi sassanide Kavadh à la fin du Ve siècle lui donna une grande impulsion. Toutes les religions qui la supplantèrent par la suite, du christianisme à l'islam, s'employèrent à effacer jusqu'à la dernière trace du mazdéisme et des mazdéens.

Nestorianisme et monophysisme
Hérésies chrétiennes du Ve siècle. Au cours de ses premiers siècles d'existence, lorsque les concepts de personne et de nature n'étaient pas encore élaborés et définis, le christianisme connut d'abondantes discussions et de nombreuses hérésies à propos de la double nature, divine et humaine, du Christ.

La dispute la plus connue éclata avec Arius (280-330) qui niait la consubstantialité du Père et du Fils (unité et identité de substance des personnes de la Trinité), le Fils étant grosso modo considéré de substance moins divine et plus humaine que le Père. L'arianisme fut condamné aux Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381). Il avait été précède un siècle plus tôt par d'autres hérésies de même type dont le docétisme, qui soutenait que le Christ, étant Dieu, n'avait pu vivre et souffrir sur terre qu'en apparence.

Au Ve siècle, le débat resurgit avec Nestorius (380-451) patriarche de Constantinople, qui exagérait la double nature du Christ et considérait sa divinité et son humanité comme deux entités complètes, distinctes et séparées et prétendait donc que l'on pouvait à la rigueur appeler la Vierge Marie "Mère du Christ" mais non "Mère de Dieu" comme la désignaient les partisans de l'unité de la double nature du Christ. Nestorius fut banni au Concile d'Ephèse en 431, mais sa doctrine subsista dans l'Église d'Orient.

Vingt ans plus tard, le moine Eutychès relança la controverse en niant la double nature du Christ, qu'il voyait comme essentiellement divin. Après avoir triomphé dans un nouveau concile réuni à Ephèse en 449, le monophysisme fut condamné au Concile de Chalcédoine en 451, lequel mit un terme aux disputes en proclamant l'unité de personne et la dualité des natures dans le Christ.

Ces hérésies, qui plongeaient leurs racines fort loin dans le temps, ont souvent été amplifiées par des rivalités politiques au sein de l'Église et entre les Empires d'Orient et d 'Occident.

© Le Temps stratégique, No 20, Genève, printemps 1987. le.temps@edipresse.ch

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